ont la superstition, et attendent tout de leurs révélations, trop souvent
sibyllines. Ils font comme ces gens qui, en politique, se croisent les bras,
en attendant un sauveur. Ne cessons de le répéter : par eux-mêmes les
textes sont stériles, ils ne peuvent qu’apporter un complément d’informa-
tion, précieux sans doute, à des convictions fondées sur l’étude comparative
des œuvres elles-mêmes. Celles-ci sont, il est vrai, des témoins muets et
immobiles : il faut une volonté obstinée de savoir, une attention longue-
ment et patiemment concentrée, pour apprendre à lire, dans la seule
expression de leurs visages, les récits qu’elles ont à nous faire.— Pourtant
l’effort triomphe de leur passivité : mettant en relief les moindres indices,
découvrant des rapports subtils, cachés au passant distrait, mais féconds
en conséquences logiques, il leur arrache un à un leurs secrets. Il se
trouve alors que leurs dépositions sans paroles ont une force de
persuasion singulièrement éloquente.
Je crois avoir réussi à reconstituer, dans ses grandes lignes, l’histoire
de l’illustration du manuscrit, tant au point de vue des propriétaires qui
l’ont successivement commandée, qu’à celui des personnalités artistiques
qui y collaborèrent. C’est cette double histoire qui fait l’objet des deux
chapitres qui vont suivre. Je m’y suis occupé de l’ensemble des Très
Belles Heures et non seulement du fragment de Milan.
C’est surtout le classement des œuvres des enlumineurs dans leur
ordre chronologique qui a fait l’objet de mes recherches. Pour rendre
plus facile aux historiens de l’Art le contrôle de mes conclusions, j’ai
adopté l’ordre de ce classement pour la numérotation des planches de
la présente publication. On verra qu’un petit nombre de points restent
obscurs. Vraisemblablement, en prolongeant encore mes études, j’aurais
réussi à éclairer aussi ceux-là, mais la vie est courte et encombrée, et
d’ailleurs la science est œuvre collective.
Afin de permettre de se rendre compte de l’aspect du manuscrit de
la Bibliothèque Trivulzienne, j’ajouterai une description de ses vingt-huit
feuillets historiés, sous forme de table explicative, dans l’ordre de la
pagination.
Il me reste à exprimer ma gratitude au prince Trivulzio pour la
courtoisie avec laquelle il a bien voulu faciliter mes recherches, ainsi qu’à
VI
sibyllines. Ils font comme ces gens qui, en politique, se croisent les bras,
en attendant un sauveur. Ne cessons de le répéter : par eux-mêmes les
textes sont stériles, ils ne peuvent qu’apporter un complément d’informa-
tion, précieux sans doute, à des convictions fondées sur l’étude comparative
des œuvres elles-mêmes. Celles-ci sont, il est vrai, des témoins muets et
immobiles : il faut une volonté obstinée de savoir, une attention longue-
ment et patiemment concentrée, pour apprendre à lire, dans la seule
expression de leurs visages, les récits qu’elles ont à nous faire.— Pourtant
l’effort triomphe de leur passivité : mettant en relief les moindres indices,
découvrant des rapports subtils, cachés au passant distrait, mais féconds
en conséquences logiques, il leur arrache un à un leurs secrets. Il se
trouve alors que leurs dépositions sans paroles ont une force de
persuasion singulièrement éloquente.
Je crois avoir réussi à reconstituer, dans ses grandes lignes, l’histoire
de l’illustration du manuscrit, tant au point de vue des propriétaires qui
l’ont successivement commandée, qu’à celui des personnalités artistiques
qui y collaborèrent. C’est cette double histoire qui fait l’objet des deux
chapitres qui vont suivre. Je m’y suis occupé de l’ensemble des Très
Belles Heures et non seulement du fragment de Milan.
C’est surtout le classement des œuvres des enlumineurs dans leur
ordre chronologique qui a fait l’objet de mes recherches. Pour rendre
plus facile aux historiens de l’Art le contrôle de mes conclusions, j’ai
adopté l’ordre de ce classement pour la numérotation des planches de
la présente publication. On verra qu’un petit nombre de points restent
obscurs. Vraisemblablement, en prolongeant encore mes études, j’aurais
réussi à éclairer aussi ceux-là, mais la vie est courte et encombrée, et
d’ailleurs la science est œuvre collective.
Afin de permettre de se rendre compte de l’aspect du manuscrit de
la Bibliothèque Trivulzienne, j’ajouterai une description de ses vingt-huit
feuillets historiés, sous forme de table explicative, dans l’ordre de la
pagination.
Il me reste à exprimer ma gratitude au prince Trivulzio pour la
courtoisie avec laquelle il a bien voulu faciliter mes recherches, ainsi qu’à
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