périodes : commencée dans le quatrième quart du xive siècle, elle s’est d’abord
poursuivie assez longtemps pour que, dans l’intervalle, la mode changeât, et que
le duc eût eu le temps de laisser pousser et s’allonger sa barbe.
D’autre part, il est établi qu’en 1402 le livre ne figurait pas encore dans
la « librairie » ducale, mais que déjà en 1405 il devait y être, puisque le duc
achetait un fermail pour décorer la pipe. L’illustration fut alors interrompue pendant
plusieurs années, puis reprise : on y travaillait de nouveau vers 1410-1412, époque
à laquelle fut exécuté le troisième portrait. En 1412 le manuscrit sortait de la
possession du duc de Berry par voie d’échange avec son « gardien des joyaux».
Dans le second chapitre, consacré aux'artistes qui ont travaillé au manuscrit,
nous verrons que les indications que fournit le style des peintures corroborent
absolument, et complètent ces conclusions.
II. — Robinet d’Estampes
Le Manuscrit est scindé
Le nouveau possesseur du manuscrit ne tarda pas à le démembrer : il
conserva la première partie, dont la décoration était très avancée, et fit achever
celle-ci.
Le comte Durrieu assure que ce fragment resta entre les mains des descen-
dants de Robinet d’Estampes. Je ne connais pas la généalogie de cette famille,
et n’ai rencontré d’autre trace des possesseurs ultérieurs, au xve siècle, que le
portrait répété, dans les initiales des pages 2 et i55, d’une dame, vêtue à la mode
du troisième quart du xve siècle, et coiffée du « hennin » en pain de sucre, en
usage à cette époque. Cette dame est chaque fois accompagnée de son écu fascé
d’argent et de sinople, les fasces d’argent chargées respectivement de 3, 3 et 2
merlettes de gueules. Je n’ai point réussi à identifier rigoureusement ces armoiries.
N’était le nombre des meubles, je croirais que ce sont celles de la famille de Beau-
villiers, en Berry, dont l’un des descendants fut, en i663, créé duc de Saint-Aignan
et pair de France, au port d’un écu fascé d’argent et de sinople, à 6 merlettes de
gueules, posées 3, 2 et 1. Le nombre de meubles aurait-il varié, dans les armoiries
de cette maison ? — La chose n’est pas impossible, mais serait à vérifier.
Au xixe siècle ce fragment du manuscrit passa dans la possession du baron
Adolphe de Rothschild, et depuis, par héritage, dans celle du baron Maurice
de Rothschild, propriétaire actuel.
Quant au reste, la majeure partie illustrée seulement par endroits épars,
Robinet, reculant sans doute devant les frais, l’aliéna bientôt.
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poursuivie assez longtemps pour que, dans l’intervalle, la mode changeât, et que
le duc eût eu le temps de laisser pousser et s’allonger sa barbe.
D’autre part, il est établi qu’en 1402 le livre ne figurait pas encore dans
la « librairie » ducale, mais que déjà en 1405 il devait y être, puisque le duc
achetait un fermail pour décorer la pipe. L’illustration fut alors interrompue pendant
plusieurs années, puis reprise : on y travaillait de nouveau vers 1410-1412, époque
à laquelle fut exécuté le troisième portrait. En 1412 le manuscrit sortait de la
possession du duc de Berry par voie d’échange avec son « gardien des joyaux».
Dans le second chapitre, consacré aux'artistes qui ont travaillé au manuscrit,
nous verrons que les indications que fournit le style des peintures corroborent
absolument, et complètent ces conclusions.
II. — Robinet d’Estampes
Le Manuscrit est scindé
Le nouveau possesseur du manuscrit ne tarda pas à le démembrer : il
conserva la première partie, dont la décoration était très avancée, et fit achever
celle-ci.
Le comte Durrieu assure que ce fragment resta entre les mains des descen-
dants de Robinet d’Estampes. Je ne connais pas la généalogie de cette famille,
et n’ai rencontré d’autre trace des possesseurs ultérieurs, au xve siècle, que le
portrait répété, dans les initiales des pages 2 et i55, d’une dame, vêtue à la mode
du troisième quart du xve siècle, et coiffée du « hennin » en pain de sucre, en
usage à cette époque. Cette dame est chaque fois accompagnée de son écu fascé
d’argent et de sinople, les fasces d’argent chargées respectivement de 3, 3 et 2
merlettes de gueules. Je n’ai point réussi à identifier rigoureusement ces armoiries.
N’était le nombre des meubles, je croirais que ce sont celles de la famille de Beau-
villiers, en Berry, dont l’un des descendants fut, en i663, créé duc de Saint-Aignan
et pair de France, au port d’un écu fascé d’argent et de sinople, à 6 merlettes de
gueules, posées 3, 2 et 1. Le nombre de meubles aurait-il varié, dans les armoiries
de cette maison ? — La chose n’est pas impossible, mais serait à vérifier.
Au xixe siècle ce fragment du manuscrit passa dans la possession du baron
Adolphe de Rothschild, et depuis, par héritage, dans celle du baron Maurice
de Rothschild, propriétaire actuel.
Quant au reste, la majeure partie illustrée seulement par endroits épars,
Robinet, reculant sans doute devant les frais, l’aliéna bientôt.
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