virtutem supervenientis spiritus sancti in uos, et eritis michi testes in Jherusalem
et in omni Judea et Samaria et usque ad ultimum terre ».
On se rappelle que ces sujets, assez ingrats, avaient été laissés de côté par
le « Maître du Parement de Narbonne ». Le peintre D, qui les exécuta, a une
manière très caractéristique ; elle présente déjà plusieurs des traits physiono-
miques de la peinture française telle qu’elle s’affirmera dans le second quart du
xve siècle.
Je ne me rappelle pas avoir rencontré d’autres œuvres de la même main,
mais je m’empresse d’ajouter que les connaissances que je possède relativement
aux enlumineurs français sont trop incomplètes pour que je veuille en conclure
quoi que ce soit.
Au point de vue de la technique : les couleurs sont appliquées en une
gouache assez épaisse, qui, malheureusement, est écaillée en quelques endroits.
Signalons le modelé ferme, très étudié, et même quelque peu dur, des têtes,
lesquelles sont d’un caractère individuel.
Dans la construction des visages, la perspective est marquée de façon
exagérée : le côté en fuite est sensiblement plus court que le côté en vue.
Le coloris est vif et varié, notamment, dans le rendu des chairs. Telle tête
est d’un ton brunâtre orangé, telle autre d’une nuance foie.
On remarquera les barbes épaisses, non point traitées par mèches séparées,
mais ombrées par masse et dont les poils sont finement dessinés. Le menton et
la lèvre inférieure se devinent à travers la barbe.
Appelons aussi l’attention sur des détails de costume :
Page 173. — Un vieillard barbu porte un manteau bleu à amples manches
pansues ; une femme porte un vêtement aux manches largement évasées et au
col haut, garni d’une petite ruche ; un homme vêtu de rouge écarlate porte
aussi le col haut : il a une courte barbe à deux pointes et est coiffé d’une perruque
large dont les cheveux sont coupés presque à mi-hauteur de l’oreille.
Ces modes sont celles du commencement du xve siècle. Elles semblent
indiquer que le peintre n’a pu travailler longtemps après 1412.
*
* *
Groupe E
Ecole des frères de Limbourc
(entre 1412 et 1420)
L’artiste E a complété la décoration picturale du fragment de Rothschild
en peignant les deux dernières pages laissées en blanc.
Page 225. — Le tableau, illustrant la prière à la Sainte-Trinité, représente
celle-ci adorée par quatre personnages agenouillés.
Page 240. — Le tableau, illustrant la prière aux Anges, représente Dieu
le Père entouré des chœurs des anges et bénissant quatre personnages en prière.
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et in omni Judea et Samaria et usque ad ultimum terre ».
On se rappelle que ces sujets, assez ingrats, avaient été laissés de côté par
le « Maître du Parement de Narbonne ». Le peintre D, qui les exécuta, a une
manière très caractéristique ; elle présente déjà plusieurs des traits physiono-
miques de la peinture française telle qu’elle s’affirmera dans le second quart du
xve siècle.
Je ne me rappelle pas avoir rencontré d’autres œuvres de la même main,
mais je m’empresse d’ajouter que les connaissances que je possède relativement
aux enlumineurs français sont trop incomplètes pour que je veuille en conclure
quoi que ce soit.
Au point de vue de la technique : les couleurs sont appliquées en une
gouache assez épaisse, qui, malheureusement, est écaillée en quelques endroits.
Signalons le modelé ferme, très étudié, et même quelque peu dur, des têtes,
lesquelles sont d’un caractère individuel.
Dans la construction des visages, la perspective est marquée de façon
exagérée : le côté en fuite est sensiblement plus court que le côté en vue.
Le coloris est vif et varié, notamment, dans le rendu des chairs. Telle tête
est d’un ton brunâtre orangé, telle autre d’une nuance foie.
On remarquera les barbes épaisses, non point traitées par mèches séparées,
mais ombrées par masse et dont les poils sont finement dessinés. Le menton et
la lèvre inférieure se devinent à travers la barbe.
Appelons aussi l’attention sur des détails de costume :
Page 173. — Un vieillard barbu porte un manteau bleu à amples manches
pansues ; une femme porte un vêtement aux manches largement évasées et au
col haut, garni d’une petite ruche ; un homme vêtu de rouge écarlate porte
aussi le col haut : il a une courte barbe à deux pointes et est coiffé d’une perruque
large dont les cheveux sont coupés presque à mi-hauteur de l’oreille.
Ces modes sont celles du commencement du xve siècle. Elles semblent
indiquer que le peintre n’a pu travailler longtemps après 1412.
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Groupe E
Ecole des frères de Limbourc
(entre 1412 et 1420)
L’artiste E a complété la décoration picturale du fragment de Rothschild
en peignant les deux dernières pages laissées en blanc.
Page 225. — Le tableau, illustrant la prière à la Sainte-Trinité, représente
celle-ci adorée par quatre personnages agenouillés.
Page 240. — Le tableau, illustrant la prière aux Anges, représente Dieu
le Père entouré des chœurs des anges et bénissant quatre personnages en prière.
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