Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Hulin de Loo, Georges
Heures de Milan: troisième partie des Très-Belles Heures de Notre-Dame enluminées par les peintres de Jean de France, Duc de Berry et par ceux du Duc Guillaume de Bavière ...; vingt-huit feuillets historiés reproduits d'après les originaux de la Biblioteca Trivulziana a Milan — Bruxelles [u.a.], 1911

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.42561#0061
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
Le manuscrit de Bruxelles a été écrit, en 1445, pour Jehan Chevrot, évêque
de Tournay, et conseiller de Philippe le Bon. Il est signé comme suit : « hoc
opus, ex duobus conflatum et scriptum est per manum fratris Nicolai Cotin,
ordinis predicatonim, ad expensas reverendissimi in christo patris ac domini
domini Johannis, divina miseratione Tornacencis episcopi, anno domini millesimo
quadringentesimo quadragesimo quinto. In translatione Martini finitum ».
Dans l’initiale on voit l’écu de Jehan Chevrot (d’or au chevron d’azur,
chargé sur la pointe d’une croisette ancrée d’argent) brochant sur la crosse
épiscopale et tenu par deux anges.
Les dispositions essentielles de cette page sont empruntées au manuscrit
déjà nommé de la Cité de Dieu, plus ancien d’au moins un quart de siècle, lequel
fait aussi partie de la Bibliothèque Royale à Bruxelles (nos 9005, 9006), et provient
également de la Bibliothèque de Bourgogne. C’est, sans doute, l’un des deux
exemplaires de la version de Raoul de Presles dont Nicolas Cotin dit s’être servi.
Là aussi l’initiale est ornée de deux anges tenant un écu (d’argent au chevron
d’azur accompagné au canton dextre du chef d’une aigle de gueules). Ces armoiries
sont celles de la famille lilloise des Guilbaut. Or, précisément, nous savons, par
l’inventaire de la bibliothèque de Philippe le Bon, dressé en 1467, que cette Cité
de Dieu avait été achetée du « gouverneur de Lille ». Le comte A. de Laborde
cite à ce propos la liste des gouverneurs de Lille depuis 1410 jusqu’en 1467 et
constate qu’aucun ne portait les armoiries ci-dessus. L’identification que j’ai pu
faire de celles-ci a fourni la clef de l’énigme :
Le manuscrit doit avoir été exécuté pour Guy Guilbaut, conseiller, trésorier
et gouverneur général des finances de Philippe le Bon, dont la fille unique, Péronne
Guilbaut, décédée avant son père, en 1429, avait épousé Baudouin d’Ongnies,
seigneur d’Estrée, conseiller, chambellan et maître d’hôtel du duc, lequel fut
gouverneur de. Lille, Douay et Orchies depuis 1485 jusqu’à sa mort en 1489. De
ce premier mariage, Baudouin d’Ongnies avait eu cinq enfants qui héritèrent de
leur grand-père plusieurs importantes seigneuries. Le manuscrit de la Cité de Dieu
faisait sans doute partie de cet héritage. Après le décès de Guy Guilbaut, mort
en 1447, il a pu être cédé à Philippe le Bon, soit par son gendre, Baudouin
d’Ongnies, gouverneur de Lille jusqu’en 1489, agissant au nom de ses enfants,
soit par son petit-fils Antoine d’Ongnies, qui fut gouverneur de Lille à partir
de 1468 et était en fonctions lorsque l’inventaire fut dressé. Comme Guy Guilbaut
vivait encore en 1448, c’est lui-même qui a dû le prêter comme modèle à l’évêque
Jean Chevrot, son collègue dans le Conseil du duc.
Malheureusement je n’ai pas trouvé encore en quel lieu habitait le dominicain
Nicolas Cotin. Ce serait une chose importante à établir, si l’enlumineur pouvait
être supposé fixé au même endroit. Nous apprendrions ainsi en quel lieu s’étaient
maintenus, jusqu’au milieu du xve siècle, des continuateurs aussi fidèles de la
tradition purement eyckienne.
Serait-ce à Bruges, où, vers la même époque, Petrus Christus peignait
également à l’imitation des frères van Eyck? Il n’est pas sans affinités avec notre
inconnu.

43
 
Annotationen