sources de la typologie, d’une part, et, d’autre part, ceux que j’avais faits d’après les caractères
artistiques, corrobore la rigueur de la classification adoptée.
On se rappellera que j’ai plus d’une fois tiré argument des indications chronologiques
fournies par les costumes.
Une étude de M. Paul Post (i) sur ce sujet, récemment parue et que j’ai reçue trop tard
pour pouvoir l’utiliser, précise d’une façon plus étroite qu’il n’avait été fait jusqu’ici les dates
de l’évolution de la mode, que l’auteur rattache fort ingénieusement aux transformations succes-
sives de l’armure de plates, elles-mêmes dictées par des besoins techniques d’ordre militaire.
Je me réjouis de constater que, sauf de légers écarts, les déterminations chronologiques
de M. Post sont d’accord avec les miennes.
On trouvera ci-dessous des notes et des corrections de nature plus spéciale.
Page 7 (Robinet d'Estampes). — Le comte Durrieu donne d’intéressants renseignements sur
les destinées de la partie du manuscrit qui actuellement appartient au baron Maurice de
Rothschild.
Il croit que ce fragment resta longtemps encore entre les mains des descendants de
Robinet d’Estampes. L’écusson qui accompagne la dame en prière qu’on y voit à deux reprises
serait en effet, comme je l’avais supposé, celui de la famille de Beauvilliers, sous une forme
ancienne : Robinet II d’Estampes, chevalier, seigneur de Sallebris et de la Ferté-Imbault,
conseiller et chambellan du roi, sénéchal du Bourbonnais, épousa, par contrat du i3 juillet 1438,
Marguerite de Beauvillier. Ce serait de cette dame que le manuscrit nous offrirait le portrait
répété : sans doute ce livre d’Heures avait fait partie des présents de Robinet II à sa fiancée.
Il faut pourtant noter une petite difficulté que rencontre cette identification du portrait :
celui-ci nous montre une femme encore bien jeune, — or le costume qu’elle porte, et notamment
le hennin conique dont elle est coiffée, est d’une forme qui n’apparaît guère, je pense, avant le
troisième quart du XVe siècle, ce qui ne se concilie pas aisément avec l’âge que devait avoir
alors Marguerite de Beauvillier. Le volume aurait-il passé à une autre dame de cette dernière
famille ?
M. Durrieu signale en outre que la reliure du fragment de Rothschild, datant du début
du XVIIIe siècle, porte encore les armes et chiffres de la maison du Plessis-Châtillon. Il rapproche
ce fait du mariage d’un Estampes avec une Plessis-Châtillon, lequel eut lieu en 1707. Il en
conclut que le manuscrit avait dû jusque-là rester dans la possession de la famille d’Estampes.
Cette conclusion est fort plausible ; cependant ici encore il faut remarquer qu’on ne voit pas bien
comment ce mariage d’un membre masculin de la maison d’Estampes avec une dame de la
famille du Plessis-Châtillon aurait fait passer le manuscrit de la première à la seconde.
Ne pourrait-on supposer que le volume était dès le milieu du XVe siècle entré dans la
maison de Beauvilliers, et de là arrivé avant le milieu du XVIIIe siècle au Plessis-Châtillon ?
Page 10 (Successeurs du duc Guillaume de Bavière). —• Après la mort du duc Guillaume
de Bavière-Hainaut-Hollande, le manuscrit semble être resté entre les mains de sa Veuve,
Marguerite de Bourgogne, laquelle résidait habituellement à Binche, son douaire. C’est ainsi
que s’explique le mieux que le calendrier fut écrit en Hainaut.
A la mort de la duchesse Marguerite, ses héritiers étaient ses neveux et nièces, parmi
lesquels surtout Philippe-le-Bon.
Comme notre manuscrit ne se trouvait pas, semble-t-il, dans la bibliothèque de Bourgogne,
(1) Paul Post: Die franzôsisch-niederlândische Mânnertracht einschliesslich der Ritterrüstung-, im Zeitalter der
Spâtgotik i35o bis 1475 (Dissertation de doctorat à l’université de Halle). Berlin, H. S. Hermann 1910.
75
artistiques, corrobore la rigueur de la classification adoptée.
On se rappellera que j’ai plus d’une fois tiré argument des indications chronologiques
fournies par les costumes.
Une étude de M. Paul Post (i) sur ce sujet, récemment parue et que j’ai reçue trop tard
pour pouvoir l’utiliser, précise d’une façon plus étroite qu’il n’avait été fait jusqu’ici les dates
de l’évolution de la mode, que l’auteur rattache fort ingénieusement aux transformations succes-
sives de l’armure de plates, elles-mêmes dictées par des besoins techniques d’ordre militaire.
Je me réjouis de constater que, sauf de légers écarts, les déterminations chronologiques
de M. Post sont d’accord avec les miennes.
On trouvera ci-dessous des notes et des corrections de nature plus spéciale.
Page 7 (Robinet d'Estampes). — Le comte Durrieu donne d’intéressants renseignements sur
les destinées de la partie du manuscrit qui actuellement appartient au baron Maurice de
Rothschild.
Il croit que ce fragment resta longtemps encore entre les mains des descendants de
Robinet d’Estampes. L’écusson qui accompagne la dame en prière qu’on y voit à deux reprises
serait en effet, comme je l’avais supposé, celui de la famille de Beauvilliers, sous une forme
ancienne : Robinet II d’Estampes, chevalier, seigneur de Sallebris et de la Ferté-Imbault,
conseiller et chambellan du roi, sénéchal du Bourbonnais, épousa, par contrat du i3 juillet 1438,
Marguerite de Beauvillier. Ce serait de cette dame que le manuscrit nous offrirait le portrait
répété : sans doute ce livre d’Heures avait fait partie des présents de Robinet II à sa fiancée.
Il faut pourtant noter une petite difficulté que rencontre cette identification du portrait :
celui-ci nous montre une femme encore bien jeune, — or le costume qu’elle porte, et notamment
le hennin conique dont elle est coiffée, est d’une forme qui n’apparaît guère, je pense, avant le
troisième quart du XVe siècle, ce qui ne se concilie pas aisément avec l’âge que devait avoir
alors Marguerite de Beauvillier. Le volume aurait-il passé à une autre dame de cette dernière
famille ?
M. Durrieu signale en outre que la reliure du fragment de Rothschild, datant du début
du XVIIIe siècle, porte encore les armes et chiffres de la maison du Plessis-Châtillon. Il rapproche
ce fait du mariage d’un Estampes avec une Plessis-Châtillon, lequel eut lieu en 1707. Il en
conclut que le manuscrit avait dû jusque-là rester dans la possession de la famille d’Estampes.
Cette conclusion est fort plausible ; cependant ici encore il faut remarquer qu’on ne voit pas bien
comment ce mariage d’un membre masculin de la maison d’Estampes avec une dame de la
famille du Plessis-Châtillon aurait fait passer le manuscrit de la première à la seconde.
Ne pourrait-on supposer que le volume était dès le milieu du XVe siècle entré dans la
maison de Beauvilliers, et de là arrivé avant le milieu du XVIIIe siècle au Plessis-Châtillon ?
Page 10 (Successeurs du duc Guillaume de Bavière). —• Après la mort du duc Guillaume
de Bavière-Hainaut-Hollande, le manuscrit semble être resté entre les mains de sa Veuve,
Marguerite de Bourgogne, laquelle résidait habituellement à Binche, son douaire. C’est ainsi
que s’explique le mieux que le calendrier fut écrit en Hainaut.
A la mort de la duchesse Marguerite, ses héritiers étaient ses neveux et nièces, parmi
lesquels surtout Philippe-le-Bon.
Comme notre manuscrit ne se trouvait pas, semble-t-il, dans la bibliothèque de Bourgogne,
(1) Paul Post: Die franzôsisch-niederlândische Mânnertracht einschliesslich der Ritterrüstung-, im Zeitalter der
Spâtgotik i35o bis 1475 (Dissertation de doctorat à l’université de Halle). Berlin, H. S. Hermann 1910.
75