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— 114 —

leur comme création et comme exécution,
mais l'ensemble est d'une désolante insigni-
fiance etferaitcroireàla pauvreté ducomposi-
teur. Bien mieux fut-ii inspiré le jour où il
nous donna, à une exposition d'Anvers, cette
éclatante toile, toute frémissante de vie et
d'action : L'enlèvement d'une femme par des
Bachis-Bouzouks.

Les Gaulois du Rainant, de M. L. Paternos-
tre, déjà exposés à Gand, nous paraissent de-
voir être considérés comme repris depuis par
l'auteur. L'aspect général est plus harmonieux,
certains groupes de combattants ont une éner-
gie et un relief qu'ils n'avaient pas sur l'an-
cienne toile, tout le tond est devenu d'un
intérêt réel. C'est, en somme, une page intéres-
sante de notre histoire pour la rédaction de
laquelle l'auteur nous paraît avoir été beau-
coup plus préoccupé par la vérité historique
que par l'accentuation artistique. En effet, la
toile de M. Paternostre gagne beaucoup à être
lue : c'est là du reste l'avantage et l'inconvé-
nient de la peinture historique ; ou c'est l'his-
torien qui nous subjugue ou c'est l'artiste.
Or, comme la toile de M. Paternostre est des-
tinée à orner une des salles de l'hôtel-de-ville
de Mous , il est très-heureux qu'à son mérite
intrinsèque vienne s'ajouter la valeur histori-
que qui la domine. Le même artiste a exposé
une Vedette d'une couleur très-agréable, d'un
sentiment vrai et que le public a très-vite dis-
tinguée.

M. Soubre a fait depuis quelques années
un saut prodigieux. Sa couleur qui était par-
fois brillante à l'excès, est devenue plus har-
monieuse, plus fondue; ses idées, car il est
un des fidèles de la pensée, le travaillaient,
car chaque exposition nous le montrait avec
l'intention formelle de s'attaquer au drame de
l'histoire, mais il semblait à l'étroit dans ses
oeuvres, on eût dit un homme fort esclave d'un
vêtement trop petit; aujourd'hui le voilà en
pleine liberté, ouvrant sa poitrine et sa tête
au vent mystérieux de l'inspiration et se je-
tant à corps perdu dans la peinture histori-
quement monumentale. Le banquet des Gueux
est une vaste toile à laquelle il manque peu
de chose pour être une des créations les plus
originales de notre école. Le mouvement, la
vie, le caractère, y sont largement dévelop-
pés et rendus avec émotion. Les deux groupes
principaux ont un incontestable cachet de
grandeur et forment la partie du tableau qu'il
faut hautement louer, autant par le contraste
moral qu'elle représente que par les dilféren-
ces physiques qu'elle établit. 11 y a quelques
faiblesses résultant des soins mêmes, soins ex-
agérés, avec lesquels le peintre a entendu
traiter l'œuvre dans toutes ses parties. C'est
là une affaire d'expérience et de tact dont il
n'y a pas lieu de désespérer. M. Soubre est

entré dans une large voie. Il est de taille à
y rester et à toucher le but.

Les Quatre cavaliers de M. Alfr. Cluysenaar,
sont d'une fougue et d'un brio que nous avons
eu à constater l'année dernière à cette même
place du journal. Il nous a semblé que ces
Quatre cavaliers ont subi quelques légères
modifications qui sont à leur avantage. Quant à
préciser ces améliorations, nous ne le pourrions
pas, nous devons nous borner à dire que l'œu-
vre de cet artiste distingué est d'une énergie
d'exécution et d'une sûreté de main remarqua-
bles; ce sont là du reste ses principales qua-
lités, lesquelles doivent nécessairement mar-
cher de front avec une force et une grandeur de
composition en harmonie avec les aptitudes
du faire. Ce tourbillon d'hommes et de che-
vaux était bien de nature à exciter une verve
pareille; aussi M. Cluysenaar qui aime la
peinture monumentale, s'est-il trouvé à l'aise
sur son théâtre et nous a-t-il donné une scène
qui produit une légitime sensation au Salon.

Le même artiste a exposé le portrait d'un
général. Or, ce portrait est un chef-d'œuvre
d'exécution mais d'une coloration un peu vi-
neuse. Citons encore du même un grand por-
trait de femme, vu à Gand, aux superbes et
larges allures, très crâne de composition et
de travail, puis enfin, un portrait d'homme
noblement accentué. Tout le monde a remar-
qué l'habileté de M. Cluysenaar à traiter les
mains de ses portraits. C'est pour lui un véri-
table et un admirable jeu.

Fidèle au principe que nous avons adopté,
quittons un instant la peinture dite sérieuse
et distrayons-nous par une fugue dans le pays
de l'histoire en petit et du genre; quand nous
aurons assez respiré les fleurettes de la prai-
rie, nous reviendrons sous les grands ombra-
ges.

La limite entre le genre et l'histoire est par-
fois difficile à saisir. Les frères De Vriendt
sont devrais peintres d'histoire par leurs su-
jets, la pensée profonde qu'ils y mettent, le
sentiment qui les guide; mais les dimensions
de leurs toiles, et, plus encore, l'importance
qu'ils accordent aux détails, les l'approchent
des peintres de genre. Leur exposition de cette
année est importante à divers titres, par le
nombre et par la qualité; quatre productions
d'Albert, autant de Julien, appellent notre at-
tention à des degrés divers. Il est évident que
ces jeunes et intéressants artistes cherchent à
faire revivre notre primitive école, et que
leurs maîtres sont ces vieux colosses qui s'ap-
pellent Memlinc, Metsys et Van Eyck. Ils
marchent dans cette voie avec une ténacité,
une conscience et un courage qui méritent le
succès. Certes, le talent incontestable qui
les caractérise tous deux leur donne le droit
de rêver à ce succès, mais, ainsi que nous

l'avons dit depuis longtemps, il est à craindre
que l'amour du détail ne soit un sérieux ob-
stacle au complet épanouissement de leurs
belles ressources. Si ces artistes donnaient à
leurs personnages l'importance qu'ils récla-
ment, s'ils ne les me liaient point au second rang,
ils arriveraient à une puissance d'expression
dont ils ne se doutent pas eux-mêmes, nous n'en
voulons d'autre preuve, pour Albert, que La
jeunesse de S'e Elisabeth, et, pour Julien, que
Christine de Pisan et sa mère.

Suivons maintenant, car ils en valent la
peine, ces sérieux et modestes jeunes artis-
tes dans leurs travaux.

Charles-Quint et Marguerite de Gheenst
(d'Albert). Dans un appartement» sur un cana-
pé de bois, sont assis le jeune empereur et sa
maîtresse tenant sur ses genoux l'enfant né de
leurs relations, la future et célèbre Marguerite
de Parme. Charles Quint nous plaît peu.
Nous trouvons dans sa physionomie quelque
chose de.raide, de froid et de compassé qui
est loin de nous parler du célèbre empereur
gantois. Quant à Marguerite, il faut remarquer
ce sourire où il y a de l'amertume et du bon-
heur. L'expression de ce visage est bien trou-
vée. Les détails sont parfaits comme toujours.

La vieillesse de la Vierge, du même. Tableau
peu agréable d'aspect et un peu dur. Evidem-
ment, pour nous, la Vierge, née dans la plus
humble condition, ayant toujours vécu de
son travail, n'a pas fini sa vie dans le luxe
relatif où nos artistes nous la montrent. Cou-
chée sur un lit de repos, « elle rêve le ciel
et oublie de le mériter. » Tout nous dit que
ce « principal témoin » de l'Evangile, vécut
pauvre jusqu'à la tin, entre des murs nus, et
que quand bien même les premiers chrétiens
eussent voulu ou pu l'entourer de quelque
luxe, eile aurait sévèrement rejeté de pareilles
tentatives, leur rappelant que le Seigneur avait
voulu naître dans une étable. Mais, direz-
vous, il fallait bien placer ces jolis carrelages,
ces meubles plus gothiques qu'antiques, ces
détails que nous aimons tant. Ah! eu ce cas,

| passons. St. Jean est trop vieux. En admettant
la légende qui donne à la Vierge le plus d'an-
nées d'existence, 70 ans, St. Jean, le plus
jeune des apôtres, plus jeune que le Maître,
n'en pouvait avoir qu'un peu plus de aO. Or,
le St. Jean que nous voyons, nous fait penser
à Patmos et au centenaire dont la prédication
s'était réduite à une seule phrase : « Mes en-

| fants, aimez-vous les uns les autres ». La jeu-
ne suivante qui (ile au pied du lit de la Vier-
ge, est une figure très-gracieuse. En somme,
le tableau est une grande miniature.

L'enfance de S'e Elisabeth. Cette toile est ca-
pitale; elle est due, comme les précédentes,
à M. Albert De Vriendt. La Sainte, une enfant

i de trois ans, nous parait un peu petite de
 
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