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4 —

plutôt que s’affaiblir.Le contingent deFran-
cia n’est pas un des moindres attraits de l’ex-
position. N’oublions pas que la Société est
due en partie aux efforts de cet artiste qui
a rendu à la cause des arts des services si-
gnalés. Nous aimons à les rappeler chaque
fois que son nom tombe de notre plume.
Gabriel esi, cette année, un poète sympathi-
que qui nous introduit dans des paysages
profonds et mystérieux où l’àme se plaît à
rêver. Charmant talent ! puisse-t-il conser-
ver cette teinte mélancolique qui forme
chez les grands paysagistes la note secrète
et vibrante. Goethals est l’auteur d’une Vue
de route, vraie d’aspect et d’une perspective
savante. Graeb a reproduit dans des tons
vigoureux une Vue partielle de la Cathédrale
de Naumburg. Excellent travail, parfaite-
ment harmonisé aux lieux et à la sombre
architecture du monument. Greive, dans
ses vues, est très exact et déploie beaucoup
de talent, mais tout cela est trop détaillé.
Harpignies est original, mais il cherche la
ficelle... et la trouve. Hermans emporte ses
aquarelles tout d’une pièce. C’est brossé
avec un entrain unique. Ces cinq aquarelles
sont toutes des morceaux de valeur traités
par des procédés différents qui décèlent les
aptitudes de l’auteur. Si sa Liseuse avait
une figure plus jolie, comme on l’aimerait !
Son Samedi est délicieux de verve et de
franchise. Quant aux Moines, impossible de
rendre mieux le côté réaliste des créations
rêvées parHermansqui est en même temps,
chose peu commune chez nous, penseur et
exécuteur. Hnberti voit la nature dans son
jour mélancolique; c’est d’une tristesse cal-
me et vraie. Gela repose comme l’ombre
après le soleil, le calme après la fatigue.
Israëls est bien noir cette année, et, déplus,
difficile à comprendre. Ka.thelin,dans sa Vi-
site, a fait une œuvre sérieuse; ce n’est pas
une aquarelle, c’est un tableau ; tout y est
traité avec le soin, le calcul et l’importance
qu’on apporterait à une composition d’une
classification plus haute. Ce qu’il faut re-
marquer dans cette Visite, c’est le jeu et la
finesse de la lumière qui vivifie et charme
cet intérieur charmant. L’expression des
physionomies et le groupement des person-
nages ne sont pas moins dignes de notre
attention et surtout de nos applaudisse-
ments. Production excellente et d’une va-
leur exceptionnelle. Le soir , paysage de
Kuhnen, est un superbe effet de soir, tou-
ché spirituellement et finement avec tout
l'amour que la nature peut inspirer à un ar-
tiste digne de la comprendre et de l'inter-
préter. Les six paysages de Lauters ne nous
apprennent plus.rien sur un talent dont la

place est marquée depuis longtemps parmi
nos paysagistes ; mais je remarque que
l’artiste tire son profit de ce qu’il voit et
de se qui se passe dans le monde des arts,
et que,lui aussi,semble agrandir sa manière.
Il ose sortir, un peu, très peu, de son or-
nière, mais enfin il ose, et c’est beaucoup,
surtout quand on réussit. MM. Legros et
Le Roy ont exposé des choses estimables.
M. Ligny voit les choses finement et les
sent. Son coup d’œil est très juste, sa ma-
nière a de l’expression, mais on dirait qu’il
se renferme dans un parti pris de timidité
dont il aurait certes le droit de s’affranchir.
Pecquereau a de l’esprit et de l’acquit plus
que du goût. Pinwell a ex posé une Tranquil-
lité fatigante à i’excès et où la pensée et
l’exécution sont dignes l’une de l’autre.
Les Bohémiens de Porlaels forment une étu-
de plus intéressante qu’attrayante. On leur
préfère de beaucoup, et avec raison, une
ilaite superbe de dessin et de couleur.
Dans ses œuvres on aime à retrouver l’ar-
tiste sûr de lui-même et dont tout ce qu’il
fait porte une empreinte profonde où l’idée
et la main marchent ensemble. Poynter est
l’auteur d’une Charmeuse de serpents bien
peinte mais qui n’excite pas en nous grand
enthousiasme. Pultaert reproduit la nature
au repos et un peu figée. C’est fâcheux ; le
ciel de ses Environs de Gand nous prouve
qu’il y a en lui un talent des plus sérieux.
Robinson est un peintre d’une valeur réelle.
Son Portrait et ses Deux amies nous en don-
nent la preuve.

Interrompons-nous un instant pour faire
remarquer que nous ne devons nullement
à l’influence étrangère l’excellence du Salon
des aquarellistes. La présence des rares
étrangers qui y ont envoyé leurs produits,n’a
pas modifié dans de grandes proportions la
valeur effective du Salon. C’est là une con-
viction qui doit se former à la vue de tant
d’œuvres d’élite signées de noms belges.
Peut-être n’eussions-nous pas tenu ce lan-
gage il y a quelque dix ans, mais aujourd’hui,
soit que l’exemple des aquarellistes italiens,
hollandais et anglais nous ait stimulé, soit
que l’école belge fasse sa révolution pro-
gressive hors de tout stimulant et comme
d’elle-mêmc, 1 e Salon de 1871 prouve à
toute évidence ce dont nos artistes sont
capables.

Voici cependant un étranger, un nom
connu et aimé, Rochussen, dont le Convoi
funèbre de Florent F jette sa part de lustre
sur l’exposition. Ce n’est pas que cette aqua-
relle ait de bien grandes qualités de couleur,
loin de là car elle a l’air relavée et ternie,
mais il y a là un accent de sincérité, une

émotion, un je ne sais quoi de convaincu
qui vous travaille et vous émeut. Faisons
remarquer a>ec intention combien Rochus-
sen a évité avec tact l’abus des détails ar-
chéologiques dont il aurait pu faire un
fastueux étalage mais au préjudice de la
gamme sentimentale de la composition.Les
paysages de Roelofs ont toute l’importance
de petits poèmes, je ne sais si on les lit ou
si on les voit; en tout cas on s’y plonge tout
entier tant ils sont adorables de vérité,d’ex-
pression, de lumière et d’air. Est-il possible,
par exemple, dans les Mouettes, de ne pas
chercher à suivrecelles-ci pour s’envoleravec
elles? Mme H. Ronner, elle aussi,n’a jamais
été plus superbe dans sa touche qui devient
d’une allure à nulle autre pareille. LesAma-
leurs de fromage, véritable chef-d’œuvre,
forme surtout le morceau capital de l’ex-
position de cette artiste, exposition réelle-
ment splendide et qui donne de Mme Ronner
la plus haute idée. Le grand chien qui at-
tend patiemment, mais patte levée,son tour
de fromage, est,à coup sûr,comme expres-
sion, observation et exécution, une chose
merveilleuse. Une bonne cachette,et,en défi-
nitive,tout le contingent de Mme Ronner,for-
me une des perles de l’exposition. Schubert
est toujours le même, propre, fin, exact,
mais quelquefois monotone. Simonau,hélas!
que la mort vient de nous enlever, n’a ja-
mais été plus ferme, plus riant, plus vrai.
Ab ! que la mort a été dure de prendre ce
charmant talent, ce caractère d’homme et
d’enfant à la fois, ce cœur d’élite, cette fa-
cile et limpide intelligence, cet homme
enfin que nous aimions tant et qui aimait
tout le monde. Voilà uy artiste à qui on n’é-
lèvera pas de monument, sans doute ; mais
que son ombre soit tranquille, l’histoire
n’oubliera pas qu’il a fondé en Belgique celte
Société des aquarellistes arrivée si loin et
si haut !

E. Smits nous donne un sujet que nous
ne comprenons pas très bien, mais ce n’est
pas absolument nécessaire pour admirer la
magnifique désinvolture du grand garçon
qui fait l’honneur de cettoÉcole buissonnière
et la façon toute magistrale dont cette aqua-
relle est traitée.Spangenherg nous intéresse
plus qu’il ne nous plaît et nous rendons bien
volontiers hommage au talent sérieux qu’il
déploie. De Springer on admire franchement
une très belle entrée de cathédrale, traitée
avec ce merveilleux aplomb que l’on connaît
à l’auteur. De J. Steve ns l’exposition possè-
de un très pâle Souvenir du vieux Bruxelles.
Storleubeker (C. S.) a envoyé deux aquarel-
les de JSalure.morte, très veloutées,très bien
agencées cl très courues. Storleubeker (P.)
 
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