Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
çant ce chapitre. Il n’est pas donné à tout le
monde de connaître la mer, tout le monde
n’est pas familiarisé avec ce spectacle gran-
diose et sublime de l’immensité de l’Océan.
En fait de tableaux de marine, on aime à se
trouver en présence de cette profondeur de
l’horizon qui nous absorbe, qui nous anéan-
tit, on tient à se faire illusion devant cette
plaine liquideront la surface agitée ou demi-
tranquille prête tant à l’imagination. Partant
delà,je n’admets guère les marines de petites
dimensions; il faut, à mon avis, de l’am-
pleur, de l’espace, de l’air et des Ilots. Clays,
notre maître en ce genre, n’a jamais perdu
de vue cette observation. Si Meissonier a
pu réduire le genre quasi à de la miniature,
je ne sache pas que personne se soit jamais
autorisé de son exemple pour faire subir aux
marines la même transformation.

Une seule toile répond à mes exigences,
c’est celle de M. de Burbure, numérotée 44,
et non renseignée au catalogue. La mer est
calme, une brise légère ride sa surface, les
vagues étalent au soleil leurs lianes nacrés ;
il semble qu’on les voie se suivre, se heurter
confusément, pour aller mourir au rivage.
Des oiseaux blancs, aux ailes noires, tourbil-
lonnent au dessus des eaux et s’abaissent
jusqu’à battre l’onde de l’extrémité de leurs
longues pennes. Des bâteaux sont là, douce-
ment balancés par les flots. Celui de gauche
avec ses voiles d’un brun vif doré par le
soleil, ses matelots pleins de vie, de couleur
et de mouvement, est très joli; le groupe
est charmant. A droite, quelques pilotis de
l’estacade; sur toute cette scène, un ciel aux
tons gris-jaunâtres avec des trouées d’un
bleu légèrement voilé par des nuages qui
tempèrent les rayons du soleil ; dans le fond,
l’horizon brumeux, le ciel et la mer qui se
confondent, telle est l’ordonnance de ce ta-
bleau plein de caractère, largement traité,
œuvre d’une science profonde et entendue,
d’une main habile,toile d’une grande et noble
facture.

Dansle contingent envoyé par M"eBeernacrt,
se trouve un charmant tableau : les Dunes à
ïleyst. Le sable de la plage est entrecoupé
de verdure; une chaumière coquette et élé.
gante dans sa rustique simplicité, est placée
dans un repli du terrain. Au-dessus de tout
cela, un beau ciel d’été, un soleil légèrement
voilé éclaire doucement la scène qu’animent
quelques personnages et quelques vaches er-
rant dans une prairie. « Rien n’est plus vrai,
a-t-on écrit,rien n’estplusfidèiequecetableau.
Mlle Beernaert a compris et exprimé avec un
véritable talent le caractère à la fois triste et
poétique des bords de la mer. L’artiste s’est
créé une individualité parfaitement tranchée;

ce qui distingue surtout ses œuvres, c’est
cette poésie douce, cette couleur naturelle,
tranquille et légèrement teintée d’une sorte
de mélancolie. — Sa Chaumière dans les
Dunes, est aussi un tableau consciencieuse-
ment peint et d’un faire superbe, quoique le
ciel paraisse cependant un peu lourd. »

La Plage hollandaise, de F. Musin, est
pleine de couleur et de lumière. Un bâteau
a été jeté par la marée haute sur la plage
encore humide et ruisselante; des ilaques
d’eau salée coupent la monotonie du terrain
plat et sablonneux; çà et là, quelques pla-
ques de verdure. A droite, la Dune couron-
née d’une maigre végétation. Les cordages
sont distendus, les voiles pendent le long
des mâts, agitées par le vent ; des pêcheurs
marchant dans l’eau jusqu’aux genoux, sont
occupés à transporter au rivage leur cargai-
son de marée. Le ciel est nuageux, trop
nuageux peut-être : on dirait qu’un orage se
prépare, néanmoins les spectateurs n’ont pas
l’air de s’en douter.

La Plage de Westcapelle a beaucoup d’ana.
logie avec la précédente; aussi un bâteau au
premier plan, un navire à l’horizon, un ciel
nuageux; enfin une charette de transbor-
dement, embourbée, et que deux chevaux
traînent avec peine vers le navire.C’est bien,
mais, à mon avis, cela manque de grandeur.

La Vue prise à Withby, d’A. Musin, est un
cadre de plus petites dimensions encore; il
a de bonnes parties; le coin de droite, avec
sa chaumière à moitié dissimulée par une
ondulation du terrain brunâtre, est surtout
bien étudié et bien rendu ; un bâteau est à
gauche battu par les vagues forteinentagitées.
Cela concorde-t-il avec le titre? Ou bien cet
endroit a-t-il le privilège d’offrir à toute heure
des scènes émouvantes aux touristes? — La
mer unie et calme, cela deviendrait mono-
tone, je le sais : mais il me semble que lors-
que l’artiste nous montre un site qui l’a
frappé, il doit nous le montrer tel que nous
pourrions le revoir, car autrement le tableau
devient une composition et celui-ci n’est autre
chose qu’un orage au bord de la mer, pris
n’importe où, car je ne sache pas que rien,
dans cette toile,lui donne un cachet marqué
d’originalité.

Un peinlrehollandais, M.Pleysier, fatigué
sans doute de ce que son pays lui offre tous
les jours, est allé chercher un motif en An-
gleterre; il a envoyé ses JSavires à la côte
anglaise. C’est une scène pleine d’intérêt et
de mouvement : un navire est à proximité
de la côte; les Ilots écumeux viennent s’é-
teindre sur la plage, un canot vient d’aborder
avec le cable d’amarre que tirent des marins
bien campés, faisant de robustes efforts pour

aller le fixe, afin de procéder au plus tôt au
transbordement des passagers, opération qui
peut, d’un instant à l’autre, devenir très
dangereuse.

Citons, pour finir, les deux marines de
M. Koster. Le n° 205 présente deux navires
délicatement posés sur la plage ; encore les
Dunes à droite. Beaux tableaux, horizons
profonds.

ANIMAUX.

La palme, dans ce genre, revient à M. De
Pratere : Marché aux bestiaux, dans lequel
il n’y a que des vaches et des bœufs, mais
de ce bétail à foison : ne chicanons pas snr
des futilités. Le marché est encombré, un
bouvier à moitié caché dans le groupe de
gauche, caresse la tête de sa brunette ; à
droite, une fontaine de pierre, avec un bas-
sin carré, partout, les animaux pressés,
serrés,un peu trop peut-être au gré des ama-
teurs qui auraient peine à circuler. Peinture
vigoureuse, baignée de lumière, animaux
parfaitement modelés, bien compris, étu-
diés et bien achevés, tableau d’une très belle
ordonnance. On dirait que quelque crainte
anime le troupeau, qui se presse pour cher-
cher un refuge. Cependant la scène est
tranquille malgré cette légère apparence
d’inquiétude. La vache blanche du milieu,la
tête relevée avec fierté, est surtout magnifi-
que de dessin et de couleur.

Je rappellerai ici le tableau de feu Van
Kuyck : Pidour des champs, dont j’ai parié
dans mon premier article. Les lecteurs du
Journal des Peaux-A rts se seront sans doute
aperçus de ma distraction : ce tableau est
tout à fait étranger au genre* dans lequel je
l’ai maladroitement glissé.

M. Duyck a traité à peu près le même su-
jet : la Reîitrée à la ferme, de dimensions un
peu plus grandes que le précédent; beau-
coup de science, beaucoup de couleur, beau-
coup d’effet. Un cheval gris-pommelé est en-
tré dans l’écurie et boit au seau. Un autre
brun, derrière, est arrêté sur le seuil par les
domestiques,occupés à le désharnacher. Pour
fond du tableau, une muraille blanche en
pleine lumière. La tête du premier cheval
est surtout magnifique de couleur et de
modelé.

Les Moutons au repos, de M. Verheust,
sont très jolis. On ne voit qu’une partie du
troupeau ; le reste, avec le berger, est caché
par un pli de terrain. La scène est pleine
d’une douce poésie pastorale,lepaysage bien
étudié, les agneaux couchés sur l’herbe à
côté de leurs mères,respirent bien le calme
et la tranquillité champêtres. Mais ce calme
ne sera plus de longue durée : les nuages
s’amoncellent, une brebis descendant du
 
Annotationen