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N° 24.

51 Décembre 1871.

Treizième Année.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTERATURE

paraissant deux fois par mois, sous la direction de M. Ad. SUJET, memlire de l'Académie royale de Belgique, memlire correspondant de la Commission royale des monuments, memlire de
l'Institut des provinces de France, de la Société française d’Arcliéologie, de l'Académie de Reims, de l'Académie d'Archéologie de Madrid, etc.

On s’abonne: à Anvers, chez TESSABO, éditeur ; à Bruxelles, chez DECQ et MTTQUARDT ; à Gond, chez
HOSTE et ROGGK ; à Liéçe, chez DE SOF.Ret DECQ ; dans les autres villes, chez tous les libraires. Pour l’Al-
lemagne, la Russie et l’Amérique : C. MUQUARDT. La France : VcRENOUARD, Paris. Pour la Hollande :
MARTINUS NYHOFF, à la Haye. Pour l’Angleterre et l’Irlande : chez BARTHES et LOWELL, 14, Great

Marlborough Street, à Londres _ prix d’abonnement : pour toute la Belgique, (port compris).

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grandes annonces on traite à forfait. — Annonces : 30 c. la ligne. — Pour tout ce qui regarde l’admini-
stration ou les annonces s’adresser à M. le Directeur du Journal des Beaux-Arts, rue du Casino, à
St-Nicolas. —Il pourra être rendu compte des ouvrages dont un exemplaire sera adressé à la rédaction. —
M. C. MUQÜARDT est le seul éditeur et représentant du Journal des Beaux-Arts pour l’Allemagne, la
Russie et l’Amérique.

SOMMAIRE : Belgique. Causerie sur Rensei-
gnement des arts du dessin. — Corr. particu-
lière. Exposition scolaire de South-Kensington.—
France. Corr. part. d’Annecy. — Autriche.
Corr. part, de Vienne : Publications littérai-
res et artistiques du Musée impérial de Vienne.
— Allemagne. Weimar. — Chronique géné-
rale. — Expositions. — Programmes. — Table
des matières. — Annonces.

BELGIQUE.

CAUSERIE SUR L’ENSEIGNEMENT
DU DESSIN. (Suite et lin.)

Mais examinons la chose sur un autre ton.
Certes les œuvres « industrielles » comme
le dit le correspondant du Journal des Débals,
présentaient au XVIe siècle un caractère bien
tranché d’individualité artistique, mais à
cette époque, quelles étaient les conditions
de production, quels étaient les prix d’achat,
la quantité des produits employés. L’art in-
dustriel n’existait que pour quelques rares
personnages, amateurs de choses précieu-
ses, d’objets de valeur, jaloux de les pos-
séder. Aujourd’hui le luxe s’est étendu; les
richesses individuelles se sont accrues ; puis
quelle influence n’a pas exercé et quels
besoins nouveaux n’ont pas créé la facilité
des communications,les traitésde commerce,
les connaissances économiques, la concur-
rence de nation à nation, qui doit trancher
des éléments de succès à la fois dans la
bonne qualité, dans le bon goût et dans le
bon marché en marchandises manufacturées.

Il y a des besoins nouveaux, il faut des
moyens nouveaux de les satisfaire. L’édu-
cation artistique qui n’était le lot que de
quelques-uns, il importe à tout prix qu’elle
s’étende, qu’elle inspire et affine le goût,
les sentiments du plus grand nombre.

L’enseignement de l’art du dessin ne for-
mera, vulgarisé comme il l’est, ni plus
d’artistes,ni plus de vrais artistes, je le veux
bien, mais il mettra plus de gens à même
<f apprécier ce que l’art renferme de délicat,
de noble, d’élevé, ce qu’il procure de jouis-
sances à ceux qui le comprennent. Le beau
ne sera plus le Dieu caché, que quelques

initiés seuls sont appelés à entrevoir, lais-
sant le vulgaire adorer le joli et y courir.
Toute une éducation se fera qui ne s’est
point faite et qui est indispensable à tous,
à l’ouvrier surtout : l’œil s’exercera à mieux
voir, à mieux apprécier, la main acquerra
plus de fermeté et de précision dans le tra-
vail quel qu’il soit. Nos musées,nos exposi-
tions artistiques ne resteront pas lettres
closes pour tous ces gens qui se laissant im-
pressionner par un faux sentiment,ne voient
dans un tableau ou dans une statue que le
côté vulgaire ou trivial. Ils n’auront certes
pas toute l’esthétique nécessaire pour en
juger, mais ils seront sur la voie, et le peu
de science qu’ils auront acquis leur permet-
tra tout au moins de découvrir les procédés
pratiques, de juger du dessin.... ce qu’ils
auront appris leur fera voir ce qu’il leur
reste encore à apprendre, et n’est-ce déjà
pas là un résultat désirable dans toute in-
struction ?

D’ailleurs si l’on pouvait douter un in-
stant de ce que la diffusion de l’enseigne-
ment sous toutes ses formes a de réellement
important de nos jours, il suffirait de lire
les considérations si justes, si bien déve-
loppées dans l’excellent livre que vient de
publier M. J.Dauby,(i)et qui a eu l’honneur
bien mérité d’être couronné par la Société
des sciences, des arts et des lettres du Hai-
naut.

M. Daubv, après avoir passé en revue les
causes de nos crises ouvrières, donne les
remèdes à y opposer, et cite l’éducation et
l’instruction comme leur corollaire indispen-
sable. Le livre estbien écrit,bien et sagement
pensé. L’auteur est un homme qui a été
élevé, qui a grandi au milieu de la classe
ouvrière, qui a été ouvrier lui-même. Il a
ainsi une autorité spéciale. Eh bien, c’est à
cet écrivain que nous allons emprunter quel-
ques passages dê son éloquent travail,à l’ap-
pui de la thèse que j’ai eu la prétention,
peut-être mal placée,de soutenir plus liant.

(i) « La question ouvrière en Belgique. Causes
de nos crises ouvrières. Remèdes probables, »
Bruxelles, Lebègue. 1871.

Voici, par exemple, l’un des motifs qui
d’après M. Dauby prouvent la nécessité pour
l’ouvrier de trouver à exercer ses facultés
ailleurs que dans son travail matériel et à
solliciter sa pensée vers des choses plus
sereines. « Ea vie industrielle toute seule
se passe trop près de la matière. Elle y épui-
se l’esprit tout entier dans des opérations,
dans des recherches où l’agencement des
objets matériels est la préoccupation habi-
tuelle et presque exclusive de la pensée.
Pour amener au milieu de ce monde d’autres
facultés et d’autres soins, il faut,on en con-
viendra sans peine, une autre éducation
aussi, et celle-là c’est l’éducation intellec-
tuelle qui doit tout féconder. »

Il cite comme la première des gymnasti-
ques de l’intelligence, comme celle qui est
l’absolu nécessaire, l’instruction primaire,
et, dans le programme de celle-ci, appuyant
l’idée émise à ce sujet par M. P. Stcbert,
dans le Progrès, il fait figurer le dessin,
« ce moyen pratique d’exprimer sa pensée,
et sans lequel on 11e peut pas même faire
un charpentier ou un maçon passable. »
Mot rappelant celui de M. Duruy qui qua-
lifiait le dessin d'écriture de l'industrie.

L’enseignement primaire même est loin
de suffire, d’après fauteur; il faut que tout
concoure à l’éducation des hommes d’ate-
lier : des musées populaires, des bibliothè-
ques, des sociétés de musique, le théâtre
lui-même, il voudrait lui voir reprendre son
rôle éducateur et lui donner les proportions
du théâtre antique. « Faisons poindre et
grandir, dit-il, le bien-être avec le luxe sacré
de l’intelligence. Ici, donnons beaucoup et
n’ayons pas peur de trop donner. »

Mais je ne puis résister au désir de citer
toute entière la page suivante, car elle
montre de quelles considérations pleines
d’élévation M. Dauby s’est inspiré. Il vient
de résumer tout cet ensemble de moyens
qui doivent faire véritablement l’éducation
des masses. « Mais, en vérité, où sommes-
nous donc, et de quelle éducation s’agit-il ?
Est-ce de celle de l’intelligence ou de cette
autre éducation, complément indispensable
 
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