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N° 13.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTÉRATURE.

DIRECTEUR : M. AD. SIRET.

MEMBRE DE L'ACADÉMIE ROY. DE BELGIQUE, ETC.

SOMMAIRE. Beaux-Arts : Imagerie populaire et
scolaire. — Littérature : Entrefilet â propos
d'Octave Pirmez et de M. Picard. — L'art est
rationnel par Emile Leclercq. — Esprits froids,
par Pirmez. — Bruxelles à travers les âges. —
Chronique générale. — Cabinet de la curiosité.
— Annonces.

Beaux-Arts.

IMAGERIE POPULAIRE ET SCOLAIRE.

Il y a plus de vingt ans,parmi les nombreu-
ses idées que nous avons émises ayant pour
objet la vulgarisation des arts en Belgique,
nous avions lancé un projet d'images popu-
laires.

On a l'ait quelque chose mais maladroite-
nient, bêtement, et cette chose est tombée.
On a publié chez Tarlier d'immenses feuilles
de papier avec; des dessins très bien faits du
reste, mais sans intelligence du but à réaliser.
Ces dessins étaient incollectionnables, le pa-
pier se cassait, le plus souvent l'intérêt était

nul ou mal compris.

En France,on vient de tenter un effort sem-
blable en décidant que l'imagerie populaire
formerait, entre autres,des Bons Points a don-
ner aux enfants.

Le croirait-on, on a essayé et l'effort n'a

pas abouti.

Et cependant, on a calculé qu'annuellement
il aurait fallu distribuer trois cents millions
d'images; oui, Trois cents millions!

Comprend-on que l'industrie laisse tomber
une idée de cette envergure?

Il est vrai qu'une image représentant un
nouveau et ridicule modèle de chapeau de
femme se vendra au moins à un milliard

d'exemplaires.

Une vignette représentant Jeanne d'Arc (en
supposant que les commissions ad hoc croient
à Jeanne d'Arc) ira où va toute chose.

Ce n'est pas une raison.

Ne pourrait-on,en Relgique où l'on s'occupe
de tant de questions morbides, faire revivre
la question vitale de l'imagerie populaire en
même temps que scolaire?

Les légendes belges n'offrent-elles pas une
source inépuisable de sujets? Et notre his-
toire ; et nos industries; et notre commerce
et notre agriculture; et nos hommes fameux,

PARAISSANT DEUX FOIS PAR MOIS.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : g FRANCS.

ÉTRANGER : 12 FR.

nos villes, nos villages, nos monuments, nos
musées etc.

Mon Dieu, il n'y a qu'à se baisser pour ra-
masser des sujets à se briser l'échiné.

11 ne serait pas même nécessaire de confier
la chose à ce tombeau qu'on appelle un co-
mité; il suffirait simplement que le gouverne-
ment dise à un éditeur adroit, intelligent et
courageux, ceci :

« Si votre imagerie me plait je vous assure
une vente d'autant de millions d'exemplaires
que je jugerai pouvoir distribuer annuellement
aux écoles.»

Or, nos écoles sont fréquentées, par suppo-
sition, par un million d'élèves. Mettons que
des bons points, entre autres, soient distri-
bués toutes les semaines à un élève sur deux,
c'est vingt millions d'images annuellement!

Réduisons mêmeee qui pourrait passer pour
un mirage, au quart de la supposition. N'y
a-t-il pas encore matière à faire réfléchir un
entrepreneur intelligent.

En même temps que l'imagerie populaire il
y aurait l'imagerie scolaire, c'est-à-dire la
définition figurée des grandes lignes dans
l'histoire naturelle, la géographie, les scien-
ces, les merveilles etc., le tout à l'instar des
écoles allemandes qui, sous ce rapport, ont
réalisé des résultats simplement merveilleux,
tant sous le rapport moral que sous le rap-
port matériel.

Ensuite, comme l'entrepreneur serait par-
faitement libre "(itère dans la grandeur du
mot) rien ne l'empêcherait d'exploiter l'idée
au point en vue des écoles catholiques.

Si au bout de quelques années notre homme
ne devient pas millionnaire, c'est que décidé-
ment le règne des crétins est arrivé.

Littérature.

Nous avions l'intention de relever le dis-
cours prononcé par M. Ed. Picard lors du
banquet Lemonnier, dans Y introduction d'un
livre dont les éléments sont devant nous et
que nous déposerons sur la tombe d'Octave
Pirmez. M. Clément Lyon nous a prévenu
dans Y Education populaire du 3 juillet. Nous
ne pouvons mieux faire que de reproduire cet
article rectificatif devenu nécessaire en pré-
sence d'une revendication qui ne peut qu'ho-

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE
a s'-nicolas (Belgique).

norer notre jeune école littéraire mais qui
vient vingt ans trop tard.

« Qui donc, le premier, a attiré l'attention
du public lettré sur ses œuvres admirables?
Tel est aujourd'hui l'objet en discussion dans
notre petit monde littéraire belge. Le 27 mai
dernier, lors du banquet offert à Camille Le-
monnier, M. Edmond Picard s'est exprimé,
à ce sujet, en des termes qui nous ont beau-
coup surpris :

» Nous ne permettrons pas, a-t-il dit,
qu'on nous enlève celui qui est à nous. C'est
nous qui lisions ses livres. C'est nous qui les
comprenions. Cest nous qui l'avons signalé
comme un artiste admirable. C'est nous qui
avons commencé à faire tomber le mépris
sur ceux qui le méconnaissaient... »

» C'est nous qui..., c'est nous dont..., c'est
donc toujours nous! Eh bien, cela nous pa-
raît un peu raide, un peu prétentieux, un peu
contraire à la vérité, et c'est, nous semble-
t il, se donner du linge d'une façon assuré-
ment par trop commode.

* *

«Voyons, examinons et jugeons ce que va-
lent, en réalité, ces héroïques prétentions?
Le premier volume que notre ami bien re-
gretté, Octave Pirmez, a publié, est intitulé :
Feuillées; il a paru en 1862 ; la préface, datée
de janvier de cette année, était signée Désiré
Bancel; Bancel, l'ancien député français, le
proscrit de l'Empire, Bancel, le tribun dé-
mocrate qui passa les longues années de son
exil sur notre terre hospitalière, est incon-
tablement le premier qui lança Octave Pir-
mez dans le monde de la philosophie et de
la littérature. Sa préface fut une révélation :
« Ce livre, dit-il, est imprégné de ces prin-
cipes que l'on dédaigne et qui sauveront le
monde. » « Un recueil de pensées, dit-il en-
core, PUBLIÉ PAR UN INCONNU, éveillera
les critiques, gens levés de grand matin, à
Faffût le long des boutiques des libraires, et
qui ne dormiront pas d'un tranquille som-
meil, avant d'avoir doctement gourmandé
sa périlleuse audace. »

*

♦ *

» En outre, pour vérifier la véracité de l'af-
firmation de M. Edmond Picard, nous avons
consulté les deux volumes de comptes-rendus
 
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