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Vingt-cinquième Annee.

JOURNAL DES BEAUX-ARTS

ET DE LA LITTERATURE.

DIRECTEUR: M. Ad. SIRET.

membre de l'académie roy. de belgique, etc.

paraissant deux fois par mois.

PRIX PAR AN : BELGIQUE : 9 FRANCS.

ADMINISTRATION et CORRESPONDANCE

a s'-nicolas (belgique).

etranger

SOMMAIRE. Poésie. Epitaphes : L'aveugle Pla-
teau, Octave Pirmez. Henri Conscience. —Lit-
térature : Œuvres posthumes de Pirmez. —
Beaux-Arts. Le salon de Gnnd. — Correspon-
dance de Paris; le salon triennal. — Chronique
générale. — Cabinet de la curiosité.— Annonces.

POESIE.

ÉPITAPHES.

L'AVEUGLE PLATEAU.

Un grand physicien est là sous cette pierre.

Par lui plus d'un mystère allait être connu...

Pour le punir d'avoir trop vu,

Le soleil lui ravit la lumière.

OCTAVE PIRMEZ.

Son cercueil est du bois des arbres qu'il aimait.
Les fleurs de leur doux lin ont tissé son suaire.
Lorsqu'un peuple en sanglots ici le conduisait,
Le rossignol chantait la marche funéraire.

Ce fut le premier mai qu'il quitta ce séjour
Où, reconnaissant Dieu dans chaque créature,
11 découvrit la loi de l'éternel amour
Dans le respect de la nature.

HENRI CONSCIENCE.

Henri Conscience est là. Le citoyen est mort.

Près de son cœur aussi dort le cœur de la Flandre.
Tous deux ne sont plus que cendre
Sous laquelle un feu couve et dort.

Il dort jusqu'au jour d'espérance
Où ce feu flambera sanglant...

Alors un cri vengeur, effroyablement grand,

Sortira du tombeau : Conscience !

Ad. Siret.

Littérature.

ŒUVRES POSTHUMES.

D'OCTAVE PlRMEZ.

D'après le désir manifesté par l'auteur
quelques mois avant sa mort, il sera publié
Une cinquième édition des Jours de solitude
format in-16 dans lequel ont déjà paru Les
Feui liées, les Heures de philosophie et Remo.
Cette édition imprimée à Paris chez Pion,
paraîtra dans quelques semaines.

En conformité de la volonté exprimée par
Octave Pirmez, il sera publié, dans le cou-
rant de l'hiver prochain, un livre inédit con-
tenant sa correspondance avec un de ses
amis. Ce volume d'environ 5oo pages est
intitulé : Lettres à José. Il sera imprimé dans
le format in-16, semblable aux autres ou-
vrages de l'auteur.

Enfin, dans le courant de l'hiver, le Jour-

nal des Beaux-Arts donnera une Etude sur
la vie et les œuvres d'Octave Pirme{, d'après
sa correspondance intime. Ouvrage publié
avec Vautorisation de la famille. Ce travail,
composé en grande partie d'extraits de lettres,
sera accompagné du portrait d'Octave Pirmez,
d'un fac-similé de son écriture, d'un de
ses dessins ainsi que d'une vue du château
d'Acoz

Beaux-Arts.

SALON DE GAND
(Suite).

-— Oui, cher Porphyre, j'ai reçu beaucoup
de lettres et de cartes. L'une de ces lettres ne
renfermait pas précisément des compliments.
Tiens, juges-en. Rien qu'un navet, un oignon,
un melon,un poireau,un chou et un chardon.
Par exemple c'est supérieurement dessiné et
l'on voit que l'artiste est dans son élément.
Ce tableau de famille m'a touché et je prie le
dessinateur de recevoir mes félicitations bien
sincères. Le chardon surtout est magnifique;
si j'en étais l'auteur, je le mangerais.Cela me
vient de Bruxelles, patrie des excellents petits
navets de six semaines et des choux dits :
sprootjes. Voici une carte; c'est sans doute
d'un photographe : cela représente à gauche
le soleil faisant un pied de nez à Van Beers
qui est à droite vêtu en sirène. En dessous
une légende : Ceci tuera cela. Tout à fait
digne du salon des arts incohérents qui fait
en ce moment rougir Paris. Voilà, cher ne-
veu, les gracieux avantages qui attendent le
salonnier dans l'exercice de ses fonctions.
C'est très heureux, car c'est si bon de rire un
peu !

Puisque je suis en veine d'éloquence laisse^
moi continuer à immortaliser le Salon par la
profondeur de mes jugements. Je te donnerai
la parole après la pause. Je vais donc sautil-
ler de ci de là comme une petite folle ; suis-
moi.

Comprends-tu Alma-Tadema? Je suis bien
sûr que cet artiste, étonnement adroit, rit
dans sa barbe à se tenir les côtes,de ce qu'on
en a fait un artiste célèbre, lui qui, au mo-
ment voulu, a fait de l'art japonais avec des
romains au premier plan. Voilà tout son
succès : joignez à cela un aplomb étourdissant
dans la manière de figurer le bibelot antique
qu'il n'a pas vu et vous aurez l'artiste auquel

la mode et le mauvais goût (ce qui revient au
même) ont fait un succès inespéré. Jamais je
n'ai mieux compris l'exactitude et le bien
fondé de mon appréciation que devant le
portrait terreux et momifié pour lequel on
bat la caisse tant qu'on peut 11 y a un voisi-
nage fâcheux à ce japonique barbouillage,
c'est l'inénarable portrait de Portaels par
Cormon. Et dire qu'il y a des gens qui
trouvent cette dernière peinture... acadé-
mique!

En parlant de cela je veux faire une obser-
vation consignée hier soir au cabinet de lec-
ture de la Concorde.Trois critiques d'art, très
distingués, émettent le même jour sur un
tableau que je ne désigne pas, trois opinions
diamétralement opposées. L'un le trouve
splendide, l'autre misérable, le troisième dit
que l'artiste promet. O Porphyre ! Qu'est-ce
de nous, et que souvent je me demande à
quoi sert la critique !

— Sans vous commander, cher oncle, vous
auriez pu vous adresser cette question il y a
deux mois ..

— Merci, neveu suave. Je continue et vais
diviser mon discours par petites tranches in-
dividuelles.

CLAUS. Etonnant de nature dans son ba-
teau quipasse. Le relief des trois petits gamins
vus de dos est très accentué. Sans loucher le
moins du monde je les vois se détacher de la
toile avec une effrayante intensité. Le fond
est doux et tranquille. Peu de ressources,
beaucoup d'effet. — Mllc MEUNIER. Du ta-
lent et beaucoup mais pourquoi toujours cette
nature morte? Ne pourrait-elle s'essayer à la
vie et est-elle condamnée à peindre ces objets
à perpétuité? — BACKVIS. C'est possible,
mais j'attendrai avant de me prononcer. —
BERGERET.Très fort ce tableau decrustacés,
mais en cela nos vieux Flamands nous ont
gâté et je ne me rends pas bien compte du
motif qui a fait acquérir ce tableau pour le
musée de Gand. C'est peut-être pour remer-
cier nos voisins des bonnes places qu'ils nous
donnent à leurs expositions et des nombreux
achats qu'ils nous font —JAMES BERTRAND.
Dernier jour de Charlotte Corday. Très faux
et, circonstance aggravante, beaucoup de ta-
lent. Dernier jour? Comprends pas Sic'e'tait :
dernière pose, ce serait plus exact. — BISSON.
Coup de vent, Amusant et joli. Mais combien
sa grande femme assise au bord de la mer
 
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