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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1899

DOI issue:
Issue 2 (25.02.1899)
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.56672#0008
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Vingt-troisième Année
FONDATEUR
Directeur et Rédacteur en Chef
J. SANUA ABOÜ NADDARA
6, Rue Geoffroy-Marie , PARIS t

le Àiladdara
Tonte communication et demande d'abonnement doivent être adressées au Directeur du Journal

I N° 2. — 25 Février 1899
_
ABONNEMENTS :
Avec la revue Attawadod
et suppléments.... i an. 26f »
Abonnement simple, i an. 15 »

LA MORT DE M. FÉLIX FAURE
L’Orient et surtout l’Empire Ottoman viennent de perdre un grand
ami dans la personne de M. Félix Faure, Président de la République
Française, qui a succombé subitement à une attaque d’apoplexie.
Personne, mieux que nous, ne peut parler de ses vives sympathies pour
les peuples du Levant dont il a visité les pays. Avec quelle éloquence
il nous a raconté ses voyages en Turquie et en Egypte lorsque nous
sommes allé, le 3i décembre 1896, lui présenter le Salut fraternel de
S. H. Essayed Hamed ben Thueni, souverain de Zanzibar et lui annon-
cer la venue du Grand Gordon de l’Etoile Brillante que Sa Hautesse lui
envoyait en témoignage de son amitié pour la France.
S. E. Félix Faure, en nous chargeant d’exprimer sa vive satisfac-
tion au regretté Souverain, nous a parlé en termes très sympathiques
des peuples orientaux et des Princes qui les gouvernent.
Lorsque nous eûmes l’honneur de lui présenter nos hommages à l’Ely-
sée lors de notre retour de notre second voyage à Constantinople, notre
illustre Président nous écoutât avec intérêt lui parler de Notre Auguste
Souverain, S. M. I. le Sultan et de l’impulsion que S. M. I. a donnée à
l’instruction, à l’agriculture, au commerce, aux finances, à l’armée, etc.
M. Félix Faure nous exprima ses sympathies pour la Turquie dans les

mêmes termes qui viennent d’être si noblement traduits par S. E. M.
Constanst, ami personnel du défunt et qui sont la tradition de la poli-
tique française.
Que Dieu,au pied du trône duquel nous sommes tous égaux, répande
sur la noble veuve et les enfants qui le pleurent le trésor de ses
consolations. Qu’il leur donne la force nécessaire pour supporter l’irré-
parable perte d’un époux si dévoué, d’un père si affectueux.
Que le Maître de l’Univers accueille parmi ses élus dans ses célestes
parvis l’âme pure de ce mort illustre. Il priera encore pour la grandeur
et la gloire de la France et pour la prospérité de ses enfants.
Abou Naddara.

LE NOUVEAU PRESIDENT
Nous publierons dans notre prochain numéro de I’ “ Almonsef ” le
portrait et la biographie de S. E. M. Loubet, la nouveau Président de
la République française. En attendant, nous avons l’honneur «le pré-
senter à Son Excellence nos sincères félicitations. Puisse la France,
cette mère glorieuse de héros et de savants, être sous sa présidence
aussi heureuse et prospère que notre cœur le souhaite. A. N.

PAUVRE SOUDANAIS !
Voici le fait qui nous inspira
cette scène dramatique et le dessin
qui la représente.
La parole est à notre correspon-
dant particulier d’Omdourman.
A. N.
Abou Seifen, l’homme aux deux
épées, ainsi que son nom l’indique,
est un des plus valeureux Emirs
du Soudan; il prit part presqu’à
toutes les plus grandes batailles
de la première campagne où les
Anglais furent battus et chassés
du territoire des lions noirs du dé-
sert. Il s’est battu héroïquement à
Omdourman où les troupes britan-
niques eurent la victoire grâce aux
soldats égyptiens et aux mitrail-
leuses Maxim.
Considérant comme fratricide de
tuer des Egyptiens, ses frères en
Islam, il suivit les autres Emirs à
Darfour où on espérait trouver des
forces suffisantes pour reprendre
les hostilités et déloger les Anglais
de Khartoum et d’Omdourman.
Cet espoir déçu, l’Emir Abou Sei-
fen revint chez lui pour revoir les
siens avant de mourir ; car le cœur
brisé de douleur et le corps exté-
nué de fatigue, le malheureux
voyait la mort s’avancer à grands
pas vers lui.
Mais en route, l’Emir rencontra
des connaissances qui, les larmes
aux yeux, l’informèrent que ses
trois frères et cinq fils qui se bat
taient parmi ses troupes étaient
au Paradis où ils recevaient la ré-
compense des martyrs. Abou Sei-
fen se résigna aux décrets du
Tout-Puissant et recueillant tout ce
qui lui restait d’énergie et de force
arriva jusqu’à Omdourman, sa
ville natale.
Mais la douleur de perdre ceux
qu’il chérissait, le désespoir de ne
pouvoir venger sa patrie qu’il ai-
mait et la faim qui lui torturait les
entrailles l’abattirent. Il expira en
invoquant les bénédictions du
Très-Haut sur l’Auguste Calife de
l’Islam, Souverain de la vallée du
Nil. Des gens de bien eii eurent
pitié et l’enterrèrent près des siens
en priant pour le repos de son
âme.
Que notre poète arabe eut rai-
son de dire : « Nous vivons dans
une époque si pleine de tristesse,
«le souffrance et d’humiliation qu’il



bïée de douleur. Teins d’indigo ce
qui te reste de mosquées, de mina-
rets et de maisons et que tes en-
fants renoncent au vert, au rouge,,
au jaune, au blanc et ne se drapent
que de noir. Tant que le Soudan
gémit sous la domination an-
glaise, ses tils et ses filles doivent
porter le deuil. Le coup affreux
qui a frappé notre malheureux
pays a retenti jusqu’à Stamboul et
le mont Mokatam s’est écroulé.
Peut-on survivre à la chute de
Khartoum et d’Omdourman? Ce
malheur nous fait, héias ! oublier
tous les autres. En quoi avons-
nous péché pour mériter de si durs
châtiments ? Aie pitié de nous,
Dieu clément et miséricordieux, et
délivre tes fidèles croyants des
griffés de leurs rouges envahis-
seurs : ce fut pour briser leur joug
infâme et pour les chasser de la
terre vénérée d’Egypte que nous
avons pris les armes. G’est en son

I
L’Emir Abou Seifen (seul).
Salut, Omdourman, Ville sainte!
hier couronnée de gloire et rayon-
nante de joie, aujourd’hui courbée
sous le joug britannique et acca-

faut plaindre ceux qui demeurent
dans eette vallée de pleurs et en-
vier ceux qui la quittent ».
Puisse la fin malheureuse de ce
héros , t’inspirer , ô vénérable
Cheikh Abou Naddara, un touchant
poème et un dessin émouvant.
Que Dieu te protège, ô vaillant
défenseur de l’Islam! Amen.
Al Guendi.
Que nos lecteurs d’Orient et
d’Occident nous accordent toute
leur indulgence pour la scène et le
dessin que nous consacrons au fait
relaté par notre correspondant par-
ticulier du Soudan égyptien.
A. N.


nom que nous déclarons la guerre
aux Anglais, en ton nom sacré, ô
Dieu des Grands Califes de l’Is-
lam, de ces Califes Augustes qui,
en conquérant cette vallée du Nil,
l’ont éclairée par les rayons de Ta
foi et guidée dans le sentier de la
rectitude par les maximes divines
du Coran.
A la première campagne, ô Tout
Puissant Monarque des Cieux et
des Mondes, tu nous a accordé la
victoire sur nos ennemis. O beau
et resplendissant souvenir de cette
époque glorieuse, reviens à ma
mémoire ! Oui, oui ! Je revois nos
Emirs intrépides à la bataille d’O-
beid où dix mille Anglais avec le
général Hiks et son Etat-Major
mordirent la poussière ! Au cri
d’« 11 n’y a d’autre Dieu qu’Allah »
nos chefs triomphants comtem-
plaient le camp couvert de corps
ennemis, et ravis de joie, ils of-
fraient des actions de grâces à Al-
lah, Dieu des armées. Ah! ce ne fut
pas seulement le général Hiks et
ses troupes qui tombèrent sous le
pointe acérée de nos lances meur-
trières, d’autres armées anglaises
furent défaites par nous. Plus de
trente mille de ces rouges démons
furent expédiés au royaume du feu
éternel, où les tyrans, les envahis-
seurs sont condamnés à subir les _.
tourments les plus atroces et les =
plus horribles à cause de leurs ini-
quités sur la terre. Nous avons
chassé du Soudan ces hordes bar-
bares et nous espérions que nos
frères d’Egypte allaient suivre
notre exemple et purger leur .£
chère patrie de ces sauterelles V
rouges qui l’ont profanée. Mais g.
quelle honte ! Les Egyptiens que
nous voulions sauver de la tyran- “
nie britannique se joignirent à ~
notre ennemi commun et vinrent
nous battre ! Insensés ! Ils expo-
saient leurs poitrines à nos lances .g
et servaient ainsi de boucliers aux g
Anglais qui joyeusement contem- «'>
plaient de loin ces combats fratri- -S
cldes. 5
II S
Le Fellah et Abou Seifen. ?
Le Fellah (qui entendit les der- g
nier es paroles d’Abou Seifen faccoste f
•et lui dit). Tes reproches sont jus-
tes ; pourtant, si tu connaissais la
vérité, tu plaindrais mes frères w
d’Egypte au lieu de les blâmer.
Les malheureux avaient derrière
eux les machines infernales des

PARIS. IMF. G. LEFEBVRE, 5 £7.RUE CLAUDE VELLEFACX,

Le Gérant, G. I.EFEnvrtE

T. S. V. P.
 
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