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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1904

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Issue 3 (03.1904)
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https://doi.org/10.11588/diglit.56680#0008
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JOURNAL ORIENTAL ILLUSTRÉ

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N* 3. — MARS 1904


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Directeur et Rédacteur en chef :
Le CheiU J. SÀ1TOA ABOUIADBARA
48, rue Rieber, PARIS

Abonnements : 1 an. . fr. 40 »
Avec suppléments et
album annuel . . . . fr. 15 »


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"L'Abou Naddara", "VAttawadod" et ••VAlmonseJ" réunis. — Penr traies ceuuiotieu et dénudés, s'adresser ai Directeur di Joins!


LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE
Et le Fellah, le paisible paysan égyptien, parle à ses compatriotes et leur dit :
« Grâce aux lunettes magiques de notre vénérable Cheikh Abou Naddara, je vois ce qui se passa avant les hostilités et ce qui a lieu pendant
la guerre. Je vois John Bull et sa mère, la perlide Albion, cause du soulèvement du Japon contre la formidable Russie et j’entends même
leurs paroles hypocrites ». Les voici : je vous les répète fidèlement.

Avant les hostilités

Pendant la guerre

John Bull (au Russe). — Patience, mon bon ami. Ne te laisse pas
émouvoir par les provocations du Japon. Tu sais que je suis le plus fi-
dèle ami de la paix et que mon grand désir est d’éviter toute menace de
guerre.
Albion 'tout bas à John Bull) — Mais tu oublies que notre politique
a toujours consisté â jeter la zizanie et la discorde parmi les autres
nations.
John Bull (au Japonais). — Allons, cher ami, le moment est venu :
grâce à moi tu as d’excellents bateaux et des marins bien exercés. Ne
crains rien : tape fort sur les Russes qui croient encore à la paix. Je te
soutiendrai secrètement et ma caisse te sera toujours ouverte. Tu peux
y puiser.
Albion (à part). — A la bonne heure ! Je te comprends maintenant,
mon cher John Bull. Tu excites les Japonais contre le colosse russe ; tout
cela fera nos affaires. C’est toujours moi qui aurai le dernier mot...
J’aurai un port en Corée, et des concessions au Japon.

Albion (à l’Européen). — Je suis .neutre — tu es neutre — nous
sommes neutres. Vive la neutralité! Faisons tous nos efforts pour lo-
caliser ce conflit et laissons ces Japonais et ces Russes se débrouiller
tout seuls. Cela ne nous regarde pas.
John Bull (à Albion). — Mais tu oublies que c’est toi qui as surexcité
le Japon : tu as signé avec lui un traité d’alliance qui a exalté son am-
bition en Extrême-Orient.
Albion (à VAnglais). — Toi, mon fils, profite de l’occasion. Voilà la
guerre allumée. Tout cela nécessitera des canons, des torpilleurs, des
croiseurs, des draps de troupes, des approvisionnements. Laisse donc
les autres échanger des horions et occupe-toi de leur vendre ce dont ils
ont besoin.
John Bull (à Alb'on). — Bravo, vieille mère! Je reconnais bien ton
astuce... Uule Britania I et vivent les affaires!... les affaires britanni-
ques, bien entendu ! Aux autres la gloire. — A nous les livres sterling !
et puisse cela durer longtemps !

Le Fellah ôta alors les lunettes magiques du Cheikh Abou Naddara, invoqua sur leur vénérable maître les bénédictions célestes et, s’adressant
à ses chers compatriotes, leur parla et dit :
« Que pensez-vous de l’hypocrisie de John Bull et de sa mère Albion ? Leurs sentiments égoïstes et méchants vous ont certes indignés. Mais,
louange à Dieu, si ces deux êtres, qui personnifient le Gouvernement britannique, sont avides et rapaces, la nation anglaise renferme dans son sein
des hommes de cœur qui détestent la guerre et n’aiment que la paix ; ils suivent le bon exemple de leur Roi Edouard qui condamne les agissements
despotiques de ses ministres. N’est-ce pas lui qui mit fin à la guerre scélérate du sud de l’Afrique ? Il doit frémir, ce Souverain, ami de la paix et
de la justice, en voyant les émissaires de son gouvernement soulever le Japon contre la Russie et allumer cette guerre qui fait couler tant de
> sang innocent et verser tant de larmes amères. Mais John Bull et sa mère Albion se moquent des Anglais honnêtes et se réjouissent en voyant
périr des Russes et des Japonais. — autant d’ennemis de moins, - des cuirassés sauter, — autant de navires à vendre — et des forts et des
arsenaux détruits, autant de canons et de fusils à acheter dans leurs fabriques.
« Quant à nous, ô mes frères, cette guerre que nous déplorons, ne nous touche pas. Les États Ottomans sont en paix et la formidable armée
v Impériale a montré au monde qu’elle sait rétablir l’ordre dans son pays.
« Soyons humains et souhaitons la paix à tous ceux qui suivent le sentier de la rectitude. »
Ainsi termine le Fellah son discours à ses frères d’Egypte. Abou Naddara.

Conférences et Discours du Cheikh Abou Naddara
( I,r, a*, 3e BT 4' DEPUIS JANVIER 1904)
Ces quatre discours, le Cheikh les a fais les deux mois derniers aux
banquets de « Paris-Province », de 1’ « Athenèe de France », de 1’ « Indé-
pendance Belge » et des Bugophiles. Il a fait l’éloge des nations orientales
et occidentales qui aiment l’humanité, la paix et le progrès; et il ÿ. porté

des toasts en vers, que nous publierons dans notre prochain numéro, aux
ententes cordiales fi anco-ottomane, franco-italienne et franco-belge,
à la paix et à la fraternité des peuples, à la grâce, à l’esprit et à la
beauté de la femme, et à la mémoire de l’immortel Victor Hugo. Comme
toujours, les convives charmants de ces quatre somptueux banquets ont
applaudi le Cheikh et ses confrères parisiens l’ont complimenté de son
amour pour la France, sa seconde patrie. La Rédaction.

PARIS. IMP.B. LEFEBVRE. 5 A 7,EUE CLAUDE VELLEFAUX.

Tirage justifié : 15.000. — Le Gérant : G. Lbpkhvke.

T. S. V. B
 
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