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Le Journal d'Abou Naddara = Abū Naẓẓāra = The Man with the Glasses = garīdat abī naẓẓāra = The Journal of the Man with the Glasses = Journal Oriental Illustré — Paris, 1909

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Issue 6 (11.1909)
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https://doi.org/10.11588/diglit.56685#0022
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« Dieu n’enlèvera rien du bien-être qu’il a accordé aux hommes tant
qu’ils ne changeront pas de conduite ». (Verset 12, chap. XIII, Koran).
Cependant FEmpire a la garantie de cette promesse :
« Que 116semaintiennent-ils dans le droit chemin! Nous les abreu-
verons d’une eau abondante ! > (Verset 16, chap. LXXII. Koran).
Sous le régime précédent, le gouvernement a porté la désorgani-
srtion dans toutes les institutions du pays, y compris les plus petites ;
il a mis la confusion dans l’administration et le désordre dans la justice ;
la tyrannie et le caprice ont eu le pas sur tout. Il arriva que le peuple
eut en haine le gouvernement et les divers éléments du peuple s’attri-
buèrent les uns aux autres la responsabilité de cette mauvaise gestion
gouvernementale. Ils devenaient ennemis et se haïssaient les uns les
autres ; les amis du dehors nous devenaient hostiles, et nous affligeaient
chaque jour davantage.
Pendant que le pays volait ainsi d’une aile rapide vers les précipices
de l’abîme, à cette heure difficile, les héros et les vaillants, ennemis de la
tyrannie et défenseurs du droit du peuple, qui se tenaient cachés sous
la protection divine, se dressèrent au grand jour contre les tyrans et
leur crièrent hautement : « Allah Ekber I » (Dieu est le plus grand). Ils
élevaient comme un étendard cette parole :
« O croyants ! si vous assistez Dieu dans ces guerres contre les
méchants, Lui vous assistera aussi et il affirmera vos pas ». (Verset 8,
chap. XLVII. Koran).
Ces héros ont ainsi arraché le pays aux dangers auxquels il était
exposé, et ils ont rendu libre le peuple qui souffrait de la tyrannie et de
l’injustice et qui croupissait dans le plus humiliant esclavage. Comment
ne l’auraient-ils pas fait, puisqu’ils avaient entendu la voix divine qui
leur disait d’avance :
« Nous avons remporté pour toi une victoire éclatante ». (Verset i,
chap. XLVIII, Koran).
Que Dieu récompense leurs efforts!
L’acte de ces héros apportait témoignage au message que nous avons
eu du véritable Messager (Mahomet) :
« Mon peuple ne sera pas unanime à s’égarer du droit chemin ».
La prophétie était réalisée une fois de plus.
Louange à Dieu en l’honneur de la religion musulmane !
Après cette glorieuse victoire, le peuple ottoman avait voulu, confor-
mément à la parole du Koran : « Dieu a pardonné ce qui est passé.»,
rayer d’ùn trait les pages sombres des méchants pour effacer et annuler
leurs crimes passés et suivre ainsi la voix indiquée par F Apôtre : « Le
pardon est Faumône de la victoire ». Mais cette loyale conduite des
vainqueurs rendit les bandits plus audacieux, comme il est dit dans le
Koran :
« Et certes celui que Dieu voudra égarer n’aura plus de guide ». (Ver-
set 33, chap. XIIL Koran).
Ils ne pouvaient s’empêcher de manifester la méchanceté innée de
leur nature hypocrite, ils travaillaient obstinément à mettre le pays en
désordre, si bien qu’à là fin ils y ont réussi. Ils ont jeté FEmpire dans
un danger plus grave encore que les précédents.
Mais les héros qui avaient fait serment sur le Livre Saint de défendre,
même au péril de leur vie, l’application de la loi divine et de la tradition
simple de F Apôtre, dans la Constitution et dans la liberté, prirent tout
de suite les armes et se mirent sous la direction des vaillants chefs
militaires. C’est ainsi que le 2e et le 3e corps d’armée ont immédiatement
quitté leurs quartiers, et, avec la vitesse de l’éclair, ils sont entrés
dans l’auguste capitale, siège du kalifat. Le monde entier a admiré le
rapide triomphe de ces héros qui ont écrasé ceux qui ont tenté de faire
quelque résistance. Ils ont pris des mesures si sages pour sauver le pays,
des dangers extérieurs et assurer le maintien de la Constitution, qu’on
doit les considérer comme de nouveaux fondateurs de notre ancien
Empire.
Les méchants, égarés du droit chemin, ainsi décrits dans le Koran :
« Voici quelle sera la récompense de ceux qui font la guerre à Dieu et
à son Envoyé et qui emploient toutes leur force à commettre des
troubles sur la terre ». (Verset 3j, chap. V. Koran).
ont eu le châtiment qu’ils méritaient.
« Qu’ils soient tués ou pendus, ou qu’ils soient chassés de leur pays
et exilés. » (Verset 3?, chap. V. Koran).
Sous l’ombre protectrice des drapeaux victorieux de Farinée de marche,
les élus de la Nation se sont réunis en assemblée nationale. Ils ont
délibéré en pleine liberté, sans aucune contrainte. Ils sont tombés
d’accord sur l’application à faire de la loi koranique à la situation
F résente. Les savants ulémas ont estimé nécessaire la déchéance de
ancien Sultan : alors le Gheik-ul-ïslam a rendu la sentence de déché-
ance.
Ainsi notre actuel souverain, Mohamed V, monta sur le trône du
kalifat, conformément à la volonté unanime de son peuple.
C’est de cette manière que le consentement réciproque du peuple et du
chef de l’Etat, voulu par la loi koranique, oubliée et abandonnée
pendant de si nombreuses années, était cette fois observé.
« Gloire à Dieu qui nous a conduits en ces Ijeux! Certes nous nous
serions égarés, si Dieu ne nous avait pas conduits ». (Verset Zji, chap. VII.
Koran).
Les actes de tyrannie et d’injustice du règne précédent sont si innom-
brables que nous remercions Dieu de nous en avoir délivrés et nous nous
dispensons de les décrire.
Le règne actuel est, par la grâce de Dieu, un règne de beauté et de
bonté.. Il commence en rendant la vie à un grand principe de la loi
koranique. C’est une heureuse fortune pour son début.
La tranquillité et le bonheur ne sont possibles dans un pays que. si le
peuple se conforme et se soumet complètement aux lois de ce pays. Et
si ces lois ne garantissent pas l’Égalité absolue dans le peuple, le respect
et la soumission feront défaut, et par suite, la tranquillité et le bonheur
seront impossibles. Dans notre État ottoman, les lois judiciaires et

administratives s’appuyant sur une base aussi solide de la sagesse que
la loi koranique, l’égalité que Fon doit exiger est garantie.
Tant que les véridiques Messages : « Pour eux (les non musulmans) ce
qui est pour nous, sur eux ce qui est sur nous », éclateront d’une lumière
divine, la différence dans les croyances ne pourra être un obstacle à
l’égalité. D’après la loi koranique, à chaque obligation correspond un
droit; il serait tout a fait injuste de charger quelqu’un d’une obligation
et de le priver en même temps du droit correspondant.
Il est absolument nécessaire aux musulmans de croire que Dieu ne
saurait être injuste envers personne. Qui d’ailleurs pourrait imaginer que
la loi koranique puisse rétablir une législation injuste au point d’imposer
les charges à un individu et de lui enlever les droits?
Combien d’hommes, non musulmans, et même étrangers à l’Etat
musulman, ont fait partie du cercle des conseillers de notre glorieux
Apôtre! et combien de fois ne leur a-t-il pas demandé secours, pendant
qu’il faisait la guerre à ses ennemis. Ces choses ne sont-elles pas
inscrites dans l’histoire ?
Il est une chose que le Kôran juge nécessaire : c’est qu’il soit établi une
institution qui contrôle les affaires publiques, chez les musulmans, et
celà conformément à l’ordre clair de Dieu, qui dit :
« Qu’il se constitue parmi vous un corps qui dirigera le monde vers le
bonheur en ordonnant les actions bonnes et en interdisant les actions
mauvaises; les hommes qui agiront ainsi seront bien heureux. ®
(Verset r o, chap. III, Koran).
Comme il est évident que ces contrôleurs doivent être élus parle peuple
qui est la source de la souveraineté et qu’il faut pour le bien du pays
que les non-musulmans soient associés à ce contrôle et qu’ils soient
représentés dans l’Assemblée, nous en concluons nécessairement que la
Chambre des députés est l’application la plus exacte de la loi koranique
et le régime constitutionnel la plus haute illustration du kalifat.
Si rendre la justice et observer, sous les conditions de capacité, une
égalité parfaite parmi tous les éléments de FEmpire, sans distinction de
race ni de religion, sont des charges qui incombent au gouvernement,,
vivre en bons termes avec toutes les classes et toua les groupes de
citoyens et respecter absolument tous leurs, droits, sont des^ obligations
pour tous les citoyens en général. Mais le Koran en fait des obligations
particulières pour les musulmans.
Attendu que le Koran porte témoignage de l’affection des chrétiens-
pour les musulmans :
« Geuk qui sont le plus disposés à aimer les fidèles (musulmans) sont
les hommes qui se disent chrétiens ». (Verset83î, chap. V. Koran).
Attendu que le Koran assure le salut éternel aux chrétiens pieux ;
Attendu que. le Gode musulman reconnaît par des articles- précis
l’inviolabilité de la religion des chrétiens, de leurs vies et de leurs-
biens ;
Celui qui enfreindra ces principes commettra un crime et sera reconnu
çoupable et puni, et il sera châtié encore dans l’autre vie.
Le verset 21, chap. XXXIII du Koran :
« Vous avez dans F Apôtre de Dieu un excellent exemple pour vous et
tous ceux qui espèrent en Dieu et croient au Jour dernier, qui y pensent
souvent », invite les musulmans à suivre les traces de F Apôtre, lequel
fut envoyé expressément pour perfectionner la morale.
L’Apôtre insitste aussi par ces paroles :
« Accoutumez-vous à vous conduire comme le fait Dieu ». Alors que-
la justice et la clémence du Tout-Puissant embrassent toutes les créa-
tures sans aucune exception, si les musulmans traitaient leurs conci-
toyens non-musulmans avec dureté et insolence, ils se mettraient en-
révolte contre la volonté de Dieu et celle de F Apôtre.
Ceux qui se rendront coupables de cette révolte entreront dans la
catégorie décrite dans le verset .3?, chap. V du Koran, indiqué plus
haut.
Il faut enseigner au peuple et lui faire comprendre, par un langage qui
le persuade et l’émeuve, que ie gouvernement est formellement décidé
à châtier ceux qui se rendraient coupables de dureté envers les chrétiensr
et que le maximum de la peine leur sera appliqué; il faut lui enseigner
encore à vivre avec des sentiments de parfaite sociabilité.
Et il faut veiller sans cesse à ce que le peuple ne se laisse pas^ séduire
par les méchants.
LA CONSTITUTION OTTOMANE
SES HÉROS ET LEUR AUGUSTE SOÜVERA!»
Notre correspondant particulier de Contantinople nous ’*éjouit le
coeur en nous parlant élogieusement de la situation actuelle de l’empire:
ottoman :
« Tout va bien, nous dit-il. La sécurité n’a jamais été aussi parfaite.
Le bonheur et la prospérité régnent partout et les populations adorent
leur Souverain. La devise sublime de Liberté, Egalité, Fraternité et
Justice est aimée et vénérée par tous les ottomans sans distinction de
race et de culte. Tout le monde, pour trouver grâce aux yeux du Sul-
tan, veut s’instruire pour devenir utile à la> patrie. Notre gouverne-
ment impérial fait tous ses efforts en faveur au commerce, de L’indus-
trie et de l’agriculture, dont le développement fait le bien-être de la
nation. Quant à l’état de notre valeureuse armée, il n’a jamais été aussi
brillant. La dernière victoire sur les ennemis de la Constitution le
prouve. Elle a attiré à nos^ braves guerriers les vives sympathies et
Fadmiration sincère des grandes nations civilisées du monde entier.
» J'ai informé nos chers lecteurs et excellents" amis, de votre inten-
tion de publier une belle brochure en prose et en vers, à laquelle vous
alîez’donner comme titre : La Constitution Ottomane, ses Héros et leur
Auguste Souverain, qu’ils recevront comme cadeau du Nouvel An mu-
sulman et chrétien qui, cette année, ne seront séparés que par quel-
ques jours seulement. Ne perdez donc pas votre temps, cher Cheick,
car on attend ici cette brochure avec impatience,
> Agréez, etc. > A. S. >
 
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