DOI Heft:
Nr. 1 (1er Novembre 1903)
DOI Artikel:Les carrières de marbre Cipolin antique à Saillon (Valais), [1]
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.17192#0018
Les carrières de marbre Cipolin antique
à SAILLON (Valais)
I
Notice historique sur Saillon (i)
Saillon était jadis une citadelle importante
— Castellum Psallionis — qui, en temps de
guerre, servait de refuge aux gens de Fully,
Riddes, Saxon, etc. L'enceinte crénelée, bas-
tionnée de quatre tourelles, construite sur le
roc vif, qui après plus de neuf siècles fait
encore bonne figure, se prolongeait autrefois
jusqu'au Rhône qui coulait au bas du monti-
cule. La grande tour, dite tour de Bayard,
d'où l'œil embrasse un des plus beaux pano-
ramas des hautes Alpes,a des murs de quatre
mètres d'épaisseur, et fut construite au
\nie siècle par Pierre de Savoie, après sa
conquête du Valais. Ce l'ut à cette époque
([lie ce prince vaillant et chevaleresque agran-
dit Chillon, sa résidence favorite, en y ajou-
tant, entre autres, les souterrains immorta-
lisés par Bonivard etByron.
Les touristes de tous pays, qui en nombre
croissant d'année en année remontent cette
grandiose vallée du Rhône, n'apprendront pas
sans intérêt que Pierre de Savoie, surnommé
le petit Charlemagne, auquel appartenait
Saillon, était ai home sur les bords de la
Tamise aussi bien que sur ceux du Rhône et
du Léman. Il était l'oncle de la reine Eléo-
nore, fille du comte de Provence, épouse du
roi Henry III d'Angleterre, à la Cour duquel
il était en haute faveur. L'an 1241, ce roi lui
conféra de sa main, à Westminster Abbey,
l'ordre de la Jarretière, le créa pair du
royaume, comte de Richmond (Yorkshire) et
lui donna la garde de plusieurs châteaux,
entre autres celui de Douvres. Son palais
(Savoy Palace), construit en 1247 dans le
Strand, ne fut démoli qu'en 1800, lors de la
construction du pont de Waterloo; mais le
nom est resté aux bâtiments et rue auxquels
il a fait place (Savoy Hôtel, Savoy Theatre,
Savoy Street, etc.).
Saillon (Castellum Psallionis)
II
Les origines de l'exploitation
Le marbre Carystium (Cipolin) fut décou-
vert dans les carrières de Carystus, cité de
Caristo, montagne Oco (actuellement mont
Delphi). Polluce l'appela marbre d'Eubée,
car Caristo est dans l'ile d'Eubée, main-
tenant Negrepont, dans la mer Egée. Faus-
tin Corsi (Rome, 1825) dit que la qualité
la plus commune de l'ancien Cipolin était
décrite par Pline comme d'un vert clair strié
de veines ; une autre variété est le vert
foncé (1).
Les plus grandes colonnes qui furent faites
en Cipolin, à l'exception de celle plus impor-
tante du jardin de la Curia Innocenziana à
(1) Le Valois historique, par l'abbé B. Rameau. — Chillon,
par L. Vulliemin.
(1) Les deux échantillons dont parle Charles Oaruier y ont
trait.
à SAILLON (Valais)
I
Notice historique sur Saillon (i)
Saillon était jadis une citadelle importante
— Castellum Psallionis — qui, en temps de
guerre, servait de refuge aux gens de Fully,
Riddes, Saxon, etc. L'enceinte crénelée, bas-
tionnée de quatre tourelles, construite sur le
roc vif, qui après plus de neuf siècles fait
encore bonne figure, se prolongeait autrefois
jusqu'au Rhône qui coulait au bas du monti-
cule. La grande tour, dite tour de Bayard,
d'où l'œil embrasse un des plus beaux pano-
ramas des hautes Alpes,a des murs de quatre
mètres d'épaisseur, et fut construite au
\nie siècle par Pierre de Savoie, après sa
conquête du Valais. Ce l'ut à cette époque
([lie ce prince vaillant et chevaleresque agran-
dit Chillon, sa résidence favorite, en y ajou-
tant, entre autres, les souterrains immorta-
lisés par Bonivard etByron.
Les touristes de tous pays, qui en nombre
croissant d'année en année remontent cette
grandiose vallée du Rhône, n'apprendront pas
sans intérêt que Pierre de Savoie, surnommé
le petit Charlemagne, auquel appartenait
Saillon, était ai home sur les bords de la
Tamise aussi bien que sur ceux du Rhône et
du Léman. Il était l'oncle de la reine Eléo-
nore, fille du comte de Provence, épouse du
roi Henry III d'Angleterre, à la Cour duquel
il était en haute faveur. L'an 1241, ce roi lui
conféra de sa main, à Westminster Abbey,
l'ordre de la Jarretière, le créa pair du
royaume, comte de Richmond (Yorkshire) et
lui donna la garde de plusieurs châteaux,
entre autres celui de Douvres. Son palais
(Savoy Palace), construit en 1247 dans le
Strand, ne fut démoli qu'en 1800, lors de la
construction du pont de Waterloo; mais le
nom est resté aux bâtiments et rue auxquels
il a fait place (Savoy Hôtel, Savoy Theatre,
Savoy Street, etc.).
Saillon (Castellum Psallionis)
II
Les origines de l'exploitation
Le marbre Carystium (Cipolin) fut décou-
vert dans les carrières de Carystus, cité de
Caristo, montagne Oco (actuellement mont
Delphi). Polluce l'appela marbre d'Eubée,
car Caristo est dans l'ile d'Eubée, main-
tenant Negrepont, dans la mer Egée. Faus-
tin Corsi (Rome, 1825) dit que la qualité
la plus commune de l'ancien Cipolin était
décrite par Pline comme d'un vert clair strié
de veines ; une autre variété est le vert
foncé (1).
Les plus grandes colonnes qui furent faites
en Cipolin, à l'exception de celle plus impor-
tante du jardin de la Curia Innocenziana à
(1) Le Valois historique, par l'abbé B. Rameau. — Chillon,
par L. Vulliemin.
(1) Les deux échantillons dont parle Charles Oaruier y ont
trait.