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https://doi.org/10.11588/diglit.9034#0158
122
La Chine Illustr
e e
Dieu a voulu que comme je desirois
passionement de la voir, ce Pcre qui l'a-
voic, l'acorda facillement a mes priè-
res : en voyci le contenu. Les Apo-
stres s'estant diviles dans la Ville de
Jerufalem pour aller publier l'Evangile
dans toutes les parties de la terre habi-
table j l'histoire Ecclesiastiquenous a-
prent que l'Inde Orientale tomba en par-
tage à S. Thomas lequel suivit le che-
min que vous allés voir. Ce S. Apo-
stre après avoir parcouru & traversé
la Judée 3 la Syrie, l'Arménie, & la Me-
Jopotamie vint se rendre dans une cer-
taine ville de la Terfe, qu'on appelle
Soldaria , dans laquelle il convertit
beaucoup de monde par {a prédica-
tion ; il parla de là par lé royaume de
Candabar, & de Cabul qu'on nomme à
• presant Gdabor^ lequel est essoigné de
40 lieues de Candabar d'où le S. Apo-
stre sortit pour traverser les hautes
montaignes qu'il faut pasïèr pour iè
rendre dans la région, qui à porté jus
quapresènt, le nom de u^»-, que
Gcrtorjian les Mores appellent GaVorstan (c'est à
nation 11 , r r i «
chrestien- dire, pats ou région des InpaeUes, car
s^Tblmt'. C e^ ^e k ^acon °iu"d* nomment les
Qhrejliens, auxquels on donne encore le
surnom de Chreftiens de S. Thomas. La
nature a remfermé cette nation par
dési hautes, & de si inaccessibîes mon-
tagnes qu'a peine y peût-on aller j que
si quelque Sarrazin s'eiaye de iurmon-
ter quelquefois tous ces obstacles, &
pane dans leur contrée, aussi tost il est
mis à mort, par un esfet de la haine ir-
réconciliable , & de T aversion extrê-
me qu'ils ont pour cette perfide sec*te
Ils en permettent neantmoins l'entrée
aux gentils ; quoyque ce peuple pra-
tique plusieurs sermonies, & plusieurs
coustumes différentes de leur religion ;
Et quoyqu'ils ayent acoûtume de
marquer sur le front de leurs enfans u-
ne triple Croix de couleur de sèntal,
qui est un bois rouge, comme aussi de
les laver dans de leau, avec plusieurs
autres saintes coutumes, il est neant-
moins arrivé par succession de temps
que l'Eglisè demeurant privée d'hom-
mes Apostoliques, & n'y restant plus
que quelques petites marques de la
religion Chrcstienne, l'erreur, & l'ido-
lâtrie des autres nations gentilles a in-
fecté celle-cy , & la enfin presquc
toutafait pervertie ; ce que le Pere Ni-
colas Trkautius confirme dans le livre N'eo1^
qu'il a fait du chemin de Nicolas G&és,
pour aller en Cathaie. Apres au ils su-
rent arrivés dans le petit bourg de Pafîàie,
ils recontrerent un certain Anachorette, qui
leur dit que la Ville des Çbreftiens qu'on
appelle Caphurstam, eïloit efloignée de
30 lieues delà ; qu'il nejloit aucunement per*
mis aux Sarrasins d'y aller , s'ils ne "Vou*
loient aïoir la tejle coupée j qu'on n'empe*
[choit pas neantmoins que le s Marchands In*
fidelles n entraient dans les Filles ; pourvu
que ce ne fut pas dans les temples, dans
lefquels les habitans mefme du pais rio*
seroient entrer, s'ils riy sont attirés ; &
que le terroir essoit très sertille, particullie*
rement en raisms. Après avoir entendu ce
récit, il ne douta plus que cette ville ne
fût la demeure de certains Chrestiens ;
quoyquïls fussènt obièrvateurs de
mille superstitions, & que c'estoit
fort conforme à ce qu'on luy avoit ra-
conté autrefois 5 ce qui est tellement
reconneu de tous les Prédicateurs
Euangeliques du Royaume de Mo-
gule, quepersonne n'en sçauroitplus
maintenant d'outer; On les appel-
loit en ce temps là, les Chrestiens
de S. Thomas , & peût-estre qu'ils se
seroient unis avec les vrays fidelles,
si la disètte des ouvriers de l'Euan-
gile n'en avoit pas empêché le
coup.
Enfin l'on dit que S. Thomas passa Jjjjjji?.
de Qaphurflam à la Gusarate mineure qui
n'est pas beaucoup essoignée du roy-
aume de Casmir, que je vous ay desja
dit avoir traversé en trois jours dechc-
min 3 depuis Lahor jusques au Septen-
trion 5
La Chine Illustr
e e
Dieu a voulu que comme je desirois
passionement de la voir, ce Pcre qui l'a-
voic, l'acorda facillement a mes priè-
res : en voyci le contenu. Les Apo-
stres s'estant diviles dans la Ville de
Jerufalem pour aller publier l'Evangile
dans toutes les parties de la terre habi-
table j l'histoire Ecclesiastiquenous a-
prent que l'Inde Orientale tomba en par-
tage à S. Thomas lequel suivit le che-
min que vous allés voir. Ce S. Apo-
stre après avoir parcouru & traversé
la Judée 3 la Syrie, l'Arménie, & la Me-
Jopotamie vint se rendre dans une cer-
taine ville de la Terfe, qu'on appelle
Soldaria , dans laquelle il convertit
beaucoup de monde par {a prédica-
tion ; il parla de là par lé royaume de
Candabar, & de Cabul qu'on nomme à
• presant Gdabor^ lequel est essoigné de
40 lieues de Candabar d'où le S. Apo-
stre sortit pour traverser les hautes
montaignes qu'il faut pasïèr pour iè
rendre dans la région, qui à porté jus
quapresènt, le nom de u^»-, que
Gcrtorjian les Mores appellent GaVorstan (c'est à
nation 11 , r r i «
chrestien- dire, pats ou région des InpaeUes, car
s^Tblmt'. C e^ ^e k ^acon °iu"d* nomment les
Qhrejliens, auxquels on donne encore le
surnom de Chreftiens de S. Thomas. La
nature a remfermé cette nation par
dési hautes, & de si inaccessibîes mon-
tagnes qu'a peine y peût-on aller j que
si quelque Sarrazin s'eiaye de iurmon-
ter quelquefois tous ces obstacles, &
pane dans leur contrée, aussi tost il est
mis à mort, par un esfet de la haine ir-
réconciliable , & de T aversion extrê-
me qu'ils ont pour cette perfide sec*te
Ils en permettent neantmoins l'entrée
aux gentils ; quoyque ce peuple pra-
tique plusieurs sermonies, & plusieurs
coustumes différentes de leur religion ;
Et quoyqu'ils ayent acoûtume de
marquer sur le front de leurs enfans u-
ne triple Croix de couleur de sèntal,
qui est un bois rouge, comme aussi de
les laver dans de leau, avec plusieurs
autres saintes coutumes, il est neant-
moins arrivé par succession de temps
que l'Eglisè demeurant privée d'hom-
mes Apostoliques, & n'y restant plus
que quelques petites marques de la
religion Chrcstienne, l'erreur, & l'ido-
lâtrie des autres nations gentilles a in-
fecté celle-cy , & la enfin presquc
toutafait pervertie ; ce que le Pere Ni-
colas Trkautius confirme dans le livre N'eo1^
qu'il a fait du chemin de Nicolas G&és,
pour aller en Cathaie. Apres au ils su-
rent arrivés dans le petit bourg de Pafîàie,
ils recontrerent un certain Anachorette, qui
leur dit que la Ville des Çbreftiens qu'on
appelle Caphurstam, eïloit efloignée de
30 lieues delà ; qu'il nejloit aucunement per*
mis aux Sarrasins d'y aller , s'ils ne "Vou*
loient aïoir la tejle coupée j qu'on n'empe*
[choit pas neantmoins que le s Marchands In*
fidelles n entraient dans les Filles ; pourvu
que ce ne fut pas dans les temples, dans
lefquels les habitans mefme du pais rio*
seroient entrer, s'ils riy sont attirés ; &
que le terroir essoit très sertille, particullie*
rement en raisms. Après avoir entendu ce
récit, il ne douta plus que cette ville ne
fût la demeure de certains Chrestiens ;
quoyquïls fussènt obièrvateurs de
mille superstitions, & que c'estoit
fort conforme à ce qu'on luy avoit ra-
conté autrefois 5 ce qui est tellement
reconneu de tous les Prédicateurs
Euangeliques du Royaume de Mo-
gule, quepersonne n'en sçauroitplus
maintenant d'outer; On les appel-
loit en ce temps là, les Chrestiens
de S. Thomas , & peût-estre qu'ils se
seroient unis avec les vrays fidelles,
si la disètte des ouvriers de l'Euan-
gile n'en avoit pas empêché le
coup.
Enfin l'on dit que S. Thomas passa Jjjjjji?.
de Qaphurflam à la Gusarate mineure qui
n'est pas beaucoup essoignée du roy-
aume de Casmir, que je vous ay desja
dit avoir traversé en trois jours dechc-
min 3 depuis Lahor jusques au Septen-
trion 5