d
Athanase Kircherë.
25?
^ nids
5a,«s 0y.
Su'on
J'nge
,Par dé-
lice
Nature
5ser-
». de
et,
nids.
ej, 11 y a un certain trajet de mer
entre Tille de Hainan, & la Conchinchi-
ne, lequel est rempli d'un nombre in-
fini de rochers & descùeils, grands &
petits, qui sont cause que la mer ve-
nant à les batre de Tes ssots, cause un
si grand bruit, qu'elle fait frémir tou-
tes sortes de personnes, & donne de la
frayeur aux plus assurés. Vous sçau-
rcs donc qu'on voit en esté & dans
un certain temps que la nature a dis-
posé pour cet effet, un nombre pres-
quinfini d'oyséaux dont les unsressem-
blent à des petits moyneaux, & les
autres à des arondeles, lesquels sont
tous également inconnus ; pareequ'on
ne sçait pas d'où ils viennent. Ces oy-
seaux dis je (qui imitent les aronde-
les en ce qu'à leur exemple ils se plai-
sentsur la mer, & qu'ils bastissent leurs
nids au dedans de ces rochers avec
un artifice merveilleux & d une cer-
taine matière qu'on n'a jamais peu
connoistre jusques à present) n'ont
pas si tost esclos leurs petits, & passé
le temps qu'ils ont accoustumé de re-
sterdans ces lieux, que d'abord ils s en
volent ailleurs, & laissent leurs nids à
l'abandon, les exposant à la volonté
des nautonniersqui accourent en foule
dans ces lieux pour s'en s'aysir, &
en charger leurs navires ; afin de les
transporter ensuitte dans la Chine & dans
hjappon, où on les mange comme un
mets délicat, & qu'on estime digne de-
stre presèntê à un Roy. Ces nids sont
diaphanes comme nous le faisons voir
dans nostre bibliothèque de^ome, où
nous en avons trois qu'on montre à
tous ceux qui désirent d'en avoir la
veuë ; la couleur est un peu jaunastre,
la matière dont ils sont composes est si
fort aromathique , quelle donne un
goût admirable à toute sorte de mets ;
de façon que pour si peu qu'on en met-
te dans du poisfon ou de la viande, on
trouve que cela luy donne une saveur
merveilleuse. Quand à ce qui est de la
matière de ces nids, je disque cen'est
autre choie qu'une certaine substance
visqueuse qui vient de leur esthomach j
& pareequ'ils ont besoin d'une certaine
liqueur museilagineusè pour pouvoir
faire & attacher leurs nids aux rochers,
ils chargent leurs ailles Se remplirent
leurs becs de cette eseume que l'on voit
suries flots de la mer j pour enarrousèr
la matière & la mieux disposer ; afin
qu'elle tienne mieux dans les lieux
qu'ils ont choisi. Les Nautonniers nous
assurent qu'ils ont veu souventefois
que ces petits oyseaux sè chargeoient
de cette eleume, & se servoient de l'agi-
tation de leurs ailles qui en estoient
couvertes pour en arrouser leurs nids5
ou pour les fortifier contre les tempe*
stes Se les orages de la mer, qui ne re-
stoient pas bien souvant d'en abbatre
un grand nombre ,& de les exposeren
proye aux poissons qui s'en servent
comme d'une tres-bonne nourriture.
Voylaceque nos Pères m'ont racomté,
Se ce que nos Autheurs en ont eserit
comme le P. Daniel 'Bartele dans son
Histoire Chinoisè,composéeen Italien:
mais sur tout le P. Philippe Marin
dans son histoire de la Chine, où il dit
ce qui suit dans la feuille 42. Les pa-
rolles estoient Italienes ; mais je les ay
traduittes en françois pour obliger le
leâeur. Si nom Voulons quitter maintenant
les animaux qu'on appelle Cerrapour parler1
de toutes les fortes d'oyféaux, le quels je trou*
Vent en quantité dans le pats de Tonchin
qui regarde l Orient,nom trouverons qu'il y en
a d'une certaine ejfece femblable à des aron-
deles qui Volent aux environs des ports de
mer, & font leurs nids dans les rochers delà
Conchinchine. On dit que ces me [mes nids
font fe délicats au goût, & fe bons à manger
qu'on les Vend ajjes chèrementfie quoy Une faut
pM sefeonner ; puifque les fainsfont prefervês
de mal par cette nourriture, Fé que les ma-
lades recouvrent leur appétit,® leur famé a-
prés en avoir mangé. On n'a pa* peu defcouVrir
jufques à prefant de qu'elle matière ils sont
Ll 2
corn-
Athanase Kircherë.
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entre Tille de Hainan, & la Conchinchi-
ne, lequel est rempli d'un nombre in-
fini de rochers & descùeils, grands &
petits, qui sont cause que la mer ve-
nant à les batre de Tes ssots, cause un
si grand bruit, qu'elle fait frémir tou-
tes sortes de personnes, & donne de la
frayeur aux plus assurés. Vous sçau-
rcs donc qu'on voit en esté & dans
un certain temps que la nature a dis-
posé pour cet effet, un nombre pres-
quinfini d'oyséaux dont les unsressem-
blent à des petits moyneaux, & les
autres à des arondeles, lesquels sont
tous également inconnus ; pareequ'on
ne sçait pas d'où ils viennent. Ces oy-
seaux dis je (qui imitent les aronde-
les en ce qu'à leur exemple ils se plai-
sentsur la mer, & qu'ils bastissent leurs
nids au dedans de ces rochers avec
un artifice merveilleux & d une cer-
taine matière qu'on n'a jamais peu
connoistre jusques à present) n'ont
pas si tost esclos leurs petits, & passé
le temps qu'ils ont accoustumé de re-
sterdans ces lieux, que d'abord ils s en
volent ailleurs, & laissent leurs nids à
l'abandon, les exposant à la volonté
des nautonniersqui accourent en foule
dans ces lieux pour s'en s'aysir, &
en charger leurs navires ; afin de les
transporter ensuitte dans la Chine & dans
hjappon, où on les mange comme un
mets délicat, & qu'on estime digne de-
stre presèntê à un Roy. Ces nids sont
diaphanes comme nous le faisons voir
dans nostre bibliothèque de^ome, où
nous en avons trois qu'on montre à
tous ceux qui désirent d'en avoir la
veuë ; la couleur est un peu jaunastre,
la matière dont ils sont composes est si
fort aromathique , quelle donne un
goût admirable à toute sorte de mets ;
de façon que pour si peu qu'on en met-
te dans du poisfon ou de la viande, on
trouve que cela luy donne une saveur
merveilleuse. Quand à ce qui est de la
matière de ces nids, je disque cen'est
autre choie qu'une certaine substance
visqueuse qui vient de leur esthomach j
& pareequ'ils ont besoin d'une certaine
liqueur museilagineusè pour pouvoir
faire & attacher leurs nids aux rochers,
ils chargent leurs ailles Se remplirent
leurs becs de cette eseume que l'on voit
suries flots de la mer j pour enarrousèr
la matière & la mieux disposer ; afin
qu'elle tienne mieux dans les lieux
qu'ils ont choisi. Les Nautonniers nous
assurent qu'ils ont veu souventefois
que ces petits oyseaux sè chargeoient
de cette eleume, & se servoient de l'agi-
tation de leurs ailles qui en estoient
couvertes pour en arrouser leurs nids5
ou pour les fortifier contre les tempe*
stes Se les orages de la mer, qui ne re-
stoient pas bien souvant d'en abbatre
un grand nombre ,& de les exposeren
proye aux poissons qui s'en servent
comme d'une tres-bonne nourriture.
Voylaceque nos Pères m'ont racomté,
Se ce que nos Autheurs en ont eserit
comme le P. Daniel 'Bartele dans son
Histoire Chinoisè,composéeen Italien:
mais sur tout le P. Philippe Marin
dans son histoire de la Chine, où il dit
ce qui suit dans la feuille 42. Les pa-
rolles estoient Italienes ; mais je les ay
traduittes en françois pour obliger le
leâeur. Si nom Voulons quitter maintenant
les animaux qu'on appelle Cerrapour parler1
de toutes les fortes d'oyféaux, le quels je trou*
Vent en quantité dans le pats de Tonchin
qui regarde l Orient,nom trouverons qu'il y en
a d'une certaine ejfece femblable à des aron-
deles qui Volent aux environs des ports de
mer, & font leurs nids dans les rochers delà
Conchinchine. On dit que ces me [mes nids
font fe délicats au goût, & fe bons à manger
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pM sefeonner ; puifque les fainsfont prefervês
de mal par cette nourriture, Fé que les ma-
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jufques à prefant de qu'elle matière ils sont
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