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al- Munṣif: ǧarīda siyāsīya adabīya tiǧārīya — Paris, 1900

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https://doi.org/10.11588/diglit.62020#0004
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Deuxième Année.
FONDATEUR
Directeur et Rédacteur en Chef
J. SANUA ABOU NADDARA
6, Rue Geoffroy-Marie, PARIS

'lÆImonsrf h'^bou ^Hh^ra
ien Français, en Arabe, en Turc et en Persan.I
Toute communication et demande d'abonnement doivent être adressées au Directeur du Journal

N° 1. — 20 Février 1900

ABONNEMENTS :
Avec ie Journal d'Abou Nad-
dara et l'Attawadod i an. 26f »
Abonnement simple, i an. 15 »

A l'occasion de la haute distinction honorifique de l'lmtiaz en diamants que S. Exc. M. LOUBET, Président
de la République française, a reçue de S. M. I. le Sultan GHAZY ABD-UL-HAMID KHAN II.
(Dans notre prochain numéro, rnus décrirons la remise de cette grande décoration impériale par la Mission ottomane).

Chante, ô Muse, notre Sultan
Abd-ul-Hamid, le magnifique,
Et son cher ami, l'Eminent
Président de la République,
Mais chante-les en vers français.
Si tu veux avoir du succès.

— Il te faudrait, ô mon poète,
La Muse du chanteur du Cid
Pour célébrer Loubet l'honnête
Et l'admirable Abd-ul-Hamid.
Contente-toi donc de leur faire
A chacun un souhait,incère.

— Je souhaité paix et bonheur
Au grand Chef d'Etat de la France
De la Turquie, à l'Empereur,
Je souhaite long règne et chance.
Vivent Monarque et Président !
C'est là mon vœu le plus ardent.
Abou Naddara,

Un grand homme politique, littérateur éminent, a dit spirituellement ceci en lisant ces strophes : « La Muse du Cheikh Abou Naddara doit être Abou
d'inspiration pour conseiller au Cheikh d'invoquer le secours de la Muse à Corneille.

John Bull. — Ahi 1 mes oreilles !
Albion
mords.

Lâchez-le, ou je

L'EVACUATION AU MOIS PROCHAIN

Le Fellah. — Tu n'as plus de
dents.
Le Soudanais. — Le Boër te les
a cassées ma vieille.
Le Fellah. — Arrachons d'abord
ses oreilles d'âne, puis sa langue
de vipère qui sème la discorde.
Le Soudanais. — Il faut nous
venger de tout le mal qu'il nous
fait depuis dix-huit ans.
Albion. — Il ne vous fit que du
bien.
Le Fellah. — Drôle de bien. Il
occupe injustement notre pays ; il
nous vole; il nous arme les uns
contre les autres et envoie traî-
treusement nos soldats au Trans-
vaal, pour lui conquérir ce pays
libre dont il convoite les mines
d'or.
Le Soudanais. — Et il voudrait
nous y expédier aussi. Jamais.
Nous sommes résolus aujourd'hui
de rester dans nos foyers et de ne
prendre les armes que pour défen-
dre le Soudan contre la tyrannie
britannique; car nous ne l'avons
quis pour les Anglais,
le réunir à l'Egypte et

pas recon
mais pour le réunir à l'Egypi
rendre toute la Vallée du Nil à son
souverain légitime, l'Auguste Ca-
life qui règne à Stamboul.
Le Fellah. — Et nous réussi-
rons, car l'astre britannique tombe.
Regarde-le, ô John Bull. C'est le
démon qui l'attire dans l'abîme.
L'astre qu'un ange élève au ciel,
c'est le Français. C'est Dieu qui le
veut. Il bénit la France, amie de
l'Islam, et maudit l'Angleterre qui


opprime ses fidèles Croyants. L'une
réussit dans toutes ses entreprises,
l'autre échoue piteusement.
Albion (soupirant). — Oh, yes'
Tout va bien pour les Français,
que je déteste; tandis que pour
nous, tout va mal.
Le Soudanais. — Vous avez la
guigne. Depuis quatre mois, comme
au temps de notre pr

notre premier Mahdi,

vos guerriers mordent par milliers
la poussière dans l'Afrique du Sud.
John Bull. — Aidez-nous à
vaincre et nous vous rendrons
l'Egypte.
Albion. — Parole d'honneur.
Voyez, je m'en vais faire nos
malles. Le mois prochain, nous
évacuerons l'Egypte, (à part) D'ici
là, nous aurons peut-être remporté
des victoires sur les Boërs et alors
nous ne dicterons pas des lois
seulement aux peuples soumis,
mais aux Grandes Puissances eu-
ropéennes aussi.
Le Fellah.— C'est donc entendu
que l'évacuation aura lieu le mois
prochain. Mais si, comme tou-
jours, vous ne remplissez pas vos
engagements, vous verrez ce dont
sont capables les enfants de la
Vallée au Nil, pour briser le joug
infâme de la perfide Albion.
Abou Naddara.

A mes frères nilotiques:
Ne comptez pas sur la promesse
De cette perfide Albion.
Elle ment; elle ment sans cesse.
Jamais, l'évacuation
De l'Egypte par l'Angleterre
N'aura lieu que par le cimeterre.
A. N.

Chez le Cheik ABOU-NAD&RA
Nous avons demandé ce matin au vaillant patriote égyptien le
Cheikh Abou Naddara de bien vouloir nous dire ce qu'il pensait de la
situation actuelle en Egypte. Voici l'interview qu'il a donnée à un
de nos collaborateurs:
— Je ne vous cache pas que les correspondances que je reçois de
toutes parts de la vallée du Nil m'indiquent que les Egyptiens sont
beureux des revers des Anglais au Transvaal, et c'est très naturel quand
on songe que depuis dix-huit ans l'Angleterre occupe notre pays contre
le droit des gens.
Malheureusement, des révolutions telles qu'on se les figure en Europe
sont impossibles en ce moment. Des manifestations, des mutineries et
même des pronunciamentos sont probables, mais une révolte armée
contre l'autorité anglaise n'est pas possible et je vais vous en expli-
quer les raisons :
Les deux grandes villes égyptiennes sont Le Caire et Alexandrie, où
sont concentrés l'élite intellectuelle du pays et le parti national. De ces
deux centres se propagent les idées de liberté et les efforts pour
secouer le joug britannique, mais les habitants de ces deux villes ne
peuvent pas faire de révolution. A Alexandrie elle serait aussitôt répri-
mée par le bombardement des cuirassés anglais qui sont toujours an-
crés dans le port; au Caire, l'armée anglaise d'occupation tient la
citadelle qui domine la ville et peut la bombarder quartier par quar-
tier. En outre, l'armée égyptienne est presque complètement enca-
drée par des officiers anglais. Où des mutineries pourraient se pro-
duire, c'est au Soudan.
Jusqu'à présent l'état-major anglais a privilégié les soldats soudanais
au détriment des égyptiens, mais les soudanais connaissent la non-
valeur et l'incapacité des troupes anglaises, qu'ils ont pu juger à la
dernière campagne contre les derviches, et ils les apprécient mainte-
nant et sont bien près de faire cause commune avec les Egyptiens.
PARIS.IMP. G. LEFEBVRE. 5 & 7.RUE CLAUDE VELLEFAUX, Le Gérant, G. LEFEBVRE.

Au sujet de la guerre du Transvaal, l'inimitié s'est encore accentuée
lorsque les Anglais ont envoyé dans le sud de l'Afrique des soldats
égyptiens en les faisant passer par Souakim, sans les informer de l'en-
droit où ils étaient conduits.
Là est la cause des incidents qui se sont produits. Les Anglais ont
pu réprimer ce petit mouvement, mais bientôt il se renouvellera plus
formidablement. Aujourd'hui, il y a en Egypte une opinion nationale et
le pays, maintenant, ne ressemble en rien à celui du moment de l'inva-
sion. Nous avons des orateurs, des tribuns, qui s'élèvent contre la
domination inique de l'Angleterre.
Et le Cheikh Abou Naddara termine en déclarant que, si les Anglais
sont détestés en Egypte, on y aime, au contraire, beaucoup les
Français. {La Patrie, 10 février).
L'Egypte, province Ottomane.
Voici ce qu'a dit à ce sujet le Cheikh Abou-Naddara dans un de ses
trois discours, dont nous rendons compte plus loin:
« L'Angleterre a beau faire par ses viles intrigues, par ses noires
machinations et par ses menaces incessantes à nous détacher la Tur-
quie. La Vallée du Nil est et restera toujours une province de l'Empire
ottoman. Elle ne sera jamais annexée à la Grande-Bretagne. Nous ne
reconnaîtrons jamais d'autre souveraineté que celle de S. M. I. le Sultan
Abd-ul-Hamid Khan II, l'Auguste Calife de l'Islam, dont le nom béni
résonne dans toutes les mosquées de l'Egypte et du Soudan et dont le
glorieux étendard flotte majestueusement sur nos édifices. Les popula-
tions nilotiques croient que les défaites sanglantes que les armées
anglaises subissent dans l'Afrique du Sud sont de justes châtiments
que Dieu Tout Puissant leur inflige pour le mal qu'ils ont fait et conti-
nuent à faire aux Musulmans du monde entier. »
Abou Naddara.
T. S. V. P.
 
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