Le Fellah. — Très contents, et, je vous prie, mes chers amis, de
vous joindre à moi pour les acclamer et les applaudir. (Tous les trois
applaudissent chaleureusement.)
John Bull. — By Jove! C'est la première fois que vous nous
applaudissez.
Le Boër. — Et nous partageons votre satisfaction.
Albion. — Oh ! yes! ces trois ministres, surtout Chamberlain , nous
ont fait beaucoup de mal. Ils ont épuisé notre trésor et immolé plus de
cent cinquante mille de mes chers enfants sur l'autel de leurs convoitises
et de leurs ambitions. Leurs successeurs sont plus humains, plus hon-
nêtes et plus justes qu'eux.
Le Boër. — Si vous voulez que votre ministère prospère, conseillez-
lui l'accomplissement des promesses que les démissionnaires nous ont
faites en concluant la paix avec nous.
L'Indien. — Dites à vos ministres que s'ils veulent être aimés chez
nous, qu'ils soient plus justes, plus honnêtes et plus humains que leurs
prédécesseurs.
Le Fellah. — Et puisque la France, la Puissance amie de l'Orient,
est devenue presque l'alliée de l'Angleterre, que le gouvernement du
roi Edouard VII remplisse les engagements des ministres de la Reine
Victoria et retire les troupes de la Vallée du Nil. Nous invoquerons
alors les bénédictions du Très-Haut sur la Grande-Bretagne.
Albion. — Invoquez , d'abord!
John Bull. — Et lorsque Dieu exaucera, nous vous contenterons.
Abou Naddara.
L'ORIENT ET SES DIVERSES QUESTIONS
Les correspondants parisiens des journaux d'Italie et d'Allemagne
ont interwievé, le 17 et le 19 septembre, notre Directeur le Cheikh Abou
Naddara sur les diverses questions orientales. L'abondance des ma-
tières et la place restreinte dont nous disposons ne nous permettent
pas de reproduire in extenso ces interwieves ; nous en citerons donc
les principaux passages. ,
En parlant ae l'Egypte, sa patrie bien-aimée, dit M. d'Yverront, le
correspondant italien, le Cheikh est toujours ému, il soupiré profondé-
ment et, de temps en temps, essuie une larme.
« Pauvre Egypte! s'écrie Abou Naddara, les fils de la perfide Albion
l'occupent contre le droit des gens. Ils exploitent les populations et
s'enrichissent à leurs dépens. Ils se nourrissent de leur chair et s'enivrent
de leur sang. Sous prétexte de rétablir sur les brods du Nil l'ordre qa'üs
avaient troublé par leurs intrigues , ils se sont installés en maîtres chez
nous. Ils est vrai qu'ils ont solennellement promis d'évacuer le pays.
Mais le gouvernement britannique tient rarement ses promesses.
Ne croyez jamais que les enfants du Nil reconnaîtront un jour la domi-
nation anglaise. Notre pays est et sera le plus brillant joyau de la
couronne ottomane Notre Souverain national est le Sultan, l'Auguste
Khalife de l'jslam. Nous ne désespérons pas de la clémence et de la
miséricorde de Dieu. Il fortifiera notre bras et nous aidera à arracher
la Vallée du Nil des griffes du Léopard britannique. Certes les Anglais
ont embelli le pays pour en jouir. Ils ont amélioré le commerce et
l'agriculture pour s'enrichir; mais l'Egyptien et le Soudanais n'en pro-
fitent pas, ils travaillent pour nos envahisseurs comme l'esclave travaille
pour son maître. Vour ne lisez que les journaux de Londres, qui vous
montrent le Fellah nageant dans la prospérité. Faites-vous traduire
les journaux arabes du Caire et votre cœur sera touché de pitié pour
nous ».
En parlant des événements qui ruinent la Macédoine, le Cheikh
a dit, entre autres choses, ceci à M. Arthur Weiss, le correspondant
allemand :
< Que Dieu conserve à S. M. I. le Sultan l'amitié sincère de la France
et de l'Allemagne. Ces deux grandes Puissances respectent et font res-
pecter l'intégrité de l'Empire Ottoman et désirent ardemment de voir
cesser les troubles qui ruinent les vilayets infestés par les bandes révo-
lutionnaires. Les insurgés s'aperçoivent, trop tard, hélas! que ceux
qui les ont soulevés contre leur Souverain ne l'ont pas fait pour les
rendre indépendants, mais pour les dominer en s'annexant leur terri-
toire. Et pourtant S. M. I. le Sultan leur avait accordé toutes les
réformes sollicitées. La Macédoine pleure aujourd'hui ses fils morts pour
une cause injuste et se désole en voyant ses demeures en proie aux
flammes. La Russie proteste de son innocence et l'Angleterre se montre
affligée des horreurs commises par les insurgés. Croyons-les. Quant
aux troupes impériales, elles écrasent les rebelles et sortent victo-
rieuses; mais les mères et les veuves qui, des deux côtés, sont en deuil
de leurs fils et de leurs maris, qui les consolera? Que Dieu répande sur
elles la rosée de Ses célestes consolations et rende la paix aux pays
troublés.»
Questionné par l'intervieweur italien, sur l'attitude de l'Europe dans
cette affaire, le Cheikh a répondu :
« Ce qui se passe depuis quelques années, n'est que la seconde édition
des Croisades qui eurent heu il y a quelques siècles, avec la seule diffé-
rence que les premières étaient menées par de pieux chrétiens, qui
croyaient en Jésus-Christ et qui risquaient leur vie pour sauver
son saint sépulcre des mains des Musulmans; tandis que les Croisades
actuelles sont inspirées, encouragées et aidées par des hommes qui ne
croient ni en Dieu, ni en aucun de ses prophètes. Ils combattent l'Islam
avec l'espoir de le vaincre et de partager ses dépouilles. Quant à
l'Empereur des Ottomans, je vais vous prouver qu'il n'est ni cruel, ni
fanatique, mais ami de la paix et du progrès. S'il n'était pas l'ami de
la paix. Il aurait adhéré au désir du parti militaire turc qui voulait au
commencement des troubles, entrer en Bulgarie et dicter à Sofia les
conditions de la paix. Le Sultan n'est pas cruel, et ç'est à tort qu'on
lui attribue les massacres d'Arménie. Pourquoi exterminerait - il une
des races les plus intelligentes de son Empire? Les Arméniens otto-
mans sont de bons agriculteurs, des commerçant habiles et d'ex-
cellents financiers. Ils jouissent de la confiance de S. M. I. le
Sultan, tant il est vrai qu ils occupent les postes les plus importants
dans les ministères. Les ministres de la Listé Civile, sont presque
toujours Arméniens. Je vous ai donc démontré que le Souverain
Ottoman n'est ni l'ennemi de la paix, ni un monarque cruel; il n'est
pas non plus fanatique; car II est le successeur de Mahomet, le
Prophète de l'Islam, dont la religion est tellement morale et humain
taire. Permettez-moi de vous citer quelques versets du Coran, le livre
saint de l'Islamisme et vous aurez meilleure opinion du prophète
Mahomet et du Sultan qui est son successeur:
« Certes, ceux qui croient (les musulmans), ceux qui suivent la
religion juive et les chrétiens et les sabéens, en un mot quiconque
croit en Dieu et au jour dernier, et qui aura fait le bien; tous ceux-li
recevront leur récompense de leur Seigneur, etc. (Coran, chap. t
verset 5g.)
« Le mal et le bien ne sauraient marcher de pair. Rends le bien poux
le mal et tu verras ton ennemi se changer en protecteur et ami
(Coran, chap. 41, verset 34.)
« Une parole honnête, le pardon des offenses, valent mieux qu'uni
aumône qui aura suivi la peine causée à celui qui le reçoit, Dieu ^
riche et clément. (Coran, chap. 2, verset 265.)
« Ils t'interrogeront comment il faut faire l'aumône. Dis-leur : il faul
secourir les parents, les proches, les orphelins, les pauvres, lu
voyageurs. Le bien que vous ferez sera connu de Dieu. (Coran
chap. 2, verset 211.)
« Si quelque infidèle te demande un asile, accorde-le lui afin qu'l
entende la parole de Dieu, puis fais-le reconduire en lieu sûr. (Coran
chap. g, verset 6.)
« Si quelqu'un de vos esclaves vous demande son affranchissement
donnez-le-lui, si vous l'en jugez digne. Donnez-lui un peu de ce biei
que Dieu vous accorde, etc. (Coran, chap. 24, verset 35.) »
J'espère, dit alors le Cheikh Abou Naddara au correspondant italien
que les quelques versets que je viens de vous citer vous démontrai
que le Coran est aussi tolérant, moral et humanitaire que l'Ancien 0
le Nouveau Téstaments. Le malheur est que parmi les chrétiens instruits
il n'y a en pas un sur cent mille qui ait lu le Coran, tandis que tous la
musulmans connaissent et vénèrent Moïse et Jésus, car tous les Maho
métans apprennent le Coran qui parle hautement de ces prophètes, ri
ceux qui ne savent pas lire écoutent avec recueillement le livre saint
de Mahomet. .
Il me reste maintenant à vous prouver que te Sultan est l'ami di
progrès.:
J'ai visité en 1891, par son ordre impérial, les écdles civiles et miy.
taires , et j'ai trouvé ce qu'on ne trouve dans aucun collège en Europe
des élèves des deux sexes parlant couramment plus de quatre langues
Ce n'est pas seulement dans sa capitale et dans les grandes villes^
Son Empire que Sa Majesté a fondé des écoles, mais dans les villages
aussi. Le Sultan remplit ainsi les préceptes du Prophète, qu'il repré
sente. Oui, le Prophète de l'Islam a dit: » Cherchez la science, mêmea
elle est en Chine ». Et la Chine à cette époque où les bateaux à vapeur
et les chemins de fer n'existaient pas, était considérée comme le bout à
monde. L'Islamisme n'ést pas l'adversaire, comme on le croit en Europe
de l'instruction puisque le Prophète a dit : « Acquérir la science estk
devoir de tout musulman ». Mahomet a même dit que les savant
étaient les héritiers des Prophètes. Ah! si les chrétiens connaissaienth
religion de Mahomet comme les musulmans connaissent celle du Chris;
que de sang serait épargné et que de cœurs battraient à l'unisson 1,
C'est par ses mots que le Cheikh Abou Naddara a clos ses entretien
avec les correspondants des journaux italiens et allemands.
La. Rédaction.
Conférences et discours du Cheikh Abou
(18e et 19° depuis janvier 1903).
Ces deux discours, le Cheikh les a prononcés à la veille de la fête &
S. M. I. le Sultan, le 3i août et à la matinée lyrique et artistique de h
patriotique Société présidée par M. Creutzer. Dans cette réunion, note
confrère, M. Ary-René d'Yvermont a fait une intéressante conférer
sur la femme musulmane en général, et, en particulier l'Ottomane, 0
il a prouvé, à la satisfaction, surtout de ses auditrices, que leurs sœun
orientales sont vertueuses, intelligentes et instruites. Quant au Cheikh
il avait célébré le patriotisme et la bravoure des fidèles sujets dr
Commandeur des Croyants.
ALA VIE COLONIALE
§ Le numéro de septembre de la Vie Coloniale commence : 1° Une série
d'articles sur les Emplois aux colonies; 2° des Renseignements et Con-
iseilk du général Galliéni sur Madagascar; 3° une Etude sur la Côte
d'Ivoire ; 4° une Etude sur les Mines d'or de la Guyane ; 5° l'Album
E. Gallois ; 6" l'Histoire anecdotique de la Colonisation, par Henri Cyril
Il donne, en outre, d'intéressants articles sur l'éléphant d'Afrique, pr
Paul Bourdarie, des renseignements, des notes pratiques sur nos cob
nies, la liste des emplois vacants aux colonies. Nombreuses photo
graphies, etc. A signaler aussi l'article: Les Empoisonneurs du Ton^
— Ce numéro, très important, est envoyé contre 5o centimes en timbre
poste adressés à M. Henri Cyral, directeur, 23, passage Legendre
Paris.<
A MON JEUNE AMI
Pourquoi donc le fils d'Orient
Est-il toujours plein d'espérance?
Parce qu'il est un vrai croyant
Qui met en Dieu sa confiance;
Mais celui qui ne croit en rien,
Vit comme âne et meurt comme chien.
Julien JOIGNEAÜX
Ce n'est pas le fervent déiste,
Dont l'âme adore le Seigneur,
Qui devient infâme anarchiste,
Mais c'est l'athée, homme sans cœur
Qui, pour boire et faire la noce,
Fait le crime le plus atroce.
Si vous aimez l'humanité,
Inspirez lui, de Dieu, la crainte
Qui donne la félicité,
Rend le cœur bon, l'âme sainte,
Tandis que le manque de Foi,
Ruine un peuple, détrône un roi.
Abou Naddara.
vous joindre à moi pour les acclamer et les applaudir. (Tous les trois
applaudissent chaleureusement.)
John Bull. — By Jove! C'est la première fois que vous nous
applaudissez.
Le Boër. — Et nous partageons votre satisfaction.
Albion. — Oh ! yes! ces trois ministres, surtout Chamberlain , nous
ont fait beaucoup de mal. Ils ont épuisé notre trésor et immolé plus de
cent cinquante mille de mes chers enfants sur l'autel de leurs convoitises
et de leurs ambitions. Leurs successeurs sont plus humains, plus hon-
nêtes et plus justes qu'eux.
Le Boër. — Si vous voulez que votre ministère prospère, conseillez-
lui l'accomplissement des promesses que les démissionnaires nous ont
faites en concluant la paix avec nous.
L'Indien. — Dites à vos ministres que s'ils veulent être aimés chez
nous, qu'ils soient plus justes, plus honnêtes et plus humains que leurs
prédécesseurs.
Le Fellah. — Et puisque la France, la Puissance amie de l'Orient,
est devenue presque l'alliée de l'Angleterre, que le gouvernement du
roi Edouard VII remplisse les engagements des ministres de la Reine
Victoria et retire les troupes de la Vallée du Nil. Nous invoquerons
alors les bénédictions du Très-Haut sur la Grande-Bretagne.
Albion. — Invoquez , d'abord!
John Bull. — Et lorsque Dieu exaucera, nous vous contenterons.
Abou Naddara.
L'ORIENT ET SES DIVERSES QUESTIONS
Les correspondants parisiens des journaux d'Italie et d'Allemagne
ont interwievé, le 17 et le 19 septembre, notre Directeur le Cheikh Abou
Naddara sur les diverses questions orientales. L'abondance des ma-
tières et la place restreinte dont nous disposons ne nous permettent
pas de reproduire in extenso ces interwieves ; nous en citerons donc
les principaux passages. ,
En parlant ae l'Egypte, sa patrie bien-aimée, dit M. d'Yverront, le
correspondant italien, le Cheikh est toujours ému, il soupiré profondé-
ment et, de temps en temps, essuie une larme.
« Pauvre Egypte! s'écrie Abou Naddara, les fils de la perfide Albion
l'occupent contre le droit des gens. Ils exploitent les populations et
s'enrichissent à leurs dépens. Ils se nourrissent de leur chair et s'enivrent
de leur sang. Sous prétexte de rétablir sur les brods du Nil l'ordre qa'üs
avaient troublé par leurs intrigues , ils se sont installés en maîtres chez
nous. Ils est vrai qu'ils ont solennellement promis d'évacuer le pays.
Mais le gouvernement britannique tient rarement ses promesses.
Ne croyez jamais que les enfants du Nil reconnaîtront un jour la domi-
nation anglaise. Notre pays est et sera le plus brillant joyau de la
couronne ottomane Notre Souverain national est le Sultan, l'Auguste
Khalife de l'jslam. Nous ne désespérons pas de la clémence et de la
miséricorde de Dieu. Il fortifiera notre bras et nous aidera à arracher
la Vallée du Nil des griffes du Léopard britannique. Certes les Anglais
ont embelli le pays pour en jouir. Ils ont amélioré le commerce et
l'agriculture pour s'enrichir; mais l'Egyptien et le Soudanais n'en pro-
fitent pas, ils travaillent pour nos envahisseurs comme l'esclave travaille
pour son maître. Vour ne lisez que les journaux de Londres, qui vous
montrent le Fellah nageant dans la prospérité. Faites-vous traduire
les journaux arabes du Caire et votre cœur sera touché de pitié pour
nous ».
En parlant des événements qui ruinent la Macédoine, le Cheikh
a dit, entre autres choses, ceci à M. Arthur Weiss, le correspondant
allemand :
< Que Dieu conserve à S. M. I. le Sultan l'amitié sincère de la France
et de l'Allemagne. Ces deux grandes Puissances respectent et font res-
pecter l'intégrité de l'Empire Ottoman et désirent ardemment de voir
cesser les troubles qui ruinent les vilayets infestés par les bandes révo-
lutionnaires. Les insurgés s'aperçoivent, trop tard, hélas! que ceux
qui les ont soulevés contre leur Souverain ne l'ont pas fait pour les
rendre indépendants, mais pour les dominer en s'annexant leur terri-
toire. Et pourtant S. M. I. le Sultan leur avait accordé toutes les
réformes sollicitées. La Macédoine pleure aujourd'hui ses fils morts pour
une cause injuste et se désole en voyant ses demeures en proie aux
flammes. La Russie proteste de son innocence et l'Angleterre se montre
affligée des horreurs commises par les insurgés. Croyons-les. Quant
aux troupes impériales, elles écrasent les rebelles et sortent victo-
rieuses; mais les mères et les veuves qui, des deux côtés, sont en deuil
de leurs fils et de leurs maris, qui les consolera? Que Dieu répande sur
elles la rosée de Ses célestes consolations et rende la paix aux pays
troublés.»
Questionné par l'intervieweur italien, sur l'attitude de l'Europe dans
cette affaire, le Cheikh a répondu :
« Ce qui se passe depuis quelques années, n'est que la seconde édition
des Croisades qui eurent heu il y a quelques siècles, avec la seule diffé-
rence que les premières étaient menées par de pieux chrétiens, qui
croyaient en Jésus-Christ et qui risquaient leur vie pour sauver
son saint sépulcre des mains des Musulmans; tandis que les Croisades
actuelles sont inspirées, encouragées et aidées par des hommes qui ne
croient ni en Dieu, ni en aucun de ses prophètes. Ils combattent l'Islam
avec l'espoir de le vaincre et de partager ses dépouilles. Quant à
l'Empereur des Ottomans, je vais vous prouver qu'il n'est ni cruel, ni
fanatique, mais ami de la paix et du progrès. S'il n'était pas l'ami de
la paix. Il aurait adhéré au désir du parti militaire turc qui voulait au
commencement des troubles, entrer en Bulgarie et dicter à Sofia les
conditions de la paix. Le Sultan n'est pas cruel, et ç'est à tort qu'on
lui attribue les massacres d'Arménie. Pourquoi exterminerait - il une
des races les plus intelligentes de son Empire? Les Arméniens otto-
mans sont de bons agriculteurs, des commerçant habiles et d'ex-
cellents financiers. Ils jouissent de la confiance de S. M. I. le
Sultan, tant il est vrai qu ils occupent les postes les plus importants
dans les ministères. Les ministres de la Listé Civile, sont presque
toujours Arméniens. Je vous ai donc démontré que le Souverain
Ottoman n'est ni l'ennemi de la paix, ni un monarque cruel; il n'est
pas non plus fanatique; car II est le successeur de Mahomet, le
Prophète de l'Islam, dont la religion est tellement morale et humain
taire. Permettez-moi de vous citer quelques versets du Coran, le livre
saint de l'Islamisme et vous aurez meilleure opinion du prophète
Mahomet et du Sultan qui est son successeur:
« Certes, ceux qui croient (les musulmans), ceux qui suivent la
religion juive et les chrétiens et les sabéens, en un mot quiconque
croit en Dieu et au jour dernier, et qui aura fait le bien; tous ceux-li
recevront leur récompense de leur Seigneur, etc. (Coran, chap. t
verset 5g.)
« Le mal et le bien ne sauraient marcher de pair. Rends le bien poux
le mal et tu verras ton ennemi se changer en protecteur et ami
(Coran, chap. 41, verset 34.)
« Une parole honnête, le pardon des offenses, valent mieux qu'uni
aumône qui aura suivi la peine causée à celui qui le reçoit, Dieu ^
riche et clément. (Coran, chap. 2, verset 265.)
« Ils t'interrogeront comment il faut faire l'aumône. Dis-leur : il faul
secourir les parents, les proches, les orphelins, les pauvres, lu
voyageurs. Le bien que vous ferez sera connu de Dieu. (Coran
chap. 2, verset 211.)
« Si quelque infidèle te demande un asile, accorde-le lui afin qu'l
entende la parole de Dieu, puis fais-le reconduire en lieu sûr. (Coran
chap. g, verset 6.)
« Si quelqu'un de vos esclaves vous demande son affranchissement
donnez-le-lui, si vous l'en jugez digne. Donnez-lui un peu de ce biei
que Dieu vous accorde, etc. (Coran, chap. 24, verset 35.) »
J'espère, dit alors le Cheikh Abou Naddara au correspondant italien
que les quelques versets que je viens de vous citer vous démontrai
que le Coran est aussi tolérant, moral et humanitaire que l'Ancien 0
le Nouveau Téstaments. Le malheur est que parmi les chrétiens instruits
il n'y a en pas un sur cent mille qui ait lu le Coran, tandis que tous la
musulmans connaissent et vénèrent Moïse et Jésus, car tous les Maho
métans apprennent le Coran qui parle hautement de ces prophètes, ri
ceux qui ne savent pas lire écoutent avec recueillement le livre saint
de Mahomet. .
Il me reste maintenant à vous prouver que te Sultan est l'ami di
progrès.:
J'ai visité en 1891, par son ordre impérial, les écdles civiles et miy.
taires , et j'ai trouvé ce qu'on ne trouve dans aucun collège en Europe
des élèves des deux sexes parlant couramment plus de quatre langues
Ce n'est pas seulement dans sa capitale et dans les grandes villes^
Son Empire que Sa Majesté a fondé des écoles, mais dans les villages
aussi. Le Sultan remplit ainsi les préceptes du Prophète, qu'il repré
sente. Oui, le Prophète de l'Islam a dit: » Cherchez la science, mêmea
elle est en Chine ». Et la Chine à cette époque où les bateaux à vapeur
et les chemins de fer n'existaient pas, était considérée comme le bout à
monde. L'Islamisme n'ést pas l'adversaire, comme on le croit en Europe
de l'instruction puisque le Prophète a dit : « Acquérir la science estk
devoir de tout musulman ». Mahomet a même dit que les savant
étaient les héritiers des Prophètes. Ah! si les chrétiens connaissaienth
religion de Mahomet comme les musulmans connaissent celle du Chris;
que de sang serait épargné et que de cœurs battraient à l'unisson 1,
C'est par ses mots que le Cheikh Abou Naddara a clos ses entretien
avec les correspondants des journaux italiens et allemands.
La. Rédaction.
Conférences et discours du Cheikh Abou
(18e et 19° depuis janvier 1903).
Ces deux discours, le Cheikh les a prononcés à la veille de la fête &
S. M. I. le Sultan, le 3i août et à la matinée lyrique et artistique de h
patriotique Société présidée par M. Creutzer. Dans cette réunion, note
confrère, M. Ary-René d'Yvermont a fait une intéressante conférer
sur la femme musulmane en général, et, en particulier l'Ottomane, 0
il a prouvé, à la satisfaction, surtout de ses auditrices, que leurs sœun
orientales sont vertueuses, intelligentes et instruites. Quant au Cheikh
il avait célébré le patriotisme et la bravoure des fidèles sujets dr
Commandeur des Croyants.
ALA VIE COLONIALE
§ Le numéro de septembre de la Vie Coloniale commence : 1° Une série
d'articles sur les Emplois aux colonies; 2° des Renseignements et Con-
iseilk du général Galliéni sur Madagascar; 3° une Etude sur la Côte
d'Ivoire ; 4° une Etude sur les Mines d'or de la Guyane ; 5° l'Album
E. Gallois ; 6" l'Histoire anecdotique de la Colonisation, par Henri Cyril
Il donne, en outre, d'intéressants articles sur l'éléphant d'Afrique, pr
Paul Bourdarie, des renseignements, des notes pratiques sur nos cob
nies, la liste des emplois vacants aux colonies. Nombreuses photo
graphies, etc. A signaler aussi l'article: Les Empoisonneurs du Ton^
— Ce numéro, très important, est envoyé contre 5o centimes en timbre
poste adressés à M. Henri Cyral, directeur, 23, passage Legendre
Paris.<
A MON JEUNE AMI
Pourquoi donc le fils d'Orient
Est-il toujours plein d'espérance?
Parce qu'il est un vrai croyant
Qui met en Dieu sa confiance;
Mais celui qui ne croit en rien,
Vit comme âne et meurt comme chien.
Julien JOIGNEAÜX
Ce n'est pas le fervent déiste,
Dont l'âme adore le Seigneur,
Qui devient infâme anarchiste,
Mais c'est l'athée, homme sans cœur
Qui, pour boire et faire la noce,
Fait le crime le plus atroce.
Si vous aimez l'humanité,
Inspirez lui, de Dieu, la crainte
Qui donne la félicité,
Rend le cœur bon, l'âme sainte,
Tandis que le manque de Foi,
Ruine un peuple, détrône un roi.
Abou Naddara.