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L' Univers musulman — Paris, 1908

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https://doi.org/10.11588/diglit.62030#0001
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L'UNIVERS MUSULMAN

nous trouvons très gentils ses enfants et la preuve c'est qu'ils
accordent au pays de l'Islam les plus belles places dans cette
Exposition incomparable où le génie des nations est admiré
et récompensé. Visitez notre section impériale ottomane,
ainsi que celle de l'Egypte et de la Syrie qui appartiennent
également à la Turquie, et demandez à tous les exposants/ce
qu'ils pensent de votre pays et de vos compatriotes ; vous
serez heureux d'entendre l'expression de nos vives sympa-
thies pour la France et ses enfants.
D'ailleurs, pour vous en convaincre, vous n'avez qu'à pren-
dre l'Express-Orient qui, en deux jours et trois nuits, vous
transporte à Constantinople, le siège du Khaliphat, que les
trois cent millions de musulmans qui habitent le monde ap-
pellent la demeure de la Seigneurie et de la Félicité. Dans
cette capitale de l'Empire ottoman, vous verrez le bien-être
de vos compatroites qui jouissent de la haute bienveillance
et de la sollicitude paternelle de notre Auguste Souverain.
Vous n'aurez pas besoin d'interprète. Dans les hôtels, dans
les restaurants, les cafés, brasseries et dans tous les maga-
sins, on vous parle français, les Turcs étant très polyglottes.
Visitez nos écoles civiles et militaires et vous trouverez pres-
que tous les élèves étudiants des deux sexes connaissant trois
langues européennes outre la leur, qui est ' arabe ou turque
ou grecque ou arménienne, car les écoles impériales sont fré-
quentées par les Ottomans de toutes les races et de tous les
cultes.
— Puisque vous citez les Arméniens, pourquoi les déteste-
t-on en Turquie ?
— N'écoutez donc pas les racontars de nos adversaires oui
ajoutent, sans craindre Dieu, deux zéros et quelquefois trois
au nombre des Arméniens tués dans les soulèvements,, et ou-
blient de mentionner le nombre égal de musulmans. Nous
aimons les Arméniens et l'Auguste Khaliphe de l'Islam les ai-
me également ; autrement, vous ne les verriez pas occupant
les hautes fonctions du gouvernement impérial. D'ailleurs,
pour vous prouver la grande confiance que le Sultan place en
eux, c'est que le ministre de la liste civile est toujours un
Arménien.
— - Je suis très content d'entendre cela. Votre Sultan n'est
donc pas méchant ni fanatique, ni ennemi du progrès, puis-
qu'il aime l'instruction et dote son pays de nombreuses éco-
les de garçons et filles. Et puis, vous m'assurez que les Fran-
çais sont bien vus à Constantinople.
— - Si vous doutez de mon dire, vous n'avez qu'à vous
adresser à votre éminent ambassadeur, M. Constans, qui
jouit de la grande estime de notre souverain, et il vous ré-
pondra, que l'auguste Khaliphe de l'Islam aime les chrétiens
en général et ceux qui résident dans ses Etats en particulier,
qu'il les traite avec justice et clémence. Le ~rand Abd-ul-
Hamid est magnanime et généreux, il travaille jour et nuit
pour le bonheur et la prospérité de son grand empire.
Rentrant chez moi, j'ai mis sur le papier ce que je viens de
citer de la conversation que j'avais eue avec cet aimable Otto-
man, qui devint mon ami pendant les deux années qu'il pas-
sa à Paris, et même après son départ. C'est à lui que je dois
la lecture du Koran, le livre saint de L'Islam, traduit en Fran-
çais par Casemirsky, et d'Al-Môstratraf, deux gros volumes
contenant des extraits instructifs et intéressants de savants,
de théologues et de poètes musulmans, rendus en élégante
prose.française par M. G.Rat, l'arabisan de Toulon si connu
dans le monde polyglotte.
J'ai vu alors que lé Koran n'est pas du tout fanatique ni
ennemi des autres religions, puisqu'il ne dit de mal hi de la
Bible ni de l'Evangile et considère comme prophètes Moïse
et Jésus. Il dit, de plus, que les chrétiens et les juifs oui
croient en Dieu et font le bien seront récompensés par le
Très-Haut le jour du jugement dernier.
Le Koran est tolérant, moral et humanitaire et n'est nas
du tout l'adversairé de l'instruction. Tolérant, puisque, com-
me je viens de le démontrer, il admet que tout homme cha-
ritable, même n'étant pas musulman, aura sa récompense
dans l'autre monde. Moral, il l'est, et son verset (Verset 34,
Chapitre XII) le prouve amplement, puisqu'il dit : « Le mal
et le bien ne sauraient marcher de pair. Rends le bien pour
le mal, et tu verras ton ennemi se changer en protecteur et
ami ». Peut-on mieux prêcher l'amour du prochain et le
pardon des offenses ?
D'ailleurs, le Koran est l'ennemi de la vengeance : il nous
montre que le Créateur ne nous a pas faits pour nous haïr

et pour nous disputer, mais pour nous aimer et nous en-
tendre et il le prouve dans le verset suivant (Verset 265, Cha-
pitre II) : « Une parole honnête, le pardon des offenses va-
lent mieux qu'une aumône qu'aura suivie la peine causée à
celui qui la reçoit. Dieu est riche et clément. »
Humanitaire, il l'est également, ainsi qu'on le voit dans le
verset qui suit (Verset 33, Chapitre XXIV) : « Si quelqu'un
de vos esclaves vous demande son affranchissement, donnez-
le lui, si vous l'en jugez digne. Donnez leur quelque peu de
ces biens que Dieu vous a accordés ». D'ailleurs, l'esclavage
est presque totalement aboli dans les pays musulmans.
L'Islam, ainsi crue je l'ai dit plus haut, .est ami^e l'instruc-
tion ; autrement, le Prophète Mahomet n'aurait pas dit :
« Les savants sont les héritiers du Prophète, ils sont -sur
terre, comme les autres au Ciel. Cherchez la science même
si elle était en Chine. Le savoir est le fils immortel de l'hom-
me ». Se basant sur ces principes, la religion ne peut être
que l'amie ardente de l'instruction. Voici pourquoi le Sul-
tan, qui est le successeur de Mahomet, encourage l'instruc-
tion dans ses Etats et augmente continuellement le nombre
des écoles dans son vaste empire.
Quant à la civilisation dans le pays ottoman, elle fait de
rapides progrès. Les finances, l'agriculture, le commerce et
l'industrie prospèrent et le chemin de fer du Hedjaz, qui
bientôt arrivera jusqu'à Médine, va faire de l'Arabie un pays
heureux et prospère.
Grâce à mon ami l'ottoman, qui m'envoie régulièrement
le Levant Herald, grand journal anglo-français de Constanti-
nople, lequel reproduit tout ce qu'il y a d'intéressant dans
les feuilles turques, je vois avec plaisir le progrès des Otto-
mans et les vives sympathies de leur Souverain pour les Eu-
ropéens. Le Sultan n'est pas seulement charitable envers ses
coréligionnaires, mais envers toutes les communautés de
Constantinople ; qu'elles soient catholiques, orthodoxes, ou
israélitès, elles reçoivent plusieurs fois par an des dons en
argent pour leurs pauvres, de la part de l'empereur des Otto-
mans.
Depuis que je m'intéresse aux Turcs, je lis toutes les rela-
tions des voyages de nos touristes français et j'interroge tous
ceux de mes amis qui ont eu la chance de visiter la Turquie
et je vois que nous devons, nous autres Français, être.recon-
naissants au Sultan et à son gouvernement de leurs sympa-
thies pour nous et de l'estime qu'ils ont pour notre éminent
ambassadeur.
E. Rocle.
--«^>4,-^^-
LA CONSTRUCTION DES MAISONS

Le Sabah voudrait que l'on montrât aux paysans la façon
dont ils doivent construire leurs maisons. Celles qu'ils élè-
vent acuellement ne diffèrent en rien, quant à la forme et
aux matériaux employés, de celles qu'édifiaient leurs ancê-
tres, il y a des siècles. Sauf quelques villages où il y a d'as-
sez belles maisons, dans d'autres les habitations sont tout à
fait rudimentaires, élevées en hâte avec des matériaux choi-
sis au hasard. Il y en a qui sont grossièrement bâties sur
des troncs d'arbres, les parois et la toiture couvertes de boue;
Des maisons construites dans de telles conditions ne peuvent
sans doute pas être solides.
Ce n'est pas crue les matériaux nécessaires manquent ; car
autour de ces villages on trouve et des pierres et de la chaux.
C'est l'habitude de ne rien changer à ce qui se fait depuis
des générations. Il faut donc vaincre la persistance des pay-
sans de faire ce qu'on faisait, il y a des siècles. On doit leur
donner des encouragements nécessaires et leur fournir des
modèles de maisons rurales. En outre, on doit veiller à la.
propreté et à la salubrité des villages, ménager dans chacun
d'eux une place plantée d'arbres, les percer de rues que l'on
aura soin de paver, couvrir les marais environnants, s'il en
existe.

Le Gérant : Elie Jacquet.

Limoges, Imp. Commerciale Perrette.
 
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