(IO)
nom d'Itaiica, de l'Italie leur patrie1. Appien, qui rapporte ce fait, se
Sert Cie 1 expression oùvoitiefé touç tpaujucmaç £ç TtoXiv, hv aiio twç ItaXiaç ItaXiKHv £K.a-
Xeoe; ce qui sembleroit indiquer qu'elle ne fut point bâtie à cette occa-
sion2, mais seulement choisie pour lieu de rassemblement, et qu'elle'
faisoit déjà partie de la Turditanie3, et d'une des provinces Carthagi-
noises4: une autre preuve plus convaincante de son existence anté-
rieure est le titre de Municipium, qu'elle conserva jusque sous le règne
d'Hadrien, et qui, lui donnant le droit d'être gouvernée par ses pro-
près citoyens, fait supposer qu'elle avoit déjà un gouvernement établi,
auquel les Romains^ ne trouvant rien à changer, ne crurent pas devoir
substituer l'organisation des colonies, comme à leurs autres conquêtes.
Il n'y avoit que huit villes municipales dans la Bétique, suivant Pline5;
et celle à'Italica conserva ce titre jusque sous le règne d'Hadrien, où
ses habitants, de plein gré, demandèrent à être fait colonie6: cette
(1) Appien, c. 38, p. 146; Tite-Live, 1. XXVIII.
(2) Parmi les historiens espagnols, plusieurs pré-
tendent que cette ville s'appeloit Sancios (Rodrigo-
Caro, pag. 102, cap. 12), mais sans aucune preuve.
Le roi don Alonzo le sage, dans son histoire, parle
à'Italien, comme d'un lieu fameux en Espagne, con-
quis par les Almunizes; nom singulier qui ne se
trouve dans aucun historien romain, et qui fut peut-
être donné aux premiers conquérants de l'Espagne
par ses anciens habitants. (C/ironica del rey don
Alonzo el sabio, lib. I, cap. 9, p. 5, et cap. i5.
(3) En grec TuçcîiTavtct. Strab. L. III, p. 375, c. 2.
(4) La Turditanie formoit la partie la plus consi-
dérable de la Bétique du temps de Strabon, c'est-à-
dire sous le règne d'Auguste : ce nom se trouvoit
presque confondu avec celui des Turdules, dont la
signification, suivant Bochart, vôuloit dire peuple
venu de côtes lointaines ; Bochart, cap. 34, p. 665.
Il y avoit pourtant une différence entre ces deux
peuples; Polybe, cité par le même Strabon, place
les Turditains au nord des Turdules. (1. III, p. 3yi);
Ptolemée les sépare, et met les Turdules à Test, et
les autres à l'occident (Tab. de Ptol. lib. II, cap. 4)?
donnant aux premières Cordoue pour métropole, et
Séville aux autres, ainsi que tout ce qui se trouvoit
à l'occident de cette ville, depuis la Sierra Morena
jusqu'au détroit; par conséquent la ville à'Italica
se trouvoit faire partie de cette province avant que
les Carthaginois n'entrassent en Espagne. Pline (lib.
III, p. 34) et Mêla (lib. III, cap. 1) confondent les
Turditains avec les Turdules, à qui ils assignent
toute la côte depuis le détroit jusqu'à la Guadiana:
cette province surpassoit toutes les autres en ri-
chesses, Pline, lib. I, cap. 1, lib. III, cap 2; Stra-
bon, lib. III, pag. 38o jusqu'à 4o5. C'est dans cette
contrée, comme nous l'avons dit plus haut, qu'Ho-
mère plaça les Champs-Elysées et le fleuve Léthé,
qui conserve encore son nom. Des peuples voisins
de Sagonte sont aussi nommés Turdetani dans Tite-
Live, lib. IV, cap. 7, lib. VIII, cap. 21 ; mais il pa-
roit s'être trompé : car Appien les appelle ToçôoXetccç,
lib. VI de rébus Hispaniœ, pag. 111. Je parlerai de
cette colonie dans le Voyage pittoresque d'Espagne.
(5) Pline compte 175 villes dans la Bétique; mais
il s'est introduit une erreur dans ce nombre, puisque
Pénumération qu'il en fait en détail ne donne que
173 ; Hardouin, voulant rendre ce nombre exact, le
compléta en ajoutant une colonie et une ville fédé-
rative; et alors on lit: Coloniœg, municipia 8, latio
antiquitùs donata 29, libertate 6, fœdere 3, stipen-
daria 120; Hardouin, édit. de Pline, pag. 38g, t. I.
Strabon en compte encore davantage, TtoXeiç ê'vrttç-
6aXXoucîcct to 7t\T)0oç kcu yaç chaKOtficcç §aai, lib. III,
p. 376, cap. 2. Cette province, par la suite, fut di-
visée en quatre conventus furidici, celui de Cadix,
de Cordoue , à'Astigis, et à'Hispalis ; ce dernier
renfermoit 3i villes, parmi lesquelles étoit celle
à'Italica, Hardouin, 2e édit. ad us. delph. , p. 87,
tom. IX. >
(6) De cujus opinionis tant promiscuœ erroribus D.
Hadrianus, in oratione quant de Italicensibus unde
ipse or tus fuit, in senatu habuit, peritissimè disse-
ruit, mirarique se ostendit qubd et ipsi Italicenses
et quœdam item alla municipia antiqua, in quibus
Uticenses nominat, cùm suis moribus legibusque uti
possent in jus coloniarum mutare gestwerint. Prœ-
nestinos autem refert maximo opère à Tiberio im-
peratore petisse orasseque ut ex coloniâ in municipii
statum redigerentur, idque Mis Tiberium pro refe-
rendâ gratiâ tribuisse, qubd in eorum flnibus, sub
nom d'Itaiica, de l'Italie leur patrie1. Appien, qui rapporte ce fait, se
Sert Cie 1 expression oùvoitiefé touç tpaujucmaç £ç TtoXiv, hv aiio twç ItaXiaç ItaXiKHv £K.a-
Xeoe; ce qui sembleroit indiquer qu'elle ne fut point bâtie à cette occa-
sion2, mais seulement choisie pour lieu de rassemblement, et qu'elle'
faisoit déjà partie de la Turditanie3, et d'une des provinces Carthagi-
noises4: une autre preuve plus convaincante de son existence anté-
rieure est le titre de Municipium, qu'elle conserva jusque sous le règne
d'Hadrien, et qui, lui donnant le droit d'être gouvernée par ses pro-
près citoyens, fait supposer qu'elle avoit déjà un gouvernement établi,
auquel les Romains^ ne trouvant rien à changer, ne crurent pas devoir
substituer l'organisation des colonies, comme à leurs autres conquêtes.
Il n'y avoit que huit villes municipales dans la Bétique, suivant Pline5;
et celle à'Italica conserva ce titre jusque sous le règne d'Hadrien, où
ses habitants, de plein gré, demandèrent à être fait colonie6: cette
(1) Appien, c. 38, p. 146; Tite-Live, 1. XXVIII.
(2) Parmi les historiens espagnols, plusieurs pré-
tendent que cette ville s'appeloit Sancios (Rodrigo-
Caro, pag. 102, cap. 12), mais sans aucune preuve.
Le roi don Alonzo le sage, dans son histoire, parle
à'Italien, comme d'un lieu fameux en Espagne, con-
quis par les Almunizes; nom singulier qui ne se
trouve dans aucun historien romain, et qui fut peut-
être donné aux premiers conquérants de l'Espagne
par ses anciens habitants. (C/ironica del rey don
Alonzo el sabio, lib. I, cap. 9, p. 5, et cap. i5.
(3) En grec TuçcîiTavtct. Strab. L. III, p. 375, c. 2.
(4) La Turditanie formoit la partie la plus consi-
dérable de la Bétique du temps de Strabon, c'est-à-
dire sous le règne d'Auguste : ce nom se trouvoit
presque confondu avec celui des Turdules, dont la
signification, suivant Bochart, vôuloit dire peuple
venu de côtes lointaines ; Bochart, cap. 34, p. 665.
Il y avoit pourtant une différence entre ces deux
peuples; Polybe, cité par le même Strabon, place
les Turditains au nord des Turdules. (1. III, p. 3yi);
Ptolemée les sépare, et met les Turdules à Test, et
les autres à l'occident (Tab. de Ptol. lib. II, cap. 4)?
donnant aux premières Cordoue pour métropole, et
Séville aux autres, ainsi que tout ce qui se trouvoit
à l'occident de cette ville, depuis la Sierra Morena
jusqu'au détroit; par conséquent la ville à'Italica
se trouvoit faire partie de cette province avant que
les Carthaginois n'entrassent en Espagne. Pline (lib.
III, p. 34) et Mêla (lib. III, cap. 1) confondent les
Turditains avec les Turdules, à qui ils assignent
toute la côte depuis le détroit jusqu'à la Guadiana:
cette province surpassoit toutes les autres en ri-
chesses, Pline, lib. I, cap. 1, lib. III, cap 2; Stra-
bon, lib. III, pag. 38o jusqu'à 4o5. C'est dans cette
contrée, comme nous l'avons dit plus haut, qu'Ho-
mère plaça les Champs-Elysées et le fleuve Léthé,
qui conserve encore son nom. Des peuples voisins
de Sagonte sont aussi nommés Turdetani dans Tite-
Live, lib. IV, cap. 7, lib. VIII, cap. 21 ; mais il pa-
roit s'être trompé : car Appien les appelle ToçôoXetccç,
lib. VI de rébus Hispaniœ, pag. 111. Je parlerai de
cette colonie dans le Voyage pittoresque d'Espagne.
(5) Pline compte 175 villes dans la Bétique; mais
il s'est introduit une erreur dans ce nombre, puisque
Pénumération qu'il en fait en détail ne donne que
173 ; Hardouin, voulant rendre ce nombre exact, le
compléta en ajoutant une colonie et une ville fédé-
rative; et alors on lit: Coloniœg, municipia 8, latio
antiquitùs donata 29, libertate 6, fœdere 3, stipen-
daria 120; Hardouin, édit. de Pline, pag. 38g, t. I.
Strabon en compte encore davantage, TtoXeiç ê'vrttç-
6aXXoucîcct to 7t\T)0oç kcu yaç chaKOtficcç §aai, lib. III,
p. 376, cap. 2. Cette province, par la suite, fut di-
visée en quatre conventus furidici, celui de Cadix,
de Cordoue , à'Astigis, et à'Hispalis ; ce dernier
renfermoit 3i villes, parmi lesquelles étoit celle
à'Italica, Hardouin, 2e édit. ad us. delph. , p. 87,
tom. IX. >
(6) De cujus opinionis tant promiscuœ erroribus D.
Hadrianus, in oratione quant de Italicensibus unde
ipse or tus fuit, in senatu habuit, peritissimè disse-
ruit, mirarique se ostendit qubd et ipsi Italicenses
et quœdam item alla municipia antiqua, in quibus
Uticenses nominat, cùm suis moribus legibusque uti
possent in jus coloniarum mutare gestwerint. Prœ-
nestinos autem refert maximo opère à Tiberio im-
peratore petisse orasseque ut ex coloniâ in municipii
statum redigerentur, idque Mis Tiberium pro refe-
rendâ gratiâ tribuisse, qubd in eorum flnibus, sub