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citerne ou chambre voûtée, qui se trouva pleine d'eau au moment de
son ouverture : les découvertes qui se feront par la suite donneront
des lumières sur cette conjecture. On ne doit point s'étonner si les
anciens mettoient tant de recherches dans leurs salles de bains; les
Thermes de Titus et de Caracalla prouvent qu'ils n'épargnoient rien
à cet égard ; les pavés en mosaïque leur étoient particulièrement des-
tinés. L'explication des planches est faite d'après le rang qu'occupent
les muses dans la mosaïque, et celui d'Hésiode1 dont nous venons de
parler.
PLANCHE!
Cette planche première représente le plan général de la mosaïque,
telle qu'elle est à présent, avec les mesures espagnoles et françaises.
PLANCHE IL
Ce fragment contient les deux premières muses, Clio et Euterpe,
qu'il ne seroit pas possible de distinguer si leur nom ne se trouvoit écrit
à côté d'elles2 : la différence d'attributs que l'on remarque sur les re-
présentations des muses3, sans aucunes règles certaines pour les recon-
(1) Le culte des muses, fort en usage chez les
Grecs, le fut également chez les Romains; c'est à
elles qu'ils attribuoient l'invention des lettres ( Dio-
dor. lib. V, art. 74? P- ^9), l'inspiration du génie
{Cic., lib. III de Natur. deor., art. ai): ils les regar-
doient comme le principe de tout succès, et le pre-
mier de tous les biens, Dulces ante omnia musœ.
Cependant, quoiqu'elles fussent l'objet d'un hom-
mage général, elles en recevoient un plus particulier
encore des gens de lettres. La plupart des monu-
ments où elles sont représentées sont des sarco-
phages et des bas-reliefs, consacrés à la mémoire
de quelques personnages distingués en ce genre : les
poètes se disoient sacrificateurs des muses ( Strabon,
X, p. 468; Musarum sacerdos, Horace, lib. III, od.
i, vers 4 ) ; ils croyoient qu'elles présidoient à leur
naissance ( Quem tu, Melpomene, semel nascentem
placido numine videris. Horat., lib. IV, ode 3, v. i ) ,
et qu'elles étoient sensibles à leur mort (Sed amis-
sum mutœ flevere sorores. Stat., Theb. VIII, v. 554).
(2) Tous les antiquaires se sont plaints de cette
difficulté, et l'ont prouvée par le vague de leurs
conjectures. Le P. Montfaucon ne se trouve presque
jamais juste dans les explications qu'il donne des
muses, attribuant indifféremment à Euterpe la tra-
gédie , et à Clio les tablettes ; Gori se trompe de
même dans le texte du Musée capitolin, et Scot dans
l'apothéose d'Homère : le peu de monuments qui
existoient alors sur ce sujet rendoit ces erreurs ex-
cusables.
(3) Non seulement toutes les muses n'avoient point
des attributs certains, mais leur nombre même a été
long-temps arbitraire. Dans quelques villes on en
comptoit trois, suivant les trois harmonies; dans
d'autres quatre, d'après les quatre dialectes ( voyez
Lilius Gyraldus, opusc. de Mus. ; Phornutus, de Na-
tur. deor., cap. 14). Ce qu'il y a de plus vraisem-
blable, c'est qu'elles ne furent que trois dans le com-
mencement, désignées par Pausanias sous les noms
de MeXeTT), MvnfXT), xcu Aoi^t), Méditation, Mémoire,
et Chant (Pausanias, lib. IX ,584), et parPlutarque
sous ceux de Philosophie, Rhétorique, et Mathéma-
tique ( IX Symp. , 14). La ville de Sycione ayant
donné l'ordre à trois sculpteurs de faire chacun trois
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citerne ou chambre voûtée, qui se trouva pleine d'eau au moment de
son ouverture : les découvertes qui se feront par la suite donneront
des lumières sur cette conjecture. On ne doit point s'étonner si les
anciens mettoient tant de recherches dans leurs salles de bains; les
Thermes de Titus et de Caracalla prouvent qu'ils n'épargnoient rien
à cet égard ; les pavés en mosaïque leur étoient particulièrement des-
tinés. L'explication des planches est faite d'après le rang qu'occupent
les muses dans la mosaïque, et celui d'Hésiode1 dont nous venons de
parler.
PLANCHE!
Cette planche première représente le plan général de la mosaïque,
telle qu'elle est à présent, avec les mesures espagnoles et françaises.
PLANCHE IL
Ce fragment contient les deux premières muses, Clio et Euterpe,
qu'il ne seroit pas possible de distinguer si leur nom ne se trouvoit écrit
à côté d'elles2 : la différence d'attributs que l'on remarque sur les re-
présentations des muses3, sans aucunes règles certaines pour les recon-
(1) Le culte des muses, fort en usage chez les
Grecs, le fut également chez les Romains; c'est à
elles qu'ils attribuoient l'invention des lettres ( Dio-
dor. lib. V, art. 74? P- ^9), l'inspiration du génie
{Cic., lib. III de Natur. deor., art. ai): ils les regar-
doient comme le principe de tout succès, et le pre-
mier de tous les biens, Dulces ante omnia musœ.
Cependant, quoiqu'elles fussent l'objet d'un hom-
mage général, elles en recevoient un plus particulier
encore des gens de lettres. La plupart des monu-
ments où elles sont représentées sont des sarco-
phages et des bas-reliefs, consacrés à la mémoire
de quelques personnages distingués en ce genre : les
poètes se disoient sacrificateurs des muses ( Strabon,
X, p. 468; Musarum sacerdos, Horace, lib. III, od.
i, vers 4 ) ; ils croyoient qu'elles présidoient à leur
naissance ( Quem tu, Melpomene, semel nascentem
placido numine videris. Horat., lib. IV, ode 3, v. i ) ,
et qu'elles étoient sensibles à leur mort (Sed amis-
sum mutœ flevere sorores. Stat., Theb. VIII, v. 554).
(2) Tous les antiquaires se sont plaints de cette
difficulté, et l'ont prouvée par le vague de leurs
conjectures. Le P. Montfaucon ne se trouve presque
jamais juste dans les explications qu'il donne des
muses, attribuant indifféremment à Euterpe la tra-
gédie , et à Clio les tablettes ; Gori se trompe de
même dans le texte du Musée capitolin, et Scot dans
l'apothéose d'Homère : le peu de monuments qui
existoient alors sur ce sujet rendoit ces erreurs ex-
cusables.
(3) Non seulement toutes les muses n'avoient point
des attributs certains, mais leur nombre même a été
long-temps arbitraire. Dans quelques villes on en
comptoit trois, suivant les trois harmonies; dans
d'autres quatre, d'après les quatre dialectes ( voyez
Lilius Gyraldus, opusc. de Mus. ; Phornutus, de Na-
tur. deor., cap. 14). Ce qu'il y a de plus vraisem-
blable, c'est qu'elles ne furent que trois dans le com-
mencement, désignées par Pausanias sous les noms
de MeXeTT), MvnfXT), xcu Aoi^t), Méditation, Mémoire,
et Chant (Pausanias, lib. IX ,584), et parPlutarque
sous ceux de Philosophie, Rhétorique, et Mathéma-
tique ( IX Symp. , 14). La ville de Sycione ayant
donné l'ordre à trois sculpteurs de faire chacun trois
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