tudes. Cependant INhaar a emprunté un sabre qu'il place à côté de lui, et il s'apprête à rester la huit
dans notre chambre en disant qu'il sera plus en sûreté près de nous. Ainsi, celui qui s'était chargé de
nous protéger vient nous demander asile ; celui qui traverse tout le désert sans arme a besoin d'un
sabre pour dormir tranquille sous le toit de l'aga de Palmyre; nous ne comprenons pas, nous n'inter-
rogeons pas non plus; Nhaar est l'homme du mystère.
PALMYRE (Planche IX, 14).
Porte latérale du temple du Soleil.
Après avoir dormi tranquillement entre ces murs hospitaliers, nous nous levons de bonne heure,
empressés de parcourir ces belles ruines que nous n'avons qu'entrevues la veille. Nous allons d'abord
sur la terrasse ouverte sur notre chambre, et de tous côtés nous voyons s'élever, au-dessus de l'hum-
ble cabane du paysan de Tadmor, ces superbes colonnes corinthiennes surmontées jadis de chapi-
teaux en bronze doré, qui attestaient la richesse de l'ancienne population. Ces fastueux négociants
de l'antique Palmyre couvraient le désert de leurs nombreuses caravanes ; ils transportaient les richesses
d'un monde à l'autre, et, ne sachant comment employer leurs immenses bénéfices, ils étalaient, pour
la satisfaction de leur amour-propre et pour l'étonnement des voyageurs, toutes les magnificences
de l'architecture et des beaux-arts. Ainsi furent élevées ces colonnades sans fin, qui se croisaient dans
toutes les directions et offraient à l'extrémité de leurs longues perspectives de riches portiques et des
façades élégantes. L'art avait plus particulièrement développé sa grandeur et ses somptuosités dans
le temple du Soleil, dont on comprendra avec peine la disposition générale parce qu'il est difficile d'en
embrasser l'ensemble. Partout les débris de cette merveille du désert sont couverts de maisons mo-
dernes, et toutes les fois que l'imagination tente de se reporter au temps disparu de l'inconcevable
richesse de Palmyre, le spectacle que l'on a sous les yeux ramène au misérable état où elle est réduite.
Nous préparons nos crayons, nos cahiers et nos carnets pour notre exploration; maisCheik Salé vient
nous rendre visite, et il est de bonne politique de le bien accueillir. Nous convenons avec lui que nous
resterons cette journée et tout le jour suivant à Palmyre, et qu'ensuite nous partirons ensemble, ne lui
dissimulant pas notre satisfaction d'avoir un nouveau compagnon de voyage qui pourra nous protéger
puissamment. Nous sortons pour visiter les ruines, mais c'est compter sans nos hôtes; les domestiques
de la maison nous barrent le passage et nous déclarent qu'ils ne nous laisseront voir la vieille ville
que lorsque nous leur aurons donné chacun 5oo piastres. Notre surprise est grande, et la forme de notre
refus s'en ressent. Les Arabes deviennent furieux et menacent. Nous déclarons que nous quitterons
immédiatement Palmyre plutôt que de nous soumettre à ces exigences. Cette résolution les oblige à
réfléchir, et bientôt ils entrent en composition. On leur promet, de notre part, que, s'ils s'en rapportent
à notre générosité, ils seront contents, et qu'à Homs nous remettrons cinquante piastres pour eux à
l'aga leur maître. Toute cette canaille, sans chef, sans frein et sans pudeur, redevient souple et com-
plaisante plus rapidement qu'elle ne s'était soulevée. C'est à qui nous conduira. Nous profitons de ce
moment de bon vouloir pour sortir de la forteresse; mais nous commencions à peine à visiter les ruines
et à marcher dans la colonnade que cinq ou six mauvais sujets, mécontents de ce que les gens de l'aga
n'ont stipulé que pour eux, sans comprendre les gens du village dans l'arrangement, courent sur nous,
nous arrêtent et nous forcent à rentrer dans le château qui prend alors à nos yeux ses airs de prison.
Nous traversons le village poursuivis, étourdis par une populace en furie qui nous menace de ses
armes et nous accable d'injures et d'invectives. La scène change encore une fois; nos cheiks, à leur
tour indignés de l'insulte qu'on vient de nous faire, jurant sur leur barbe qu'ils tueront le premier
qui osera une troisième fois nous arrêter, marchent devant nous en grande solennité, et nous repas-
sons triomphants au milieu de cette populace qui s'empresse de nouveau de nous servir.
PALMYRE (Planche IX, 15).
Vue d'un temple ruiné, dans le fond les tombeaux.
Suivis d'une foule de gens, grosse escorte dont nous nous serions volontiers passés, nous entrons dans
la grande colonnade qui traverse la ville, depuis le temple du Soleil jusqu'au pied de la montagne, et à
dans notre chambre en disant qu'il sera plus en sûreté près de nous. Ainsi, celui qui s'était chargé de
nous protéger vient nous demander asile ; celui qui traverse tout le désert sans arme a besoin d'un
sabre pour dormir tranquille sous le toit de l'aga de Palmyre; nous ne comprenons pas, nous n'inter-
rogeons pas non plus; Nhaar est l'homme du mystère.
PALMYRE (Planche IX, 14).
Porte latérale du temple du Soleil.
Après avoir dormi tranquillement entre ces murs hospitaliers, nous nous levons de bonne heure,
empressés de parcourir ces belles ruines que nous n'avons qu'entrevues la veille. Nous allons d'abord
sur la terrasse ouverte sur notre chambre, et de tous côtés nous voyons s'élever, au-dessus de l'hum-
ble cabane du paysan de Tadmor, ces superbes colonnes corinthiennes surmontées jadis de chapi-
teaux en bronze doré, qui attestaient la richesse de l'ancienne population. Ces fastueux négociants
de l'antique Palmyre couvraient le désert de leurs nombreuses caravanes ; ils transportaient les richesses
d'un monde à l'autre, et, ne sachant comment employer leurs immenses bénéfices, ils étalaient, pour
la satisfaction de leur amour-propre et pour l'étonnement des voyageurs, toutes les magnificences
de l'architecture et des beaux-arts. Ainsi furent élevées ces colonnades sans fin, qui se croisaient dans
toutes les directions et offraient à l'extrémité de leurs longues perspectives de riches portiques et des
façades élégantes. L'art avait plus particulièrement développé sa grandeur et ses somptuosités dans
le temple du Soleil, dont on comprendra avec peine la disposition générale parce qu'il est difficile d'en
embrasser l'ensemble. Partout les débris de cette merveille du désert sont couverts de maisons mo-
dernes, et toutes les fois que l'imagination tente de se reporter au temps disparu de l'inconcevable
richesse de Palmyre, le spectacle que l'on a sous les yeux ramène au misérable état où elle est réduite.
Nous préparons nos crayons, nos cahiers et nos carnets pour notre exploration; maisCheik Salé vient
nous rendre visite, et il est de bonne politique de le bien accueillir. Nous convenons avec lui que nous
resterons cette journée et tout le jour suivant à Palmyre, et qu'ensuite nous partirons ensemble, ne lui
dissimulant pas notre satisfaction d'avoir un nouveau compagnon de voyage qui pourra nous protéger
puissamment. Nous sortons pour visiter les ruines, mais c'est compter sans nos hôtes; les domestiques
de la maison nous barrent le passage et nous déclarent qu'ils ne nous laisseront voir la vieille ville
que lorsque nous leur aurons donné chacun 5oo piastres. Notre surprise est grande, et la forme de notre
refus s'en ressent. Les Arabes deviennent furieux et menacent. Nous déclarons que nous quitterons
immédiatement Palmyre plutôt que de nous soumettre à ces exigences. Cette résolution les oblige à
réfléchir, et bientôt ils entrent en composition. On leur promet, de notre part, que, s'ils s'en rapportent
à notre générosité, ils seront contents, et qu'à Homs nous remettrons cinquante piastres pour eux à
l'aga leur maître. Toute cette canaille, sans chef, sans frein et sans pudeur, redevient souple et com-
plaisante plus rapidement qu'elle ne s'était soulevée. C'est à qui nous conduira. Nous profitons de ce
moment de bon vouloir pour sortir de la forteresse; mais nous commencions à peine à visiter les ruines
et à marcher dans la colonnade que cinq ou six mauvais sujets, mécontents de ce que les gens de l'aga
n'ont stipulé que pour eux, sans comprendre les gens du village dans l'arrangement, courent sur nous,
nous arrêtent et nous forcent à rentrer dans le château qui prend alors à nos yeux ses airs de prison.
Nous traversons le village poursuivis, étourdis par une populace en furie qui nous menace de ses
armes et nous accable d'injures et d'invectives. La scène change encore une fois; nos cheiks, à leur
tour indignés de l'insulte qu'on vient de nous faire, jurant sur leur barbe qu'ils tueront le premier
qui osera une troisième fois nous arrêter, marchent devant nous en grande solennité, et nous repas-
sons triomphants au milieu de cette populace qui s'empresse de nouveau de nous servir.
PALMYRE (Planche IX, 15).
Vue d'un temple ruiné, dans le fond les tombeaux.
Suivis d'une foule de gens, grosse escorte dont nous nous serions volontiers passés, nous entrons dans
la grande colonnade qui traverse la ville, depuis le temple du Soleil jusqu'au pied de la montagne, et à