1630. LE comte d'arundel. 69
sadeur d'Angleterre près de la Porte, et le roi
Charles Ier lui-même, qui chargeait du soin d'aug-
menter sa collection de sculptures antiques ' son
amiral dans le Levant, sir Kenelm Digby. Il se
produisit alors une rivalité d'enlèvement et de mu-
tilations, prélude éloigné des sauvages procédés de
lord Elgin, qui rappelait, à seize cents ans de dis-
tance, les prouesses des pourvoyeurs d'antiquités
grecques de quelques empereurs romains, et ne
rencontrait pas les résistances qu'on opposa à un
Acratus \ Ces fâcheuses conséquences de nobles
passions excitaient dès lors les plaintes et l'indigna-
tion de voyageurs plus désintéressés. Du Loir, qui
voyageait de conserve avec le bâtiment de M. de la
Haye, ambassadeur de France à Constantinople, tra-
versa l'Archipel en novembre 1639. Il vit dans l'île
de Délos une statue d'Apollon, de dix pieds de hau-
teur, que les Anglais ont sciée en deux, de haut en
bas, pour en emporter une partie 3. Il faut détourner
1 Charles Ier, lors de son martyre, possédait 1387 tableaux
de maîtres et 399 sculptures antiques.
2 Voyez plus haut (dans mon ouvrage sur le Parthénon) les
méfaits de Néron et le rôle aussi délicat que particulier d'A-
cratus.
i Les Voyages du sieur Du Loir. Paris, 4°, 1654, p. 8.
En 1442, Bondelmonte avait vu cette statue entière. (Librum
insularum Arckip. Edid. L. de Sinner.) En juin 1678, Cor-
neille Le Bruyn rend compte de son état : « On y voit encore
» (à Délos) une partie de la statue d'Apollon, sçavoir le tronc
» du corps et une partie des cuisses, le reste en a été em-
sadeur d'Angleterre près de la Porte, et le roi
Charles Ier lui-même, qui chargeait du soin d'aug-
menter sa collection de sculptures antiques ' son
amiral dans le Levant, sir Kenelm Digby. Il se
produisit alors une rivalité d'enlèvement et de mu-
tilations, prélude éloigné des sauvages procédés de
lord Elgin, qui rappelait, à seize cents ans de dis-
tance, les prouesses des pourvoyeurs d'antiquités
grecques de quelques empereurs romains, et ne
rencontrait pas les résistances qu'on opposa à un
Acratus \ Ces fâcheuses conséquences de nobles
passions excitaient dès lors les plaintes et l'indigna-
tion de voyageurs plus désintéressés. Du Loir, qui
voyageait de conserve avec le bâtiment de M. de la
Haye, ambassadeur de France à Constantinople, tra-
versa l'Archipel en novembre 1639. Il vit dans l'île
de Délos une statue d'Apollon, de dix pieds de hau-
teur, que les Anglais ont sciée en deux, de haut en
bas, pour en emporter une partie 3. Il faut détourner
1 Charles Ier, lors de son martyre, possédait 1387 tableaux
de maîtres et 399 sculptures antiques.
2 Voyez plus haut (dans mon ouvrage sur le Parthénon) les
méfaits de Néron et le rôle aussi délicat que particulier d'A-
cratus.
i Les Voyages du sieur Du Loir. Paris, 4°, 1654, p. 8.
En 1442, Bondelmonte avait vu cette statue entière. (Librum
insularum Arckip. Edid. L. de Sinner.) En juin 1678, Cor-
neille Le Bruyn rend compte de son état : « On y voit encore
» (à Délos) une partie de la statue d'Apollon, sçavoir le tronc
» du corps et une partie des cuisses, le reste en a été em-