254 ATHÈNES AU XVIIe SIÈCLE. 1688.
au moyen des renforts que Venise expédiait avec
une largesse toujours plus généreuse et une promp-
titude inaccoutumée. Je ne suivrai pas son sort.
Morosini, revêtu dès lors de la plus haute di-
gnité qu'un Vénitien pût ambitionner, et, chose
inouïe, sacré doge sur son vaisseau, devant son ar-
mée, au cœur du pays des infidèles, commandait
une superbe flotte montée par trente mille marins.
Kœnigsmark avait sous ses ordres vingt-deux mille
hommes, parmi lesquels il comptait les plus beaux
noms de l'Europe, des hommes de guerre illus-
tres , et douze mille auxiliaires fraîchement arrivés
de l'Allemagne. Jamais, depuis les grandes croisa-
des, plus forte armata n'avait envahi le territoire
ottoman; jamais plus d'espérances n'avaient salué
plus brillant début. Pas un seul de ces cœurs en-
thousiastes qui n'acceptât avec confiance la devise
inventée pour complimenter le nouveau doge sur
la ruine prochaine de la puissance ottomane; une
lune décroissante avec ces mots : Donec totum dese-
rat orbem. — Et cependant il faut détourner les
yeux de cette fatale campagne de 1688, le tom-
beau de Kœnigsmark et de sa brave armée; dé-
sastreuse entreprise qui vit périr du même coup la
renommée militaire du Péloponnésien :
ATHÈNES ÉTAIT VENGÉE.
au moyen des renforts que Venise expédiait avec
une largesse toujours plus généreuse et une promp-
titude inaccoutumée. Je ne suivrai pas son sort.
Morosini, revêtu dès lors de la plus haute di-
gnité qu'un Vénitien pût ambitionner, et, chose
inouïe, sacré doge sur son vaisseau, devant son ar-
mée, au cœur du pays des infidèles, commandait
une superbe flotte montée par trente mille marins.
Kœnigsmark avait sous ses ordres vingt-deux mille
hommes, parmi lesquels il comptait les plus beaux
noms de l'Europe, des hommes de guerre illus-
tres , et douze mille auxiliaires fraîchement arrivés
de l'Allemagne. Jamais, depuis les grandes croisa-
des, plus forte armata n'avait envahi le territoire
ottoman; jamais plus d'espérances n'avaient salué
plus brillant début. Pas un seul de ces cœurs en-
thousiastes qui n'acceptât avec confiance la devise
inventée pour complimenter le nouveau doge sur
la ruine prochaine de la puissance ottomane; une
lune décroissante avec ces mots : Donec totum dese-
rat orbem. — Et cependant il faut détourner les
yeux de cette fatale campagne de 1688, le tom-
beau de Kœnigsmark et de sa brave armée; dé-
sastreuse entreprise qui vit périr du même coup la
renommée militaire du Péloponnésien :
ATHÈNES ÉTAIT VENGÉE.