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Lafitau, Joseph François
Moeurs Des Sauvages Amériquains, Comparées Aux Moeurs Des Premiers Temps: Ouvrage enrichi de Figures en taille-douce (Band 1) — Paris, 1724

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https://doi.org/10.11588/diglit.10366#0199
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AMERI QJU a I N S. j59

avoir; La raifon qu'en apporte cet Auteur, eft
lia même que celle que j'ai déjà indiquée : C'eft
qu'ils ne penfoient pas, comme les Grecs, que
les Dieux fuflent faits de la même manière que
les hommes. Cependant le Feu étoit facré chez
eux dès les premiers temps. Cela me feroit croire,
que d'abord ni eux , ni les Barbares n'a voient
point d'autres Temples que leurs maifons, ni
d'autres Autels que leurs foyers. Les Perfes eu-
rent néanmoins dans la fuite des Temples, où le
Feu immortel étoit entretenu.

Les Romains dans les premiers temps, avoient
des Temples, mais non pas des Simulachres. Plu-
tarque , dans la Vie du Numa Pompilius, dit, tfùtatcK. $
que ce Prince avoir défendu à fes Sujets de re- m'
préfehter les Dieux fous la forme des Hommes
ou des Bêtes. En effet, continuë-t'il, il n'y avoit
chez eux aucune Image des Dieux , ni en pein-
ture, ni en relief ; & pendant les 170. premiè-
res années, ils n'ont eu que des Temples vuides
&: fans figures , dans la penfée que les grandes
chofes ne pouvoient être repréfentées, comme il
faut, par les moindres qui font toujours défec-
tueufes, que l'idée de Dieu étant abllraite y
on ne peut le concevoir autrement que par l'efpnt.
Les Romains dans la fuite fe relâchèrent infini-
ment fur ce point de leurs Loix , & au temps
d'Ovide, où néanmoins ils n'avoient point en-
core de ftatuë de Veita y ils en avoient de tous
ks autres Dieux.
 
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