i6 Voyages d'A n * e &■ o n
son maître , et redoutant les dangers d'un tel
engagement, il opposa le silence et le respect
aux bontés de la reine. Cette résistance irrita
sa flame : sommeil, repos , plaisirs , tout fuyoit
Stratonice. Enfin elle crût trouver un moyen
de triompher de l'indifférence de Combabus ,
et de l'enchaîner par la douce habitude de la
voir : elle déclara au roi qu'elle vouloit aller
bâtir un temple à Ephés'e, pour acquiter un
vœu qu'elle avoit fait en accouchant d'un fils,
douce espérance du roi et de l'état. Antiochus
donna son agrément, et Combabus fut nommé
du voyage. Il démêla aisément les vues de- la
princesse, et pressentit le danger ; il en fut
d'autant plus alarmé que son ame sensible
s'ouvroit aux séductions de l'amour, et s'atta-
choit insensiblement à cette aimable reine.
Pressé d'un coté par son devoir, par sa recon-
noissance pour son roi, de l'autre séduit par
l'espoir et l'enchantement d'un amour heu-
reux , ses pensées, ses désirs, comme des vents
oposés, fatiguoient et tourmentoient son ame.
Enfin, après beaucoup d'incertitude , d'agi-
tation , d'énergie et de foiblesse , la vertu
triompha. Le remède étoit violent, mais in-
faillible : un fer tranchant coupa la source où
s'élabore la sève du plaisir. Il renferma sa dé-
pouille dans une boite cachetée , qu'il remit
au
son maître , et redoutant les dangers d'un tel
engagement, il opposa le silence et le respect
aux bontés de la reine. Cette résistance irrita
sa flame : sommeil, repos , plaisirs , tout fuyoit
Stratonice. Enfin elle crût trouver un moyen
de triompher de l'indifférence de Combabus ,
et de l'enchaîner par la douce habitude de la
voir : elle déclara au roi qu'elle vouloit aller
bâtir un temple à Ephés'e, pour acquiter un
vœu qu'elle avoit fait en accouchant d'un fils,
douce espérance du roi et de l'état. Antiochus
donna son agrément, et Combabus fut nommé
du voyage. Il démêla aisément les vues de- la
princesse, et pressentit le danger ; il en fut
d'autant plus alarmé que son ame sensible
s'ouvroit aux séductions de l'amour, et s'atta-
choit insensiblement à cette aimable reine.
Pressé d'un coté par son devoir, par sa recon-
noissance pour son roi, de l'autre séduit par
l'espoir et l'enchantement d'un amour heu-
reux , ses pensées, ses désirs, comme des vents
oposés, fatiguoient et tourmentoient son ame.
Enfin, après beaucoup d'incertitude , d'agi-
tation , d'énergie et de foiblesse , la vertu
triompha. Le remède étoit violent, mais in-
faillible : un fer tranchant coupa la source où
s'élabore la sève du plaisir. Il renferma sa dé-
pouille dans une boite cachetée , qu'il remit
au