ii4 Voyages d'An ténor
mais elle s'ouvrit : une femme, l'air effrayé,'
vint à nous et nous demanda si nous étions
médecins.— «Oui, répond hardiment Phanor.
— Entrez donc vite , venez secourir ma pau-
vre maîtresse ! elle souffre , elle se meurt !
l'infortunée étoit si heureuse ! se portoit si
bien ce matin ! quel malheur affreux » ! En
nous parlant ainsi elle s'arrachoit les cheveux,
s'agitoit, égarée de douleur. Cependant nous
entrons. Quel appartement ! quelle magnifi-
cence ! il resplendissoit d'or. Au milieu étoit un
bassin de marbre , d'où s'élançoit un jet d'eau
[qui répandoit la fraicheur ; les bords du bassin
étoient entourés de vases de jasmins et des
fleurs les plus brillantes ; une grande porte et
deux fenêtres ouvertes offroient en perspec-
tive un superbe jardin. Mais quel contraste
terrible ! quel tableau touchant ! Une jeune
femme, jetant des cris perçans , défigurée,
étoit couchée sur un lit d'or et de pourpre,
ou plutôt sur le lit de la mort ; de nombreux
esclaves s'empressoient de la secourir. On ht
avancer Phanor, prétendu médecin grec, qui,
fort embarrassé de son rôle, commanda à tout
hasard un vomitif. Cependant je considérais
cette infortunée : elle étoit à la fleur de son
âge ; sa figure devoit être charmante ; mais
ce beau visage, séjour des grâces et des ris,
mais elle s'ouvrit : une femme, l'air effrayé,'
vint à nous et nous demanda si nous étions
médecins.— «Oui, répond hardiment Phanor.
— Entrez donc vite , venez secourir ma pau-
vre maîtresse ! elle souffre , elle se meurt !
l'infortunée étoit si heureuse ! se portoit si
bien ce matin ! quel malheur affreux » ! En
nous parlant ainsi elle s'arrachoit les cheveux,
s'agitoit, égarée de douleur. Cependant nous
entrons. Quel appartement ! quelle magnifi-
cence ! il resplendissoit d'or. Au milieu étoit un
bassin de marbre , d'où s'élançoit un jet d'eau
[qui répandoit la fraicheur ; les bords du bassin
étoient entourés de vases de jasmins et des
fleurs les plus brillantes ; une grande porte et
deux fenêtres ouvertes offroient en perspec-
tive un superbe jardin. Mais quel contraste
terrible ! quel tableau touchant ! Une jeune
femme, jetant des cris perçans , défigurée,
étoit couchée sur un lit d'or et de pourpre,
ou plutôt sur le lit de la mort ; de nombreux
esclaves s'empressoient de la secourir. On ht
avancer Phanor, prétendu médecin grec, qui,
fort embarrassé de son rôle, commanda à tout
hasard un vomitif. Cependant je considérais
cette infortunée : elle étoit à la fleur de son
âge ; sa figure devoit être charmante ; mais
ce beau visage, séjour des grâces et des ris,