PUVIS DE CHAVANNES ..==. 81
XXXIII. — ORPHÉE
Cette même date 1883 est inscrite au bas d’une
œuvre que nous nous dispenserions bien volontiers
de commenter : elle n’a pas d’histoire et son thème
est de ceux que l’auteur n’aimait guère voir enguir-
lander de phrases. 11 faut bien s’y arrêter pourtant,
puisqu’à la physionomie légendaire d’un artiste
anémique et nuageux on a tendance à substituer
aujourd’hui — avec la complicité de Puvis lui-
même — celle du bon vivant et du « bourguignon
salé », presque aussi fausse, tant elle est incomplète.
L’œuvre et la vie de notre peintre, c’est entendu,
ne sont rien moins que celles d’un débile. On ne
le trahit pas cependant quand on constate que
malgré sa vaillance et son énergie il n’a point
échappé au mal du siècle, quand on relève, aux
dates extrêmes de sa carrière, l’aveu que la mélan-
colie dont sont doucement teintées ses œuvres les
plus sereines a dans son âme de profondes racines.
« La contagion Musset et Sénancour n’est pour
rien dans mon affaire — écrit-il en 1861 à
Mme Nicolas Belly — : je suis ainsi, et si misé-
rable que le soleil me fatigue la vue et me trouble
l’âme, surtout ce soleil d’automne, qui brille
comme un insensé et ne chauffe pas...
II
XXXIII. — ORPHÉE
Cette même date 1883 est inscrite au bas d’une
œuvre que nous nous dispenserions bien volontiers
de commenter : elle n’a pas d’histoire et son thème
est de ceux que l’auteur n’aimait guère voir enguir-
lander de phrases. 11 faut bien s’y arrêter pourtant,
puisqu’à la physionomie légendaire d’un artiste
anémique et nuageux on a tendance à substituer
aujourd’hui — avec la complicité de Puvis lui-
même — celle du bon vivant et du « bourguignon
salé », presque aussi fausse, tant elle est incomplète.
L’œuvre et la vie de notre peintre, c’est entendu,
ne sont rien moins que celles d’un débile. On ne
le trahit pas cependant quand on constate que
malgré sa vaillance et son énergie il n’a point
échappé au mal du siècle, quand on relève, aux
dates extrêmes de sa carrière, l’aveu que la mélan-
colie dont sont doucement teintées ses œuvres les
plus sereines a dans son âme de profondes racines.
« La contagion Musset et Sénancour n’est pour
rien dans mon affaire — écrit-il en 1861 à
Mme Nicolas Belly — : je suis ainsi, et si misé-
rable que le soleil me fatigue la vue et me trouble
l’âme, surtout ce soleil d’automne, qui brille
comme un insensé et ne chauffe pas...
II