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Musée Royal; Laurent, Henri [Hrsg.]
Le musée royal ou recueil de gravures: d'après les plus beaux tableaux, statues et bas-reliefs de la collection royale avec description des sujets, notices littéraires et discours sur les arts : dédié au Roi (tome 2nd) — Paris: de l'imprimerie de F. Didot, 1818

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https://doi.org/10.11588/diglit.53413#0015
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LES CINQ SAINTS,

PAR RAPHAËL.


Raphaël , mort à trente-sept ans, a parcouru toute la distance qui dans
les arts sépare un siècle de Vautre : sa première gloire fut d’égaler Le
Pérugin; ]a dernière, d’être demeuré sans égal parmi les plus grands de
ceux qui Font suivi. D’autres avoient commencé avant lui à fonder la
gloire de la peinture; il en réunit sur lui tous les rayons. Soit qu’il ait
reçu quelque avantage du commerce et des conseils de Léonard de Vinci,
soit que, comme le prétend Vasari, combattu sur ce point par la plupart
des autres critiques, il ait profité des exemples de Michel-Ange, il en pro-
fita comme le génie profite de la vérité, comme Molière disoit : Je prends
mon bien partout où je le trouve, Tout ce qui étoit beau lui apparlénoit;
tout ce qui étoit vrai rentroit dans son domaine; et il le saisissoit égale-
ment, soit qu’il l’aperçût pour la première fois dans la nature ou dans les
ouvrages de l’art; mais s’appropriant toujours tout ce qui apparlénoit à
la vérité, rien de ce qui appartenoit au modèle où il l’a voit rencontrée;
et Raphaël, que Vasari a dit molto eccellente in imitare, « très excellent
« dans la faculté d’imiter», n’a jamais rien eu qui ne lui fut propre, si
ce n’est les défauts de sa première manière, qu’il avoit reçus de confiance,
comme les donne l’éducation, et qui ne pouvoient venir de lui-même.
Génie doué de ce bonheur singulier qui fait les hommes uniques, de se
trouver, relativement à son art, dans un rapport parfait avec l’état de son
temps; riche de la faculté de tout recueillir, à une époque où tous les
germes se développoient avec une incroyable énergie; distingué par la
faculté de tout discerner, à une époque où il ny avoit qu’à choisir, le
plus rapide de tous dans ce mouvement qui précipitoit alors les esprits,
et le plus ferme, le plus sûr de tous dans cette carrière immense, où il
ne s’agissoit plus en avançant que d’éviter les erreurs.
Il est d’un grand intérêt de rechercher dans la multitude des tableaux
de Raphaël l’époque de son talent à laquelle ils appartiennent, et ce qu’ils
marquent de ses progrès; mais, souvent réduite à des conjectures, la cri-
tique, dénuée de tout renseignement, n’a pour s’appuyer que Fexamen
de Touvrage même. Ainsi, par une singularité remarquable, le tableau
dont nous donnons ici la description, assez fameux pour avoir mérité un
nom, celui des Cinq Saints, sous lequel il est désigné dans tous les cata-
 
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