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Musée Royal; Laurent, Henri [Editor]
Le musée royal ou recueil de gravures: d'après les plus beaux tableaux, statues et bas-reliefs de la collection royale avec description des sujets, notices littéraires et discours sur les arts : dédié au Roi (tome 2nd) — Paris: de l'imprimerie de F. Didot, 1818

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https://doi.org/10.11588/diglit.53413#0090
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SUSANNE AU BAIN.
cette révoltante histoire, n’a pas craint de nous apprendre l’affreux plai-
sir que prennent ces deux infâmes au moment où ils demandent la mort
de Susanne, à lui faire ôter son voile pour contempler sa beauté, il nous
eût indiqué sans doute le redoublement de passion que devoit faire naître
en eux l’aspect sous lequel on veut supposer quelle s’offrit à leurs yeux
dans le jardin.
Enfin, aux cris de Susanne, les vieillards opposent les leurs; on ac-
court, ils l’accusent; « et tous les serviteurs en furent couverts de confu-
« sion, parce qu’on n’avoit jamais parlé de cette manière de Susanne. »
Ils eussent été bien plus confus encore de sa nudité, que ses accusateurs
n’eussent pas manqué de faire servir de preuve à son crime. Ainsi tout
semble démentir la supposition généralement adoptée par les peintres,
et qui, si elle fournit de plus grands développemens de beauté, ôte les
moyens de conserver à la figure principale ce caractère d’élévation pieuse
et de pureté morale qu’elle présente dans l’histoire.
Santerre ne pouvoit se dispenser d’adopter la tradition commune, sa
Susanne étoit son morceau de réception. S’il l’eût représentée drapée
seulement en partie, on l’eût accusé, en voilant le nu, d’avoir cherché à
éviter la difficulté. Mais du moins a-t-il écarté l’image pénible de la pu-
deur sans défense luttant contre d’odieuses entreprises. Les vieillards sont
encore cachés; on les aperçoit seulement dans l’ombre, épiant leur proie.
Les regards du moins âgé peignent sa brutale passion ; la figure de l’autre
n’exprime que l’imbécillité de l’âge dépouillé de la gravité qui lui appar-
tient. Pour Susanne, elle se croit encore seule, rien n’a troublé le calme
de son âme; son maintien est chaste; assise au bord du bain, elle baisse
les yeux sur son pied replié derrière elle, comme si elle venoit de le sor-
tir de l’eau pour examiner quelque chose qui peut-être l’aura blessée.
Santerre est connu principalement comme coloriste; son dessin n’a
manqué cependant ni de correction ni d’élégance : mais on a surtout ad-
miré la suavité de son pinceau, la délicatesse de ses chairs, qui, bien
que traitées quelquefois avec un peu de mollesse, sont pleines de vérité
et de vie. Le Musée n’a de lui que ce seul ouvrage. 11 s’est surtout adonné
au portrait. Les cabinets offrent pourtant quelques-uns de ses tableaux;
un entre autres connu sous le nom de la Donneuse de Lettre, remar-
quable par la beauté de la couleur, la grâce des traits, et la finesse de
l’expression.
Santerre, né à Magny en i65i , mourut à Paris en 1717. Sa Susanne
a été gravée par Porporati.
(Hauteur, a“- 6ccntim- = 6Pieds 2Pouce8 61'8-
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Largeur, x 4? a =4 5/6
 
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