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Musée Royal; Laurent, Henri [Editor]
Le musée royal ou recueil de gravures: d'après les plus beaux tableaux, statues et bas-reliefs de la collection royale avec description des sujets, notices littéraires et discours sur les arts : dédié au Roi (tome 2nd) — Paris: de l'imprimerie de F. Didot, 1818

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https://doi.org/10.11588/diglit.53413#0107
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ASSEMBLÉE DE BUVEURS,

PAR MANFREDI.

Manfredi, mort jeune, est assez peu connu, et ce qu’il y a de singulier,
c’est que son talent a en partie contribué à cette obscurité. N ayant pas
eu le temps de parvenir à être employé dans ces grandes entreprises qui
mettoient un artiste sous les yeux du public, Manfredi ne put laisser a
ses ouvrages un nom capable d’en fixer la valeur commerciale, indépen-
damment du mérite de l’œuvre et du goût de l’amateur, en sorte que ses
tableaux de cabinets, et il n’en a pas fait d’autres, ont été plus d’une fois
donnés sous le nom du Caravage. La ressemblance est assez grande pour
qu’il soit facile de s’y méprendre. Manfredi avoit, à ce qu’il paroît, reçu
des leçons du Caravage, à qui les désordres de sa vie errante ne permi-
rent guère de former une école régulière, mais dont la manière, pleine
à la fois de génie et de bizarrerie, a fait une foule d’imitateurs. Les imi-
tateurs abondent sur les traces de tout homme de génie qui frappe à la
fois les imaginations par un grand mérite et une grande singularité ; mais
limitation ordinaire, déterminée uniquement par le désir d’arriver à des
effets du même genre, à défaut de génie, se jette dans ] excès de la sin-
gularité. Ce fut, selon Bellori, d’après l’exemple du Caravage « que l’on
« commença à imiter les choses viles, recherchant avec soin, comme le
J
cc font quelques-uns, les saletés et les difformités. S’ils ont à peindre une
«armure, ils choisissent la plus rouillée; si c’est un vase, ils ne le font
« pas entier, mais ébréché.... Ils s’arrêtent, avec toute l’attention possible,
« sur les rides et les défauts de la peau et des contours, représentant des
« doigts noueux et des membres déformés par la maladie. »
Il est une autre imitation plus noble, et on peut le dire, plus originale,
et par là même ordinairement plus sage : lorsqu’une véritable confor-
mité de talent a dirigé un artiste dans le choix de celui qu’il veut pren-
dre pour maître et pour modèle, portant dans son imitation la liberté
d’un goût naturel et les différences autant que les ressemblances de son
génie, il évite, plutôt qu’il ne les exagère, des bizarreries purement indi-
viduelles, et ne prend du maître que ce qui peut appartenir à l’école.
 
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