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LeVieil, Pierre
L' art de la peinture sur verre et de la vitrerie — Paris, 1774 [Cicognara, 230]

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https://doi.org/10.11588/diglit.8249#0099
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SUR VE R R £. I. Partie»

8r

CHAPITRE XVIIL

Causes de la Décadence de la Peinture sur Verre ; SC réponfes
aux inconvénients qu'on lui reproche pour excuser
ou perpétuer son abandon.

Caufes de
N otrs avons déjà insinué comme caufe de
!?e1aCPesntu- *a décadence de la Peinture fur verre, cette
re fur verre, vicilïitude des chofes humaines, qui fait que
les Arts & les Sciences ne font jamais plus
près de leur chute que lorfqu'ils sont parve-
nus à un plus haut dégré de perfection. Nous
avons dit que les temps de troubles & de di-
vifions inteftines, & fur-tout ceux que l'efprit
de la Religion prétendue Réformée excita
parmi nous, surent très-préjudiciables aux
Arts. Les calamités qui accompagnent ces
temps malheureux , & celles qui les fuivent,
sont peu propres à leur culture. On préfère
alors les chofes qui sont de première néceffité
à celles qui sont d'une moindre utilité, ou
qui ne sont que de pur agrément. Quelqu'es-
timé que soit alors un Art ou une Science ,
ses productions necausent plus que du dégoût
par la dissiculté de fe les procurer ou le prix
exorbitant qu'il saut y mettre. L'abandon suit
de prèsle désaut d'émulation entre des Artistes
sans occupation, & de l'abandon à l'oubli gé-
néral il n'y a qu'un pas.
Tel est le sort actuel de la Peinture sur
verre. On aura peine à croire que dans la
ceTenFlan. Capitale du Royaume, au temps où j'écris
dre, enHol- ( ) il ne fe trouve qu'un Àrtifte de ce
Allemagne?" talent, dans lequel il élevé un fils âgé de 19
à 20 ans, & que ce seul Artiste foit asfez peu
occupé autour de quelques armoiries ou de
quelques frifes , que son Art ne pourroit suf-
sire à fes besoins, s'il ne joignoit un com-
merce de Vitrerie plus étendu à ses entre-
prises de Peinture fur verre.
La Flandre Françoife & Autrichienne,
les Pays-Bas Hollandois & quelques Con-
trées de l'Allemagne, qui donnèrent naif-
fance aux plus habiles Peintres fur verre des
derniers fiecles, pourroient à peine en mon-
trer deux au rang de leurs habitans, qui
s'exercent actuellement à la pratique de cet
Art. Que dis je ? Ceux qui le regrettent le
Lesinconvé- plus, sont les premiers à fournir des prétextes
nients qu'on p0ur en excuser ou même perpétuer l'a-
lui reproche , ,
bande

Petit nom
bre de ces Ar
tiliesen Fran-

fervent de Dandon.
prétextes Comment , dit-on , porter amitié a une
vr"/ t"aba°n- chofe fi fragile & de si Peu de vie que le
don. verre ? (a) C'eft bien un bon exemple à se re-
( a) Voyez Vanuccio Beringuccio, dans son Traite' de
la Pyrotechnie , traduit par Jacques Vincent, Francsort,
Peint, sur Verre. I. Paru

mettre devant les yeux pour se rappeller le Premïerptev:
peu de durée de la vie de l'homme fit de tou- texte .™ in"
1 1 i_ r 1 • 1 11 / convement ;
tes les choies humaines , de quelque beauté fragilité du
qu'elles foient accompagnées. verre.
L'Art de peindre fur verre est très-beau , Second pré-
dit-on ailleurs {a). C'eft néanmoins un grand texte; pour-
dommage d'employer beaucoup de temps & pio^bf*
l'induftrie de très-habiles ouvriers à travail-
ler fur un corps ausli fragile que le Verre ,
qui doit être expofé à plusieurs accidents,
sans parler de celui du plomb, qui fait l'af-
femblage de tout l'ouvrage , qui se pourrit
assez facilement dans la suite des temps ; en-
sorte que lorfqu'on eft obligé de réparer ou
de remettre ces vitres en plomb neuf, on ne
puisse le faire sans les endommager.
Plus inftruits que nos pères , difent quel- Troisiéme-
ques-uns, nous savons lire, & nous avons obscuritédeî
des Livres d'Eglise. Comment nous en ser- ™"es pem*
vir , pour nous entretenir dans l'attention
dûe aux saints Mysteres & aux saints Offices,
dans des Temples obfcurcis par tant de vitres
peintes ? Il est des Eglises où pendant l'hiver
sur-tout, ou dans des jours sombres , il saut
allumer de la bougie, quelquesois avant trois
heures après-midi.
D'autres nous difent encore : Il y avoit Quatrième?
dans beaucoup de vitres peintes de nosEgli- indécence dé
ses des images si ridicules & même si indé- très,3"1'8 V'~
centes, que nous avons cru ne pouvoir mieux
couvrir l'ignorance & la fuperftition des Pein-
tres sur verre, même du meilleur temps, ou
la corruption de leur cœur, que par la fous-
traction de ces Peintures fabuleuses ou sean-
daleuses dans lesquelles les meilleurs Artiftes
dans ce genre s'étoient montrés plus exacts
imitateurs de la nature , qu'obfervateurs fidè-
les du refpect dû à la fainteté de nos Eglifes
& du Dieu qu'on y adore.
Enfin, nous dit-on pour dernier retranche- Cinquième}
ment, la plus grande partie de ces vitres p?"p°"£
peintes que nous avons démolies, expofées des vitres
depuis long-temps aux injures de l'air & du pemtes,sauté
r , b. rn . , T-11 1 • r de verre dé
temps, étoient eftropiees. Elles etoient rel- couleur Se
tées fans réparation , faute de pouvoir trou- d'Artistes
ver des Peintres fur verre pour les réparer, ^parerf
Et où ceux-ci euffent-ils trouvé des maté-
riaux pour le faire ? Il n'y a plus de verre de

(a) Mémoires de l'Académie des Inscript. tom. IX. fag,
715 & Juiv.
 
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