La licorne: recueil de littérature et d'art (1.1911)

Il avait la hnesse de ses pères et de ses mères; voyez
ses lettres si mesurées, si justes à M. de Chantelou, où il
raille les barbouilleurs de Paris « qui font des tableaux en
vingt-quatre heures ! H
Il faisait, comme les gens d'ici, usage de proverbes.
M. Desjardins lui en prête un qu'il apprit en Italie et qui
trahit bien toute sa force de patience : « Avec le temps et
la paille mûriront les nèfles! x Enhn, entendez bien ce
que dit de lui Félibien avec force : <( Il était extrêmement
prudent dans toutes ses actions, retenu et discret dans ses
paroles, ne s'ouvrant qu'à ses amis particuliers H. Et quelle
régularité il y avait dans sa vie! Bellori le représente déjà
établi en Italie, se levant de bon matin, se livrant aux exer-
cices ahn d'entretenir sa santé, montant au mont Pincio et
s'en revenant chez lui pour peindre, par cette « brève pente,
délicieuse d'arbres et de fontaines, d'où se découvre la plus
admirable vue de Rome)). Est-ce que tout cela, ce sentiment
de plénitude, ce souci d'équilibre, ces traits de raillerie,
cette continuité dans le labeur ne sont pas de sûres qualités
normandes ? Est-ce que, de Malherbe à Poussin et de
Poussin à Corneille, tous les hls admirables de ce riche
sol qui va de la vallée de la Seine à la mer, ne présentent