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La Lune — 2.1866

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https://doi.org/10.11588/diglit.6785#0087

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LA LUNE

a

qu'on est convenu d'appeler une position, un physique très-
agréable, et des façons d'agir qui lui attiraient toutes les
sympathies, mon ami Fernand se maria.

Sa femme était aimable, charmante, spirituelle et riche,
ce qui, dans le cas, ne gâtait rien.

Cela se passait vers la fin d'un mois d'août quelconque.

Après la bénédiction nuptiale, les deux époux s'envolèrent
mystérieusement. On dit qu'un nid charmant les abrita pen-
dant six semaines, et que ce nid était situé dans un des plus
poétiques vallons des Pyrénées.

Je laisse à penser le bonheur qui fut dépensé là.

On revint à Bordeaux... à Paris... où vous voudrez... et le
ménage rentra définitivement dans la vie régulière et un peu
monotone du travail de çhaquejour.

L'hiver arriva.

Novembre apporta les premières neiges et amena la Saint-
André, qui, comme je vous l'ai déjà dit, était la fête de mon
ami Fernand.

Madame *** était sortie en tapinois dans la matinée et
avait fait quelques visites aux bijoutiers en renom.

Après le dîner, elle se leva, prit la main de son mari, y
mit une belle émeraude, déposa sur les joues de mon ami
Fernand deux gros baisers pleins d'amour et lui tint le petit
discours suivant de sa voix la plus câline :

_Nous sommes heureux, Fernand, ou du moins je suis

heureuse. Prends cette bague avec mes souhaits de bonne
tète, et promets-moi d'accomplir fidèlement ce que je vais
te demander.

— Jeté le jure.

_Bien. Chaque fois que tu auras mis dans tes projets de

sortir dans la soirée, sans moi, tu ôteras ta bague avant dî-
ner.

— Quelle fantaisie! ! !...

— Tu l'as promis.

_Et je tiendrai ma promesse. Mais que peux-tu crain-
dre? je ne sors presque jamais le soir. Je ne fais partie d'au-
cun cercle, et quand je vais au spectacle, nous y allons en-
semble.

_Je ne crains rien. Je sais que tu m'aimes, mais j'ai La

promesse, et je la garde.

Un écouteur indiscret aurait pu entendre quatre nouveaux
baisers qui signèrent et scellèrent le traité.

Quatre années se passèrent.

L'émeraude n'avait jamais quitté l'annulaire de mon ami
Fernand. Un fils était venu qui avait apporté un redouble-
ment de joies intimes et de bonheur domestique.

Ce ménage était le paradis.

Dans le courant de la cinquième année, mon ami Fernand
eut des velléités d'indépendance.

On lui avait parlé d'une pièce en un acte, très-grivoise,
qui se jouait tous les soirs dans un petit théâtre de genre. 11
avait un violent désir d'assister à une représentation au
moins de ce vaudeville.

De plus, le petit théâtre en question était un do ceux qu'il
avait affectionnés alors qu'il était garçon.

Il se souvenait, non sans quelque plaisir, qu'il y avait
passé jadis d'excellentes soirées, en compagnie de quelques
amis. A cette époque, il se disait et se faisait pas mal de fo-
lies au foyer de ce bouï-bnuï.

L'occasion, l'herbe tendre, quelque diable aussi le pous-
sant, il résolut de se séparer de sa bague... mais pour cette
fois seulement.

Un soir donc, avant dîner, il mit son émeraude dans son
secrétaire... et, au moment de se mettre à table, revint en
toute hâte la reprendre, en se disant :

— Bahl ce sera pour demain.

Le lendemain, comme il servait le potage, sa femme lui
dit :

— Tu sors seul ce soir?

Mon ami Fernand rougit, se troubla et balbutia:

— Moi... moi... mais non. Où vois-tu cela?

— Tu n'as pas ton émeraude.

— Tiens! c'est ma foi vrai. Je l'aurai laissée dans ma
chambre après m'être lavé les mains. Je vais la chercher.

Il se leva et sortit.

Madame *** sourit, et quand jl l'ut revenu :

— Je n'ai point voulu me plaindre, lui dit-elle ; si tu as
besoin de sortir, ne te gênes pas, mon ami.

Fernand avait remis sa bague qu'il était tenté d'appeler sa
chaîne, ce soir-là.

Il répondit d'un ton quelque peu bourru :

— Mais puisque je t'ai dit que c'était un oubli.
Cinq ou six jours s'écoulèrent encore.

Enfin, mon ami Fernand prit son courage à deux mains
et ôta de nouveau sa bague.
Quand il servit le potagea sa femme ne lui dit rien.
Cela l'enhardit.

Pour s'étourdir un peu, il fut aimable, gracieux, empres-
sé. Madame *** se mit au diapason de son mari.

Elle fut aimable aussi, mais aimable autant que l'est une
femme qui veut s'en donner la peine; elle fut gracieuse éga-
lement. Mais comme elle était la grâce en personne, vous
jugez à quelle hauteur le superlatif doit être élevé.

Sans être coquette, elle avait, comme toutes les femmes,
l'instinct de ces petites finesses délicates auxquelles nous nous
laissons toujours prendre, elle regarda son mari d'une cer-
taine manière qui était la bonne. Tout en causant avec es-
prit, elle lui rappela, sans avoir l'air, les meilleurs moments
de la vie à deux, à trois, qu'ils avaient si doucement menée
depuis près de cinq ans.

Le souvenir est la moitié de notre vie.

Mon ami Fernand jeta un regard en arrière; il évoqua à
son tour le passée! parla... longuement.

Plus il bavardait, plus sa femme fui paraissait, jeune et
charmante.

Tout en parlant, il se disait en lui-même que la plus jolie
comédie du monde ne valait pas un regard, un de ces re-
gards qui semblaient ne pas s'apercevoir de l'absence de
l'émeraude.

Il sentait bien que l'heure passait, et hésitait à se lever.

Ce n'était plus qu'il n'osât pas, c'était qu'il se trouvait
bien sous le charme de son bonheur et qu'il ne voulait pas
rompre ce charme.

Enfin il tira sa montre.

— Dix heures déjà ! s'écria-l-if.

— Vraiment, exclama Mme *** en souriant malicieuse-
ment, comme le temps passe avec toi.

— Et avec toi, chère amie. Dire pourtant que je voulais
sortir seul ce soir.

Mme *** était trop fine pour paraître avoir deviné.

— Ah ! dit-elle nonchalamment, Lu n'as donc pas ta
bague ?

— Je vais la remettre.

Mon ami Fernand essaya plusieurs fois depuis cette épo-
que de rompre sa chaîne de fleurs.

A chaque nouvelle tentative, Mme *** livrait contre
son ennemi invisible un combat qui se terminait .toujours
par une victoire.

Mon ami Fernand, de défaite en défaite, finit par trouver
que nulle part il ne serait mieux que chez lui.

Sa femme redoubla de prévenances, de grâce, d'abandon.
Elle fut si belle et si bonne, que les deux époux pourraient
mesurer leur temps par le nombre de leurs lunes de miel...
comme les Italiens mesurent leur vie par le nombre des
lunes... ordinaires.

Et voilà comme quoi la bague de mon ami Fernand n'a pas
quitté son doigt depuis dix bonnes années.

Ops.

PEIME 331 : LA LUNE

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an à la LUNE recevra gratuitement, en prime, tous les
numéros parus depuis le 1er janvier 1866.

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en mandat ou timbres-poste, à M. Daniel Lévy, di-
recteur du journal, 5, Cité Bergère, à Paris.

GAZETTE A LA MAIN

Comme Arthur dans Lucie :

J'arrive le dernier au rendez-vous de chasse...

non pour sonner sur Havp.nswo.od vaincu l'hallali do lu haine
satisfaite...

Mais pour vous entretenir do ces fêtai de Nancy dont le récit
a, la semaine passée, défrayé toutes les conversations et toutes
les chroniques.

Aussi bien, je préfère vous renvoyer aux indiscrétions de l'Evé-
nement.

Le voyage en Lorraine s'y retrouve tout entier, surpris en
déshabillé, à travers un trou de serrure, par un Dangcau intel-
ligent.

■*olo, mlnorn cuminiu» ï

La Pall'érine a dit dernièrement h Ladislas B..., le pianiste-
bohème :

— Viens donc , me demander à déjeuner un de ces matins...
Par exemple, aie bien soin, après avoir sonné, de cogner à la
porte trois coups légers espacés maçonniquement... Tu com-
prends, il pleut des créanciers et je suis sous la gouttière...

Ladislas est venu ;

Il a frappé de la manière indiquée,

Et la Pall'érine l'a reçu au saut du lit :

— A la bonne heure au moins! tu t'es rappelé le signal,., Entre
au salon... Je suis à toi dans cinq minutes.

*
* *

Le gentilhomme est princièrement logé, — au troisième étuge
d'une maison de la rue Caumartin...

Seulement, dans cette maison, certains retraits indispensables
sont situés sur chaque carré, en dehors des appartements.,.

Après avoir installé son ami en face d'une boîte de cigares,
d'une cave à liqueurs et d'une pile do livres nouveaux, la Palfé-
rine est passé dans l'un de ces retraits,,.

Oui, mais il a refermé, sans y songer, la porte de son anti-
chambre...

Et la clef est restée en dedans.,.

— Bon, pense-t-il en s'apercevant do sa négligence, voilà que,
pour rentrer chez moi, if va me falloir sonner et déranger ce
pauvre Ladislas...

*

11 sonne, en elf'et...

Nul ne répond.

11 sonne plus fort...

Rien ne bouge.

Il sonne à tour de bras.,.

Même immobilité, — même silence.

— L'infortuné, murmure-t-il, le piano l'aura rendu sourd..,
Sacrebleu ! nous allons voir...

LA PREMIÈRE AFFAIRE DU FUSILIER PILOR, par GÉDÉOÏV (Suite).

Qué je cherchai un moyen
"'ont auquel je pourrais m'ex-
pUqner-t-avec Midou,

(lui me narguait en mé faisant voir su con-
naissance.

Line fois, prenant mon courage à
deux mains, je dis à Midou tout ce
que j'avais sur le caïur. Alors, qui
m'dit : Que t'es l'un serin I

Ah 1 que je suis t'un serin ! eh hien,
que t'es l'un serin toi-même!

Midou, d'un coup de poing, me fit
voir Irente-six chandelles.

(La suite au prochain numéro.)
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
La premiére affaire du fusilier Pilor, par Gédéon (suite)
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Objektbeschreibung
Bildunterschrift: "Qué je cherchai un moyen dont auquel jé pourrais m'expliquer-t-avec Midou." "Qui mé narguait en mé faisant voir sa connaissance." "Eine fois, prenant mon courage à deux mains, je dis à Midou tout ce que j'avais sur le cœur. Alors, qui m'dit: Que t'es t'un serin!" "Ah!que je suis t'un serin! eh bien, que t'es t'un serin toi-même!" "Midou, d'un coup de poing, me fit voir trente-six chandelles." Signatur: "G" Sonstige Angaben: "(La suite au prochain numéro)"

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gédéon
Entstehungsdatum
um 1866
Entstehungsdatum (normiert)
1861 - 1871
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Mann <Motiv>
Soldat <Motiv>
Spaziergang
Frankreich
Gespräch <Motiv>
Freundschaft
Karikatur
Frau <Motiv>
Uniform <Motiv>
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 2.1866, Nr. 21, S. 21_3
 
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