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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0058

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LA Ui&B

LE BARO\ OTHOX BE BISMAHK-SUSŒMIUSEa

Il y a douze ans paraissait à la librairie Firmin Didot, le tome
sixième de la Nouvelle Biographie générale, tome qui va de lîichat,
le savant médecin, à Boulée, architecte de talent plus méritent
par les élèves qu'il a formés que par ses travaux personnels. Le
nom du baron de Bismark ne figurait même pas dans ce recueil,
le plus complet et le plus important qu'on eut publié jusqu'à ce
jour. Aujourd'hui, il n'est pas un homme, une femme, un vieil-
lard, un enfant en France, qui ne connaisse cet homme d'Etat, et
hier — ô consécration de la gloire! —j'ai entendu un cocher de
fiacre poussant son cheval sur une montée, lui crier : « Hue 1
donc ! Bismark ! »

M. de Bismark n'a pas inventé une charrue, écrit un beau
poëme, découvert la vapeur, la pomme de terre ou le tabac ; il a
fait faire la guerre ; il a dit à des gens qui n'en pouvaient mais :
« Vous ne voulez pas être Prussiens, soyez-le 1 » 11 a fait pleurer
des mères, il a fait désoler des pays ; voilà pourquoi il est cé-
lèbre. Ne m'en demandez pas davantage sur ce sujet, car il m'e3t
défendu d'en dire plus long.

Après la dernière guerre, M. de Bismark, qui était major de
cuirassiers dans la landwehr, a été nommé général sans avoir
combattu. Comme on dit dans les drames de l'Ambigu, il était
l'âme qui dirigeait la main. Nous autres Français, gens sans phi-
losophie, nous aimons que nos généraux aient vu le feu ; nous
n'admettons le commandement que de la part de ceux-qui ont
obéi ; nous exigeons de ceux qui nous demandent le sacrifice de
notre vie qu'ils aient d'abord commencé par exposer la leur ; nous
no comprenons pas qu'on puisse diriger une armée sans avoir
combattu. En Prusse, on est philosophe avant tout, et c'est en
vertu de la doctrine du moi et du non moi, du subjectif et de l'ob-
jectif, qu'un illustre pékin est officiellement autorisé à se costu-
mer, les dimanches et les jours de fête, en général en chef.

Le dessin qui orne aujourd'hui la première page de la Lune
vous représente un bouledogue prenant une souris dans une
ratière : allégorie touchante, d'autant plus qu'il n'y a pas de lard
au fond de la ratière, et que c'est seulement par le doux son de
sa voix et le charme de ses promesses que le bouledogue attire
la souris.

Pas si bouledogue que cela, quand il ne fait pas de la poli-
lique, M. de Bismark! charmant homme au contraire, très-gai,
très-affable, très-courtois et très-bon enfant; oubliant volontiers
dans ses intérim, qu'il est ministre, justement peut-être parce
qu'il s'en souvient trop aux autres moments.

M. de Bismark était allé, il y a deux ans, aux eaux d'Ischl.
En même temps que lui, dans cette localité, villégiaturait
une charmante prima donna de l'opéra de Berlin, Mlle L...,
aussi excellente chanteuse que jolie femme, et aussi jolie que
vertueuse, — une prima donna accomplie, une prima donna comme
on n'en voit guère, une prima donna comme on n'en voit pas. Un
jour, sur la promenade d'Ischl, le ministre rencontre la chan-
teuse, la reconnaît, la salue, l'aborde ; entre premier minisire et
étoile d'opéra, en tout pays et en tout temps, la conversation se
place sur le terrain de la complète égalité. Le ministre se dé-
tourna de sa route pour suivre celle de la chanteuse. Cette der-
nière allait justement se faire photographier. Les artistes de
Berlin ont, vous le voyez, les mêmes vices que les artistes de
Paris. Le ministre, arrivé à la porte du photographe, ne s'arrêta
point, il continua l'entretien commencé sur la promenade.

Tout à coup, le photographe caché sous son voile en sortit
précipitamment et pria M. de Bismark de s'éloigner un peu du
lauteuil occupé par Mlle L.... « Sans cela, dit-il, l'objectif allait

cueillir la personne de l'Excellence et la placer sur la photogra-
phie, tout à côté de la prima donna.

— Mademoiselle! fit M. de Bismark, se reculant discrètement.

— Oh! restez, répliqua celle -ci ; ce portrait est destiné a mon
fiancé. Il sera si heureux de l'honneur....

M. de Bismark ne laissa pas achever et reprit sa place. — Et
voilà comment un ministre prussien est portraicturé sur le même
carré de papier qu'une cantatrice italienne. La photographie,
mi«e en vente, a circulé; j'en ai vu un exemplaire à Paris; mais
le plus curieux de l'histoire, c'est que la police du roi Guillaume
a fait saisir à Berlin les photographies en question. Elle croyait
à quelque malignité dans le rapprochement du ministre et de la
danseuse, et pensait qu'il avait été obtenu par ces malveillants
procédés de découpage au moyen desquels les photographes
confectionnent de bien plus singuliers groupes.

Ceci prouve que M. de Bismark n'a pas fait faire un pas aux
mœurs prussiennes, qui sont encore ce qu'elles étaient il y 8 cent
ans, du temps où -

.... Frédéric, juste envers un meunier,
Si: permit maintes lois telle autre fantaisie.
Témoin un certain jour qu'il prit la Silésie ;
Qu'à peine sur le trône, avide de lauriers,
Épris du beau renom qui séduit, le» guerriers,
Il mit l'Europe en feu. Ce sont là jeu de prince,
On respecte un moulin, on vole; une province.

M. de Bismark est âgé de cinquante-trois ans. Il est né le
1er avril 1814: un vilain poisson d'avril pour l'Europe.

J. R.

LA REVUE DU MOIS

GAZtSTTE RIMÉE

MAKS 1 » 6 7

Sommaire : Le Fils du brigadier-, — Déménagement de l'Obélisque. —
Les Brebis galeuses. — Double éclipse. — Le vieux Galilée. — L'Inqui-
sition. — Les Idées de Mme Aubray. — La souscription à dix sous...
et Havin. — Hernani. — Une lettre de Victor Hugo. — Pour qui le
bis? — Abolition de la contrainte par corps. — La villa Soleil. —
Ouverture de l'Exposition.

Au Fi/s du brigadier, l'on dore
La pilule; ce n'est pas bon.
— Brigadier, répondit Pandore,
Brigadier, vous avez raison.

Un avis pour qui se WétjtM
A propager un bruit fuit :
C'est décidé, l'Obélisque
N'ira pas au Gros-Caillou.

Au Vaudeville, oui dà,
Les hrebis galeuses
Ont d;: galbe. El Buguet les nomme pour cela
Brebis galbeuse*.

Constatons-le «ans ellipse,
Le carnaval est passé ;

Le jour même de l'éclipsé,
Il s'est éclipsé.

Une bonne était allée
Voir, aux Français, Galilée;
Or, le lendemain
Matin,

Pendant que sur le feu son déjeuner séjourne,
Voilà soudain son tait gâté.
— Hélas 1 ma crème, en vérité,
Était d e Donne qualité...,

Gémit la cuisinière, et pourtant elle tourne!

L'Opéra, les Français, en réquisition
Mettent le saint-ollice, et le spectateur jure
Que ce double réveil de l'Inquisition

Pour lui devient une torture.

Les choses sont décidées ;
Malgré tel on tel critique qui brait,
Grand succès pour les Idées
De madame Aubray.

La souscription Voltaire
Poursuit son vol terre à terre.

Hernani va bientôt retrouver son succès,
Les Français parleront français (1).

Un examinateur des œuvres dramatiques

Lisait un vaudeville... à grands coups de ciseaux

Bref, au milieu de vingt répliques,

Il arrive un couplet finissant par ces mois :

« Ne pas pardonner la femme qui pleure ,

« C'est, vouloir, hélas! qu'elle fasse pis! [Dis.)

Oh ! oh ! — murmure-t-U — sur l'heure

D'un collègue prenons l'avis I
Est-ce un leurre?

L'auteur n'esi-il qu'un grimaud?
Ëù est-il pour le vers ou pour le dernier mot!

Plus de contrainte ! — dès lors,
Dans leurs désespoirs extrêmes,
Que décident les recors ?
— Ils vont s'arrêter... eux-mêmes,
Ou se l'aire croque-morts...
Pour avoir prise de corps.

Villa Soleil !... projet très-beau sur le papier,
Puisse le Figaro réaliser ce songe !

Mais Aniibes, c'est, loin, c'est bien loin... lorsqu'on songe
A qui ne pourra s'y rendre qu'à pied.

Ouvrir au jour dit est du meilleur goût ;
L'Exposition ouvre ses merveilles :
Ouvrez donc vos yeux, ouvrez vos oreilles,
Vos porte-or surtout.

Alexandre Flan.

(I) A propos de celte prochaine reprise, remettons au jour una lettre
curieuse :

« A Monsieur Léon Gatayes.

« Votre prénom rappelle un lion.
« Votre nom imite bataille.

« Venez donc ce soir, armé de ce billet, à la première représentation
« ù'Hernnni.
« Mille compliments.

u Victor Hugo. »
26 février J830, anniversaire de ma naissance.

LIS ÉCUMEUES M CLAMâRT

tjilSAXt» MOMA1V s»î»tssai>t, attnclinnt, oii>nu;n»( ,
stttpéflrint, i-envenai.t, etc., este...

Par GILL.

(Suite)

Faut pas mentir, Machindor de Torchetus n'avait pas le sou;
mais il avait la naissance. Dan3 la famille de» Torehetux, on n'a
pas besoin d'autre chose pour vivre et pour épouser la baronne
au dernier chapitre. Voilà qui est incontestable.

Au tournant de la rue du Four, le beau jeune homme rencon-
tra une belle jeune fille pâle, qui me servira beaucoup pour
mon prochain grand roman.

Machindor était un noble cœur. Il constitua sur-le-champ une
dot d'un million à la belle
jeune fille pâle, qui me ser-
vira...

« Mai» quoi 1 mon cher
n Polo, parmi l'aimable so-
« ciété qui s'abonne, j'en-

« tends des personnes qui

« disent :

« — Ça n'est pas malin ;
« la charpente de son grand
«roman est trop simple;
a ça manque de péripéties !

« Qu'il me soit permis d'in-
« terrompre mon récit pour ouvrir une large parenthèse, qui sera
« ma réponse, et que j'intitulerai :

9

Ëb. ! quoi, mesdames et messieurs, dirai-je avec
sévérité, ne sentez-vous pas tout ce qu'il y d'adini-
3 rabl© dans ma contenance et la simplicité de mes
procédés !

Des péripéties ? jamais !

Les Ecumews de Clamart sont une fraîche et virgi-
nale histoire d'amour que je raconte avec mon cœur.—
Quoi de plus beau que les histoires qu'on raconte avec

son cœur ? /
Et j'ajouterai : Ne me serait-il pas mille fois plus facile en

vérité de me servir de l'Epingle du docteur, par exemple ?

Tenez, prenons l'Epingle du docteur
entre mille autres choses que j'ai sous
la main.

Le vicomte rencontrerait le docteur, jo
suppose. Vous connaissez lo docteur?

Bon ! Le docteur tire l'épingle de sa i
cravate et pique Machindor. Il est évi- '
dent que ?Iaehindor tomba foudroyé.

?ùaintenant il no tient qu'à moi quo le
docteur n'éprouve un remords. If l'é-
prouve. Bon! il repique Maebiador, et
aussitôt Machindor, ivre de joie, ressus-
cite et s'élance dans le tourbillon du
plaisir.
Et ainsi de suite.

tainement. Et rien ne serait plus agréa-
ble. Machindor rencontre un tigre. 11
écrit au docteur qui est son ami et qui
demeure rue Vivienne ou autre part.
Bon ! au moment où Machindor va pé-
rir , le docteur tire son épingle et
pique le tigre. Voilà mon tigre fou-
droyé.

Que si maintenant je fais cuire mon
tigre avee une sauce de rua composi-
tion, il suffira de l'entourer de quelques
chapitres et de servir ehosud.

Supposons maintenant qu'il me plaise transporter l'action de
mon grand roman dans les jungles de l'Inde. Je le pourrais cer-

Et j'obtiendrais un fort volume que j'intitulerais Impressions
M voTAftis, et qui m'enrichirait certainement.

Je ne veux parler que pour mémoire de l'immense parti qu'il
me serait facile de tirer des clients du docteur. H» défileraient
dans mon grand roman et le parfumeraient agréablement des lits

de mort, du testament et du secret du mort, sans compter les chevets
du mourant et les funèbres visions de la tombe.

Eh bien, non, le jeaue monsieur Cbabrillat et moi nous som-
mes de la grande école, et nous pouvons proclamer avec fierté que
«os romans ( peut-être l'ai-je déjà dit ) sont de virginales his-
toires d'amour racontés avec le cœur.

Fermons la parenthèse.

(La suite au prochain numéro.) And. Gill.
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Les écumeurs de Clamart, par Gill
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Gill, André
Entstehungsdatum
um 1867
Entstehungsdatum (normiert)
1862 - 1872
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Mann <Motiv>
Tiger <Motiv>
Sack
Frankreich
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 3.1867, Nr. 57, S. 57_2
 
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