Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La Lune — 3.1867

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0070

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
Noire confrère Louis Veuillot, — qui tire si Volontiers les
oreilles aux gens, tout en leur refusant les siennes, — nous
semble s'être étrangement mépris sur le sens exact des acces-
soires dont notre caricaturiste a accompagné eon « portrait. »

Ces accessoires constitueraient, selon le rédacteur en chef
de l'Univers, une atteinte affligeante à la religion catholique
— sinon chrétimne — dont il croit fermement être le ropré^
sentant sur la terre, ■— un représentant à la façon des Lebns
et des Carrier...

Erreur intense ! •

Nous n'avons jamais eu l'intention de canoniw? ou d'ar-
changéliser M. Louis Veuillot...

Les séraphins n'ont pas seuls le privilège de porter des
ailes. Les oies en sont aussi pourvues. Ceci rj'ôte rien à leur
candeur et à leur inoffensivité. Mais chacun sait que l'auteur
des Odeurs de Paris n'est pas plus un séraphin qu'une oie...

Quant à ce qu'il a plu h son Humilité do prendre pour une
auréole, c'était tout simplement le cerceau symbolique du
clown à travers lequel cet écrivain saute parfois aveo tant de
désinvolture — mais non sans crever le papier.

La liberté de la plume, que M. Veuillot a souvent pous-
sée jusqu'à la licence, est-elle donc moins damnable et moins
condamnable que la liberté du crayon ?

Ah! Torquemada mort qui réclame un bûcher en faveur
de Goya vivant !

Ne pouvant nous brûler, l'inquisiteur en chef de l'Univers
nous dénonce. Il est vrai que ce n'est pas par un baiser. Lui
manquait-il donc douze deniers pour l'entretien de ses deux
zouaves pontificaux?

LA LUNE.

MARIE SASS

Lu mezzo soprano que Gill enferme aujourd'hui d'une façon si
originale — entre les quatre lilets d'une carte à jouer — et devant
lequel Bcid'oison,séduit par l'opulence des contours, peut s'écrier
avgp un â-propos dont vous sentirez toute la justesse : — « Oh !
la fo-orme, la fo-orme !» — Ce mezzo soprano, dis-je, est la
preuve vivante que si se faire un nom à Paris est une chose dia-
blement roide pour un artiste, le conserver, orthographiquement
parlant, est également une affaire terriblement difficile pour lui.

*

* *

Pendant ces dernières années, vous le savez aussi bien que mol)
un 15 lit beaucoup de bruit pour un muet, puis un X, lettre ordi-
nairement fort calme dans les faits divers, changèrent la GaKtfe
des Hfijtyunaux en moniteur des combats que se livrèrent sans rB:
lâche Jjn facteur d'instruments guéri par le docteur Noir et la fqrte
chanteuse do l'Opéra.

Celle-ci tenait à conserver un nom consacré par une gloire
légitime, celui-là voulait à tout prix détru,}*^ la ressemblance for-
tuite 014! existait entre le nom de ses aïeu^ et celui de la canta-
trice célèbre.

Car, je ne sais pourquoi, le facteur d'instruments, auquel côs
divers procès économisaient pas mal d'annonces dans les grandi
journaux, se disait, comme dans Molière :

ffous aimons toujours mieux, r.ous autres yens d'étude,
Une Comparaison qu'une similitude

De comparaison, il n'y en avait pas à faire; quant à la simili-
tude cile fut détruite un beau soir. s

*

* *

Mais la lutta avait duré si longtemps, que, vers sa Un, nombre
de lecteurs des feuilles publiques se demandaient avoc étonne-
ment si Adolphe fcax se faisait entendre, rue Lcpeletier, dans le
répertoire, ou si Mario Sass fabriquait des cors de chasse.

Quoi qu'il en soit, Marie Sax, Saxo, ou Sasse, ou Sass, Conti-
nuait d'ébranler t]e sa voix puissante les voûtes da l'Opéra, obte-
nant appuis et rappels, les un:-; au palais, les autres sur la scène.

* *

i. s nonnb.raus procès do Marie Sass, dans le détail desquels
nous n'en,icarons pa| du reste, nous amènent g, parler de ses
rommencements qui gfmt notre proie au point de vue biographi-
que.

Née en Belgique, il y a quelques années, leur compte ne fait
rien à l'aii'aire, Marie Sags débuta dans les cafés chantants ; à Pa-
ris, on la vit successivement au café des Ambassadeurs, au café
Moka, au umeert du Qéant-

Madame Cgalde la remarqua, un soir, dans un de ces derniers
endroits, la prit en aifeptipp, lui donna des leçons e*cellentes, et
la fit entrer au Consoryatoin'.

Elie en sortit vers 181$ et chanta, au Théâtre-Lyrique, le rôle
de la comtesse dans les floçfi de Fvjaro. Le boulevard l'aimait
beaucoup.

Du Théâtre-Lyrique elle sauta légèrement au Grand-Opéra, où
sa diction vibrante, bien timbrée, lui concilia l'amitié des abon-
nés les plus grincheux.

La création du rôle do Sélika, dans l'Afiicuinc, fixa les irréso-
lutions dernières des dilettanti, et les bravos de ses admirateurs
portèrent sa réputation aux étoiles!

l)m Juan lui permit de déployer do nouvelles qualités : à la
puissanoe se joignit le charme.

Dan* Don Carlos, son succès n'est pas aussi bruyant. DU reste,
son rdlo est légèrement effacé.



En somme, Marie Sass est, pour le moment, et à juste litre, la
cantatrice le plus en vogue, à Paris, à côté de la petite Patti,
l'ange de la clef de sol.

*

* *

Signes particuliers :

Si madame Ristori, avant d'entrer en scène, fut le signe do la
croix, comme une bonno Italienne qu'elle f-st( Marie Sass, en sa
qualité de fille dévouée de la Belgique, aime à mouiller son go-
sier précieux do la boisson de ses compatriotes.

Dans la coulisse, un verre de bi.ro, avantdVgrer.er les croches sur
le public, c'est infiniment préférable à un œuf frais, savez-vous ?

C'est ainsi l'avis de Marie Sass.

Ernest d'IIervillt.

LES MIETTES DE LA SEMAINE

Un habitant delà campagne, qui ne plaisante pas avec l'agriculture, vient
d'adresser au Sénat une pétition dans laquelle il demande que les élèves
des lycées départementaux soient employés doux fols par somiine (les
jours de promonade) à détruire les hannetons, ces ennemis des jeunes
pousses, F espoir de la saison. (Sic.)

Pendant qu'il y était, cet homme des champs aurait dû aussi réclamer
leur concourspour l'échcnillage. Seulement, dans ce cas. il né serait que
juste d'établir des récompenses à, la (in de l'année. On entendrait des
pères de famille s'écrier avec, complaisance : 0 Mon fils ! un rude sujet !...
il amèue le premier prix de destruction do hannetons.» On verrait des
mères verser dos larmes do joie en ramenant leurs enfants qn ont obtenu
di>s accessits d'échenillage au collège !...

... Qitelie éducation pour la jeunesse I... Utile dutci!

A propos de pétitions, il parait que les villes do province se disposent à
faire entendre de vigoureuses réclamations au sujat de suppression
des musiques de cavalerie. Le fait est que cp sera pénible pour les habi-
tants des départements de ne pouvoir plus aller le dimanche a 1;- musique
au parc, sur le cours ou sur l'esplanade. C'pst lit, do quatre à six, après
vêpres, que les élégantes du cru font assaut de crinolines et de clnpcaux
inie l'oscopiqties...

Si vous leur enlevez la musique, mort Dieu ! que fera-t-on le dimanche
de quatre à six à Quimpcr-Corcntîn, à Carcassonno, ou à Brives-la-
Ga illarde ?

Quant aux bonnes d'enfants, elles accepteront la inosuro sans murmu-
rer, a lu condition qu'on leur laissera les musiciens.

Si l'autorité leur refusa cette faveur, elles sont cupablos de se mettre
aussi à vouloir entretenir plusieurs zouaï«« pontificaux, à l'instar de
fi Hivers.

M<5upns-noii" I

La bÂojoj/i'aphqinanie combine à sévir sur toutes les classes de la so-
ciété. La voie tracée par Un illustre romancier et une écuye-re Juan râblée
a fait écolo. On nous signale la prochaine apparition aux vitrines dos ma-
gasins (]p quelques reproductions photographiques dont le succès n'est
pas douteux : flaire autres la carte du Tintamarre déposant un doux baiser
sur le front (oUgissant de Ut Gazette de France; tous les deux sont flans
le costume traditionnel de nos premiers parents.

Le Petit Journal, serrant sur son cœur le Figaro, en train d'essayer une
chemisu neuve. — L'Univers, vêtu d'une simple paire de bretelles, pas-
sant la main" sur le dos i la statue de Voltaire... sans voile. — Le Siècle,
sans culottes; retenant sur ses genoux la Patrie, dont il a dénoué la cein-
ture. — l'Mlurèlc Chastes, eu gilet de flanelle, sollicitant les faveurs de
VAeatlémii; pundanl qu'elle se livre aux soins délicat» et aecruts du sa toi-
lette. — VAi)',cat Gagne, aplani du K&Utltre Suzanne Lagier au baia à
quatre «ous (sans fond de bci-i, en lui lisant son poome do fl'nile'ide,

Eullfl, un groupe voluptueux formé par le Constitutionnel, ayant im
bonnet de raton pour tout costume (à cause de la grève des puyclers tail-
ied,rs), et se livrant à des poses risquées devant la fillif du, millionnaire,
enlacée elle-même dans les bras du directeur des Folics-Samt-Gcrinain :
le tout dominé par la slattie de la Liberté, vêtue d'un lorgnon et bénis-
sant le groupa».. ^m*t'

WuWomrnt les balewr-omnibin de la Se'nB oui conquis lus faveurs
P41 public. Il y a de Vhontme de mer chez le Parisien. Dimanche dernier
k queue de passager* attendant le stcamboat aux escales rappelait les
beaux jours du boulevard du Temple. Seulement, je nlp demande pour-
quoi l'on n'oblige pas chaque bateau i avoir au fû'ojns une embarcation' à

bord ? JT \ 7\\>\j ! WvV-J

Gomment cxéanterall-on un sauvetage... si Quelqu'un tombait h

lu nier? - \ W-ïiiîv' \%"

C'en est fa^t... le bonnet de police a vécu... on en revient aux liépls
dans l'armée. Je m'y attendais. Le képi en a pour quelques années d«ns le
ventre. Puis on en reviendra ttux bonnets do police... pour reproudre plus
tard le képi, lîonnet blanc c\ blanc bonnet.

Cette question d'équipement me fait songer que le conscrit vaudra trois
millu francs cette année. 11 a augmenté comme losautrcs objels do consom-
mation.

Trois mille francs!!! quand je pense que pour cinquante éous on peut
avoir une vache!!! «—■

Voila qui doit donner au conscrit une forte idée de la supériorité de
l'homme sur le bétail.

En fait d'objets d'art à l'Exposition, c'est la bière de Vienne, à vingt*
cinq centimes le bock, qui m'a l'air de conquérir le plus de suffrages.

Le monument mexicain des Aztccs est un four. Cela tient à sa forme.,
mais surtout au prix qu'on fait payer aux personnes sans défiance qui ne
craignent pas d'y pénétrer. Oui I monsieur!... pour entrer là-dedans on
vous oblige à payer... et encore on ne vous sert rien à boire.

(l'est co qu'on peut appeler une obligation mexicaine.

Je préfère le buffet tenu par cet essaim do filles d'Albion, très-appétis-
santes à l'feil nu. Engiish spoken here. Vous savez !... entre nous... elles
sont peut-être de Chaillot ou de la rue Tiquctonnc. Mais ça m'est égal.

Quant à la paysanne au diadème qui trône au restaurant russe.... n'en
parlons pas...j'ai une peur affreuse qu'elle ne nous arrive tout simplement
de Pont-à-Mousson.

Dimanche prochain, nous commencerons notro petit tour à l'Exposi-
tion, où l'on est exposé à tunt de tromperies sur la marchandise.

Elie Fni-:n.vui.t.

LES VAUDEVILLISTES CHEZ EUX

RÉVÉLATIONS D'UN PROTTEUR «

Brot (Alphonse)

48, rue Pigalle. — Ex-romantique échevelé, ci-devant Bousimjot,
actuellement chef de bureau, décoré et excellent père do famille.
— A toujours eu pour le mélodrame un penchant fort peu natu-
rel, a fait verser des torrents de larmes au public de l'Ambigu
aveo la Lesc.ombat, Priez pour elle, la Tour de Londres, et va donner
à la Gaîté : le Testament de la reine]... — Est cependant très-réussi
comme vaudevilHcidteur : témoins les Exploits de César et le Meur-
trier de Théodore; aussi espérons-nous que, dans la nouvelle pièce,
sa reine dira, avec un manque complet de dignité, lorsqu'on an-
noncera le jeune premier de la chose : Fai'.es monter c't amant.

Alphonse lirot possède un curieux autographe de son regretté
collaborateur Roger de Beauvoir; c'est une épître improvisée sur
un chiffon de papier, dans la loge du concierge de l'Ambigu, et
illustrée de dessins à la plume : masques g lis ou tristes, poi-
gnards, battoirs, etc.

Voici cette lettre en rimes familières :

« Ingrat ! je t'écrivis, tu ne répondis pas !

i' 'l'a conversation a pour moi des appas.

I< Cependant! - Pourquoi donc m'en priver, je te prie?

* Auii. c'est cruauté que ta coquetterie.

« Si tu ne veux passer pour un triste Pierrot,

« Prend»sur-le-champ ta plume, et qu'on m'écrive un mol.

« Ce soir, je fus en char à l'Ambigu-GomfquG

« Et demandai Uéraud à son porlier gothique ;

« Il répondit : — Mosieu Béraud n'est pas ici.

n Sa réponse me cause, hélas! certain souci.

« Béraud, mc8uis-je dit, fuirait-il son théâtre?

n II voulait me parler, je trouve un saint de plâtre ;

« No serait-il donc plus cet homme affectueux

« Qui, sous le vain prétex-te qu'il est vertueux,

n Et que, partant, il aime a voir lever l'aurore,

11 Dort le malin, lu jour; et, le soir, dort encore?

n D'après ceci,- mon cher, il te faut recevoir

n Dans trois à quatre jours ton ami do Beauvoir,

« Pour ce que tu m'as dit à l'Opéra-Comique.

« Tu le vois, je suis ferme et prompt à la réplique :

« Ouu ce soit le poison, que ce soit le poignard,

n Un homme de la plaine ou bien un montagnard,

n Médée, Iphigénie; il ferait, j'imagine,

n fflmu voir que ton Roger manquât à la cuisine.

« Qu'en bons écus sonnants, reluisants au soleil,

« Je traduise pour nous co sinistre appareil !

«t Et lors jp te dirai, comme aux bancs de l'école S

n Pour rendre grâce aux dieux, montons au Capitale !...

<i Je l'embrasse bien fort, et suis prêt au combat,

« DoYions-nous forger une autre Lescombat.

n Signe' : Hooer dk Buauvuik. n

Brot est un fumeur enragé !... à ceux qui lui disent que le ta-
bac alourdit les idées et endort l'intelligence, il répond :

Dumas fils et madame Sand fument la cigarette ; Mérimée fume

le cigare ; Gautier le narguilhé; Augicrla pipa....
lis n'en sont pas plus bêtea pour ça !...

Le jeudi, on l'ait chez M. Brot un petit lansquenet de portier....

L'homme n'est pas parfait I

ISuennch (AVillUim)

13 bis, passage Verdeau. — Intérieur artiste, avec lequel on re-
composerait facilement l'histoire de France... si Henri Martin
ta'était pas immortel : table Louis XIII, bahut Louis XIV, épôe
tduis XV (plus un buste de Mlle Clairon avec le nez en trompette),
console Louis XVI, assiettes Révolution, lit Louis XVIII, étagère
tharles X, piano Louis-Philippe...

Knlin un portrait d'IIalévy, avec cette dédicace : A mon cher
neveu William.

Et encore, pendue a un clou doré, la plume avac laquelle Ha-

lêvy a écrit la Juive !
M. Bugnach est un abonné du suceât.

Dernières nouvelles. — Depuis notre article du 2-1 mars, qui

donnait son adresse, l'auteur des Voyageur» poi/r l'Exposition a été
littéralement, sinon littérairement envahi pur les collaborateurs
inconnus. ^Jt

(i) Voir les numéros dos 2i et 31 mars, et M avril.
Bildbeschreibung
Für diese Seite sind hier keine Informationen vorhanden.

Spalte temporär ausblenden
 
Annotationen