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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0074

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2

LA LUWB

LES DEUX CHRONIQUEURS

DIALOGUE

wolff. — Bonjour, mon cher confrère.

kochefort. — Mon cher confrère, je vous aalue.

wolff.—Mes sincères compliments, mon cher confrère. Vous
retournez les gens sur le gril d'une façon si amusante qu'ils
sont les premiers à rire de vos plaisantes inventions.

rochefort. — Mon cher confrère, je ne puis que renvoyer e< g
aimables paroles à votre adresse. Vous martyrisez vos ennemis
avec une gaieté sans égale.

wolff. — Et comme vous savez fai.e chatoyer vos paradoxes !
quelles déductions inouïes vous en tirez à propos do tout et à
propos de n'importe quoi.

rochefort. — Vous donnez largement vos qualités aux autres.
Je fais ce que je peux, voilà tout.

wolff.— C'est égal! vous êtes d'une originalité bien rare.

rochefort. —Vous dépistez le sujet d'une «miserie avec, un art
sans pareil. La souris chez vous accouche de montagnes.

wolff. — Vous possédez une certaine manière de manger le
fruit défendu qui fait pâmer d'aise les connaisseurs.

rochefort. — Ah! ch^r contrère, les sous-entendus ont chez
vous un piquant que nul autre no saurait leur donner. Les bons
entendeurs vous rendent vos siluts.

wolff. — Vraiment, je suis confus, cher confrère.

rochefort. — Et moi, mon confrère, je me sens rougir comme
un poêle de fonte.

wolff. — On vous aimait au (harivari.

rochei-ort. — Vous fites la fortune du Nain Jaune.

Wolff. — Au Figaro, vous, en tête ; moi, aux échos, nous
eûmes un succès énorme. Le public riait aux larmes.

rochefort. — Aux larmes, est le mot. Nous n'y allons pas de
main morte. Aussi l'Evénement en fit une bonne le jour où il nous
prit.

wolff. — Le Soleil fondit en plein quand vous l'eûtes aban-
donné.

rochefort. — Maintenant, nous voilà les frères Lyonnet de la

chroni.iue. «

wolff. — Dites les Siamois de la Causerie. Nous us nous res-
semblons pas. Un seul lien, l'esprit, fuit de nous doux jumeaux.

rochefort. — Et tour à tour, comme les deux forgerons du
joujou des enfants, nous donnons notre petit coup de marteau
sur les ridicules du jour, notra'enclume éternelle,

wolff. — C'est bien cela, oui, l'an ! pan ! Et le public s'amuse
des étincelles.

rochefort. — C'est bien c*la, oui. Pan! pan! Du bruit! des
étincelles, et puis...

wolff. — Et puis, vos pièces, mon cher confrère, vos livres...

rochefort. — Vous m'avez coupé la paroie, cher ami. J'allais
ajouter qu'après les étincelles et le bruit restent vos livres et vo3
pièces, d'excellentes choses !

wolff. — Nous gagnons tous deux de fortes sommes !

rochefort. — Oui, mais...

wolff. —. J} vous comprends. Une même passion nms dévore.
Lo tapis couleur de l'espérance a pour nous des attraits.

rochefort. — On ne saurait le nier. Notre argent file...

wolff. — Autrement que Jeanne dans la chanson, n'est-ce pas.
mm C'est vrai. Mais nous nous amusons beaucoup.

rochefort. — BeaUCOUp.

wolff. — Les pertes n'influent jamais sur notre humeur.
rochefort. — Jamais !

wolff. — Pourtant, si j'en crois l'histoire, nous avons un ca-
ractère un peu...
uochkfort. — Taquin. Oh mon Dieu, oui, taquin.
woifp. — On parle de vos duels.

rochkfokt. — Vous allez bien voir nos frontières naturelles,
cher confrère !...
wclff, — Péché de jeunesse !

rochefort, — Cela ne nous empêche pas de blâmer le duel et
le jeu.

wolff. — Tiens, c'est vrai. Mais la morale avant tout, cher
confrère !

rochefort, — Oui, la morale avant tout !

wolff. — Mais l'heure se passe, mon cher Henri. Permetlcz-
moi do vous serrer la main en vous disant que vous êtes le trésor
do Villomessant.

itocHF.foht. — Et vous, mon cher Albert,' ne vous oll'ensez pas
si j'insi .ue que voua êtes pour le patron un diamant de la plus
beilo eau,

wolff, — L'eau de Cologne, pas vrai? Je l'attendais celui-là ;
adieu, chor confrère 7
k0cuefort.— Cher confrère, au revoir.

Ernest n'Iieuviu.v.

LE CAS DE M. LOUIS VEUILLOT

C'est nous qui fessons

Et qui refessons

Les petits... crayons!

— bér»nger expurgé par l'univers —

Lorsque les pauvres gens des Flandres — que le duc
d'Albe rançonnait, pendait, brûlait et arquebusn.it à merci

_vinrent porter leurs doléances aux pieds de la princesse

régente, un hidalgo de la suite de celle-ci, après avoir toisé
du haut de sa fraise empesée et de son manteau de velours

le collet de grosse toile et le pourpoint de drap des députés,
demanda dédaigneusement :

— (Jnels sont ces gueux et que nous veulent-ils?

Los Flamands—bafoué3 etéconduils—ramassèrent, pour
l'inscrire sur le haillon qui allait leur servir de drapeau, l'in-
jure tombée de la lèvre du gentilhomme...

A nqtre tour, nous attrapons au vol, pour en éloilar cette
page de notre journal, une goutte d'encre crachée l'autre se-
maine par une plume de Y Univers*,.

« Les gens de ces choses là,» A-l-W dit!...
ffoit.

£>i par « ces choses-là » il ( nlend le courage qu'il y a tou-
jours eu, dans le Paris do M. Louis Veuillot, comme dana
la Home de Pasquin, à se moquer de ce qui est îi.JicLile,
grotesque, mesquin, vil, faux, étroit , rampant , oblique,
vaniteux, insolent, brutal, hypocrite et odieux, tout en res-
pectant se qui est réellement respectable et en consorvant
dana l'exercirp de cctlé prérogative de la huulr, de l'esprit et
du corps, — |e rire, — la mesure, le tact et le goût dont ng
se départ jamais l'écrivain, bien élevé, JHneère jusqu'en son
ironie, soucieux de sa dignii.'. ei de ce!l<$ des lettres...

Si, dis-jo, o'est cet ensemble de quali ôs — ou de défauts
— qu'il a prétendu do-igner, ah! oui, certainement, Mon-
sieur frère de l'auteur des 0 leurs de J'aris, a raison, r— au-
tant do fois raison que l'on compte d'insinualions sifflantes
et venimeuses sous le* fleurs de rhélorique de son article !

Nous sommes en effet LES G EN* DE CES CHOSES-LA.

Nous serions volontiers restés sur ee mépris, qui signe ca
quelque sorte à chacun de nos collaborateurs un brevet
d'honnêteté, d'indépendance et de talent...

Mais voici que dans son numéro de dimanche — le di-
manche, à cequ'il paraît, l'insulte et la mauvaise foi ne sont
point tenues de chômer — M. le rédacteur en chef de l'Uni-
vers vient en personne « contraindre les fabricants de carica-
tures d'expliquer — eux aussi — la manière dont ils reçoi-
vent des permissions, » vous savez, ces pendissions plus ma-
chinées qu'une féerie, qui ont un jmias sur une feuille po-
litique, pour parler, et une poterne sur la rue Jérusalem,
pour agir...

Quand la gens de ces thuses-là so présentèrent chez lui, h
l'effet de « solliciter la grâce » dont il s'agit, ils trouvèrent
M. Veuillot aussi charmant que le comportent, les chaussons

de lisière surpris par Passeparlout. Personne n'ignore, du

reste, qu'en dehors du journal, le sanglier public l'ait, chez
M, Veuillot, naturellement place au sanglier privé. Les da-
mes de Bataclan affirment qu'il est d'un grog facile et agréa-
ble, et les demois'lles de la Biche au bois jurent leurs grands
diables qu'il ne s'est jamais montré d'une humeur de dogme
à leur endroit...

On ergota pourtant.'La permission verbale fut accordée'}
on refusa la permission écrite. Les gens de ces choses-là cru-
rent — naïvement — que l'une les laissait aussi libres que
l'autre. N'existe-t-il donc pas, parmi les abonnés du Siècle,
des marchands voliairiens dont la parole ne vaut pas moins
que la signature?

Celle permission — punique — avec- quelle amer'ume le
pieux écrivain la regrelte aujourd'hui ! Comme il en fait ha-
bilement la cause principale et l'objet sodvew^û 'lu débJH,
lorsque c'est, au contraire, la joyeuse faç >n dont ou s'en eat
servi qui lui tient si fort aux entrailles 1 Comme il nous re-
proche « d'èlre soumis à la condition très-humble d'obtenir
l'agrément de ceux contre qui notre critique désire s'exercer. »
Pour ma part, je me demande en quoi cette formalité — de
pure administration — peut amoindrir la valeur de celui qui
s'y conforme. J'ajouterai qu'il faut avoir une ter-laine har-
diesse personnelle, prisée dans la, loyauté de ses Intentions,
en même temps qu'uns certaine confiance dans la caractère
de l'homme auquel une pareille démarche s'adre38c, pour
venir proposera cet homme de mettre en lumière ses imper-
fections, — et que ce dernier l'ait acte d'humilité chrétienne,
alors qu'il te soumet sans révolte à cette légère mortification.



* *

M. Louis Veuillot continue :

« Leur métier — le métier des caricaturistes — est un petit
métier que la plume ne fuit point et ne voudrait point
faire... »

Ouais 1 voUfi, ce me semble, une superbe h laquelle l'œu-
vre entière de l'auteur des 0 leurs de Paris prodigue des dé-
mentis et des soufflets sans nombre ! M. Louis Veuillot est-il
donc autre chose qu'un caricaturiste nrm autorité, et la plu-
part des portraits que renferme son livre ne ressemblent- ]s
pas, comme couleur et comme fumet, à ces peintures de ca-
binet, dont les Gavroche de collège et d'atelier historient des
murailles qu'il ne faut point nommer?

Ah! s'il existe, ainsi qu'il le proclame, une « différence
sensible » entre les traineurs de plume et les porteurs de
crayon, cette différence est complètement à l'avantage de
ceux-ci. Leur « arme irrégulière » est une des formes de la
critique, leur « très-petit métier » est une des formes de
l'art, et je ne sache point qu'ils se servent habituellement
de l'une et de l'autre pour la satisfaction de leurs passions,
de leurs rancunes et de leurs intérêts. C'est pourquoi l'écri-
vain de l'Univers « empiète beaucoup » lorsqu'il traite les
caricaturistes de « frères. » Confrères, h la bonne heure, puis-
qu'ils accomplissent parfois la môme besogne de dérision ;

mais frères, je le nie absolument : Basile ne peut pas être de
la famille de Figaro.

* *

L'opinion publique ne s'est pas laissé égarer par les subti-
lités de Monsignor Veuillot, et la presse — ce serait
lui faire une injure que de l'en remercier avec trop d'ef-
fusion — n'a pas hésilé un seul instant à se ranger, sans
distinction de nuance ou de format, du côté où siégeaient la
Raison, la Justice et le Droit.

Notre « compère » A. Ranc, du Nain Jaune, entre autres,
— rien n'est sacré pour un sapeur... de préjugés, — a mis,
du premier coup, le doigt dans la plaie, — une plaie ronde
comme un trou d'écumoire...

Oui, il est évident que si notre caricaturiste avait consenti
à le représenter sous la figure et le maillot du Léotard du
Belvédère, Y Archange de la Savate — comme dit notre autre
« compère » Jean Luillier, du Tintamarre, — n'aurait pro-
bablement jamais songé à chagriner notre modeste person-
nalité de l'un do ces formidables coups de cachet dont il
estampille avec la même férocité Habrt-Vinum et Thérésa,
Gftfvaudja et Henry Miirger, Victor Hugo et le bon Chro-
niqueur au melon.

Ceci egt si vrai, que dans son troisième numéro, Y Univers
accablait la Lune de sucreries et signalait à ses lecteurs
« plusieurs jolies trouvailles » des gens de ces choses-làl

Ah! c'est que le portrait redouté pendait encore au bout
du crayon d'André Gill !...

Malheureusement, la loi de la ressemblance primait tout
à fait notre désir d'être agréable à M. Veuillot.

Au Seigneur seul il appartient de réparer les désastres
causés par sa grêle — et le dernier nez à la mode avait été
retenu pour Longchamps par la chanoinesse de Juponcourt.

Voilà comment M. Veuillot a été appelé à donner au
monde catholique — et Parisien — le spectacle affligeant
d'une intolérance devant laquelle mademoiselle Cora Pearl
et miss Adah Menken avaient hésilé — rougissantes !...

Encore un mot :

En terminant, notre fougueux antagoniste compare —
avec infiniment de bonheur — le journaliste à « un corsaire
qui tient sesie/'m de marque de la loi. »

D'où il résulte que du moment, qu'il a ses Le'très de mar-
que dans sa poche, le capitaine de Y Univers peut faire la
course comme il veut, jeter le grapin sur qui lui plaît et ten-
ter lous les abordages — sans représailles !

Un jour pourtant — il n'y a pas si longtemps décela —
l'excès de ses exploits lui fit retirer lesdiles Is.ttres...

A cette époque, les gens de ces càoses-là furent assez inno-
omts rour se plaindre publiquement qu'on lui appliquât
dej rigueurs qu'il invoque contre eux>aujourd'hui,

LA LUNE.

QUATRAINS POUR LE SALON

Sur : » e ENipimlt <lu général «le Broyer, par Amaubï'

Duval, n° 20.

Quelle bollo tenue! On est émerveillé
De ce port marU;il qui sied aux gens do guerre |
M lis, j'eusse préféré, comme Munit nHgiiore,
Trouver le général de Brayer débraillé.

S ir : Lo t»p!a vert «l'une îniilunn «lo Jou, par Ulmavk Dure,

n° 503.

Il est des lapis où l'on ao décrotte.
Lorsquo dans la bouc on s'u»t fourvoyé;
A l ipl -I i, qulconqm bu frotte
Vile est netloyé.

Sur : Le llenctlii-ite, par Mlle il„Lg gi Kutyni.HM, n° Oi.

Dire avant lo repas son benedietfe

Est une coutume sainte.,,
— Pour avouer ici toute la véri é,
J'en sais qui préfèrent l'absinthe.

Su)f: Les itiunintoullis, éléphant* iinlé.llluvleiia «lécou-

ven« <Iun> les glucc» «lo I» L na , par Fkancius Bi .ud,

t>° 138.

Oh ! s'il voyait la trompe énorme,
Grosse comme le tronc d'un orme,
Dont ces animaux sont ornés,
Qu'Hyacinthe ferait un nez I

Sur : I.si I.ni>:<lut ;<ni «le enint Etienne, par Aw*e«W Lutiuos,
0 ii" 8J&

A coup de caillou», lo uwlhoiil'oiu itilut

Est tué pendant qu'il fuit sa prière;

Prouve que l'on meurt tro4-bicn do la pierre

Malgré lus disoours de mon médecin.

Sur : Le» Svrônes, par Léon-Auguste Uailly, n° 99.

Voici mon humble avis sur ces chanteuses piètres :

Je trouvo que ces dames sont
Bien trop riches en viande, à mon sens, pour des êtres

Moitié chair et moitié poisson.

Sur: I'crsêo et Andromède, par Penouilly l'II.vridon, n« 115.

Au centre du tableau, sans que le livre m'aide
Je reconnais bien Andromède...

Puis un monstre Cit auprès d'una llècho blessé •
— C'est lui qui doit être percé. ,
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