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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0110

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2

LA HJHB

G. ROSSINI

En 1831, après avoir triomphé pendant vingt ans, des pied» Il
la tête, sur toutes les scènes lyriques de l'Europe; après avoir
l'ait le Siège de Corinthe, Ottllo, Moine, le Barbier de Séviltc, Sêmira-
mù et dix autres opéras encore ; après avoir eu le Persan pour spec-
tateur éternel ; après avoir été couronné de gazon, de lierre, de
roses, de chêne et de laurier ; après avoir eu plusieurs bustes en
marbre, en plâtre et en bronze; après avoir été proclamé : Homme
de talent, Grand homme, Maître, Dieu, Cygne, etc. J enfin après
avoir forcé l'Hydre do la Cabale à chanter ses louange», Goacchino
ltossini (né à Pesaro, Etats de l'Eglise, en 1792) mourut subite-
ment a Paris, le lendemain des orageuses représentations de
Guillaume Tell.
Que fait Sennacherib?

« Le roi Sennacherib fait ceci qu'il est mort! » dit Hugo.
Rossini fait absolument la même chose que le roi Sennacherib.
Il y a même trente-sept ans bientôt qu'il se livre a cette dernière

occupation sous les noirs cyprès.

Si cette révélation soudaine — la pura vérité pourtant sur 1*
cas de longévité extraordinaire de l'illustre compositeur — vous

paraît louche, 6 lecteur, allez je vous priê; à Bologne ville où
l'on fait de si excellents saucissons. Dans lo cimetière de cette

bourgade, à droite, en entrant par l'allée principale, vous trou-
verez une tombe en marbre blanc; sur cette tombe en marbre
blanc, il y a un nom ; ce nom écrit en lettres d'or, c'est : ltossini.

Sur le coté Ouest de ce monument, on lit encore cette invitation
adressée probablement par le musicien à sa gloire posthume :
Je t'attends

Mais vous aimez mieux me croire que d'y aller voir, n'est-ce
pas? Croyez-moi donc, puisque le « Cygne de Pesaro» est endormi
à jamais.

Un ancien piano à queue, — attention touchante! — lui sert
de cercueil.

— Diable! me direz-vous, ô lecteur, mais le Ménestrel, auquel
ja suis abonné pour mes péchés, nous donnait hier le dernier mot
tombé, avant-hier, des lèvres mélodieuses du maestro sans égal...
dans toute la Chrétienté. D'ailleurs il habite Passy...

Fort bien. Je vous entends comme si vous m'apportiez de l'ar-
gent. Mais de même que Rocambole, cent fois tué, qui contiuue de
dire son dernier mot en trente mille feuilletons, ltossini n'est pas
enterré pour tout le monde.

— Bah"?

— Non. Tous les gens qui sont dans la coulisse savent cela. Ses
amis, ses enthousiastes, ses esclaves, se sont réunis le soir de sa
mort, absolument comme des Montagnards écossais, et ils ont
décrété ce qui suit :

« ltossini, dégoûté de la gloire comme Charles-Quint, et offensé
« comme Achille, s'est retiré sous sa tente. Pleurez, peuples,
« vous n'aurez plus rien de lui. La plume du Cygne de Pesaro
« ne prendra plus un seul bain de bec datas l'encre de la Petite-
« Vertu. Pleurez. Et goûtez lentement la musique qu'il vous
« laisse sur la planche. »

— Mais vous êtes fou do la nuque au talon, mon cher!

— Point. Je sais son histoire comme le Pater. Seulement, voue
comprenez, on ne peut pas crier ces choses-là au public. Quant
on est mort, c'est pour trop longtemps. Aussi les llossiniens ont-
ils résolu de faire.vivre leur idole plus longtemps que le cèdre et
que lo corbeau. Dans ce but, ils ont loué, & Passy, une villachar-
mante, et l'un d'eux, qui ressemble au MaUre à s'y tromper, se
manifeste tous les Jour3, depuis trente-sept ans, do deux à quatre,
quand il lait beau, à la vue de la foule des badauds et des Anglais
enivrés.

— Etonnant !

— C'est comme j'ai l'honneur de vous le dire. Les Roasiniens
se sont partagé» li s rôles. — Moi ! s'est écrié quelqu'un des leurs,
je me charge, a l'époque des concerts, de faire insérer des mor-
ceaux tirés des immortelles partitions dan» le» programmes. —
Moi! a hurlé un autre,je râperai leparmesan et j'.iceomuiodcrai le
macaroni comme le mort trois fois célèbre. — Moi ! je recevrai
les souverains et leurs quartauts de vin d'Espygne. — Moi ! je
ferai jouer tous les ans lo Slabat Mattr. — Moi ! je ferai de la
musique de chambre. — Moi ! je toucherai les droits d'auteurs.
— Et moi, a ajouté un gros petit homme an nez recourbé, à la
bouche très-fondue, jo verserai tous les mois dans l'urne des
.journaux, le dernier mot du vieillard toujours jeune.

Voilà comment, mon cher monsieur, il se fait que depuis 1831
vous êtes induit en erreur par les sciés admirateurs du grand
italien qui repose près de Bologne, — no pas lire Boulogne.

— Alors, ces montions éternelles dans les journaux ?

— Les amis !

— Alors, quand je lia : « Rostijti, armé d'une petite seringue
a chargée d'un coulis délicioux, p;jsso maintenant les heures pc-
• gantes à introduire lentement de la sauce dans le tube intérieur
« de chaque morceau de ton macaroni... »

_C'est urf^ami qui envoie ce trait de mœurs paisibles aux

feuilles quotidiennes.

_Et quand on me dit : — « Rossini, à qui l'on demandait

« pourquoi le vainqueur des Romains à Cannes avait mangé de
« la chair humaino à Capoue, répondit finement : Ah ! parce que
« c'était un grand homme qu'Anniial !... »

— Les amis, toujours les amis.

_Et quand j'apprends « que les rois viennent incognito jouer

« l'ouverture de Guillaume Tell sur le piano du dieu ROSSINI. »

— Les amis ! les amis!

_Et quand on me dit : « Hier, belle soirée chez ROSSINI. On

n'a joué absolument que delà musique du maître de la maison. »

— Les amis, vous dis-je. ,

_Et quand on me raconte que, les habitants de Passy sa pros-
ternent sur le passage de SK«MMflli.

— Les amis, parbleu !

— Et ce théâtre qui porte son nom ?

— Théâtre d'amis.

— Et l'Hymne à l'Empereur, avec canons et tambours, excuse; du
peu !

— Les amis ! je vous dis que Rossini est défunt comme père et
mère.

— Monsieur, tout ceci est très-étrange. 11 y a anguille sous
croches.

— Parbleu !

■— Et vous êtes persuadé que..,

— Je vous affirme...

:; C'est bien drôle. Cependant le fait est que je commençais à
douter un peu de son existence.,,

;V- Voyez-vous cela !
!$»— Oui, le dernier mot qu'ona envoyé aux Gazettes ne m'a pas
■emblé compréhensible.

K» Quel est-il ? Cela n'a rien d'étonnant. Les mots de Rossini
et les épinards ont ceci de commun qu'on les trouve excellents,
parce qu'on en use jamais. Mais voyons votre dernier mot.

— Voici. — « Interrogé par quelqu'un, l'autre soir, le spirituel
« auteur de Sêmiramis, formant son ceil malin, plissant sa bouohe
« riilleuso, répondit à voix busse : —- Bah! »

— Eh bien ? mais c'est très-spirituel.
-— Oui, je ne comprends pas encore.

—• C'est justement parce que vous ne comprenez point ce bah'>
Que ce bah ? est adorable.

— Mais...

— Allons, mon cher, ne faites pas l'enfant Tous les mots de
Rossini sont de la force de celui là. Ceux qui sont jolis ont été
faits par les trois cent soixante-cinq èchotien de Paris. Amen.

— Amen.

Ernest d'Hervilly.

LA REVUE DU MOIS

GAZETTE RIMÉE

SOMMAIRE

Réception du Cïur. — Représentation de gala. — Le roi de Prusse. —
M. do Bismark. — Reprise de la Biche au bois. — La Rosière de Non-
terre. — Hernnni, — Le Géant. — M. Sainte-Beuve. — Arrivée du
BuluMi — L'hymne de ltossini.

Rompant avec les us caducs,
L'aigle qui porte le tonnerre
Accueille en amis, dans son aire.
L'aigle russe et deux grands-duc-*

.Non '. rien n'égala le gala
Dont l'Opéra nous régala.

Place au roi Guillaumk ! gare !
Mais, pour voir ce souverain,
J'ai tant posé dans la gare,
Que, vrai, j'en ai mal au rein.

universelle,
parc ;
recèle
Bismark ?

La Biche a, sans doute,
Coûté bien des frais ;
Plus la bicho coûte,
Plus ou court après.

Un mot, retour de Nanterre :

« L» Rosière
» Etait blanchisseuse, ça fait

« Qu'elle lavait. »

Rli
Ml
l'A
SUi,

~ùi

Vinjfl juin 1 — Sur Hehîcani sq lève le

On applaudit d'abord le mdifre vévé
One le publie roi;olt ainsi qu'un vieil h
Au théalre où jadis «on o'iivre trinin
Cos rimes ont pour but d'amener Dona
Où, tous un jour nouveau Favart se réve
An poêle, de loin, crions : Bravo!... mer
De l'art ressuscité qii'on dise le C é

Le Géant s'élance,
.Nadar, droit dans le» agrès,
N*e d'or, .deur, n'ad'âr...roguuce
N'a d'art quo pourlo progrès.

De» libres ponseurs, Sainte-Bel vi*
A pris la dél'enso. — Et jo dis

Que le mardi do cette épreuve
E t le plus beau de ses lundis.

Après lo Paclia de Socz,

Par Allah ! voici lS Sultan !

Oui, le Sultan a'vcc son lêz

Et nous lui fais...ons compliment.

Dans votre hymne immense aux merveilles,
Grand Rossini, brillez, brillez I
Mais j'en vomirais, pour nos oreilles,
Voir les canons... rayés.

ALEXANDRE FlAN.

UN NOUVEAU JOURNAL

Rien n'est sacré pour... l'Américain industriel et industrieux
Jusqu'au bout des ongles, rien n'arrête son essor ni son génie
inventif.

Après avoir inventé la blanchisseuse mécanique qui vous li-
vrait votre linge blanc et repassé une heure après le lui avoir
confié, il est parvenu à supprimer le blanchissage en inventant
les manchettes et les taux cols en papier, — qui ne coûtent que
le prix du blanchissage.

Cela ne suffisait point.

Voici qu'un industriel a trouvé mieux encore.., mais laissons
la parole au correspondant que la Lune, toujours désireuse do
plaire a ses lecteurs, ft envoyé en Amérique :

« Lundi dernier, une foule énorme stationnait devant une des
élégantes tavernes qui embellissent Broadway.

« La circulation des nombreux cars en était presque interrom-
pue. Les gentlemen riaient aox larmes, les quelques ladies qui
avaient pu jeter un coup-d'œil sur la barre extérieure, — où tout
honnête yanlcec pose ses pieds, — détournaient vivement la tète en
articulant des thoking accentués. Seuls, les boys criaient hurrah à,
tue-téte...

« Parvenant à coups de coude à percer la foule, je vis
enfin la causo de tout ce tumulte. C'était un charmant jeune
homme à la barbe blonde, taillée en bouc, le cigare dans l'œil,
— ainsi que la mode l'exige à New-York, — et qui, légèrement
renversé en arrière, le monocle dans l'orbite,—lisait attentive-
ment un article de politique extérieure imprimé sur ses.....chaus-
settes I » .

D'après notre correspondant, c'est la maison Wilson, Wihon
and nephiws, qui a eu l'idée de faire un mélange de pâte de pa-
pier et de mousseline pour fabriquer ces chaussettes qui reçoi-
vent ensuite, aussi bien qu'une feuille blanche — l'impression
typographique.

De plus, comme elle imprime tous les jours les nouvelles télé-
graphiques les plus intéressantes, on a intérêt à acheter ce jour-
nal d'un nouveau genre qui, outre les renseignements qu'il
donne, enseigne à ses lecteurs l'hygiène la plus élémentaire, la
propreté.

J. Franck.

LES VAUDEVILLISTES CHEZ EUX

RÉVÉLATIONS D'UN PROTTEUR(l)

Uelacour (Alfred)

10, rue de la Paix. — Est honoré d'un diploaic de docteu r en
médecine, mais aime infiniment mieux soigner ses pièces que
les malades; aussi a-t-il, et depuis longtemps, lâché la Faculté
pour appliqaer les siennes exclusivement au théâtre,

On pourrait néanmoins, histoire de rire, lui décocher ce
quatrain fait en 1821 sur un auteur-pharmacien, dont le6 vau-
devilles étaient loin d'être dos drogues.

Ofi trouver un Migrateur

Qui, comme lui, donno un clyslère !

Où trouver un apothicaire

QUI, comme lui, soit bon auteur 1

M. Delacour s'est acheté une maison de campagne à Arroman-
ches, avec les droits de la Cagnote.
Hyacinthe dit que, si son auteur n'a pas pignon sur rue, il a du

moins dans les champs pignon. — Holà! la !...

Notre heureux propriétaire aspire à devenir maire. — 11 le de-
viendra.

Alfred prend du ventre, il lui faudra une forte écharpe.
Delacour, ceint de l'écharpe tricolore, <:o sera la démo de }'lnj-
titut irisé par un arc-en-ciel.

l>elaporte (Michel).

Use, par jour et par narine, dix centimes de tabac en poudre.
A été jadis membre de la commission ; On l'appelait le commis*
saire-priseur.
Quelques-unes de ses pièces ont été prisées.
Comme monnaie, préfère les pièces cinq francs aux roupies,

Xtelteil ( tEtnlle )

8, rue de Tourtille.— Logement modeste, mais honnête. — Le

locataire, vaudevilliste a ses heures et plusieurs fols médaillé do
la Cantate du 15 août, est bibliothécaire du 80° arrondissement.

— Se coiffe à laSiraudin.

n'Ennery (Adolphe).

4, avenue d'Sylau. — Avant de perpétrer les terrible! mél'-

mélodrames que vous savez, M. d'Enncry a été le plus hilare des
vaudevillistes. Il a écrit pour le théâtre du Palais-Roy^ écrit
pour Alcide Tousez, Sainville et LevassorI à preuve : Gras it
Maigre, boukfonnf.uik représentée pendant le carnaval de 1838.

Que n'a-t-il persévéré dans cette voie, ô mon Dieu I nous au-
rions eu moins do Crota; de ma mère et de Vous pâlissez, colonel ! —
Moins de Où suis-je? et de Oh! que.je souffre]

M.D'Ennery,on le sait, est maire de Cabourg-Dives; M. Billion,
l'ancien directeur du Cirque-Olympique, y possède un château
dans le voisinage de son ex-fournisseur : ce château, qui a tout
l'air d'un manoir féodal, est flanqué de quatre tours.

(1) Voir les numéros des 24 et 31 mars, 14, 21 et 28 avril 19 et "ti
mai, fl, 16 et 23 juin.
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