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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0130

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FÂNFAN-BENOITON

A Mlle Camille Schklter, actrice parisienne, âgée de huit ans, élève
distinguée de M. Boadeville, actuellement en représentation au théâtre
du Vaudeville.

Chère mademoiselle,

Je prends la liberté de vous adresser aujourd'hui, après avoir
résumé votre intéressante biographie dans les quatre lignes de la
suscription de cette lettre, quelques paroles tout amicales accom-
pagnées de çitations d'auteurs latins, allemands et français, du«-
siez-vous nous traiter, ces graves écrivains et moi-même (avec
votre joli petit ton ordinaire et dans la langue qu'on vous a ap-
prise à parler) « de gêneurs, » et « d'empêcheurs de danser en rond. »

Nous pouvons allumer un cigare, si vous le voulez bien. La
fumée ne vous incommode plus, je l'espère? Je commence :

Mademoiselle, un parfait honnête homme, un des caractères les
plus mûrs de l'antiquité, un grand poète que vous ne connaîtrez
probablement jamais, Juvenal enfin, s'est écrié jadis dans sa belle
satire de l'Exemple : Maxima debeiur puero reverentia. Je traduis
pour vous :

« — On doit à l'enfance le plus profond respect. »

— Certes, je m'associerais de tout cœur à ce beau cri d'une âme
paternelle*, si je pouvais commettre à mon âge l'erreur énorme de
vous compter encore au nombre des petites filles.

Non, chère mademoiselle, vous n'êtes plus une de ces espiègles
et ravissantes lillftttes qu'on regarde dormir, la nuit, avac des
yeux attendris. Vous êtes maintenant àe la demi-botte au chi-
gnon, ce que l'on nomme un enfant-prodige.

Or, pour les enfants-prodiges, je ne me sens, comme Alphonse
Karr, qu'une immense pitié.

En outre, je ne crois pas à la « vocation » qu'on invoque pour
justifier la création de cei phénomènes en tète desquels, je le re-
connais, vous vous êtes placée du premier coup.

Non, mademoiselle, vous n'ête3 plus une enfant. Je suis sûr,

_je tiens le pari — que le soir de vos premières, au lieu de

croiser vos petites main», au pied de votre lit, pour faire
votre prière, vous demande» avec angoise si vous aurez
une bonne prene, et ce que pensera Saint-Victor ou Jules Ja-
nin, ce critique construit de façon & porter des rajahs sur son
dos.

*

* *

Je ne vous respecterai donc pas, enfant-prodige, mais je veux
bien examiner un peu ce que le public, ami de la corruption mo-
rale et physique, appelle votre « talent » depuis trois cents repré-
sentations.

Savez vous ce que o'est que votre talent? Xon. M. Boudevillo
Vigooto ■•->...».•>.>«• xu. l'.h bien, j« v»i« voua le dire 1

On vous a vue dans la Pille mal gardée, dans le Malade imagi-
naire, et en province, dans le Svpplict d une femme. Dans ces trois
piècts vous aviez un rôle d'enfant. Voua répétiez comme un petit
perroquet oe qu'on vous avait seriné, et... voilà tout. C'était
bien.

Mais dans la Famille Benoiton, oh ! votre personnalité s'est dé-
gagée d'une façon (Matante 1 Vous avez eu l'air de comprendra —
cela fait frémir — ce que vous disiez, et les vieillards et les pe-
tits crevé» ont applaudi à tout rompre. En effet, je comprends
que pour une foule blasée les mots d'argot lâchés par un petit
bourgeois vicieux aient une saveur toute particulière.

Mais, si vous le voulez bien, et pour en revenir à votre talent,
je vais prendre à votre intention une phrase dans Goethe, — en-
core un joli oétowc, n'est-ce pas, comme on dit dans la famille.

Dans Femt, pendant la nuit de Walpurgis, Méphistophélès dit
au docteur :

— « Pourquoi donc as-tu laisse partir la belle fille qui t'excitait à la
danse par de si jolis airs ? »

Et Faust répond :

— « Ah! au milieu du chant, une soukis Ro;;<iu lui a jailli de

la BOUCHë!»

Votre talent, chère mademoiselle, c'est de vomir de votre
bouchette rose et pure, des souris rouges en public,

Les gravelures enfantines que vous débitez avec un brio ini-
mitable ont l'art de charmer les masses. Et tandis que les hon-
nêtes gens,— il en est quelquefois'dans la salle, — se disent avec
stupeur : « Mon Dieu, si mes enfants parlaient ainsi 1 » les gants
blancs vont leur train, et l'on rit beaucoup.

Je veux bien admettre, ma pauvre petite, que vous ne savez
nullement la signification exacte des phrases que vous émettez
si crânement, la joue fardée, à la lumière excitante du lustre.

Mais il m'est bien permis de dire, ô princesse de Jla rampe
qui n'avez pas encore communié, que je n'approuve pas le rôle
qu'on fait jouer à votre gaminerie intelligente, et qu'il me serait
moins pénible de vous entendre jouer àlamarchande ou au ménutje
avec votre poupée.

Sur ce, chère mademoiselle, et en vous demandant de ne pas
me garder rancune, je me déclare avec tristesse votre dévoué.

Ernest d'Hervilly.

LES MIETTES DE LA SEMAINE

Le triste accident qui vient d'arriver sur la ligue de Lyon a suffi pour
m'enlever les dernières illusions que je conservais sur noi bons villageois.
Que les voyageurs exposés à traverser le village de Suint-Albin (Saône-
et-Loire) se mènent : les sauvages de cetle commune ont regardé, les
mains dans leurs pochas, opérer le sauvetage de3 blessés gisant sur la
voie. Et l'on dit que Balzac a chargé les paysans

Embouchez vos pipeaux... poètes!... Accordez vus mandolines... com-
positeurs!!!... Voilà des prix de3,UG0 fr. à enlever à la pointe de vos
plumes et de vos doubles croches !... La direction générale fait bien les
choses. Seulement le poème destiné au théâlre de l'Opéra-Comique,
poème qui doit êlre livré en pàtuie aux compositeurs concourant, sera,
suivant le programme, reçu par lo directeur de rOpéra-Comique, et non
au concours comme il est dit pour les libretti de l'Opéra et du théâtre
Lyrique?...

Pourquoi cette injustice l...

D'après une statistique toute récente, M. Haimbeaux avait reçu oO»
lettres sollicitant des secours pour une somme cinq cents fois plus forte
que celle qu'il n'a pas reçue du Czar. Ceci me rappelle qu'à l'époque où
Thérésa gagnait 300 IV. par jour, on lui adressait quotidiennement pour
plus de 3,000 fr. de demandes.

Voyez un peu.., si on se laissait aller... tout de même I... Et la police
veut expulser les petits musicosavec leurs z'harpes... parce qu'ils cherchent
à vous tirer des sous !...

Le dernier morceau de Rossini, sa cantate exécutée le jour de la distri-
bution des récompenses, figurera sur le programme du spectacle gratis du
15 août, à l'Opéra. Seulement le canon qui a fait tant de bruit au Palais
de l'Industrie sera supprimé à cette représentation.

Tant pis!... le maestro dira qu'on a voulu lui faire pièce....

M. Philarèthe Chasles fait beaucoup de bruit d'une liasse de lettres au-
thentique* de Voltaire, qu'il vient de rapporter de Bruxelles. Il ignore
sans doute qu'il y a, dans ce royaume de la contrefaçon, des fabriques
d'autographes de la force de plusieurs chevaux. On y contrefait jusqu'aux
fauteuils à la Voltaire...

Ce que je lui dis, c'est à la lettre.

Et 11 en a cinquante !... S'il compte là dessus pour forcer* les portes de
l'Académie...

Ah ! le bon billet qu'a Lachàtre !

On n'a jamais su le compte des verres d'eau suerée qui se sont cou,
sommés à l'Athénée pendant les fameuses conférences. Quoi qu'il en soit,
c'est le sel maintenant qui va remplacer le sucre, le sel gaulois... espé-
rons-le. MM. Léon Sari et William Busnach, les nouveaux directeurs,
sont de joyeux cuisiniers qui sauront en saupoudrer le Théâtre de
(Atoiné

Lin nouvel émule de Qlatigny vient de se révéler à Paris d'une façon
Irès-brillanle.

Tous les soirs, au Concert parisien, M. Paul Buraui, un nom qui n'a
pas besoin d'être accompagné de réclames, exécute une double improvi-
sation poétique, inlltulée la Dictée de César, sur les rimes qu'on lui jette.

Le public accueille avec plaisir ces tours de force rimés :

Les vers ne choquent pas quand on choque les verres.

On se dispose à redorer le dôme des Invalides, qui ne l'a pas été de-
puis plus ,1e soixante ans.

L'enlrepreneur chargé de ce travail d'aurification s'appelle Lechat.

Les invalides qui passeront près de lui, pendant qu'il sera à l'ouvrage,
murmureront naturellement en mettant le doigt sur la bouche : ne ré-
veillons pas Lechat qui dore.

11 parait qu'il y aura le 2) courant ane éclipse totale de soleil invisible
à Paris. Alors, comment le saurons-nous?... Cette éclipse commencera,
dit-on, à onze heures deux minutes du matin, pour finir à trois heures
quarante-deux minutes. Je crains que les savants ne profitent de la cir-
constance pour nous faire voir des étoiles en plein midi.

Nous apprenons avec plaisir que les Chinois se sont décidés à adopter
notre système monétaire. La civilisation commence à pénétrer dans les
centres les plus reculés. Nous,ne désespérons pas de voir un jour la
monnaie française remplacer, à l'Ile d'Héwey, dans l'archipel Gook, les
porcs qui sont, quant à présent, le seul numéraire du pays.

Au point de vue pittoresque, je regretterais, pour ma part, que la même
mesure fût introduite dans l'île d'Unamorch, découverte par les Russes.
Les prix de ventp et d'achat se calculent en femmes chez ces insulaires,
qui ne connaissent pas d'autre monnaie courante. Aussi, c'est un endroit
où il doit être assez agréable d'être payé en espaces.

Seulement, c'est là une monnaie assez difficile à porter dans la poche de
son gilet.....

11 y en a qui la portent sur le dos.

Elib Phjbbault.

LES VAUDEVILLISTES CHEZ EUX

RÉVÉLATIONS D'UN FROTTEUR(l)

Faucheur (Théodore)

Croque-mort plus ou. moins littéraire; il a enterré le théâtre dea
Funambules avec les Mémoires ds Pierrot...

Et achevé de démolir le boulevart du Temple avec un opuscule
dont les Petits théâtres de Brazier avaient fait tous les frais.

Assiste régulièrement aux assemblées générales de la Société
des auteurs dramatiques, afin d'arriver à se persuader qu'il est
le confrère de Sardou et l'égal da Delbùa.

Feuillet (Octave)

202, rue de Rivoii.—Ancien prix d'honneur du Collège Louis-
le-Crand.

— Ah I pour le coup, vous ne nous donnerez pas l'auteur de

Dalila pour un vaudevilliste.

— Je vous demande pardon, il est entré dans la vie.... littéraire

(1) Voir les numéros des 24 et 31 mars, 14, SI et 28 avril, 19 et 20

mai, 0, 16 et 23 juin, 6, 21 et 28 juillet, 4 août.

LK3

TRENTE-DEUX DENTS

D U PENDU

La belle Twrtfe aurait probablement con3aeré encore quelques
phrases élon'teu*e* à la mémoire du regretté James Hoston, si
l'entrée do deux matelots, porteurs d'un long paquet enveloppé

de toile cirée, et qui puait le
musc à plein nez, n'eût inter-
rompu brusquement toutes les
conversations.

Les deux matelots, déposant
leur f.trdeau sur une table, de-
mandèrent de l'eau chaude et
du genièvre en clignant de l'œil
et en refoulant, avec le pouce,
une pincée de tabac sous la
joue.

Au moment où ils allaient
tremper leurs lèvres dans le
breuvage fumant, la porte de
ta taverne s'ouvrit de nouveau
et le docteur Bugg encadra dans
l'embrasure sa petite personne,

(1) Voir le numéro Ou 4 août.

son grand parapluie, et fixa successivement ses gros yeux sur les
groupes de buveurs, comme pour les passer en revue.

— Hé! cria-t-il, en apercevant les deux marins, hé ! en route !
tout est-il prêt?

— Oui, monsieur, la marée est haute, la barque sera à flot tout
a l'heure, répondit l'un des interrogés, en faisant circuler pres-
tement sa chique de droite à gauche. Le temps

d'avaler et...

— AH right ! interrompit !e docteur avec colère
et il jeta sur le
comptoir un schil-
ling pour payer la _ *
consommation des
deux hommes qui
s'empressèrent de
quitter leur place.

— Voilà un drôle
de paquet, et qui a
une singulière tour-
nure, dit tout bas
la belle Turtle en
allumant sa pipe de
for. On dirait un
cadavre, ajouta-t-elle, quand la
marins.

"Ni

porte se fut refermée sur les

III

Ce qu'il y avait cl»M le long paquet

A trois pas de la taverne, le docteur Bug»: et les deux marins

retrouvèrent au bord de la rivière,
Toby et Snob, trempés oomme des
éponges dans l'état de nature.

Ces pauvres garçons attendaient
patiemment leur patron, en regardan
avec une inquiétude croissante les
cabrioles que faisait surles flots noirs
saupoudrés d'écume, un canot amar-
ré à un pieu.

Le vent et la marée faisaient rage.
La Tamise semblait être exaspérée.

Embarquons! murmura le docteur. Tout le monde, y compris !e
paquet de forme étrange, descendit dans le canot qii redoubla
ses gambades. Les matelots et les aides du docteur prirent les
avirons. M. Bugg se mit à la barre et l'on s'éloigna vigoureuse-
ment des pallissades du quai, sur lesquelles à chaque instant les
lames menaçaient d'aplatir la frêle embarcation.

Ceci n'était pas une chose facile, allez, par cet abominable
temps, au sein de cette nuit profonde, de remonter le fleuve, sans
aller se briser contre les vaisseau» de toutes tailles, ancrés le
long des rives sur trois ou quatre rangs d'épaisseur.

Au milieu du tapage des vagues, du grincement des poulies, du
sifflement du vent dans les agrès, des gémissements des vergues,
du frôlement retentissant des bordages contre les bordages, ou
aurait pu crier au secours de toute la force des poumons de Sten-
tor, sans parvenir à éveiller d'autre attention que celle des chiens
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Les trente-deux dents du pendu
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Régamey, Félix
Entstehungsdatum
um 1867
Entstehungsdatum (normiert)
1862 - 1872
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 3.1867, Nr. 75, S. 75_2
 
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