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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0158

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2

LA LUNE

FERDINAND DE LESSEPS

La Bruyère a écrit un jour cette pensée, profondément vraie de
son temps, eu égard au caractère frivole, fugace et sqns consis-
tance de ses compatriotes, nos pères :

« La plupart des hommes, pour arriver à leurs fîn|. sont plus
« capables d'un grand effort, que d'une longue persévérance. »

De nos jours, il y a eu, il y a, il y aura, heureusement pour
l'honneur de notre pays, de nobles exceptions à la règle humi-?
liante qui semble contenue dans la parole du grand moraliste.

M. Ferdinand de Lessep3, en particulier, est la preuve vivant?,
et bien vivante, Dieu soit loué, depuis qqatprze ans,, qu'à cej
belles qualités essentiellement françaises : — £e dfaxMenwut, lu bra-
voure, le patriotisme, il faut maintenant ajouter la persévérance,
cette volonté do tous les instants 1

Avec cette différence que la ténacité admirable de M. de Les-
seps se compose d'une suite continue de grands efforts, que dis-
je, d'efforts de géant!

Unir deux mers, abréger considérablement la route des Indes
et de la Chine, déverser dans sa propre patrie les bénéfices
énormes qu'une nation rivale monopolise encore, telle est l'œuvre
grandiose à laquelle M. de Lesseps, en entreprenant le percement
de l'isthme de Suez, s'est dévoué âme et corps depuis 1854.

Mais après tant d'années de luttes incessantes contre l'inertie
coupable des hommes, et contre la résistance aveugle des
éléments, de quelle gloire impérissable le nom de ce travailleur
héroïque ne sera-t-il pas auréolé pour les siècles futurs !

Et quel héritage splendide recueillera la France !

Disons quelques mots de la vie si bien remplie de M. de Les-
seps, ce civilisateur qui règne aujourd'hui par la pelle et la pio-
che sur le sol où le sabre et le fusil des conquérants n'ont rien
fait de durable autrefois.

Ferdinand de Lesseps est né à Versailles en 1805.

Destiné à suivre la carrière diplomatique, à vingt ans, nous le
trouvons à Lisbonne, attaché au consulat de France.

Plus tard, à Tunis, en Algérie, au Caire, condensant son éner-
gie et son activité à l'état de vertus latentes, il semble ronger son
frein dans l'atmosphère des bureaux.

Enfin les occasions ardemment attendues de les déployer géné-
reusement se présentent !

Dates mémorables! En 1834, à Alexandrie, pendant la terrible
peste, il se dévoue, sans calcul, sans peur. Il organise les secours
et les hôpitaux. Il se multiplie, passe les jours et les nuits auprès
des malades, les encourageant, leur inoculant son courage et son
mépris do la mort. En 1842, à Barcelone, pendant la guerre civile,
on le voit, au milieu de la fumée, sous une grêle de balles, en
grand uniforme de consul, calme et fier, couvrir les proscrits et
les blessés de la protection du pavillon tricolore. Il les reçoit sous
son toit. Bientôt, ne les trouvant pas en sûreté, même chez lui, il
les fait embarquer sur la flotte française, affrontant la rage des
artilleurs espagnols.

Le bruit de cette noble conduite eut un retentissement énorme
en Europe. Tous les gouvernements félicitèrent le consul coura-
g3ux et simple qui répondait : « Je n'ai fait que mon devoir
d'homme, ce que tout autre à ma place eût fait, en France. »

M. de Lesseps fut envoyé à Madrid comme ministre plénipo-
tentiaire en 1848. En 1849, par une mission des plus laborieuses
à Rome se termina cette carrière si noblement illustrée.

Rentré dans la vie privée pour quelques années, M. de Lesseps
se livra à des études profondes, mûrissant dans son cerveau le
projet gigantesque qu'il devait étaler au plein jour quatre ans
plus tard. Nous voulons parler de ce canal do tren,tp-pinq lieues
de longueur, large de cent mètres, dont l'exécution magique a
toujours préoccupé l'Europe et qui passionne en ce moment même
notre pays.

PlKRKE DlJVAL.

NQTRE PETIT MOT

SUR LES INHUMATIONS

L,a quesjjon des cimetières est a l'qrdre du jour. Tous les jour-,
nalistes ont leur petit projet, les vaudevillistes eux-mêmes s'en

Nous allons humblement soumettre le nôtre — de projet — et
les lecteurs de la Lune apprécieront.

L'inconvénient de l'inhumation, c'est l'exhalaison dqs miasmes
délétères.

On a préconisé la crémation ou l'art de brûler les morts.

On oublie que le combustible coûte char et que des bûchera
permanents chargeraient l'atmosphère d'une fumée épaisse et
malsaip.

Vqjpj ce que npus proposons, et nous avons pour nous d'expe.lt
lents ingénieurs anglais, qui approuveront certainement l'idée
éminemment pratique d'une usine, à gaz funèbre-

Aux quatre coins de Paris, supposez quatre vastes ujjpes à
gaz.

De longues cornues constamment chauffées reçoivent les corps.

Au bout d'une heure, le cadavre est p'igsô à l'état de gaz et les
quelques ossements carbonisés mêlés à un peu de silice forme-
ront de ravissants objets de verre ou de cristal qui serqnt mis à
la disposition des parents du défunt. «-Jm %dht

On pourra ainsi avoir un charmant service de table, formé des
restes des membres de sa famille.

Rien ne s'oppose à ce que l'on étiquette chaque objet, et le
souvenir d'un parent chéri est ainsi toujours permanent.

D'un oncle bon vivant, on. fera une coupe de Champagne —
tout en s'ôclairant du gaz qu'il aura produit.

Une jolie cousine, murlf a la fleur de l'âge, sera transformée
en vase de fleurs et ainsi de suite. Avec ces usines, plus de mal-
saines exhalaisons, — plus besoin de terrains, — quelques gazo-
mètres qui contiendront la substance mortelle, et des fours de
verriers qui transformeront le phosphate de chaux des os en
cristal.

Le gaz étant plus léger que l'air, l'expression monter au ciel de-
vient une vérité.

Ce procédé est simple, économique, et il obvie aux inconvé-
nients de l'inhumation ou de la crémation.

Nous le soumettons à l'approbation de qui de droit, sûr, en
tous cas, si on l'emploie, do l'introduction dans la langue d'une
foule d'expressions plus pittoresques les unes, que les autres.

On ne dira plus mourir, pu remplacera ce verbe qui a fini son
temps par « faire son gaz, »

1?JUNCK.

ABSINTHE PANACHEE

VERS ET PROSE

C'était chez un marchand; la boutique était uipse
— Sauf la porle — cf. l'on apprêtait
Un écriteau disant la cause
Pe ce relâche ; l'on comptait
Sans une clienle hors ligne
Pour laquelle pas de consigne :
Elle entre cl. sans réllexions
S'asseoit, mais la dame la gobe.

Lorsqu'elle part, on peut lire au... d,fls île si robe
Fermé pow répui'utionf.

Lorsqu'on eut construit la gare du chemin de fer du Havre,
rue d'Amsterdam (que les commissionnaires bichophjles appellent
volontiers la rvfi d'Amsterdam des LoretUs), l'ingénieur proposa de
mettre, sur i'êcusson sculpté ad kofi : sic i.utetu portas. — Tra-
duction «.lexandrine :

^S'est ajnsi que Paris devient un poil de nier.

Un fort en thème du, Conseil d'administration ayant préféré :
sic. lltbtia PorçiDF.MERUs, pB s'est contenté de : paris, rq,|)en et

LE HAVliE.

Boulevard Magenta, au-dessus de la boutique d'un marchand
de vins, on lit : Maison Cocu-rat — une infortune et un défaut.

X... cherchait un appartement, la propriétaire — une baronne,
ma foi! — lui dit : Monsieur est garçon, je le prierai de ne pas
recevoir de femmes chez lui.

fin ce. cas, réplirina-J-il, madame vient de temps en temps ren-
dre une petite vigile à ses locataires ?

Ce gui suit n'a rien de profane
Et c'est historique :

Deux sœurs,
Sçpur j3ainie-Marlhc el sœur Sainte-Aune,
En province avaient pris un âne
Ppur pprter vivres et douceurs,
PrittWet vins vieux ; qui les condamne ?
Nu], p'é,tait pour leurs confesseurs.

'"^te ^1 l'APQron llana *a manJÉJMM ÎT13 ,i .lUMlUB
Avançait en vrai patriarche
Et sans sa presser; bref! il lit
De son devoir à ce point fi
Qu'il se coucha dans la poussière.

Les deux sœurs qui venaient derrière , , , ,
Le suppliaient.

Bah ! dit quelqu'un,
Ajoutez à Votre, prière
Un nom d'une pipe ! un nom d'un I
Un bon gros juron d'importance,
Sinon rien !

Dans cette occurence,
Marthe avisa : coupons-en deux
Le juron, c'est ingénieux
Et tourne le péché, je pense ; •
Il faut enfla, bon gré, mal gré,
Que ce vilain animal parte !

Anne s'écrie alors : Sacré...

Nom de... reprend aussitôt Marthe,

Dieu... dit Anne l'air inspiré,

De bou... dit l'une ; gre, dit l'autre,

$(archeras-iu?

Le bon apôtre,
Sans qu'au licol il fut tiré,
Au plus vile, à ce dur langage
Bien conna do lui, se leva,
Reprit sa route et le voyage
Presqu'en un clin d'oeil s'achewi.

Le moyen fut trouvé fort sage,
On peut sans crainte le prêcher :
Jurer à deux n'est pas pêcher.

Alexandre Flan.

LA VOIX DU SANG

C'est monsieur Dennery qui va avoir du chagrin... Les tribu-
bunaux d'Agen viennent de lui casser, sans pitié, une de se3 plus
solides ficelles.

J'ai nommé la voix du sang.

*
* *

Voici le fait :

Une pauvre fille qui avait mis son enfant en nourrice dans un
village, va le chercher au bout de quelque temps; elle se trompe
de porte et on lui rend un bébé qu'elle élève comme sien.

Vingt ans après, elle marie son enfant ; et voilà qu'en régula-
risant les papiers, on découvre l'erreur.

Naturellement on dit à la pauvre mère :

— Il y a eu confusion ; voici votre vraie fille, reprenez-la.
Mais la mère de répondre :

— Ça ne me regarde pas, je garde celle que j'ai élevée.

*
* *

Ce fait tout simple, tout brutal, tout réaliste, a plongé ma pen-
sée dans un abîme sans fond.
Jusqu'alors, je l'avoue, j'avais eu la faiblesse de pleurer comme

LS3

TRENTE-DEUX DENTS

DU PENDU ("

XI

Mademoiselle islnnehe Rtvo'i

— Suile —

Elle préférait certainement les visites d'un tjporbe étranger,
récemment débarqué à Parte, et qu'un soir, dans une rue, au
moment où elle
était insultés par
des lâche?, jaa*r
faitement ruts dit
reste, elle avait
i u le bonheur
d'intére?se_ç à sa
position déses-
pérée.

Ce superbe
étranger ayant
ainsi joué la rôle
de la Providence

avec l'émotion inséparable d'un, premier début, avait offert son
bras à la jeune fille. Arrivé à la porta de la., maison, où demeu-
rait Mlle Blanche, — une orpheline livrée aux soins, maternels
d'un gouvernante a. 100 fr. par mois, — il avait deu/iandé la. per-
mission devenir prendre des nouvelles de la santé de ces, darnes.
Permission accordée cent, fois plutôt qu'une, on le pense bien !
Depuis cette soirée mémorable, le superbe étranger n'avait pqs,

(1) Voir les numéros parus depuis le 4 août.

manqué une seule fois de sonner à
la porte de la jeune ftlje, vers trois
heures de l'après-midi.

Le jour pù le colonel Foudrèbleu,
sombre et farouche, — il était déca-
vé, — fut cqnyaipcu par le témoi-
gnage de se», sens de la présence
fréquente d'un intrus dans l'asile
de l'-ftnge de ses rêves, il y avait un
'•lois que le super^g îj^rsnger con-
naissait mis Rlanchg Rivoii.

Gpmme les gouvernantes n'ont
jamais,sery-J à. autre chose qu'a ou-
vrir un chemin, à l'Amour, celle de
Mlle l'.lauclie ne faillit pas à sa mission. Plongée du matin au
soir dans les romans de Guiloert de Pixêricourt, ello laissa le
« petit dieu malin « s'installer trenquUlfljnent sous, le toit d'où
elio aurait dù l'expulser à. cqup de manche à balai.

Noua, avions oublié de voua dicj qiu Mlle Dhnohe et §o goi^
vernante, revenues d'qn r'wsn t. voyage à Londres, occupaient ks
premier étage fle la, maison uù logeait le colonel.

Le colonel Pp.udrcbleu na fut pas longtemps à s'apercevoir de
l'entrée de ce nouveau locataire, au 92 ou 94 de la rue Saint?

En constatant son exclusion définitive du, cœur pur de sa niôpa,
ce soldat hronzé pâlit.

— Vous pâlissez, colonel ! dit, après un instant de silence, plein
de sourdes colères, le superbe étranger en toisant d'un coup ètail
dédaigneux Je. yioùjf serviteur d,o Napoléon.

Sortons, monsieur. !. reprit le colonel gui n'avait pas encore

t- Mon oncle ! s'écria la jeune fille en tombant à genoux.

—- Monsieur! sanglota la gouvernante.
— Silence 1 — A ce soir, mesdames.

Et, s'adressant au beau jeune homme qui avait négligemment

h / , MtfA-A ! lin

«les s/m rnanfeau de. velours puce et'lançait un
indéfinissable regard d'amour, mêlé de
pitié, sur la frêle enfant affaissée et
pliée dans sa douleur comme un frêle
U roseau par le souffle rude du vent
N.-N.-E., « _ sortons, monsieur!»
ajouta le colonel.
— Ouf ! !

Ernest d'Hervillt.
{La suite au prochain numéro),
Bildbeschreibung

Werk/Gegenstand/Objekt

Titel

Titel/Objekt
Les trente-deux dents du pendu
Weitere Titel/Paralleltitel
Serientitel
La Lune
Sachbegriff/Objekttyp
Grafik

Inschrift/Wasserzeichen

Aufbewahrung/Standort

Aufbewahrungsort/Standort (GND)
Universitätsbibliothek Johann Christian Senckenberg
Inv. Nr./Signatur
S 25/T 14

Objektbeschreibung

Maß-/Formatangaben

Auflage/Druckzustand

Werktitel/Werkverzeichnis

Herstellung/Entstehung

Künstler/Urheber/Hersteller (GND)
Régamey, Félix
Entstehungsdatum
um 1867
Entstehungsdatum (normiert)
1862 - 1872
Entstehungsort (GND)
Paris

Auftrag

Publikation

Fund/Ausgrabung

Provenienz

Restaurierung

Sammlung Eingang

Ausstellung

Bearbeitung/Umgestaltung

Thema/Bildinhalt

Thema/Bildinhalt (GND)
Frankreich
Karikatur
Satirische Zeitschrift

Literaturangabe

Rechte am Objekt

Aufnahmen/Reproduktionen

Künstler/Urheber (GND)
Universitätsbibliothek Heidelberg
Reproduktionstyp
Digitales Bild
Rechtsstatus
Public Domain Mark 1.0
Creditline
La Lune, 3.1867, Nr. 82, S. 82_2
 
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