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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0191

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4

LA LUNE

LES AUVERGNATS

L'Auvergnat est cet être, — ni homme ni femme, la chronique
le dit et Gavroche l'affirme, — qui se lève à quatre heures du
matin et se couche à huit heures du soir.

La rudesse de son gosier, — endurci par un patois âpre et
raboteux, que lea savants ont défini et classé sous le nom de
charabia, — le rend propre aux multiples lampées qu'il absorbe,
aussi consciencieusement que quotidiennement, sur le comptoir
du marchand de vin.

Fils d'une race forte, — dont le grand air de la montagne et le
vin clairet des côteaux auverpins entretiennent et perpétuent le
tempérament robuste, — ils portent nos malles, ils font nos
courses, ils cirent nos bottes au coin des rues, ils coupent nos
chats sur le Pont-Neuf, ils nous montent de l'eau et nous vendent
du charbon...
Ils sont les descendants du grand Vercingétorix I

Les Auvergnats nous envahissent positivement : il y en par-
tout, mais surtout en bas de l'échelle sociale.

Ils réussissent presque toujours, et il n'est pas à ma connais
sance que l'on puisse relever une faillite à la charge des Auver-

Geux qui arrivent en haut ne parlent plus charabia qu'en fa-
mille, ils ne le parlent même pas chez la pieuvre qui les enlace
de ses mille bras, au fond du boudoir rose et mystérieux.

Ceux qui vivent en bas, conservent précieusement ce culte et
ils manient le patois avec une tendresse passionnée qui nous
écorche les oreilles, — tandis que cette redoutable accentuation
qu'ils tirent du fond de leur rude gosier, le caresse en passant et
leur semble douce comme du velours.

L'Auvergnat fait presque toujours fortune, c'est-à-dire que tou-
jours il gagne de quoi retourner au pays....

Car il n'est pas de ceux qui se parisianisent.... il est, demeure,
et sera toujours Auvergnat. Pour lui, Paris ne vaudra jamais
Chaint-Flour, Notre-Dame sera toujours bien au-dessous de l'égliee
de son village et sa grosse Catherine aura toujours mille fois plus
de charmes que la plus charmante, — (je la connais, la plus
charmante 1) — de nos charmantes parisiennes I

Il a l'amour du pays, et il veut lui rapporter de l'argent à ce
cher pays, et il sera fier de le faire profiter de l'argent qu'il aura
gagné chez nous...

Il lui semble que la dépense qu'il fait ici est un vol qu'il com-
met envers l'avenir. Aussi, dépense-t-il le moins possible...

Il a une grosse bourse en cuir, entourée d'une longue et inter-
minable ficelle ; il faut cinq minutes pour ouvrir cette bourse-là,
— excellente précaution qui vous force à réfléchir avant de dé-
penser.

Encore, — remarquez-le ! — ne met-il que la dernière lenteur
à dénouer le cordon, tant il aime peu dépenser; en revanche, s'il
empoche, admirez la rapidité sauvage de l'opération,

# *
*

L'Auvergnat n'est pas intelligent, il est pire...
C'est un homme très-fort...

Il gagne sa vie sou par sou, en se livrant à des travaux qui
l'abrutissent et ne lui laissent tout juste que la dose d'iptelli-
gence nécessaire pour ajouter tous les soir3 les gros sous de la
journée d'aujourd'hui aux gros sous de la journée d'hier...

Mais il est très-habile à compter, il a la mémoire des chiffres.

Il sait, à un centime près, le total de son avoir, et sa tirelire
lui papillotte tout le jour devant les yeux et l'encourage au tra-
vail.

Chaque soir, il compte la différence entre la somme qu'il a et
celle qu'il lui faudra pour s'en aller planter ses choux, là-bas, —
et, le jour où il a commencé à travailler, quand il a eu en main
les deux premiers sous de la première voie d'eau ou de la pre-
mière botte cirée, il s'est dit joyeusement en lui-même, — car il
est si taciturne que toutes ces choses-là se passent en lui, — il
s'est dit : — « Deux sous de moins à gagner pour retourner au
pays, fouchtra de fouchtra !

Son but, — seul et unique, c'est de gagner de l'argent ! — Ses
moyens consistent à travailler le plus possible et à dépenser le
moins qu'il le peut...

De plus, il s'étudie à tirer à lui, toujours, constamment, sans
cesse... ^

11 marche la tête inclinée, afin de ne point perdre l'occasion si,
par hasard, il lui arrivait de trouver quelque chose sur son che-
min... _ . • . |

Il ramasse les vieux clous, les épingles... et il vead ou il garde :
vend ce qui ne peut lui servir, pour s'en faire de l'argent, —
garde ce qui lui est utile pour s'éviter une dépense...

» *
* *

Pourtant l'Auverpin a un cœur, qui bat parfois aussi énergi-
quement que le ressort de sa grosse montre en argent.

L'amour le soumet à ses lois... mais hâtons-nous de dire qu'il
n'aime qu'une fois par semaine... le dimanche, et que jamais le
plaisir nb le dérange de son travail.

Jamais aussi l'amour ne lui fait dépenser un seul de ses gros
sous...

Il étanche sa soif d'aimer dans le sein d'une bobonne quelcon-
que, qui récompense sa valeur en bouillons, verres de vin, chat-
terie» et autres genres de victuailles dont elle prélève sans scru-

pule la dîme sur le oontingent de l'office, sur la landwer du buf-
fet...

*

Terminons par un acte de justice.

Et, après avoir raoonté la patience^ un peu mesquine de cet
homme qui sait se faire des francs avec des sous, et des louis
avec des francs, en se privant de tout le superflu possible, de cet
homme qui sait déjeûner d'un morceau de pain et d'un oignon,—
disons que sa race est réellement privilégiée : elle a en effet con-
servé intacte sa vigueur physique primitive, — et, — s'il arrive
qu'elle puisse cultiver son intelligence et acquérir l'instruction,—
on découvre tout à coup que son intelligence est aussi énergique
et aussi vaillante que son corps... *

Des esprits remarquables se sont chargés, partout, — excepté
en politique, — de nous prouver que tous les Auvergnats ne sont
pas des porteurs d'eau.

Edouard Dangin.

LES VAUDEVILLISTES CHEZ EUX

RÉVÉLATIONS D'UN PROTTKUR(l)

Lefeb^re (Hlppolyte)

4, rue Lallier. — .A fait de bonnes chansons : Le Matelassier,
Vieillissons, le Carreau cassé, etc., et d'amusants vaudevilles :
Une vengeance de Pierrot, Danaé et sa bonne, les Blanchisseuses, etc.
— Mais semble s'être endormi depuis dans les délices de Noisy-
le-Sec.

Que! dommage 1 — soupirait son collaborateur Dunan, — que
Noisy ne soit pas marécageux, je t'appellerais Lefébvre de marais.

Lefraac (Auguste)

20, rue Saint-Marc, — rien d'auguste, mais l'air spirituel (et la
chanson). ■»- Neveu de Scribe par sa femme, cousin avec la for-
tune par le Crédit public,— a toujours eu pour lui lo franc succès.

Suit une pensée cueillie dans son jardin de Courbevoie : « Celui
a qui a dit le premier qué les petits cadeaux entretiennent l'ami-
■ tié, voulait se faire donner quelque chose. »

M. Lefranc, donnez-nous une bonne pièce d« vous.

Lemercier die Neuville.

9, rue Beudant. — L'auteur de la Recette pour marier ses filles, a
éprouvé de tels déboires dans la carrière vaude.villistique qu'il y
a renoncé. Il n'a pu cependant s'éloigner tout à fait du théâtre et
s'est logé juste à côté de cémii des liatignolles. De plus, il s'est
fait, comme vous le savez, directeur... de Pupazzi et fait jouer, à
cette troupe aussi obéissante que peu coûteuse, des pièces écrites
pour elle et pas du tout censurées (heureuses pièces !]f : La con-
sultation, Les fourberies de Prudhomme, Le procès Bel-Enfant des
dames, Les indiscrétions parisiennes, etc.

Dernièrement, Lemercier représentait au Havre, à l'aide do ses
acteurs de bois, Kos bons Villageois, avec imitations de MM. La-
font, Lesueur,' Arnal... — L'agent départemental de la Société des
auteurs dramatiques ne craignjt pas.de demander à notre impré-
sario des droits d'auteur au nom de M. Sardou; sur le refus de
Lemercier, le percepteur trop zélé en référa à M. Peragallo,
agent principal à Paris.

M. Peragallo doit en rire encore.

Lempnnier (Alphonse).'

20, rue Béranger. — Petit homme, petit auteur, petit journa-
liste. — Enfant de la balle; il est capable de réussir.

C'est égal, Béranger peut dormir tranquille dans sa tombe, la
rue qui porte son nom ne s'appellera jamais la rue Lemonhier.

Leroy (Lonia)

15, avenue de Villars. N'a fait représenter, je crois, que des
comédies odéonesq'ues : la Conquête de ma Femme, les Plumes du
Paon, les Relais, ce qui ne m'empêche pas de le classer parmi les
vaudevillistes.—Il est vaudevilliste sans le savoir, ses feuilletons
du Charivari ne sont autre chose que d'amusants vaudevilles ; il
n'y manque que des couplets, et encore c'est parce qu'il ne veut
pas se donner la peine d'en mettre.

Louis 'Leroy est, en outre, poète, peintre, aqua-fortiste, et par
dessus tout le meilleur homme du monde.

MM. les directeurs sérieux, voulez-vous rire ? Inventez la col-
laboration Ch. ara et Leroy.

Leuven (De).

Avenue de l'Impératrice. — A longtemps vaudevillisô avant de
se vouer complètement à l'Opéra-Comique.— Lorsqu'il travaillait
avec Adolphe Adam, il arrivait parfois à l'aimable compositeur
du Postillon d'adresser à son collaborateur des monstres dans le
genre de celui-ci, qui passe pour historique :

Des écbalottes 1
Et dea carottes I
Oignons en bottes !

Panais,

Navets I...

Ce que l'habile librettiste traduisait de la manière suivante ;

Plaisir extrême I
Bonheur suprême t
0 toi, que j'aime I

Moment

Charmant I

Mon frotteur préfère les rimes réalistes du feu maêstro aux
vers du poète; mon frotteur.,ne s'y connaît pas.

M. de Leuven n'a pas eu besoin de-successions pour s'enrichir,
les recettes de Feydeau lui suffisent ; et pourtant on dit à chaque
instant : Leuven hérite.

Luckroy

32, rue de l'Oratoire-du-Roule. — Le dramaturge de Pernnet-
Lec/erc, de la Dame de èaint-Tropéz et autres grandes machines
très-réussies, est de plus un désopilant vaudevilliste ; il suffit de
rappeler le Maître d'école et Passé minuit.

Lorsque, sous le règne de Louis Philippe, la reine d'Angleterre
vint pour la première fois en France, le roi des français régala
S. M. Britannique, au château d'Eu, de ce fameux vaudeville de
Passé minuit.

A quelques années delà, en juillat 1845, Arnal s'en fût donner
quelques représentations à Londres et la reine, se souvenant df- la
pièce qui l'avait tant amusée, la redemanda; Passé minuit fut
donc joué devant la reine Victoria, le prince Albert, le roi Léopold
et la haute aristocratie anglaise, sans que la caleçon de Chaboulard
eut soulevé le moindre Shoking.

L'auteur tant de fois applaudi du Vrért dt Piron, d'Un Réve de
Mariée, de Job et Jean, d'Ondine, etc., se repose actuellement sur
ses lauriers : pour obtenir une pièce da lui, il faudrait Lockroy et
la&annière.

Lucas (Hippolyte)

1, rue de Sully. — L'homme sérieux et grave qui a écrit l'his-
toire littéraire et philosophique du théâtre français, qui a fait
des opéras et des tragédies, est vaudevilliste néanmoins. — On
pourrait dire nez en plus.

Nous avons sous les yeux Mademoiselle Navarre, vaudeville en
un acte représenté en janvier 1847, au théâtre de la place de la
Bourse et dans lequel Suzanne Brohan chantait :

Ce brillant monde, où j'aime tant à vivre,
Ne sait pas bien encore qui ie suis ;
On croit partout que son charme m'enivre,
Lorsque mon cœur y souffre mille ennuis.
Car envers moi la fortune jalouse,
N'a pas voulu m'y placer comme 11 nuit;
J'y suis trop bas, en effet, pour l'épouse,
Pour la maîtresse aussi je suis trop haut.

Se donner tant de mal pour répéter en un huitain ce que donà
Sol dit si bien en un seul vers :

Trop pour la concubine et trop peu pour l'épouse I

Justin Langlois.

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