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La Lune — 3.1867

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https://doi.org/10.11588/diglit.6786#0201

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2

y

. Vendredi dernier, le directeur de la. Lime paraissait devant
la sixième chambre du tribunal de police correctionnelle,
présidée par l'honorable M. Delesvaux.

Après le réquisitoire du ministère publie, et malgré l'ha-
bile et spirituelle plaidoirie de M° Cléry, avocat du tournai,
le jugement suivant a été rendu :

Attendu que dans le numéro du journal la Lune du :i novembre der-
nier, Polo, directeur-gérant, a publié, à Paris, sans l'autorisation préa-
lable de l'administration, une gravure intitulée : Les Lutteurs musqués;

Qu'en agissant ainsi, il a commis la contravention prévue et punie paf
l'art. 22 du décr.-t du 17 février 1852;

Attendu que dans le mémo numéro, Polo a publié un article aussi in-
titulé : Les l utteurs masqués, signé : « Le cousin Jacques. »

Que dans cet article il est traité de matières politiques;

Qu'en effet, l'auteur, dans un style allégorique qui laisse à découvert
sa pensée véritable, aborde la question du pouvoir temporel du sahif-pèro
«t delà révolution italienne, l'expose, arrive au moment de l'invasion dtt
territoire pontifical par les bandes garibaldiennes, en décrit les phases, se
prononce contre l'intervention française et. envoie à Garibaldi un encou-
ragement et un souhait rte victoire; que la politique fKUlçaîaft est donc
touchée et tr-iitée avec la politique étrangère.

Attendu que le journal la Lv-na n'est ni autorisé ni cautionné :

Que, dans ces circonstances et en faisant cette publication, Polo a
donc commis une deuxième contravention, prévue et punie par les ar-
ticles i et 8'dn susdit décret;

Faisant application de ces articles,

Condamne Polo à un mois de prison, 109 francs d'amende pour la
première contravention, à un mois de prison, 500 francs d'amende pour
la seconde contravention;

Dit et ordonne que le journal la Lune cessera de paraître. '

Nous avons interjeté appel de ce jugement.

En atténdant. la décision des seconds juges, la Lune conti-
nuera à paraître comme par le passé.

Si, contre notre attente, la première sentence est confir-
mée, nos abonnés ne devront concevoir aucune inquiétude :
ch:s mesures seront pri?es pour leur servir sans interruption
un nouveau journal où se trouveront tous les éléments qui
ont fait ie succès de la Lune.

MADAME JUDITH

Maintenant, on ne sait plus de quel côté B'y prendre, avec les
respectables héroïnes de la rampe ? Ces dames n'aiment pas les
dates accusatrices. La question de l'âge les fait se cabrer. Ma
parole, nous en savons qui s'offensent de ce qu'on ne les croit pas
sorties d'hier du ventre de madame leur mère.

Aujourd'hui surtout qu'il s'agit de parier d'une actrice de beau-
coup de talent, qui est aussi la plus spirituelle mauvaise langue
îles coulisses parisiennes, à part Mme Augustine Brohan, — de
Mme Judith en un mot — nous nous sentons plein d'effroi.
Allons-y donc de main-mort», o ma plume Humbold I

C'est — sous toutes réserves — d'abord, et ensuite pieds nus,
la corde au col, un cierge de six livres à la main, prêt enfin à
faire amende honorable à la porte des basiliques, — que nous dé-
clarons :

1° Que madame Judith (pas de nom de famille au théâtre),
sociétaire de k Comédie-Française depuis 1852, après en avoir
été la pensionnaire pendant 6 ans, est âgée de... mettons qua-
rante ans ?

2° Que madame Judith débuta, en 1842, aux Folies-Dramati-
ques, dans le rôle de Pauline d'Amours et Amourettes; puis qu'elle
passa aux Variétés en 1845, et joua à côté de Bouffé, la Ville de
l'Avare ; enfin qu'elle entra au théâtre de la rue do Richelieu,
en 1846.

Son rôle de début fut Emma de la Fille d'Honneur, par Alex.
Dumas.

Sur les planches illustres de cette scène, qui fut la première
de Paris, on vit Mme Judith, alors belle demoiselle à l'œil noir,
reprendre tour à tour avec succès les rôles du répertoire dans
lesquels avaient brillé Mlle Mars et consorts.

On l'applaudit sincèrement flans Vn Caprice, Don Juan d'Au-
triche, te Jeux de VAmnar et du Hasard, le Malade imaginaire, Made-
moiselle de Iietle-Isl-, :e Mariage de Figaro, la Reine de Lesbos, la
Comédie à Ferney

Son triornph -i réel, elle l'obtint en jouant le rôle, refusé par fta-
chel, do Ckarlo'te Cordai;, ce faux ange réactionnaire qui assassina
un homme î' iilade, et que ïij. parler en vers alexandrins, quelques
années après ce crime abominable, le poète Pohsard. (Paixà leurs
cendres 1)

Puis, dahs la Fiammina (plaisanterie à part), Mme Judith dé-
ploya les trésors de sa belle et Vigoureuse nature d'artiste, élevée
à la seuls éople de sa parante Rachel.

Pas n'est beroin de dire que les sérieuses qualités dramatique»
et la beauté de Mme Judith lui attirèrent, de la part de ses
grandes camarades, toutes sortes de tracasserie* dont la presse
indiscrète lit des (jfofges chaudes. Il y eut pWOÔB, etc., etc.

Bref, grâce à ses reparties cruelles, mais méritées, Mlle Judith
resta presque toujours maîtresse du champ de bataille.

Ce ne fut pas cependant sans se brouiller à jamais aves Rachel,
son amîe d'enfance, devenue sa seule famille, après la mort de
sa grand'môre.

Pour donner une idée de l'esprit acéré de Mme Judith, rappe-
lons la mot qu'elle répondit à Ponsard, toujours à propos de
l'hystérique Charlotte Corday.

Ponsard disait : — Mademoiselle, je suis heureux de vous voir
prendre le rôle. M<iis tenez-moi parole! Les enfants d'Israël ber-
nent avec joie les disciples de Jésus," vous savez.

— Oh ! monsieur, répondit l'adorable femme, ne me confondez
p-.s avec Bachel. Je suis une juive, cela est vrai ; mais Rachel est
un juif, elle !

C'était assez raide, pour l'époque.

Enfin, et 3°, nous déclarons que Mme Judith, épouse légitime
de M. Bernard do Rosne^ un traducteur comme j'en voudrais voir
souvent détruire de fond en comble, sa livre elle-même à ce genre
de travail lucratif.'

« Tradutore, traditore, » ô miss Braddon, ô Dickens, souvenez-
vous-en !

Aujourd'hui, Mme Judith, après avoir longtemps parcouru le
monde, nous revient sous le costume noir A'Hamlet, après Rou-
vi^re, comme elle avait repris JMarion Delorme, après madame
Dorval,

Madame Dorval Rouvière ! — Où êtes-vous I Cœurs brûlants,
véritablement épris de l'art, et déchirés chaque soir devant ce pu-
blic froid qu'il fallait enflammer, où êtes-vous ?

Pourtant, il est juste de reconnaître que Mme Judith est plus
que convenable au théâtre de la Gaitô, et sans la tradition de
Rouvière, on pourrait la trouver parfaite.

Naturellement la voix basse et profonde, amôro et menaçante
de Rouvière manque à Mme Judith. Quant à son geste, il est
juste et classique, mais totalement dépourvu de ce je ne sais quoi
de très-bumaia qui faisait des moindres mouvements de Rou-
vière une création, parfois incomplète, mais toujours originale.

Toutefois, ces réserves faites, je bats des deux mains — ( je re-
grette même de n'en pas avoir trois) — à la tentative courageuse
d'une femme de talent, d'une artiste que nulle comparaison n'ef-
fraie, et dont le but est surtout de rappeler une fois de plus à Pa-
ris, géant ventru, satisfait et illétrô, le souvenir qui va s'oubliant
de jour eu jour des œuvres de Shackipeare.

Le Cousin J\cQuks.

ECHOS DE PARTOUT

A cette époque do fusils i aiguille, il est doux de voir surgir Une In-
vention pacilique comme celle do l'hi/drotintésie, qui eut l'art do consta-
ter la bonne ou la mauvaise qualité de l'eau.

Nul n'ignore que la pureté de l'eau est proportionnée à la quantité de
sels terreux qu'elle contient ? Or, pour constater son plus ou moins do
pureté, il paraît qu'il suffit d'y mélanger une certaine quantité de poudre
de savon; plus allé' devient mousseuse, plus elle est pure.

Il y a des choses de la pureté desquelles il serait assez curieux de se
rendre compte à l'aide de ce procédé.

Le vin, par exemple. Nous eu savons qui mousse et qui pourtant... Et
le femmes donc ?

Voilà où 1'' hydroiimésie semble insuffisante.

Si l'on pouvait arriver à appliquer le système aux demoiselles à marier,
par exemple, le prétendu n'aurait plus à craindre d'être volé, puisqu'il
pourrait ainsi, par lui-même, constater la qualité du sujet.

De la sorte, on n'épouserait plus chat en poche.

Il y a dans l'année uns époque où s'exécutent les mouvements de trou-
pes. Les régiments partent de Thiouvilie ou de Pont-a-Mousson pour
venir tenir garnison à Toulouse ou à Montpellier. De même, il y a des
moments de la saison où t'Opèrent les changements de garnison dans le
Blonde végétal.

Nous sommes à un de ces moments.

On rencontre sur son okemin des arbres ficelés comme des saucissons,
qu'on transporte au Jardin d'acclimatation, cette maison de santé des
végétaux. Ce sont les sujets atrophiés par leur séjour sur l'asphalte. Voilà
des gaillards qui ont dft en apprendre long sur l'existence, surtout ceux
qui abritaient les demoiselles assises sur les chaises dans les parages de
Torloni.

Ils sont capables de porter la corruption chez leurs frères d'au-delà des
fortifications.

Une commune importante du département de la Nièvre demande un
médecin par la voix des jonrnaux. «la place est honorable et profitable,a
dit la commune en quête d'un Hippocrate.

Ne nous semole-t-il pas voir arriver aux renseignements le docteur de-
mandé ?,.. le maire de l'endroit lui répond :

» Vous aurez de l'agrément. Nous avons à deux pas des marais qui
« nous envoient à chaque saison une forte partie de lièvres paludéennes.
« Un foyer d'infection, entretenu soigneusement au millieu du village à
« l'aide des détritus de toute nature qu'on y apporte sans cesse, nous
ti fournit largement de fièvres typhoïdes; quand au choléra, il est ici en
« en permanence, grâce à l'agglomé.ntion et à l'insalubrité des habitations.
« Le vent qui Vient à travers la montagne apporte son contingent de
« bronchites et de maladies des voies respiratoires. Enfin, l'Intempérance
u notoire de mes administrés se chargera du reste. Nous pouvons vous
« garantir du travail. »

« — Très-bien 1 dira le médecin ; voilà le pays de mes rêves. »

A une époque où les maris font entendre chaque jour de nouvelles
réclamations contre la toilette des dames, il est permis de se demander
pourquoi l'on n'adopte pas définitivement l'invention de cet Américain
auteur d'un système économique pour la confection des robes.

Cet industriel remplace l'antique cage d'acier par un mince châssis d'o-
sier recouvert d'une forte toile, sur laquelle on n'a plus qu'à coller,
comme sur une colonne du boulevard, un papier imperméable très-ré-
sistant.

La mère, en mariant sa tille, n'aurait plus besoin de songer au trous-
seau ; il lui suffirait de faire l'emplette de quelques rouleaux de papier.
Ce no serait plus qu'une question de colleur.

De la sorte, l'entretien ne coûterait pas cher au mari; il n'aurait qu'à
faire tapisser tous les mois son épouse.
Une simple question de réparations locatives...

Klie Fkébault.

FANTAISIE

,*» Une jeune fille de Limours, Juliette ***{ vient de passer en
cour d'assises pour avoir poignardé son amant infidèle.
Elle a été acquittée.

,% Quand un criminel est condamné à mort pour avoir, à l'aide
d'une hache, fait une tire-lire du crâne de l'un de ses semblables,
il ne manque pas de gens pour dire :

— Ça fera un exemple!...

Je ne sais paB si réellement ça t'ait un exemple.

Ce qu'il y a de bien certain, c'est que huit jours après, on est
obligé d'en faire un autre.

Et ainsi de suite pendant toute l'année, pour recommencer les
années suivantes.

LES TRENTE-DEUX DENTS DU PE1U

a)

XIX

U'IIe déserte

— Suite —

Parmi les pays les plus populeux, il est temps de placer les îles
désertes. On n'a qu'à ouvrir le premier livre de voyages, etc., etc.,
j'our se convaincre que ceci n'est point un paradoxe. Voyez Ro-
binson..., etc., etc.

Donc, l'île déserte était habitée, mal, c'est vrai, mais enfin elle
était habitée. Le docteur en fut contrarié. On le comprend de

reste.

Pour James Hoxton, il s'écria:

— Je vais leur faire appré-
cier les bienfaits de la civilisa-
tion !

En disant ces mots, il déchar-
geait sur les sauvages se3 deux
pistolets heureusement gorgés
de balles. , ,:

Les indigènes , surpris, S'é-
parpillèrent dans diverses di-
rections.

Mais leur chef, un gaillard
qui aurait pu être tambour-
major dans une armée de
géants,mettant la main sur son
cœur, hurla gravement en an-
glais :

— C'est joliment bête de ti-
rer comme ça sur le pauvre
monde; et puis, seigneur, est-
ce là la véritable distinction?
ajouta-t-il.

tlj Voir tes numéros parus depuis le i août.

Un naa «il arrière! Un seul !

Maryan Slo p, une lady un peu nerveuse que vous n'avez pas
oubliée sans doute, attendit pendant quel-
ques semaines le crâne de son infidèle
amant que devait disséquer avec amour
le docteur Bagg.

Une fantaisio de femme bien éprise et
devenue inconsolable !
Un matin elle tomba chez le docteur,
comme une bombe. — Boum 1

Apprenant que cet homme de l'art
était parti pour Dunkerque, en com-
pagnie d'un personnage mystérieux,
elle résolut de le poursuivre nuit ci
jour, jusqu'au bout du monde.

Suivie de la belle Turtle devenue,
ne sais comment, sa servante et dont
la pipe de fer servit plusieurs fois
de tlacon de sels français à sa
maîtresse exaspérée, Maryan 81op s'embarqua pour le continent.

Trente et «Mo dents

Revenons maintenant dans l'île déserte où nous avons laissé
Bagg, Hoxton et les deux élèves du docteur en présence du chef
des sauvages.

Celui-ci, après avoir apostrophé nos quatre voyageurs de la fa
çon rapportée à la lin du chapitre XIXe et suffisamment joui de
leur ahurissement, ajouta mélancoliquement :

J'ai le regret de vous annoncer, messieurs et chers inconnus,
qu'après vous avoir montré les curiosités et monuments de ce
pays qui m'odorc, je me verrai dans la nécessité de vous sacrifier
à notre dieu Kooboorôa, (le maître des étoiles).

— Diable I firent les naufragés, non sans quelques gestes de
désespoir.

— C'est la loi du pays. Et puis, à ce que je vols, vous avez tué
le serpent favori de notre Dieu?

— Miséricorde 1 Nous jurons sur l'honneur.,.

— Point de vaines récriminations. Vous l'avez tué. Regardez. Il
est mort, « car il Bent, » comme dit l'ours de Lafontaine, notre
excellent fabuliste.

En achevant oes paroles, qui témoignaient d'une certaine édu-
cation littéraire, le nègre géant, — j'avais oublié d* vous dire que
le roi des BauVages était du plus beau jus de réglisse, — tira son
couteau et fendit en deux la peau du serpent,

— J'ai besoin de consulter ses entrailles, murmura-t-il en sou-
riant. "£&r\ <à»Jt « •

— Un blanc, s'écrièrent ensemble le nègre et les quatre Anglais,
p.n apercevant, dans l'intérieur du boa, les restes, reconnaissables
de l'infortuné Duval.

Permettez, sauvage instruit, dit James Hoxton, en réponse au
nègre dont les dents claquaient d'horreur. Cet homme m'appar-

tient.Docteur, poursuivit-il, faites
votre devoir, Ma boîte d'or attend
les dents de ce monsieur.
Le docteur obéit.
Toby, Snob et le chef sauvage,
stupéfait, le regardaient faire.

— Messieurs, reprit Hoxton, quand la petite opération fut ter-
minée, et que seize dents, extraites avec habileté de la bouche
d'Anatole Duval, eurent rejoint leurs sœurs dans la boîte d'or,
messieurs, je vous expliquerai plus tard ce qui vient de se pas-
ser. Ah! c'est une bien touchante histoire ! allez !

— Mais ? interrogèrent Toby et Snob.

— Silence ! hurla Hoxton... Et, à part : — Trente et une! sou-
pira-t-il.

— Oh ! s'écria tout à coup le chef sauvage, qui depuis quel-
ques instants examinait la mer. — Moi, voir vaisseau là-bas ;
vaisseau blanc, Oh 1 malheur ! oh ! mauvaise !
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