2
LA' LUNE
PRIME DE LA LUNE
Toute personne qui enverra directement en
mandat ou timbres-poste à M. F. Polo, directeur
du journal, 5, cité Bergère, à Parie, —le montant
d'un abonnement d'un an à la Lune, — aura
droit à l'une des trois primes suivantes :
1"- PRIME
Ëtivnnee de la HJfïÉ
Un superbe foulard des Indes, enfermé dans une jolie
boîte, à choisir dans les grands magasins spéciaux de la
Compagnie des Indes, rue de Grenelle-Saint-Germain, 42,
eu de la Malle des Indes, passage Verdeau, 24-26, parmi
les foulards de toutes nuances mis en montre et marqués en
chiffres connus, au prix de 4 fr. 50.
L'abonnement d'un an accompagné de cette prime, pour
Paris : <5 fr. KO; pour les départements : If fr. KO (envoi
franco; il suffit de désigner la couleur qu'on préfère).
2" PRIME
Tous les numéros de la Lune parus depuis le 1er août
jusqu'au 15 janvier.
Cette prime, complètement gratuite, s'adresse
surtout aux personnes qui désirent collectionner les chargea
d'And. GUI.
3e PRIME
Un charmant portefeuille or et couleur, fabriqué spécia-
lement pour la Lune par la maison Susse, place de la
Bourse, et contenant dix ravissantes aquarelles par Edouard
de Beaumont.
Pour recevoir cette prime dans les départements, on devra
joindre au prix de l'abonnement KO centimes, montant
des frais d'envoi. (En tout G fr. KO.)
I* Avoir soin de bien indiquer celle des trois primes qu'on
choisit;
2° L'abonnement avec les trois prime» coûte pour Paris :
o franc*; pour la provinco : 10 franc».
3° Tout abonné qui nous enverra * fr. ko, en y joignant la der-
nière bande du journa1, recevra franco la prime-foulard,
MONTROUGE-MâGÉ. MACÉ-M0NTR0UGE
........ i
....C'était le temps où Nestor Roqueplan disait au direc-
teur Sari :
— Engagez-moi donc la petite... Chose! Elle vous ira
comme un gant.
— C'est que je gante neuf trois quarts...
— Justement. Voilà votre affaire.
Oh ! ce théâtre des Délassements — au boulevard du
Temple!...
Victor, t'en souviens-Lu?
Vous en souvenez-vous, Suzanne?
Il y avait là Octavie, — la séculaire Octavie, — de \Escar-
celle-d'Or; Henriette, qui est devenue conseillère municipale
dans la Brie ; Mélina, à laquelle on faisait courir tous les
magasins de Paris pour trouver des bas... relief et des
robes...Boyreau-Laffecteur, et Jeanne, dont on pouvait écrire,
sans craindre les pudeurs de la sixième chambre : Croyez
qu'elle n'a rien de commun avec sa fameuse homonyme de Beau}
vais. L'une hachette et Vautre vend.
Il y avait encore Georgette Olivier et Céline Renault qui
sont aux Variées; Elmire Paurelle qui est au Palais-Royal;
Mélanie Gousset — un nom caractéristique — qui a dicté à
Blum les Mémoires de Rigolboche, et la volumineuse Mélanie
Fèvre, qui lorsqu'on lui donnait un porte-crayon en vermeil,
demandait avec naïveté :
— Est-ce qu'il met l'orthohraphe !
Un soir, Mlle Crénisse, s'étant truffée mal, avant le spec-
tacle^ dans un cabinet de Bonvallet, envoya — tout bonne-
ment — sa femme de ménage pour jouer son rôle à sa
place...
Un autre soir, comme il n'y avait personne dans la salle,
Mlle d'Orléans, qui était en scène au lever du rideau, tira un
jeu de cartes de sa poche et entama un cent de piquet avec le
cbef d'orchestre sur le pupitre de celui-ci...
Le3 ouvreuses pariaient et les municipaux donnaient des
conseils...
— Cinq cartes...
— Trop jeune.
— Tierce au larbin...
— Ça ne vaut pas une quatrième aux fines herbes.
— Quatorze de cocottes...
— Fouille-loi. J'ai les monarque.?. Tu peux écrire à tes ï
parents que le médecin qui a vu tes déjections a dit que tu
étais bien malade...
Deux messieurs apparurent au balcon...
Aussitôt, rappelée au sentiment du devoir, l'actrice, sans
attendre Yaccord, attaqua le rondeau d'ouverture :
II
Ce fut sur ces planches, — exemptes de préjugés, — que
Louis Hesnard, dit Montrouge, apprit l'art difficile de repré
senter les compères dans les revues de lin d'année et d'appli-
quer aux populations soumises plus tard à son empire les
bienfaits d'un gouvernement paternel, libéral, économique
et éclairé.
En 1864, je crois, — car je ne veux parler que pour mé
moire de son séjour aux Variétés, — Montrouge entreprit de
diriger le théâtre de poche improvisé jadis par le caprice
d'Offenbach Stator — eljettatore — au beau milieu du carré
Marigny, entre le cirque de l'Impératrice et les bouibouis de
Guignol, de Bambocliinet et des Variabilités.
II y avait à ce faire un certain héroïsme. Le mauvais œil
pesait sur cet immeuble. Deburau y avait Succédé à Offen
bach. Puis, étaient venus le sieur. Audray-Deshorties et la
dame Mogador de Chabrillan. Après les rossignols, un
pierrot ; après le pierrot, les corbeaux et les chauves-souris,
amis des cadavres et des ruines!...
Oui ; mais Montrouge avait l'audace — et le bonheur —
des gens grêlés !...
Voyez Mirabeau, Danton, Veuillot et Rochefort !...
Le premier acte du nouvel imprésario fut d'associer à sa
fortune Marguerite Macé, une de ses anciennes camarades
de... province, avec laquelle, — au dire des historiens, — il
avait joué le Pied de Mouton soixante-douze fois à Lyon,
quarante fois à Lille, trente fois à Anvers et soixante-
quinze fois à Bruxelles !...
Additionnez !
Deux cent dix-sept fois le Pied de Mouton II!
Seigneur, Seigneur, il y a des épreuves qui lient les âmes
pour la vie !...
Marguerite Macé, une des élèves les plus distinguées de
Samson et de Provost au Conservatoire, — avait, vers 1850,
débuté au Gymnase dans la Reine de seize ans et le Mariage
enfantin. On l'avait ensuite applaudie aux Bouffes-Parisiens
dans Six Demoiselles à marier, dans Orphée aux Enfers, dans
la Chatte métamorphosée. En dernier lieu, elle s'était retrou-
vée avec son futur directeur — et époux — aux Délasse-
ments de la rue de Provence dans Lâchez tout!
Tous deux créèrent aux Champs-Elysées — avec infini-
ment de talent et de succès — les Virtuoses du Pavé, En
Classe, mesdemoiselles! le Sire de Barbe-/lieue, VOrphéon de
Fouilly-aux-Oies, etc., etc., etc.
Grâce à la crânerie de l'une et à la bonhommie cle
l'autre, les revues Zut au berger! Bu qui s'avance et la Bonns
aventure, 6 gué! ont réussi d'une façon paradoxale.
Enfin, il n'y a plus de thermomètre : la foule est revenue
aux Folies-Marigny — môme en hiver !
Après cela, oserai-je .ajouter que, sous le triple rapport
de l'harmonie de la plasuque, de la pureté des lignes et de
la correction des formes, le ménage Macé-Montrouge ne
rappelle qu'imparfaitement les chefs-d'œuvre praxitéliens de
la statuaire antique ?
Autrefois, eu égard aux cheveux du mari, les camarades
de la femme accusaient volontiers celle-ci : de cultiver la
carrotte...
Le nez de Montrouge fait carnaval avec son menton. Son
esprit est, dit-on, pointu comme une vrille. Gageons que c'est
cette vrille-là qui lui aura percé les yeux !
Madame à la figure busquée et chevaline, les traits d'une
robustesse virile, l'œil excessif, dur et saillant, une bouche
qui lui permet de grignotter — entre ses repas — la poire de
ses boucles d'oreilles !...
Chose rarissime et merveilleuse : habillez-la seulement de
sa chevelure et elle sera encore trés-présentable.
Excellent garçon, du reste. Musicienne jusqu'au bout des
griffes. Le coup de bon vin ne l'intimide point, ni la plaisan-
terie haute en poivre. Au banquet des Pierrots^ ses saillies
feraient fleurir les coquelicots de la pudeur sur la peau de
chagrin de la gendarmerie !...
Il est vrai que mesdemoiselles Bade, Lydie et Malvina
n'appartiennent point à cette institution.
Montrouge a le sac. Sa maison de Saint-Germain est un
petit Louvre de toiles modernes et estimées; la littérature
contemporaine — depuis le loup Vallès jusqu'à l'agneau Sa-
vard — a vidé plus d'une bouteille dans son jardinet, et,
comme l'insinue Marie Jolly, en guignante» patronne ;
— Ses moyens l'autorisent à manger dans de la vaisselle
plate.
Star.
NOTES AU CRAYON
Dialogue de circonstance.
Au buffet de Oeil, deux messieurs causaient en attendant le
départ de leurs trains respectifs.
L'un revenait à Paris.
L'autre retournait à Bruxelles.
Le premier dit : J'ai été au ministère de l'instruction publi-
que; j'ai entendu Duruy.
Le second répondit : Je viens du théâtre du Parc. J'ai entendu
du Ruy... Blas.
* *
Je suis lu Nymphe du Printemps
Et les Qe*m naissent sous mes ailes!..
J Allons, décidément, les chansons... ont du mauvais.
L'affreux malheur arrivé ces jours derniers sur la Seine, dé-
montre une fois de plus,
Qu'il est moins dangereux de glisser
Sur le gazon que sur la glace.
Avis aux jeunes filles.
* *
X... ne lâche pas d'une semelle A..., homme bien en cour, ré-
cemment parvenu. Il l'accompagne partout, le suit comme un
chien fidèle, au palais, au théâtre, partout.
Il était avec lui à la grande fête de nuit du bois de Boulogne.
— X..., disait-on de lui, est heureux de s'anéantir dans la per-
sonnalité d'autrui ; vous verrez que s'il tombe, en patinant, il
tombera sur le derrière... d'un autre.
■ *
On demandait, dans un salon littéraire, la ressemblance qui
existe entre le directeur de la Revue des Deux-Mondes et la Voie
lactée.
La réponse fut oelle-ci :
Entre ce ramassis d'étoiles et l'homme dont vous pariez, il y a
cette ressemblance que tous deux ne servent à rien et que quel-
ques personnes seulement s'en occupent en France.
— Mais encore?
— Dame, quelle différence voyez-vous entre : être ne Ruloz, ou
être nébuleuse?...
*
* *
Une locution proverbiale qu'il faut supprimer complètement,
est celle-ci ;
Vieux comme les rues..
Depuis que M. Haussmann est préfet, il n'y a rien de si neuf
qu'elles.
* *
Glatigny, l'improvisateur soudain disparu de Paris, ne fait
point de la liqueur dans une trappe quelconque, comme le bruit
en avait couru.
Il gratte la lyre plus que jamais, et d'une façon fort agréable.
Le théâtre de Bayonne vient de jouer do lui le Bois, un acte, en
vers, naturellement.
— Le Bois, en hiver? La pièce ne manque pas d'actualité, dirait
Koning.
• m
» *
L'habit ne feit pas le moine. Le moine, à notre époque, ferait
plutôt l'habit, comme Bonne, ce qui n'est pas peu dire.
Un petit crevé ruiné, garibaldien à Mentana, de retour en ses
foyers, au noble faubourg, reçoit les reprochas de ses parents; on
lui disait :
— Gomment! vous! le comte de . . ., etc., le rejeton..., etc.,
vous avez endossé une chemise rouge?
— Dame! je n'avais plus de chemises blanchesI
0 conviction!
* *
Le monde marche.
Le lendemain de la création Dieu demandait à Gaën : — Et ton
frère ?
Aujourd'hui, nous disons ; — Et ta sœur ?
S igne des temps ! imprimerait Veuillot.
«
* *
Puisque nous tenons Veuillot, ne le guérissons pas ; arrachons !
On lui faisait cette question : Vous êtes catholique ?
— Ferme 1
— Vous rendrez toujours hommuge aux saintes ?
— Jusqu'à mon dernier artiole, l'article de la mort.
— A toutes, sans exceptions?
— Parbleu !
— Jurez-le !
— Je le jure !
— Et à Sainte... Bauve ?
— Ah! pour celle-là, je n'y croirai que lorsque un prêtre
parlera d'elle avec une extrême Onction.
Tels sont les joyeux dôvis et menus propos du maître de l'Uni-
vers.
*
La L'ijeudn tV rUenspiêgeli par de Coster, un conte satirique des
plus gais et des plus fins vient de paraître à la librairie interna-
tionale di; Lacroix, Quatorze eaux-fortes magnifiques, dues au
talent original d'artiste» belges, parmi lesquels Félicien Rops,
accompagnent le récit des faits et gestes du héros flamand, dont
la légende défraye les longues soirées d'hiver depuis le seizième
Éiècle, en Allemagne, en Belgique et en Hollande.
*
Les femmes so frottent les mains. Peu leur importent les dé-
cisions du Corps législatif.
— Nous ne serons pas dans la Mobile, disent-elles.
— Pardon, mesdames, vous en êtes. Le roi le dit, du moins
dans Rigoletto (air connu).
La dont è mobile
' I
* *
Au bal. •— Maïs quel bal ?
Un jeune homme tire gravement une carte de sa poche, la corne
et la glisse adroitement dans le corsage sans préjugés de sa
danseuse.
— Eh bien, monsieur!... Suit une rougeur vive.,. Que faites-
vous ?
— Dame, puisqu'il n'y a personne, répond l'adolescent, selon
l'usAge, par politesse.,, j'ai cru,.. P. P. C. du reste I...
Et il lâche la dame, en riant.
M. S'*', médecin de peu de savoir, dêooré il y » trois ans, a vu
sa clientèle augmenter de jour en jeur depuis le 15 août bien-
heureux.
LA' LUNE
PRIME DE LA LUNE
Toute personne qui enverra directement en
mandat ou timbres-poste à M. F. Polo, directeur
du journal, 5, cité Bergère, à Parie, —le montant
d'un abonnement d'un an à la Lune, — aura
droit à l'une des trois primes suivantes :
1"- PRIME
Ëtivnnee de la HJfïÉ
Un superbe foulard des Indes, enfermé dans une jolie
boîte, à choisir dans les grands magasins spéciaux de la
Compagnie des Indes, rue de Grenelle-Saint-Germain, 42,
eu de la Malle des Indes, passage Verdeau, 24-26, parmi
les foulards de toutes nuances mis en montre et marqués en
chiffres connus, au prix de 4 fr. 50.
L'abonnement d'un an accompagné de cette prime, pour
Paris : <5 fr. KO; pour les départements : If fr. KO (envoi
franco; il suffit de désigner la couleur qu'on préfère).
2" PRIME
Tous les numéros de la Lune parus depuis le 1er août
jusqu'au 15 janvier.
Cette prime, complètement gratuite, s'adresse
surtout aux personnes qui désirent collectionner les chargea
d'And. GUI.
3e PRIME
Un charmant portefeuille or et couleur, fabriqué spécia-
lement pour la Lune par la maison Susse, place de la
Bourse, et contenant dix ravissantes aquarelles par Edouard
de Beaumont.
Pour recevoir cette prime dans les départements, on devra
joindre au prix de l'abonnement KO centimes, montant
des frais d'envoi. (En tout G fr. KO.)
I* Avoir soin de bien indiquer celle des trois primes qu'on
choisit;
2° L'abonnement avec les trois prime» coûte pour Paris :
o franc*; pour la provinco : 10 franc».
3° Tout abonné qui nous enverra * fr. ko, en y joignant la der-
nière bande du journa1, recevra franco la prime-foulard,
MONTROUGE-MâGÉ. MACÉ-M0NTR0UGE
........ i
....C'était le temps où Nestor Roqueplan disait au direc-
teur Sari :
— Engagez-moi donc la petite... Chose! Elle vous ira
comme un gant.
— C'est que je gante neuf trois quarts...
— Justement. Voilà votre affaire.
Oh ! ce théâtre des Délassements — au boulevard du
Temple!...
Victor, t'en souviens-Lu?
Vous en souvenez-vous, Suzanne?
Il y avait là Octavie, — la séculaire Octavie, — de \Escar-
celle-d'Or; Henriette, qui est devenue conseillère municipale
dans la Brie ; Mélina, à laquelle on faisait courir tous les
magasins de Paris pour trouver des bas... relief et des
robes...Boyreau-Laffecteur, et Jeanne, dont on pouvait écrire,
sans craindre les pudeurs de la sixième chambre : Croyez
qu'elle n'a rien de commun avec sa fameuse homonyme de Beau}
vais. L'une hachette et Vautre vend.
Il y avait encore Georgette Olivier et Céline Renault qui
sont aux Variées; Elmire Paurelle qui est au Palais-Royal;
Mélanie Gousset — un nom caractéristique — qui a dicté à
Blum les Mémoires de Rigolboche, et la volumineuse Mélanie
Fèvre, qui lorsqu'on lui donnait un porte-crayon en vermeil,
demandait avec naïveté :
— Est-ce qu'il met l'orthohraphe !
Un soir, Mlle Crénisse, s'étant truffée mal, avant le spec-
tacle^ dans un cabinet de Bonvallet, envoya — tout bonne-
ment — sa femme de ménage pour jouer son rôle à sa
place...
Un autre soir, comme il n'y avait personne dans la salle,
Mlle d'Orléans, qui était en scène au lever du rideau, tira un
jeu de cartes de sa poche et entama un cent de piquet avec le
cbef d'orchestre sur le pupitre de celui-ci...
Le3 ouvreuses pariaient et les municipaux donnaient des
conseils...
— Cinq cartes...
— Trop jeune.
— Tierce au larbin...
— Ça ne vaut pas une quatrième aux fines herbes.
— Quatorze de cocottes...
— Fouille-loi. J'ai les monarque.?. Tu peux écrire à tes ï
parents que le médecin qui a vu tes déjections a dit que tu
étais bien malade...
Deux messieurs apparurent au balcon...
Aussitôt, rappelée au sentiment du devoir, l'actrice, sans
attendre Yaccord, attaqua le rondeau d'ouverture :
II
Ce fut sur ces planches, — exemptes de préjugés, — que
Louis Hesnard, dit Montrouge, apprit l'art difficile de repré
senter les compères dans les revues de lin d'année et d'appli-
quer aux populations soumises plus tard à son empire les
bienfaits d'un gouvernement paternel, libéral, économique
et éclairé.
En 1864, je crois, — car je ne veux parler que pour mé
moire de son séjour aux Variétés, — Montrouge entreprit de
diriger le théâtre de poche improvisé jadis par le caprice
d'Offenbach Stator — eljettatore — au beau milieu du carré
Marigny, entre le cirque de l'Impératrice et les bouibouis de
Guignol, de Bambocliinet et des Variabilités.
II y avait à ce faire un certain héroïsme. Le mauvais œil
pesait sur cet immeuble. Deburau y avait Succédé à Offen
bach. Puis, étaient venus le sieur. Audray-Deshorties et la
dame Mogador de Chabrillan. Après les rossignols, un
pierrot ; après le pierrot, les corbeaux et les chauves-souris,
amis des cadavres et des ruines!...
Oui ; mais Montrouge avait l'audace — et le bonheur —
des gens grêlés !...
Voyez Mirabeau, Danton, Veuillot et Rochefort !...
Le premier acte du nouvel imprésario fut d'associer à sa
fortune Marguerite Macé, une de ses anciennes camarades
de... province, avec laquelle, — au dire des historiens, — il
avait joué le Pied de Mouton soixante-douze fois à Lyon,
quarante fois à Lille, trente fois à Anvers et soixante-
quinze fois à Bruxelles !...
Additionnez !
Deux cent dix-sept fois le Pied de Mouton II!
Seigneur, Seigneur, il y a des épreuves qui lient les âmes
pour la vie !...
Marguerite Macé, une des élèves les plus distinguées de
Samson et de Provost au Conservatoire, — avait, vers 1850,
débuté au Gymnase dans la Reine de seize ans et le Mariage
enfantin. On l'avait ensuite applaudie aux Bouffes-Parisiens
dans Six Demoiselles à marier, dans Orphée aux Enfers, dans
la Chatte métamorphosée. En dernier lieu, elle s'était retrou-
vée avec son futur directeur — et époux — aux Délasse-
ments de la rue de Provence dans Lâchez tout!
Tous deux créèrent aux Champs-Elysées — avec infini-
ment de talent et de succès — les Virtuoses du Pavé, En
Classe, mesdemoiselles! le Sire de Barbe-/lieue, VOrphéon de
Fouilly-aux-Oies, etc., etc., etc.
Grâce à la crânerie de l'une et à la bonhommie cle
l'autre, les revues Zut au berger! Bu qui s'avance et la Bonns
aventure, 6 gué! ont réussi d'une façon paradoxale.
Enfin, il n'y a plus de thermomètre : la foule est revenue
aux Folies-Marigny — môme en hiver !
Après cela, oserai-je .ajouter que, sous le triple rapport
de l'harmonie de la plasuque, de la pureté des lignes et de
la correction des formes, le ménage Macé-Montrouge ne
rappelle qu'imparfaitement les chefs-d'œuvre praxitéliens de
la statuaire antique ?
Autrefois, eu égard aux cheveux du mari, les camarades
de la femme accusaient volontiers celle-ci : de cultiver la
carrotte...
Le nez de Montrouge fait carnaval avec son menton. Son
esprit est, dit-on, pointu comme une vrille. Gageons que c'est
cette vrille-là qui lui aura percé les yeux !
Madame à la figure busquée et chevaline, les traits d'une
robustesse virile, l'œil excessif, dur et saillant, une bouche
qui lui permet de grignotter — entre ses repas — la poire de
ses boucles d'oreilles !...
Chose rarissime et merveilleuse : habillez-la seulement de
sa chevelure et elle sera encore trés-présentable.
Excellent garçon, du reste. Musicienne jusqu'au bout des
griffes. Le coup de bon vin ne l'intimide point, ni la plaisan-
terie haute en poivre. Au banquet des Pierrots^ ses saillies
feraient fleurir les coquelicots de la pudeur sur la peau de
chagrin de la gendarmerie !...
Il est vrai que mesdemoiselles Bade, Lydie et Malvina
n'appartiennent point à cette institution.
Montrouge a le sac. Sa maison de Saint-Germain est un
petit Louvre de toiles modernes et estimées; la littérature
contemporaine — depuis le loup Vallès jusqu'à l'agneau Sa-
vard — a vidé plus d'une bouteille dans son jardinet, et,
comme l'insinue Marie Jolly, en guignante» patronne ;
— Ses moyens l'autorisent à manger dans de la vaisselle
plate.
Star.
NOTES AU CRAYON
Dialogue de circonstance.
Au buffet de Oeil, deux messieurs causaient en attendant le
départ de leurs trains respectifs.
L'un revenait à Paris.
L'autre retournait à Bruxelles.
Le premier dit : J'ai été au ministère de l'instruction publi-
que; j'ai entendu Duruy.
Le second répondit : Je viens du théâtre du Parc. J'ai entendu
du Ruy... Blas.
* *
Je suis lu Nymphe du Printemps
Et les Qe*m naissent sous mes ailes!..
J Allons, décidément, les chansons... ont du mauvais.
L'affreux malheur arrivé ces jours derniers sur la Seine, dé-
montre une fois de plus,
Qu'il est moins dangereux de glisser
Sur le gazon que sur la glace.
Avis aux jeunes filles.
* *
X... ne lâche pas d'une semelle A..., homme bien en cour, ré-
cemment parvenu. Il l'accompagne partout, le suit comme un
chien fidèle, au palais, au théâtre, partout.
Il était avec lui à la grande fête de nuit du bois de Boulogne.
— X..., disait-on de lui, est heureux de s'anéantir dans la per-
sonnalité d'autrui ; vous verrez que s'il tombe, en patinant, il
tombera sur le derrière... d'un autre.
■ *
On demandait, dans un salon littéraire, la ressemblance qui
existe entre le directeur de la Revue des Deux-Mondes et la Voie
lactée.
La réponse fut oelle-ci :
Entre ce ramassis d'étoiles et l'homme dont vous pariez, il y a
cette ressemblance que tous deux ne servent à rien et que quel-
ques personnes seulement s'en occupent en France.
— Mais encore?
— Dame, quelle différence voyez-vous entre : être ne Ruloz, ou
être nébuleuse?...
*
* *
Une locution proverbiale qu'il faut supprimer complètement,
est celle-ci ;
Vieux comme les rues..
Depuis que M. Haussmann est préfet, il n'y a rien de si neuf
qu'elles.
* *
Glatigny, l'improvisateur soudain disparu de Paris, ne fait
point de la liqueur dans une trappe quelconque, comme le bruit
en avait couru.
Il gratte la lyre plus que jamais, et d'une façon fort agréable.
Le théâtre de Bayonne vient de jouer do lui le Bois, un acte, en
vers, naturellement.
— Le Bois, en hiver? La pièce ne manque pas d'actualité, dirait
Koning.
• m
» *
L'habit ne feit pas le moine. Le moine, à notre époque, ferait
plutôt l'habit, comme Bonne, ce qui n'est pas peu dire.
Un petit crevé ruiné, garibaldien à Mentana, de retour en ses
foyers, au noble faubourg, reçoit les reprochas de ses parents; on
lui disait :
— Gomment! vous! le comte de . . ., etc., le rejeton..., etc.,
vous avez endossé une chemise rouge?
— Dame! je n'avais plus de chemises blanchesI
0 conviction!
* *
Le monde marche.
Le lendemain de la création Dieu demandait à Gaën : — Et ton
frère ?
Aujourd'hui, nous disons ; — Et ta sœur ?
S igne des temps ! imprimerait Veuillot.
«
* *
Puisque nous tenons Veuillot, ne le guérissons pas ; arrachons !
On lui faisait cette question : Vous êtes catholique ?
— Ferme 1
— Vous rendrez toujours hommuge aux saintes ?
— Jusqu'à mon dernier artiole, l'article de la mort.
— A toutes, sans exceptions?
— Parbleu !
— Jurez-le !
— Je le jure !
— Et à Sainte... Bauve ?
— Ah! pour celle-là, je n'y croirai que lorsque un prêtre
parlera d'elle avec une extrême Onction.
Tels sont les joyeux dôvis et menus propos du maître de l'Uni-
vers.
*
La L'ijeudn tV rUenspiêgeli par de Coster, un conte satirique des
plus gais et des plus fins vient de paraître à la librairie interna-
tionale di; Lacroix, Quatorze eaux-fortes magnifiques, dues au
talent original d'artiste» belges, parmi lesquels Félicien Rops,
accompagnent le récit des faits et gestes du héros flamand, dont
la légende défraye les longues soirées d'hiver depuis le seizième
Éiècle, en Allemagne, en Belgique et en Hollande.
*
Les femmes so frottent les mains. Peu leur importent les dé-
cisions du Corps législatif.
— Nous ne serons pas dans la Mobile, disent-elles.
— Pardon, mesdames, vous en êtes. Le roi le dit, du moins
dans Rigoletto (air connu).
La dont è mobile
' I
* *
Au bal. •— Maïs quel bal ?
Un jeune homme tire gravement une carte de sa poche, la corne
et la glisse adroitement dans le corsage sans préjugés de sa
danseuse.
— Eh bien, monsieur!... Suit une rougeur vive.,. Que faites-
vous ?
— Dame, puisqu'il n'y a personne, répond l'adolescent, selon
l'usAge, par politesse.,, j'ai cru,.. P. P. C. du reste I...
Et il lâche la dame, en riant.
M. S'*', médecin de peu de savoir, dêooré il y » trois ans, a vu
sa clientèle augmenter de jour en jeur depuis le 15 août bien-
heureux.