î54 LES TRAVAUX DE MARS, :
Remarques fur les Ouvrages à Couronne.
COmme ces Ouvrages font d’une grande garde , il faut,
avant que de les conftruire, remarquer avec foin, files
Habitans de ces lieux-là font en affezgrand nombre, & d’une
profeffion à les pouvoir défendre en cas qu’ils foient attaquez.
Car de faire fonds fur les Soldats delà Garnifon delà Place,
ce feroit tres-mal prendre fes mefures ; uu Gouverneur qui fçaic
la guerre, ne laiiïera jamais fortir de fa Place un auffi grand
nombre de Soldats qu’il en faut pour défendre des Ouvrages fi
fpatieux ; principalement fi la Garnifon eft foible, fi elle ne lui
eft pas bien atfeédionnée, ce qui n’arrive que trop fouvent, ou
bien enfin s’il en craint la defertion, par les bruits, & par les
billets que les Affiégeans font courir, en promettant au foldat af-
lîégé la liberté, & de l’argent pour fe retirer ailleurs. Il doit en-
core appréhender qu’une fi nombreufe partie de fa garnifon ve-
nant à être enlevée, ou forcée, il ne foit enfuite trop foible pour
fc défendre, & ne fe trouve contraint de faire une honteufe Ca-
pitulation : en rendant un bon corps de Place, pour en avoir
voulu conferver un bien moindre.
De prétendre qu’au défaut des Soldats on contraindra les
Bourgeois àladéfcnfedecesPoftes, c’eft un projet plus foible
que le premier. On fçait par expérience que le Bourgeois n’eft:
gueres propre qu’à défendre les maifons, &lesruës, ouqu’à
fe polder à couvert derrière le Parapet du Rempart : cardés
qu’on lui parle de la défenfe des Dehors, ilfemutine, & croit
que l’on en veut à fon bien, ou à fa famille. En un mot, la vé-
ritable défenfe de ces grands poftesfe doit tirer des Habitans qui
y f°nt*
Il faut encore bien prendre garde fi ces Habitans-là, que
nous fuppofons être en grand nombre, ne font pas des gens
faétieux, divifez entr’eux, ou mal-intentionnez pour les Habi-
tans de la Place. Car en ce cas il faudroit y conftruire un Fort où
il y eût un Gouverneur & une bonne Garnifon aftéélionnée au
Prince, de peur que ces Habitans ne fe fortifiaffent contre la Vil-
le , & que d’un Ouvrage ils n’en fiffent une Ciradelle. Mais fi
l’on ne craint point ce changement, il eft roûjours bon de dé-
molir dans ces poftes les maifons & autres lieux fortsqui regar-
dent la Ville, afin que les Aftiégeans ne s’en puifient prévaloir
contre la Place, s’ils viennent à fe rendre maîtres de l’Ouvrage.
Des
Remarques fur les Ouvrages à Couronne.
COmme ces Ouvrages font d’une grande garde , il faut,
avant que de les conftruire, remarquer avec foin, files
Habitans de ces lieux-là font en affezgrand nombre, & d’une
profeffion à les pouvoir défendre en cas qu’ils foient attaquez.
Car de faire fonds fur les Soldats delà Garnifon delà Place,
ce feroit tres-mal prendre fes mefures ; uu Gouverneur qui fçaic
la guerre, ne laiiïera jamais fortir de fa Place un auffi grand
nombre de Soldats qu’il en faut pour défendre des Ouvrages fi
fpatieux ; principalement fi la Garnifon eft foible, fi elle ne lui
eft pas bien atfeédionnée, ce qui n’arrive que trop fouvent, ou
bien enfin s’il en craint la defertion, par les bruits, & par les
billets que les Affiégeans font courir, en promettant au foldat af-
lîégé la liberté, & de l’argent pour fe retirer ailleurs. Il doit en-
core appréhender qu’une fi nombreufe partie de fa garnifon ve-
nant à être enlevée, ou forcée, il ne foit enfuite trop foible pour
fc défendre, & ne fe trouve contraint de faire une honteufe Ca-
pitulation : en rendant un bon corps de Place, pour en avoir
voulu conferver un bien moindre.
De prétendre qu’au défaut des Soldats on contraindra les
Bourgeois àladéfcnfedecesPoftes, c’eft un projet plus foible
que le premier. On fçait par expérience que le Bourgeois n’eft:
gueres propre qu’à défendre les maifons, &lesruës, ouqu’à
fe polder à couvert derrière le Parapet du Rempart : cardés
qu’on lui parle de la défenfe des Dehors, ilfemutine, & croit
que l’on en veut à fon bien, ou à fa famille. En un mot, la vé-
ritable défenfe de ces grands poftesfe doit tirer des Habitans qui
y f°nt*
Il faut encore bien prendre garde fi ces Habitans-là, que
nous fuppofons être en grand nombre, ne font pas des gens
faétieux, divifez entr’eux, ou mal-intentionnez pour les Habi-
tans de la Place. Car en ce cas il faudroit y conftruire un Fort où
il y eût un Gouverneur & une bonne Garnifon aftéélionnée au
Prince, de peur que ces Habitans ne fe fortifiaffent contre la Vil-
le , & que d’un Ouvrage ils n’en fiffent une Ciradelle. Mais fi
l’on ne craint point ce changement, il eft roûjours bon de dé-
molir dans ces poftes les maifons & autres lieux fortsqui regar-
dent la Ville, afin que les Aftiégeans ne s’en puifient prévaloir
contre la Place, s’ils viennent à fe rendre maîtres de l’Ouvrage.
Des