XXXV
Vaches.
E graveur s'est appliqué à polir ces quatre Vaches dans
une si grande perfection, qu'il n'est pas possible de voir
rien de mieux fini. L'art paroit avoir ici si bien suivi les
justes proportions de la nature, que les quatre figures, leur
attitude, les inflexions des corps, sont exprimées avec la plus
grande exactitude. Il résulte la plus grande élégance de
l'attention que l'ouvrier a faite aux moindres détails ; et l'on
aperçoit évidemment les effets de la description qu'Ovide
fait du bœuf, cet animal si utile :
" Sans fraude et sans artifice, simple et sans malice."
On peut douter à peine que l'artiste n'ait eu en vue la célèbre
génisse de Myron, et de la réduire par l'imitation aux bornes
étroites de cette pierre.
Plusieurs poëtes se sont empressés à l'envi de chanter la
vache de Myron, en des vers pleins d'élégance et de finesse ;
nous ne pouvons nous empêcher de rapporter ici deux épi-
grammes sur ce sujet, afin de le mieux expliquer.
" Je suis une vache d'airain, formée par le ciseau de mon
" créateur Myron.—Que dis-je, formée! Non, mais plutôt
" engendrée ; car à ma vue le taureau aime, la génisse mugit,
" et le veau cherche à me tetter. Ne vous étonnez pas de
" me voir tromper ainsi le troupeau, puisque mon maître lui
" même me compte parmi le bétail de ses pâturages."
Non seulement ce grand artiste decévoit les hommes par
la beauté de son ouvrage, mais Junon même y fut trompée,
si nous en croyons Ménage. " Junon," dit-il, " voyant la
" vache d'airain de Myron, sentit un mouvement de jalousie,
" l'ayant prise pour Io."
Il ne faut pas omettre de parler ici du culte rendu au bœuf
par les Egyptiens. Le Mnévis étoit vénéré à Héliopolis, Apis
à Memphis, et la vache d'Isis à Momemphis, d'une manière
énigmatique à la vérité, mais admis à l'entrée des temples
en faveur des grands services qu'ils rendoient. Les Israélites
voulurent probablement imiter les Egyptiens dans ce culte,
lorsqu'ils se firent un veau d'or. L'ouvrage de l'artiste est
de la plus grande beauté, et les louanges qu'il mente ne
peuvent tarir.
Très belle Cornaline. En creux.
Vaches.
E graveur s'est appliqué à polir ces quatre Vaches dans
une si grande perfection, qu'il n'est pas possible de voir
rien de mieux fini. L'art paroit avoir ici si bien suivi les
justes proportions de la nature, que les quatre figures, leur
attitude, les inflexions des corps, sont exprimées avec la plus
grande exactitude. Il résulte la plus grande élégance de
l'attention que l'ouvrier a faite aux moindres détails ; et l'on
aperçoit évidemment les effets de la description qu'Ovide
fait du bœuf, cet animal si utile :
" Sans fraude et sans artifice, simple et sans malice."
On peut douter à peine que l'artiste n'ait eu en vue la célèbre
génisse de Myron, et de la réduire par l'imitation aux bornes
étroites de cette pierre.
Plusieurs poëtes se sont empressés à l'envi de chanter la
vache de Myron, en des vers pleins d'élégance et de finesse ;
nous ne pouvons nous empêcher de rapporter ici deux épi-
grammes sur ce sujet, afin de le mieux expliquer.
" Je suis une vache d'airain, formée par le ciseau de mon
" créateur Myron.—Que dis-je, formée! Non, mais plutôt
" engendrée ; car à ma vue le taureau aime, la génisse mugit,
" et le veau cherche à me tetter. Ne vous étonnez pas de
" me voir tromper ainsi le troupeau, puisque mon maître lui
" même me compte parmi le bétail de ses pâturages."
Non seulement ce grand artiste decévoit les hommes par
la beauté de son ouvrage, mais Junon même y fut trompée,
si nous en croyons Ménage. " Junon," dit-il, " voyant la
" vache d'airain de Myron, sentit un mouvement de jalousie,
" l'ayant prise pour Io."
Il ne faut pas omettre de parler ici du culte rendu au bœuf
par les Egyptiens. Le Mnévis étoit vénéré à Héliopolis, Apis
à Memphis, et la vache d'Isis à Momemphis, d'une manière
énigmatique à la vérité, mais admis à l'entrée des temples
en faveur des grands services qu'ils rendoient. Les Israélites
voulurent probablement imiter les Egyptiens dans ce culte,
lorsqu'ils se firent un veau d'or. L'ouvrage de l'artiste est
de la plus grande beauté, et les louanges qu'il mente ne
peuvent tarir.
Très belle Cornaline. En creux.