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https://doi.org/10.11588/diglit.4177#0094
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C Y C N U S. IX.
NFIN l'orage est passé, îe tonnerre ne gronde
plus dans îe Ciel , & cette ardeur excessive qui
brûloit nagueres le monde, a cesse : mais les larmes
& les plaintes ne sont pas finies sur les rives de l'Eri-
\j dan. Le corps de ce jeune homme à moitié-dans le
sseuve, & à moitié sur la Terre, est la cause inno-
cente d'un deuil si cuisant. Ses iceurs qui ont pleu-
ré sans cesse depuis quatre jours, ne pouvant plus resister aux tour-
mens que leur causent les ressentiments d'une perte si considerable, se
trouvent changées l'une après l'autre en peupliers qui ne lahTent pas
deverser des larmes quoy qu'une dure écorce les environne; &ces
larmes tombsnt goûte à goûte, s'endurciront au Soleil, Se reforme-
ront en grains d'ambre que le Pau traînera par toute l'Italie, pour ser-
vir d'ornement aux Dames. Phaëtuse voulant s'asseoirsentit que Tes
jambes roidies ne se pouvoient plier : La belle Lampetie pensoit aller
secourir sa sceur a mais elle ne pût tirer ses pieds qui a voient dé-ja jette
des racines en Terre : & Phebée en se tourmentant, au lieu de se tirer
les cheveux, fut toute étonnée qu'elle ne tiroit que des feuilles. Pour
Climene leurmere, & les autresHeîiades quels peintre n'a pas jugé
necessaire de representer icy, pour estre moins connues que leurs
seeurs, quoy que leurs noms ne soient pas ignorez, on dit que la char-
mante Merope se fâcha d'abord que ses cuilTes fusient formées en
tronc d'arbre : que la douce Etherie s'affligea que ses bras devinrent
des branches, qu'Helie en se voulant frapper le sein, demeura sans
mouvement , & que la délicate Dioxlpe sousfrit une extrême douleur,
quand sa mere Climene rompit un de ses rameaux, sans y penser, dont
il sortit du sang. Mais prenez vous garde à ce Cygne qui se soutient
dans le sseuve sur desjambes humaines, & qui semble se plaindre dou-
cement en regardant le corps de Phaè'ton ? C'est un Roy de Ligurie
autresfois Seigneur de plusieurs grandes Villes, parent du défunt du
costé de sa mere ; mais beaucoup plus son allié d'asfection que de
sang, qui après s'estrc affligé au dernier point de l'infortune de son
T cousin,
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C Y C N U S. IX.
NFIN l'orage est passé, îe tonnerre ne gronde
plus dans îe Ciel , & cette ardeur excessive qui
brûloit nagueres le monde, a cesse : mais les larmes
& les plaintes ne sont pas finies sur les rives de l'Eri-
\j dan. Le corps de ce jeune homme à moitié-dans le
sseuve, & à moitié sur la Terre, est la cause inno-
cente d'un deuil si cuisant. Ses iceurs qui ont pleu-
ré sans cesse depuis quatre jours, ne pouvant plus resister aux tour-
mens que leur causent les ressentiments d'une perte si considerable, se
trouvent changées l'une après l'autre en peupliers qui ne lahTent pas
deverser des larmes quoy qu'une dure écorce les environne; &ces
larmes tombsnt goûte à goûte, s'endurciront au Soleil, Se reforme-
ront en grains d'ambre que le Pau traînera par toute l'Italie, pour ser-
vir d'ornement aux Dames. Phaëtuse voulant s'asseoirsentit que Tes
jambes roidies ne se pouvoient plier : La belle Lampetie pensoit aller
secourir sa sceur a mais elle ne pût tirer ses pieds qui a voient dé-ja jette
des racines en Terre : & Phebée en se tourmentant, au lieu de se tirer
les cheveux, fut toute étonnée qu'elle ne tiroit que des feuilles. Pour
Climene leurmere, & les autresHeîiades quels peintre n'a pas jugé
necessaire de representer icy, pour estre moins connues que leurs
seeurs, quoy que leurs noms ne soient pas ignorez, on dit que la char-
mante Merope se fâcha d'abord que ses cuilTes fusient formées en
tronc d'arbre : que la douce Etherie s'affligea que ses bras devinrent
des branches, qu'Helie en se voulant frapper le sein, demeura sans
mouvement , & que la délicate Dioxlpe sousfrit une extrême douleur,
quand sa mere Climene rompit un de ses rameaux, sans y penser, dont
il sortit du sang. Mais prenez vous garde à ce Cygne qui se soutient
dans le sseuve sur desjambes humaines, & qui semble se plaindre dou-
cement en regardant le corps de Phaè'ton ? C'est un Roy de Ligurie
autresfois Seigneur de plusieurs grandes Villes, parent du défunt du
costé de sa mere ; mais beaucoup plus son allié d'asfection que de
sang, qui après s'estrc affligé au dernier point de l'infortune de son
T cousin,