Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Marolles, Michel de
Tableaux Du Temple Des Muses: Tirez Du Cabinet De Feu Mr. Favereau ... & gravez en Tailles-douces par les meilleurs Maistres de son temps ... — Amsterdam, 1676 [Cicognara, 4722]

DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.4177#0130

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
99


§


APOLLON ET DAPHNE. XIII.
ANS mentir Amour, qui ess: un Maistre impé-
rieux, sevangebien du mépris que les Hommes
8c les Dieux ont fait de Ton pouvoir absoîu. On ne
l'orTence jamais qu'il n'en demeure un grand re-
pentir dans l'ame, ou qu'on n'en reçoive un severe
chastiment : Et certes comme il veut estre le mai-
ssre par tout, & commander à tout le monde,
auisi ne se peut-on deffendre de luy obéir, sans ouvrir la porte à la con-
fusion , & au desordre, qui entraînent après eux toutes sortes de mi-
seres : & de fait la Pieté mesmes qui a tant de sagesse, ne se dispense pas
de luy rendre ses respecls : Se les Oracles qui ne trompent jamais, nous
ordonnent d'aymer* Ce Tableau à mon avis, ess: une agréable figure
de ce que je veux dire : & les Philosophes anciens qui debitoient au
peuple îesveritez importantes avec les charmes delà Poësie, nous ont
sans doute voulu apprendre la mesme chose par la Fable d'Apollon &
de Daphné. Ce Dieu le plus esclairé de tous les enfans de Jupiter, puis
qu'il ess: le Prince de la lumière, qu'il pénètre par son sçavoir exquis
dans les mysteres les plus cachez, & qu'il connoist les choses de l'ave-
nir, abandonne en quelque sorte sa propre gloire pour courir après la
Nymphe qui le fuit, afin de l'obliger par ses prières, & par son ardeur,
à concevoir dans ses sentiments quelques tendresses pour luy : & tant
plus la Belle conserve de pureté 8c de chasseté en Ton cœur, & plus le
divin Amant se montre passionné pour elle. Enfin rien ne la sçauroit
sséchir, après s'estre consacrée entièrement au service de Diane, à
quoy son perequi du commencement la presîbitsi sort de te marier,
pour en recevoir une douce consolation dans sa famille, ne se pût des-
sendre de consentir. Mais la voyla au bout de sa course : 8c les sorces
venant à luy manquer, le fleuve Penéeson pere, qui ess: touché de ses
plaintes, & qui la voit de loin réduite à une si grande extrémité, em-
pesche la jouïsiance du Ravisseur qui la presse si sort, que son haleine,
en respirant, humecte dési- ses cheveux où les Zephirs se j nient. Elle
demeure droicle sur la place, ou vous la voyez representée à l'entrée
N de
 
Annotationen