INSTITUTIONS CIVILES.
273
le Papirius auquel est attribuée par certains l’importation du cadran solaire ; et les
deux familles Servilia et Posthumia, d’origine albaine et étrusque.
La plupart, comme les gentes Junia, Ménénia, Virginia, Sulpicia, Faria, Quinclia,
Manilia, Albutia, Véturia, Sempronia, Minucia, Aquilia, Quinctilia et Octavia,
malgré l’éclat des magistratures qu’elles avaient exercées et le souvenir de grands
services rendus, s’effaçaient devant l’illustration superbe de celles qui prétendaient
descendre des dieux et des demi-dieux.
La famille Julia se donnait pour mère Vénus, et pour père , Énée le héros de
Virgile. Ses rejetons prirent le surnom de Césars, parce que l’un d’entre eux avait
été extrait avec le fer (cœsus) des flancs de sa mère. Le premier de cette branche fut
Jules César l’édile, et le dernier, Caligula. Plus modestes, les Érniliens se contentaient
de descendre du petit-fils d’Énée, Aimilio : la douceur de leur éloquence leur mérita
l’épithète de Mamercini. Tous les rameaux de la tige principale étaient de même
distingués par des surnoms; ainsi on appelait ceux qui avaient une petite taille,
Pauli ; ceux dont la barbe était touffue, Barbulæ ; et ceux qui avaient le talon gonflé,
‘Scawrz, les lézards. Dans leurs prétentions mythologiques, les familles Antonia,
Gegania, Pinaria, Nautia et Sergia, à laquelle appartenait Catilina le conspirateur,
auraient tiré leur origine d’Anton, fils d’Hercule; de Pinus, fils de Numa et de
Nantus et Sergestus, compagnons d’Énée1.
Les berceaux des grandes familles patriciennes se cachaient, comme on voit,
dans la nuit des fables. Imposante par ces liens prétendus avec des héros et des
dieux chimériques, tant que ces dieux et ces héros furent debout sur leurs autels,
la noblesse des grands de Rome, qui n’était basée que sur des fictions, devait dans
un temps donné s’évaporei1 misérablement avec elles. La gloire des familles plé-
béiennes, au contraire, fondée sur des services réels, sur de belles actions et sur des
faits nouveaux, dont les livres de toile du Capitole, la pierre, le marbre et l’airain,
c°nstataient l’authenticité, se montrait brillante d’éclat, de vérité, de vigueur, et
Brandissait en vieillissant.
L’étaient en effet les familles plébéiennes qui, à deux ou trois exceptions près,
avaient fourni tous les bons généraux et tous les grands hommes de la République.
Ouverte par la famille des Décius au dévouement immortel2, cette liste magnifique
Se composait de la gens Cécilia, qui donna les Métellus; de la gens Claudia Marcel-
iorum, d’où sortirent ces vaillants capitaines, surnommés l’épée de Rome; des
Sentes Curia, Fabricia, Coruncania, dont les trois dictateurs, éclatants de vertu
antique, Curius, Fabricius et Coruncanius, ont éternisé la mémoire des familles; des
^opilius, des Plautius, des Lutatius, toutes justement honorées de la pourpre triom-
phale; des Marcius, illustrés par trois triomphes et à laquelle appartenait Corio-
*an, des Fulvius, qui furent tous consuls; des Curtius et de la gens Sempronia,
mère des Gracques.
.... Sergestusque, domus tenet à quo Sergia nomen. (Virgile, Enéide, liv. v.)
• Plebeiæ Deciorum animæ, plebeia fuerunt
Nomina. Juvénal.
35
273
le Papirius auquel est attribuée par certains l’importation du cadran solaire ; et les
deux familles Servilia et Posthumia, d’origine albaine et étrusque.
La plupart, comme les gentes Junia, Ménénia, Virginia, Sulpicia, Faria, Quinclia,
Manilia, Albutia, Véturia, Sempronia, Minucia, Aquilia, Quinctilia et Octavia,
malgré l’éclat des magistratures qu’elles avaient exercées et le souvenir de grands
services rendus, s’effaçaient devant l’illustration superbe de celles qui prétendaient
descendre des dieux et des demi-dieux.
La famille Julia se donnait pour mère Vénus, et pour père , Énée le héros de
Virgile. Ses rejetons prirent le surnom de Césars, parce que l’un d’entre eux avait
été extrait avec le fer (cœsus) des flancs de sa mère. Le premier de cette branche fut
Jules César l’édile, et le dernier, Caligula. Plus modestes, les Érniliens se contentaient
de descendre du petit-fils d’Énée, Aimilio : la douceur de leur éloquence leur mérita
l’épithète de Mamercini. Tous les rameaux de la tige principale étaient de même
distingués par des surnoms; ainsi on appelait ceux qui avaient une petite taille,
Pauli ; ceux dont la barbe était touffue, Barbulæ ; et ceux qui avaient le talon gonflé,
‘Scawrz, les lézards. Dans leurs prétentions mythologiques, les familles Antonia,
Gegania, Pinaria, Nautia et Sergia, à laquelle appartenait Catilina le conspirateur,
auraient tiré leur origine d’Anton, fils d’Hercule; de Pinus, fils de Numa et de
Nantus et Sergestus, compagnons d’Énée1.
Les berceaux des grandes familles patriciennes se cachaient, comme on voit,
dans la nuit des fables. Imposante par ces liens prétendus avec des héros et des
dieux chimériques, tant que ces dieux et ces héros furent debout sur leurs autels,
la noblesse des grands de Rome, qui n’était basée que sur des fictions, devait dans
un temps donné s’évaporei1 misérablement avec elles. La gloire des familles plé-
béiennes, au contraire, fondée sur des services réels, sur de belles actions et sur des
faits nouveaux, dont les livres de toile du Capitole, la pierre, le marbre et l’airain,
c°nstataient l’authenticité, se montrait brillante d’éclat, de vérité, de vigueur, et
Brandissait en vieillissant.
L’étaient en effet les familles plébéiennes qui, à deux ou trois exceptions près,
avaient fourni tous les bons généraux et tous les grands hommes de la République.
Ouverte par la famille des Décius au dévouement immortel2, cette liste magnifique
Se composait de la gens Cécilia, qui donna les Métellus; de la gens Claudia Marcel-
iorum, d’où sortirent ces vaillants capitaines, surnommés l’épée de Rome; des
Sentes Curia, Fabricia, Coruncania, dont les trois dictateurs, éclatants de vertu
antique, Curius, Fabricius et Coruncanius, ont éternisé la mémoire des familles; des
^opilius, des Plautius, des Lutatius, toutes justement honorées de la pourpre triom-
phale; des Marcius, illustrés par trois triomphes et à laquelle appartenait Corio-
*an, des Fulvius, qui furent tous consuls; des Curtius et de la gens Sempronia,
mère des Gracques.
.... Sergestusque, domus tenet à quo Sergia nomen. (Virgile, Enéide, liv. v.)
• Plebeiæ Deciorum animæ, plebeia fuerunt
Nomina. Juvénal.
35