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Mary-Lafon, Jean Bernard
Rome ancienne et moderne: depuis sa fondation jusqu'à nos jours — Paris: Furne, libraire-éditeur, 1854

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https://doi.org/10.11588/diglit.69401#0472

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442 CHAPITRE XXIII.
hommes assemblés et à deviner leurs impressions, remit la séance au lendemain.
L’acte qu’il allait accomplir imprimait à la réunion un caractère solennel. H s’y
présenta d’un air grave et sombre, et regardant ceux qui attendaient en silence un
dénoùment dont ils s’effrayaient au fond du cœur, il montra un œuf de pierre
autour duquel on voyait se replier un serpent noir armé d’une épée et d’un bou-
clier, et leur dit : « Un serpent, croyant dévorer l’œuf de Pierre., brisa ses dents
et se blessa lui-même à mort! » Une acclamation universelle ayant accueilli l’allé-
gorie, il se leva alors et prononça lentement ces paroles, qui retentirent sous les
voûtes de Latran comme les éclats de la foudre :
«Bienheureux Pierre, prince des Apôtres, incline vers nous ton oreille du haut
des cieux, et daigne écouter le serviteur que tu as nourri depuis son enfance et
délivré jusqu’à ce jour des pièges des méchants qui me haïssent parce que je te
suis fidèle. Tu m’es témoin, ainsi que ma seule Reine, la mère de Dieu, le bienheu-
reux Paul, ton frère, et tous les Saints, que l’Église de Rome m’a mis malgré moi le
gouvernail dans les mains, que ce n’est point l’or qui m’a fait monter sur ton siège,
et que j’eusse mieux aimé mourir dans l’exil que d’usurper ta place par des moyens
humains. M’y trouvant par ta grâce et sans l’avoir mérité, je pense donc qu’il l’a
plu et qu’il te plaît en ce moment que le peuple chrétien m’obéisse et me reconnaisse
le pouvoir que tu m’as transmis de lier et de délier sur la terre.
« Dans cette confiance, pour l’honneur et la défense de ton Église, au nom de
Dieu tout-puissant, de son Fils et du Saint-Esprit, et en vertu de ton autorité apos-
tolique, je défends à Henri, fils de l’empereur Henri, qui s’est élevé contre tou
Église avec un orgueil inouï, de gouverner le royaume d’Allemagne et l’Italie, et je
relève tous les chrétiens du serment qu’ils lui ont prêté. Je défends à tous ses sujets
de lui obéir, car celui qui attaque l’Eglise mérite de perdre la dignité dont il est
revêtu, et parce qu’il s’est montré rebelle comme chrétien et qu’il a refusé de fléchir
devant le Seigneur, je le charge d’anathèmes, afin que les peuples se souviennent
que tu es Pierre, que sur cette pierre Dieu a édifié son Église, et qu’elle ne craindra
jamais les portes de l’enfer L »
Amende honorable de l’empereur Henri TV a Canossa. — C’était un grand et
hardi langage : l’événement le justifia. Henri comptait beaucoup d’ennemis parmi
les barons d’Allemagne; ils ébranlèrent les forts et firent peur aux faibles. Au
moment où ce prince se préparait à tirer une vengeance éclatante du pontife,
il apprit que la couronne était près de tomber de son front s’il n’obtenait la
révocation de l’anathème. Son parti fut bientôt pris : immolant la passion à la
politique, il passe tout à coup les Alpes et va chercher l’absolution aux genoux
de son ennemi. Au bruit de son arrivée, Grégoire s’était retiré avec l’enthousiaste
Mathilde, comtesse de Toscane, la fille la plus ardemment dévouée, la plus
puissante protectrice du Saint-Siège, dans la forteresse de Canossa. Le 22 jan-

1. Labbe, Conciles, tome X.
 
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